Le paradis n'était pas supportable, sinon le premier homme s'en serait accommodé; ce monde ne
l'est pas davantage, puisqu'on y regrette le paradis ou l'on en escompte un autre. Que faire? où aller?
Ne faisons rien et n'allons nulle part, tout simplement.
Il est impossible d'accepter d'être jugé par quelqu'un qui a moins souffert que nous. Et comme
chacun se croit un Job méconnu...
Ce que je sais à soixante, je le savais aussi bien à vingt. Quarante ans d'un long, d'un superflu
travail de vérification...
Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m'oublie, je
me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l'équilibre du
monde.
Je ne fais rien, c'est entendu. Mais je vois les heures passer — ce qui vaut mieux qu'essayer de les
remplir.
On peut supporter n'importe quelle vérité, si destructrice soit-elle, à condition qu'elle tienne lieu
de tout, qu'elle compte autant de vitalité que l'espoir auquel elle s'est substituée.
une civilisation débute par le mythe et finit par le doute
incipit :
De ce pays qui fut le nôtre et qui n'est plus à personne, vous me pressez, après tant d'années de silence, de vous donner des détails sur mes occupations, ainsi que sur ce monde "merveilleux" que j'ai dites-vous, la chance d'habiter et de parcourir. Je pourrais vous répondre que je suis un homme inoccupé, et que ce monde n'est point merveilleux.
incipit :
Trois heures du matin. Je perçois cette seconde, et puis cette autre, je fais le bilan de chaque minute.
Pourquoi tout cela ? - Parce que je suis né.
C'est d'un type spécial de veilles que dérive la mise en cause de la naissance.