Emma Leane

La première chose que je vois en me rendant au vestiaire est un attroupement près de la piscine. Ensuite, c’est Clément que j’entends hurler : « Elle ne sait pas nager !» Je sais qu’il parle de Mila, sans même la voir.

Mon instinct prend le dessus ; ignorant si on me regarde, je fonce et plonge encore tout habillé dans la piscine afin de remonter ma nouvelle amie. Je la soulève sans problème et la passe à Clément qui se demande sûrement par où je suis passé, mais peu importe.

— Laissez-lui de l’air, poussez-vous. Mila, réveille-toi. Mila, tu m’entends ?

Voyant qu’elle ne répond pas à Clément, je la prends contre moi et lui cambre le torse afin de lui faire du bouche-à-bouche.

— Elle ne réagit pas, faites quelque chose, supplie Clément après plusieurs de mes essais.

Je m’apprête à faire une chose pourtant interdite, quand elle ouvre les yeux.

— Mila, tu vas bien ?

— Zane, qu’est-ce qui s’est passé ? me demande-t-elle avant de fondre en larmes.

— Chut, ce n’est rien, tu vas bien maintenant, ça va aller.

Je la serre contre moi pour la calmer.

— Va te sécher, je te ramène chez toi.

Je la regarde partir en direction des vestiaires.

Dix minutes plus tard, elle en ressort, blanche comme un linge. Nous marchons en silence jusqu’à ma voiture où elle s’installe côté passager. Elle est bien silencieuse durant le trajet, n’ouvrant la bouche que pour m’indiquer le chemin qui mène à son appartement. Je ne peux lui en vouloir.

Nous arrivons devant chez elle. Voyant qu’elle est encore sous le choc, je me permets de la raccompagner.

Devant sa porte d’entrée, elle se retourne.

— Merci de m’avoir sauvé la vie.

— De rien. Tout le monde en aurait fait autant.

Sur ces mots, elle s’approche de moi et me prend dans ses bras. Pris au dépourvu, je ne peux pas la repousser. Je sais que je ne dois pas profiter de la situation, mais il m’est impossible de ne pas la serrer contre moi. Son odeur, sa respiration, sa chaleur, tout en elle m’attire. Je ne peux lutter contre mes sentiments qui ne demandent qu’à s’exprimer. Mais je dois me contrôler, je n’ai pas le choix. Pourtant, quand elle lève les yeux sur moi, je sais ce qui va se passer et je n’essaye même pas de lutter.

— Je devrais partir.

— Reste un peu, chuchote-t-elle.

— Mila…

Je ne finis pas ma phrase, car elle lève la tête vers moi et pose ses lèvres sur le coin de ma bouche. Ses lèvres à quelques millimètres des miennes semblent douces. Je ferme les yeux. Au moment où je les ouvre, elle dépose un doux baiser sur ma bouche et se retourne.

— Merci. À demain.

— À demain.

Je ne comprends pas Mila. Je ne pense pas l’attirer. Pourquoi m’embrasse-t-elle comme ça ? Je la vois entrer chez elle. Mais je ne peux pas la laisser partir ainsi.

— Mila ?

Elle se retourne vers moi.

— Oui ?

Je la regarde droit dans les yeux et lui tiens les épaules.

— Tu embrasses toujours tes amis comme ça ?

— Seulement ceux qui me plaisent. Et ils sont rares.

— Je te plais ? demandé-je, étonné.

Elle sourit, ne me répond pas et s’approche de moi.

— Je ne sais pas pour toi, mais moi, je ne pense qu’à toi.

Sur ces mots, elle s’avance davantage vers moi et je me laisse guider par mon instinct.