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Citations de Emil Cioran (2656)


Les nuits où nous avons dormi sont comme si elles n'avaient jamais été. Restent seules dans notre mémoire celles où nous n'avons pas fermé l'œil : "nuit" veut dire nuit blanche.
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il en est qui sont condamnés à savourer que le poison des choses, pour qui toute surprise et douloureuse et toute expérience une nouvelle torture
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il est toujours dangereux de contenir une énergie explosive car le moment peut venir ou on n’aura plus la force de la maîtriser. l’effondrement alors naîtra d’un trop-plein.
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Emil Cioran
Il est incroyable que la perspective d'avoir un biographe n'ait fait renoncer à personne d'avoir une vie.
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Dès qu'on revient au Doute (si tant est qu'on l'ait jamais quitté), entreprendre quoi que ce soit paraît moins inutile qu'extravagant. On ne rigole pas avec lui. Il vous travaille en profondeur comme une maladie ou, plus efficacement encore, comme une foi.
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Emil Cioran
La poésie a, comme la vie, l’excuse de ne rien prouver.
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Qui provoque les catastrophes? Les possédés de la bougeotte, les impuissants, les insomniaques, les artistes ratés qui ont porté couronne, sabre ou uniforme, et, plus qu'eux tous, les optimistes : ceux qui espèrent sur le dos des autres!
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Comme je me promenais à une heure tardive dans cette allée bordée d'arbres, une châtaigne tomba à mes pieds. Le bruit qu'elle fit en éclatant, l'écho qu'il suscita en moi, et un saisissement hors de proportion avec cet incident infime, me plongèrent dans le miracle, dans l'ébriété du définitif, comme si il n'y avait plus de questions, rien que des réponses. J'étais ivre de mille évidences inattendues, dont je ne savais que faire...
C'est ainsi que je faillis toucher au suprême. Mais je crus préférable de continuer ma promenade.
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Quand on se refuse au lyrisme, noircir une page devient une épreuve : à quoi bon écrire pour dire exactement ce qu'on avait à dire ?
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Si, autrefois, devant un mort, je me demandais : "À quoi cela lui a-t-il servi de naître ? ", la même question, maintenant, je me la pose devant n'importe quel vivant.
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Les sources d'un écrivain, ce sont ses hontes ; celui qui n'en découvre pas en soi, ou s'y dérobe, est voué au plagiat ou à la critique.
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— Vous aboutissez à une impasse.
— Erreur : j'ai commencé par elle.
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Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie. Un certain Romain, Gabius Apicius, qui parcourait les côtes de l'Afrique à la recherche des plus belles langoustes et qui, ne les trouvant nulle part à son goût, ne parvenait à s'établir en aucun endroit, est le symbole des folies culinaires qui s'instaurent en l'absence de croyances. Depuis que la France a renié sa vocation, la manducation s'est élevée au rang de rituel. Ce qui est révélateur, ce n'est pas le fait de manger, mais de méditer, de spéculer, de s'entretenir pendant des heures à ce sujet. La conscience de cette nécessité, le remplacement du besoin par la culture - comme en amour - est un signe d'affaiblissement de l'instinct et de l'attachement aux valeurs. (p.66)
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Je vis dans l’attente de l’idée ; je la pressens, la cerne, m’en saisis – et ne puis la formuler, elle m’échappe, elle ne m’appartient pas encore : l’aurais-je conçue dans mon absence ? Et comment, d’imminente et confuse, la rendre présente et lumineuse dans l’agonie intelligible de l’expression ? Quel état dois-je espérer pour qu’elle éclose – et dépérisse ?

LE PENSEUR D’OCCASION
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Le processus de vieillissement dans l’univers verbal suit un rythme autrement accéléré que dans l’univers matériel. Les mots, trop répétés, s’exténuent et meurent, alors que la monotonie constitue la loi de la matière. Il faudrait à l’esprit un dictionnaire infini, mais ses moyens sont limités à quelques vocables trivialisés par l’usage. C’est ainsi que le nouveau, exigeant des combinaisons étranges, oblige les mots à des fonctions inattendues : l’originalité se réduit à la torture de l’adjectif et à une impropriété suggestive de la métaphore. Mettez les mots à leur place : c’est le cimetière quotidien de la Parole. Ce qui est consacré dans une langue en constitue la mort : un mot prévu est un mot défunt ; seul son emploi artificiel lui insuffle une vigueur nouvelle, en attendant que le commun l’adopte, l’use et le souille.

L’UNIVERS DÉMODÉ
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Seigneur, donnez-moi la faculté de ne jamais prier.
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Combien nos instincts durent s’émousser et leur fonctionnement s’assouplir avant que la conscience n’étendît son contrôle sur l’ensemble de nos actes et de nos pensées ! La première réaction naturelle refrénée entraîna tous les ajournements de l’activité vitale, tous nos échecs dans l’immédiat. L’homme – bête à désirs retardés – est un néant lucide qui englobe tout et n’est englobé par rien, qui surveille tous les objets et ne dispose d’aucun.

L’AVÈNEMENT DE LA CONSCIENCE
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La lettre, conversation avec un absent, représente un événement majeur de la solitude. Cherchez la vérité sur un auteur plutôt dans sa correspondance que dans son œuvre. L’œuvre est le plus souvent un masque.
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Pendant des années, en fait pendant une vie, n’avoir pensé qu’aux derniers moments, pour constater, quand on en approche enfin, que cela aura été inutile, que la pensée de la mort aide à tout, sauf à mourir !
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Les Français ne peuvent plus mourir pour quoi que ce soit. Le scepticisme cérébral est devenu organique. L'absence d'avenir est la substance du présent. Le héros n'est plus concevable parce que personne n'est plus inconscient ni profond.
Une nation est créatrice tant que la vie n'est pas sa seule valeur, tant que ses valeurs sont ses critères. Croire dans la fiction de la liberté et mourir pour elle ; participer à une expédition pour la gloire ; considérer que le prestige de son pays est nécessaire à l'humanité ; substituer à cette dernière ce en quoi l'on croit, voilà les valeurs.
Tenir davantage à sa peau qu'à une idée ; penser avec l'estomac ; hésiter entre honneur et volupté ; croire que vivre est bien plus que tout, voilà la vie. Mais les Français n'aiment plus qu'elle, et ne vivent plus que par elle. Depuis longtemps, ils ne peuvent plus mourir. Ils l'ont trop souvent fait dans le passé. (p.43)
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