Texte d'Elsa Solal, Mise en scène et lumière Frédéric de Rougemont. Collaboration artistique Alain Batifoulier, avec Odile Frédeval.
La tragédie contemporaine et le monologue au théâtre.
L'enquête, l'acte théâtral et son prolongement social.
Réalisation Frédéric de Rougemont.
Les femmes ont le droit de monter à l'échafaud, elles doivent avoir celui de monter à la tribune.
Le soir en cachette, elle embrasse la nuit et les étoiles, remplit des pages d'encre et de lune de son bonheur étonné. "Est-ce que ça va durer toujours?" se demande-t-elle?
En 1789, contrairement aux espoirs qu'avait fait naître le grand mouvement des Lumières, la Déclaration des droits de l'homme ne pense pas à la femme qui reste illégitime et privée de droit de cité. Les femmes auront beau participer activement aux événements ou combats, elles sont renvoyées à la maison, à la sphère privée, dite domestique. Elles ne siègent pas dans les assemblées et sont exclues de la scène politique et de l'espace public. Malgré la Déclaration des droits de la femme écrite par Olympe de Gouges en 1791, les femmes ne seront toujours pas considérées comme citoyennes. Pire, elles verront naître de la République une loi qui leur interdira de participer à des réunions de plus de trois à cinq personnes ou à des associations politiques.
Plus tard, le Code civil de Napoléon accentuera considérablement ces inégalités et parachèvera l'exclusion des femmes du droit de cité. L'empereur affirmera que la femme est la propriété des hommes, comme l'arbre à fruit est celle du jardinier.
Durant une année, j’ai été incapable d’écrire un mot. Toutes ces existences, ces récits continuaient à vivre comme une blessure au cœur d’un pays : la plaie de la violence inouïe qui accable une à trois femmes sur dix en France. J’étais submergée, ces histoires, ces visages, ces voix résonnaient encore dans ma maison. Puis un jour, m’est revenu l’humour de ces femmes rencontrées, leur force de vie mystérieuse, leur générosité et leur humanité face une telle cruauté qui reste souvent impunie. Ainsi ce livre devenait nécessaire, il m’a fallu trouver une forme. J’ai choisi la frontière entre la littérature et le théâtre. Ce roman-théâtre permettrait de mettre à distance et de nommer l’innommable.
Mon histoire est l'histoire de mon peuple. […] Ma vie n'a de sens qu’en lien avec lui. Le peuple indien de ce continent-tortue. C'est l'histoire de l'un des plus grand hold-up de tous les temps, la plus grande escroquerie qui soit.
On dit que lorsqu'on va mourir on voit défiler toute sa vie. C'est plus que ça. Bien plus fort que des images. C'est un paysage infini, une vague qui vous submerge toute entière. Un ciel immense qui vous ouvre le cœur et la mémoire, c'est la sieste à l'ombre des feuilles du grand platane, le soleil qui perce par endroits entre les branches et vous aveugle, le bain quand j'étais petite, les fous rires volés, les chuchotements interdits, la colline que je dévale, la voix de ma mère qui sent le thym, le parfum du mimosa, l'odeur du chèvrefeuille coincé sous les volets (...)
Parfois, l'honorabilité est le masque préféré de la violence.
Cet homme malade et fragile, pris de vertiges et de malaises incontrôlables toute sa vie, se sent encore plus proche de sa fille depuis qu’elle a sa polio. Pourquoi dit-on “sa” polio, “sa” crise d’épilepsie ? La maladie devrait rester une étrangère, loin, une ennemie au lieu de faire partie prenante des êtres et de se marquer avec un possessif.
Je suis femme, je crains la mort, je redoute votre supplice, mais je n'ai point d'aveux à faire : mourir pour accomplir son devoir, c'est prolonger sa maternité au delà du tombeau
J'ai senti l'effroi, là, juste derrière moi. C'est la peur basique de tous ceux et celles pour qui la liberté n'est pas donnée à la naissance.