Ceux qui les ont manipulés n’ont fait que savonner la mauvaise pente sur laquelle ils s’étaient engagés et les pousser en leur donnant un idéal, des règles, une structure que notre société a été incapable de leur donner. On leur a fait miroiter un destin auquel ils n’espéraient plus. En fait, ces assassins sont surtout des pauvres types qu’on a endoctrinés. C’est pathétique aujourd’hui en France que des jeunes foutent leur vie en l’air en partant combattre en Syrie ou en massacrant des innocents au nom d’une idéologie mortifère et archaïque qui correspond
à une lecture dévoyée d’un texte sacré ! Et quand je pense que des personnes juives, musulmanes, chrétiennes, qui ont en commun le même héritage qu’ils considèrent comme sacré – l’Ancien Testament – se sont entre-tuées et continuent. Je ne suis porté sur aucune religion, mais quand tu regardes bien, l’islamisme radical n’a rien à voir avec l’Islam, tout comme les bourreaux psychopathes de l’Inquisition n’avaient rien à voir avec la doctrine catholique
Un monde de gens pressés, conditionnés à suivre les mêmes chemins. Voilà dans quoi nous vivons, aurait-il dit. Alors qu’il peut être si agréable de s’égarer en prenant son temps, de découvrir des villages perdus, de faire des rencontres insolites.
Dieu avait abandonné les hommes il y a bien longtemps. Satan était le seul dieu vers lequel cela valait le coup de se tourner. Il donnait la puissance, permettait aux hommes de se laisser aller à leurs instincts les plus noirs
Un jour qu’il interrogeait sérieusement son professeur de sciences physiques sur des résultats d’expériences avec un sujet « doué », qui était arrivé à tordre par la pensée une petite barre de fer dans un laboratoire privé, l’homme lui avait répondu que de nombreux magiciens étaient capables de réaliser la même prouesse. Par conséquent, les scientifiques du laboratoire avaient dû se faire abuser ou, au pire, ils avaient falsifié leurs résultats.Thomas s’était emporté, trouvant l’argument stupide. Ce jour-là, il s’était fait virer du cours ! Il s’était aperçu que beaucoup de scientifiques dits rationalistes portaient des œillères et se montraient aussi intolérants et extrémistes dans leurs idées que les allumés ou charlatans qu’ils dénonçaient
Bennoun poursuivit son chemin, laissant Carl perplexe. Il avait malheureusement l’habitude de ce type de réaction et avait appris à rester zen devant la bêtise. Pour beaucoup, arabe était synonyme au mieux de délinquant, au pire de terroriste. Les mentalités évoluaient lentement, il fallait faire avec. Bennoun venait d’une cité de Sarcelle. Son père, Marocain, était tombé amoureux d’une touriste de vingt ans, blonde aux yeux bleus fascinée par les cultures du Maghreb.En rentrant en France avec le jeune Marocain, elle avait cru sa famille assez ouverte pour accepter leur relation. Perdu !
À trente-six ans, l’astronome Camille Flammarion, qui avait publié l’année précédente Atlas céleste, répertoriant les principaux objets d’études astronomiques, et qui venait de sortir Cartes de la Lune et de la planète Mars et Histoire du ciel, savait que la science est source de prodiges et que des phénomènes, aussi étonnants soient-ils, pouvaient devenir des objets d’étude, à condition que les hommes qui s’y intéressaient restent humbles devant un monde qui échappait encore à leur compréhension et gardent l’esprit ouvert, loin des dogmes et de leurs carcans.
Agnostique, il exécrait toutes formes de terrorisme ou de répression au nom d’une quelconque religion ou idéologie, mais n’était pas choqué qu’on ne pense pas comme lui et qu’on le dise sur les réseaux sociaux ou ailleurs. La liberté d’expression ne fonctionnait pas que dans un sens. Multiplier les interdits, les lois et la répression n’était pas sa conception de la liberté. Il détestait l’idée d’être fliqué par qui que ce soit, était contre toute forme de censure et croyait au dialogue, à la communication et au bon sens.
Il s’entretenait physiquement à la salle de gym et se sentait plutôt en forme. En revanche, sa lassitude était morale. Son boulot l’avait vieilli prématurément. À la criminelle, il côtoyait le pire. Des filles battues à mort par leur mac pour avoir refusé un client, des adolescents qui torturaient leurs parents pour quelques dizaines d’euros nécessaires à leur dose d’héroïne quotidienne, des pères de famille au crâne éclaté par des battes de base-ball pour un regard dans un train. De quoi perdre toute foi en l’humanité.
Ah ! le Sanctuaire du diable, bien sûr, je sais où il est. C'est la troisième à droite après le musée. N'oubliez pas de frapper fort à la porte. Avec le temps, Lucifer est devenu un peu sourd.
Bien qu’il eût été élevé avec les nouvelles technologies et assisté à l’explosion de la bulle Internet et du téléphone portable, il ne comprenait pas cette nouvelle tendance à vouloir étaler sa vie au grand jour pour des amis virtuels qui n’en avaient pas grand-chose à faire. Quelle perte de temps ! Aujourd’hui, au lieu de vivre un événement pleinement, beaucoup avaient besoin de partager sur le moment ce qu’ils faisaient, vivaient et ressentaient. Que ce soit pour un concert, un chagrin d’amour… ou un incendie.