Enzo Bianchi - Entretien mené par Régis Burnet.
KTO - Émission du 20/12/2009.
Ce que nous devrions véritablement considérer comme l’urgence des urgences est que l’homme soit conscient que l’on passe de la mort à la vie en aimant ses frères (1ère épître de Jean 3, 14), mais cette vérité doit être connue, accueillie, crue. (p 11-12)
Les non-croyants peuvent être une occasion de repenser notre foi. Toujours, en effet, il convient de se laisser interroger par l’autre, parce qu’il m’ « altère », c’est-à-dire que, selon la double signification du terme français, il me rend à la fois « autre » et « assoiffé ». (p 37)
Il faudrait chercher une complicité entre croyants en Dieu et non-croyants en Dieu, pour résister à la déshumanisation, à la barbarie qui avancent. […] Nous pouvons affirmer que, pour tous, il faut croire à l’amour, croire qu’il est possible d’être aimés et de donner de l’amour aux autres. […] Il est possible de croire dans les autres en vue d’une construction commune de la cité ; il est possible, en croyant en l’autre et en soi-même, de réaliser une histoire d’amour. (p 38)
Nous constatons aujourd’hui une crise de la foi. […] Une crise qui, avant de concerner la foi en Dieu, est une crise de l’acte humain de la confiance. […] Il est urgent de remonter la pente : il faut que chacun réapprenne à croire, à faire confiance à l’autre, et il faut que l’autre se rende fiable, pour que puissent se renouveler le lien social, le rapport fraternel, l’alliance entre les amants. (p 40)
Nous sommes habitués à parler de Dieu, mais il faudrait en vérité faire davantage silence sur lui et spécifier ce que l’on entend quand on en parle. (p 58)
La crédibilité de Jésus naissait principalement des convictions qu’il avait et de la cohérence qu’il établissait entre ce qu’il pensait et disait et ce qu’il vivait et faisait. […] En rencontrant Jésus, tous percevaient qu’il n’y avait pas de fracture entre ses paroles et ses gestes, ses sentiments, son comportement. (p 68)
Jésus ne nourrissait pas de préventions, il savait créer un espace de confiance et de liberté où l’autre puisse entrer sans éprouver de peur et sans se sentir jugé. […] Il se mettait toujours avant tout à l’écoute, cherchant à percevoir ce qui tenait à cœur à l’autre, quel qu’ait été son besoin. (p 72)
On ne l’affirmera jamais assez : ce n’est que dans la liberté que le don en est véritablement un, parce que s’il y a quelque contrainte, de quelque type que ce soit, le don devient vicié et destiné à la dissolution. Ce n’est pas la nécessité mais la liberté qui se trouve, en vérité, à la base des conditions nécessaires pour le don, et plus encore à la base de celles nécessaires à l’humanitas.
La manière dont quelqu’un regarde les autres, les voit, choisit de s’entourer des uns plutôt que des autres, les amitiés et les affections qu’il vit, tout cela révèle beaucoup de la personne.
On raconte que rabbi Sussia, lorsqu'il était sur le point de mourir, s'exclama : "Au jour du jugement, on ne me demandera pas : Pourquoi n'as tu pas été Moïse ? Mais on me demandera : Pourquoi n'as-tu pas été Sussia ?" Oui, au moment on seulement du jugement, mais également dans le quotidien de ta vie, on ne te demande pas si tu es arrivé ou non à la hauteur de certains grands, mais si tu as été fidèle à celui que tu es, si tu as su reconnaître et partager le meilleur de toi-même.
Tu t'en apercevras en la pratiquant : l'hospitalité humanise d'abord celui qui l'exerce. Car la manière de concevoir l'hospitalité révèle notre degré de civilisation. Accueillir, c'est sortir de la logique de l'inimitié,c'est faire de l'ennemi potentiel, un hôte, un ami. Plutôt que de défendre ce que nous croyons être notre "culture" en nous fermant à autrui, nous devrions apprendre à civiliser notre humanité par le respect de l'humanité de l'homme.
L’authentique méditation chrétienne n’est pas faite d’abord pour en tirer du bien – si cela arrive, c’est une chose en plus –, mais elle tend à une seule fin : accroître la communion avec Dieu.
J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés.
Quelques années après la mort de Jésus, le philosophe Sénèque écrivait : « Vivre heureux (vivere beate) est le désir de tous, mais tous ne voient pas clairement ce qui fait le bonheur (quod beatam vitam efficiat). » Les Béatitudes sont alors une lumière sur cette route vers le bonheur.
Le 21 septembre 1978, à Fulda, en Allemagne, le cardinal Stefan Wyszynski lançait une pressante invitation à l’Église pour une « nouvelle évangélisation », en vue de la renaissance d’une Europe chrétienne.
Prier : prédisposer tout son être à l'écoute, à la reconnaissance d'une présence, à l'art ineffable du dialogue avec Dieu.