Emma Delsin

– Calme-toi, mon pote. Je suis persuadé que Gil ne se mariera pas demain.
– Alors, où est-elle ? Pourquoi elle ne répond pas à mes messages ou à mes appels ? Je sais ! Parce qu’elle est dans les bras du connard à chapeau, ou mieux ! Elle ne peut pas me parler parce qu’elle a sa queue au fond de la gorge et que, quand on est bien élevé, on ne parle pas la bouche pleine !
J’ai à peine le temps de finir ma phrase que Stan fonce sur moi pour me faire basculer sur son épaule. Je cherche à peine à me débattre qu’il est déjà sur la terrasse, s’approche de la piscine et me jette dedans. Au contact de l’eau, mon cerveau reçoit comme une décharge et même si cela ne suffit pas à me dessoûler, je me sens malgré tout remonter un palier.
– Ça va mieux ? me lance Stan du bord de la piscine, en riant. Depuis le temps que je rêvais de faire ça !
Je le fusille du regard, tout en chassant l’eau de mon visage.
– Tu vois, Pain, tu es mon putain de pote depuis un sacré bout de temps, mais là, tu as dépassé les bornes.
Les mots « Gil » et « queue » ne peuvent pas se trouver ensemble dans la même phrase, tu comprends ? T’es bourré, mec, mais demain, tu vas vraiment regretter ce genre de phrase à la con. 

– Alors, pourquoi Pain joue-t-il de la guitare ?
– Je n’en sais rien.
– Pourquoi veut-il que tu restes malgré tout ?
– Je ne sais pas.
– Pourquoi t’a-t-il kidnappée pour t’emmener à Angelus Oaks ?
– Pour me changer les idées.
– Lui aurais-tu dit quelque chose de blessant ?
– Je ne crois pas.
– Est-ce que tu es plutôt string ou tanga ?
– Et toi, tu préfères être enterré vif ou dissous dans un bain d’acide ? demande Pain qui descend les marches, pieds nus.
Stan sursaute et se retourne, avant de rétorquer :
– N’importe, du moment que bomba répond avant à ma question. 

– OK, Pa.
– Au fait, cette fille, Gil… Ce doit être quelqu’un de bien.
Je lui souris, ainsi qu’à son sous-entendu.
– Quelque chose comme ça, mais en beaucoup mieux.