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Critiques de Eric Branca (24)
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L'ami américain

De même qu'il y a des moments importants dans la vie d'un homme, il est des livres qui comptent---et comptent beaucoup--- dans son existence et sa compréhension des "choses de la vie" . Pour moi, "L'ami américain" est de ceux-là, après "Le temps de Franco" de Michel del Castillo qui m'avait obligé à une révision déchirante de mes idées sur la guerre d'Espagne (1936-1939 ), idées plutôt manichéennes où le fascisme constituait le camp du mal (qu'il continue à incarner à mes yeux) et la République le camp du bien, vision idéaliste dont je suis passablement revenu .

De même, "L'ami américain", livre historique de première grandeur ,remarquablement documenté, lève le voile sur certains épisodes de notre histoire qui méritent, même après soixante ans, d'être remis en lumière . N'oublions pas que le passé est garant de l'avenir et que "lespeuples qui oublient leur histoire sont condamnés à la revivre" (George Santayana ).

Au début de l'été 1944, j'avais dix ans(et demi) et quand j'allais, avec tous les gamins du coin, applaudir, le long de la route de Dinan à Saint Brieuc, les convois de GI filant vers l'Ouest à la conquête de Brest et leur "chiner" chewing gum, bonbons et cigarettes(oui !),je n'imaginais bien sûr pas du tout les dessous de la politique américaine de FDR,saprofonde antipathie pour de Gaulle et pour la France (ni son"amitié" pour Pétain) et je suis resté,des années durant,dans l'illusion de la grandeur et du désinteressement de la"plus grande démocratie du monde" . En somme, j'aicru à la LIBERATION , comme l'immense majorité des Français, alors que, dans l'esprit du président américain, il ne s'agissait que d'une occupation pour gagner cette guerre qui lui avait été imposée par le Japon. La lecture du livre est à cet égard édifiante et j'ai réalisé à quel point Charles de Gaulle a incarné,depuis le début (1940) jusqu'à sa mort (1970), l'esprit de résistance et d'indépendance qui a tant indisposé nos amisd'outre-Manche et d'outre-Atlantique .

Le livre est composé d'une introduction : "l'amitié du fort au faible", d'un prologue:"Roulant du haut de l'Histoire ..." puis de douze chapitres dont je ne résiste pas au plaisir de vous énumérer les titres ( une façon peu subtile de vous mettre l'eau à la bouche ) :

-Ch 1:"Notre "cher vieil ami"[si vous en doutiez, il s'agit de Pétain, non de de Gaulle]

-Ch 2 :Vichy, avec ou sans Pétain[ "Ce n'est pas à Hitler que Roosevelt fait la guerre, c'est à moi" ironisait de Gaulle ]

-Ch 3: D'une occupation l'autre? [la vilénie del'AMGOT ]

-Ch 4: La bataille de Paris [ Hitler n'était pas le seul à se battre sur deux fronts ]

-Ch 5: Les arrière-cuisines de Jean Monnet [ Les cuisines du prétendu"père de l'Europe" n'étaient pas d'une absolue propreté ]

-Ch 6:Des fellagha à l'OAS, tout est bon contre de Gaulle [Féru d'Histoire et ancien d'Algérie, j'ai appris là des choses ...que beaucoupdenosconcitoens ignorent encore ]

-Ch 7:L'impossible ménage à trois [ "Les histoires d'amour finissent mal en général", surtout à trois ]

-Ch 8: Le casus belli atomique [ L'indépendance est un grand défaut aux yeux des USA ... quand elle n'est pas américaine ]

-Ch 9: René, Antoine,Jean, François, Georges et les autres [Lutter contre des adversaires,oui,mais être désavoué ou trahi par les siens...ou prétendus tels ]

-Ch 10:Le grand réglement de compte de l'an 1968 [ Avec, là encore, quelques révélations étonnantes ]

-Ch 11: La symphonie inachevée [ Ou requiem pour unrêve d'indépendance ]

-Ch 12: Pompidou,l'héritier qu'on n'attendait pas [ Pompidouet Sarkozy me font penser aux deux héros de Chester Himes: Cercueil et Fossoyeur ,par rapport au "gaullisme" dont ils se prétendaient l'incarnation ]

Epilogue : Oublier deGaulle.

Pour nous,lecteurs de 2017, cet épilogue constitue le plus important du livre, si on a déja bien lu ce qui précède . Les successeurs du général, de Pompidou à Hollande en passant par Giscard et Mitterrand ont détricoté le travail d'indépendance,Chirac restant un peu à part, surtout en s'abstenant ! Mais le pire a été Sarkozy,fossoyeur d'une "France aux mains libres"qui prenait comme un compliment d'être surnommé"l'américain" .

A lire donc,et à méditer

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L'ami américain

Voilà pour moi le document historique le plus renversant de ces dernières années.

Eric Branca nous raconte une guerre, inconnue du grand public, menée sans relâche par les USA contre la France depuis 80 ans. Pas de morts dans cet affrontement d'influence mais des coups fourrés, des manipulations, de la corruption côté américain, de la faiblesse, de la naïveté et de la bêtise côté français. Tout ce que la France et les USA ont compté d'hommes politiques ont joué un rôle dans cette guerre mais qui pourrait toutefois se résumer à De Gaulle vs USA.



Dès 1940 les ennuis commencent avec un Roosevelt pétainiste à un degré insoupçonné et pris d'une haine irrationnelle pour ce De Gaulle bien seul et arrogant. La vision US de l'après-guerre est sidérante, pour faire simple France et Allemagne ces abominables nations guerrières doivent être dépecées et mises sous la douce botte américaine. La légende de GI venus libérer la France de la Fayette est battue en brèche, les Américains sont venus conquérir un marché pour leurs produits et un glacis contre les soviétiques. Mais ce maudit De Gaulle va les prendre de vitesse et redresser le pays. Qu'à cela ne tienne les agents américains vont tenter de diluer la France dans maintes organisations européennes financées à coup de dollars. A ce titre on peut se demander pourquoi un traitre à son pays comme J. Monnet est au Panthéon plutôt qu'à Monfaucon. Hors de Gaulle, ses proches et les communistes, tous les politiques français ont été largement corrompus par la CIA pour s'opposer aux volontés d'indépendance de la France. Les Mitterrand, Deferre, Lecanuet, Giscard, Sarkozy etc... ont largement profité des prébendes de la CIA ce qui explique leur comportement de larbins pendant des décennies. Chirac aura un peu relevé la tête pour la guerre en Irak mais le mal était fait, la France ne pèse plus grand-chose, la guerre est perdue.



Devant un ouvrage aussi dérangeant le lecteur s'interroge sur la fiabilité de la thèse de l'auteur, dans le cas présent E. Branca site largement des sources qui semblent sûres et accessibles. D'autre part bien des éléments cités dans le livre sont parus en leur temps dans les médias, c'est leur synthèse et leur mise en perspective qui renforce la thèse.



Le citoyen français ne peut qu'être écoeuré, hormis le géant De Gaulle dont la figure ressort encore plus grande, la bassesse du personnel politique français est affligeante, on sait que seule leur réélection les intéresse mais leur manque de courage est criant.

La France d'aujourd'hui est un pays exsangue, si un nouveau De Gaulle surgissait il serait en peine de faire les réformes espérées par le Général faute de moyens, il ne trouverait qu'un pays endetté qui peine à maintenir un système social à bout et qui ne peut investir dans l'avenir. Un pays pris dans un système européen purement économique et financier qui est largement ouvert aux intérêts américains comme le voulait Monnet et ceux qui le manoeuvraient.

Les crises du pays font aussi regretter que les réformes sociales imaginées par De Gaulle entre capitalisme et communisme aient été torpillées, y compris par son camp, pour se résumer aujourd'hui à la participation.



Ouvrage important qui éclaire sur des décennies d'errements de la politique française et qui explique en bonne partie pourquoi la France n'est plus qu'un pays de deuxième ordre.

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Le roman des damnés

Contrairement à ce que peut faire penser le titre de ce livre, nous avons affaire à un essai, un brillant essai.. Et ce, sur le thème des techniciens, ingénieurs, espions, policiers, militaires et autres artisans de la politique nazie des autorités allemandes de 1933 à 1945.



Eric Branca nous présente une galerie de personnages tous plus opportunistes les uns que les autres.



Albert Speer, architecte préféré d'Hitler et ministre de l'Armement de celui-ci. Au titre de la guerre totale menée par les nazis et afin de porter à son maximum la production allemande de matériel militaire, il a utilisé la main d'oeuvre des déportés des camps qui ont péri par dizaine de milliers du fait des traitements et de l'esclavage qui leur étaient imposés ; notamment dans le camp de Dora; lieu de fabrication des V1 et V2. Epuisement, sous-alimentation et maladie, tel était le sort des malheureux que Speer, en bon nazi, considérait comme du bétail...Il n'écopa que de vingt ans et eut le culot de se présenter comme le chevalier blanc...lui nazi convaincu et proche d'Hitler.



Von Braun, cet ingénieur génial certes, mais imbu de lui-même et d'un opportunisme édifiant. Il a permis aux Etats-Unis de s'imposer dans la recherche spatiale, notamment le 21 juillet 1969, les premiers pas de l'Homme sur la Lune.



Otto Skorzeny, surnommé le "James Bond nazi", auréolé de la gloire de sa mémorable équipée pour délivrer Mussolini au Gran Sasso. Un nazi au physique de colosse qui après guerre se mettra au service de plusieurs commanditaires.



Et plusieurs autres comme le financier Schacht qui assura le financement du parti nazi, Rudold Diels le premier chef de la gestapo de Berlin, Ernst Achenbach qui, pendant l'Occupation, a pillé la France pour les besoins du IIIème Reich...Sans oublier Walter Schellenberg, orfèvre de la manipulation et l'un des principaux organisateurs de la Shoah par balles et dont les Alliés occidentaux utilisèrent les services dans le cadre de la Guerre froide.



Après avoir terminé la lecture de ce livre, impossible de ne pas ressentir un malaise, et ce pour trois raisons :



-les victimes du nazisme furent les "cocus" dans le dénouement de la Seconde guerre mondiale qui, rappelons-le, a fait plus de 60 millions de morts. Quelle justice pour les victimes raciales et politiques du nazisme ? Beaucoup échappèrent au jugement. Et, mis à part quelques dirigeants nazis, s'il y a eu condamnations, beaucoup furent légères au regard des crimes,



-le cynisme absolu, la désinvolture, l'opportunisme de ces élites nazies qui se donnent le beau rôle après avoir participé à la mise en place et au fonctionnement d'un régime inhumain,



-le manque absolu de morale des Alliés pour qui la Guerre froide était l'unique souci et la souffrance des innocentes victimes du nazisme comptait peu.



Un livre passionnant d'une grande précision.
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L'aigle et le léopard

L'aigle et le léopard est un excellent ouvrage qui remet en perspective une periode qu'on croit bien connaître : l'entre-deux-guerres.



L'auteur nous emmène dans une galerie de portraits peu glorieux : des britanniques attirés par l'Allemagne, le fascisme et le nazisme. Or, les hommes et femmes qui nous sont dépeints occupent les plus hauts postes de la société britannique ! Aucun milieu de l'establishment n'est épargné : médias (les plus lus de l'époque), politiciens (Oswald Mosley a perdu de quelques on dizaines de voix la direction du parti travailliste), financiers (le directeur de la banque d'Angleterre) et même la famille royale. Tous ne sont pas aussi racistes, darwiniens, fascistes. Mais ils ont en commun la volonté d'appuyer, face à une France vue comme trop belliqueuse, l'Allemagne, quitte à la reconstruire économiquement et donc militairement...



Ce choix diplomatique a même failli se concrétiser par une alliance, puisqu'Hitler proposait aux Britanniques de s'occuper du monde pendant qu'il se contenterait de dominer l'Europe et anéantirait le communisme. Il aura fallut toute la détermination de Churchill pour oser refuser cette offre alléchante...



Ainsi ce livre a battu en brèche l'idée d'une France et d'un Royaume-Uni éternellement liés et alliés suite leur victoire conjointe en 1918. Le résultat nous ouvre les yeux sur les hommes et événements qui ont rendu possible la seconde guerre mondiale.
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La République des imposteurs: Chronique indis..

Cette « Chronique indiscrète de la France d'après-guerre 1944 – 1945 » a pour objectif de rappeler aux nouvelles générations les turpitudes criminelles de certains personnages qui sont passés, à l'occasion de ces temps de bouleversements d'aprè-guerre, d'un bord à l'autre et ont trahi allégrement leur patrie, leurs amis, l'honneur …



« de l'escroquerie consistant à s'inventer un passé de résistant jusqu'au cas – unique dans l'histoire parlementaire – d'un complice des nazis (Jacques Tacnet) parvenant à se faire élire député sous une fausse identité (Jacques Ducreux), en passant par l'invention de faux complots (le Plan bleu) et la dissimulation d'authentiques séditions (comme celle dite de la Pentecôte), rarement communauté ne se sera autant menti à elle-même ni chaque citoyen à son voisin avec une telle audace... Et pour tout dire, pareille impunité ! » ainsi est-il écrit sur la jaquette de ce livre.



Que cet ouvrage soit écrit par un homme de droite ne me dérange pas, par un idolâtre du Général de Gaulle encre moins, moi qui fus élevée dans le culte du grand homme par un père héros de guerre …



Mais j'y ai aussi décelé un dessein qui me dérange davantage, tout en le mettant au jour dans la seconde partie du livre : la permanence de l'influence américaine dans le processus passé … et toujours d'actualité, de la laborieuse construction européenne.



Et j'ai enfin compris l'opposition tenace des Américains à la volonté d'indépendance de la France après la fin de la guerre et pourquoi le Général haïssait autant Jean Monnet, tout en reconnaissant ses capacités d'organisateur.



La première partie de cet ouvrage – la plus croustillante – met en scène un festival de salopards. La faculté de certains à changer de personnalité à la faveur du chaos de la fin des hostilités. Reconversions sur le tard, retournements de vestes, réseaux enterrés prêts à toutes sortes de complots, mythomanes mégalomanes, délateurs, purs escrocs opportunistes, infiltration dans les partis politiques renaissants. L'auteur balance les noms et les pedigrees avec une évidente jouissance, mais toujours avec une argumentation bien documentée.



On y retrouve la narration d'exactions sans contrôle lors des opérations sauvages d'épuration, l'infiltration des plus hautes autorités de l'Etat – y compris dans la police - par des escrocs, l'instrumentalisation d'anciens résistants, l'implication des services de désinformation soviétiques et américains. Ceux-ci implantent des « Stay behind », sorte de 5ème colonne d'agents dormants recrutés pour contrer les communistes, initiatives réitérées pour piéger, déstabiliser, supprimer De Gaulle …



J'ai enfin compris les ressorts de l'échec de la tentative – déjà – de prise de contrôle de la défense européenne à partir du traité de la CED, finalement repoussé grâce à l'action de Michel Debré …



Finalement, lorsqu'on songe à la découverte récente que Philippe Grumbach (décédé en 2003), patron de l'Express pendant des lustres et journaliste universellement reconnu, était en fait un agent du KGB … on se dit que les techniques de désinformation ont toujours eu cours et le sont sans doute encore … et que les tentatives de tous bords de déstabiliser l'Europe en général et la France en particulier, sont à l'oeuvre.
Lien : http://bigmammy.canalblog.co..
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Histoire secrète de la droite : Cinquante ans..

Finalement, un livre très intéressant. Je me méfie toujours des "histoire secrète.." car elles sont souvent construites sur des secrets éculés ou artificiels.

Mais dans ce livre, il vaut mieux retenir les notions "d'intrigues et de coups tordus" car il y en a florilège, à en rire ou à s'en effondrer d'abattement.

Ce survol des coups tordus de la droite est assez révélateur de ce qu'est la politique lorsqu'elle ne rime qu'avec ambition personnelle ou clanique.

Si Chirac en est souvent le héros, d'autres personnages sont aussi pittoresques.

C'est de l'Histoire donc on peut lire ce livre avec un détachement cynique. Mais lorsque, selon son âge, on a vécu plus ou moins de ces évènements, on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine tristesse.
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Les entretiens oubliés d'Hitler 1923-1940

Un ouvrage d'histoire parfaitement mené et qui offre un regard différent de ce que l'on voit d'habitude à propos du régime National-Socialiste d'Hitler.



Eric Branca signé ici une étude historique très bien présentée et menée, prenant le temps de poser son sujet dans une longue présentation du contexte et des personnes.

C'est paradoxalement en étudiant les entretiens d'Hitler que l'on comprend mieux pourquoi la France, l'Angleterre et les Etats-Unis n'ont guère réagi aux prétentions territoriales et politiques de celui qui deviendrait le Fuhrer du IIIe Reich.

La complaisance de certains journalistes rappelle également l'ambiance politique de ces années troubles et nuance beaucoup le manichéisme que l'on peut avoir aujourd'hui sur cette époque: désireux de croire à la Paix, face à un homme d'Etat dont la politique semble avoir des effets miraculeux sur l'Allemagne alors moribonde et qui ne cesse de chercher à rassurer ses détracteurs sur ses intentions, il n'est pas étonnant de voir les dirigeants (et les opinions publiques!) français et britanniques prêter foi aux dires d'un homme qui prépare déjà la guerre à l'Est. Il est glaçant de lire que dès 1923, Hitler parlait d'espace allemand trop réduit pour une vie saine, et de la nécessité d'un élargissement de son pays, par une colonisation continentale plutôt qu'ultramarine... Une politique mise en œuvre dès 1938, voire même avant si l'on considère la tentative ratée de putsch pro-allemand en Autriche...

Eric Branca présente chaque interview avec soin, depuis l'auteur jusqu'au contexte historique immédiat. Des informations précieuses pour juger de la sincérité des propos rapportés, et du double-jeu d'Hitler sur certaines questions internationales. Il offre également, dans une troisième partie, un regard éclairant sur le devenir des journalistes s'étant entretenus avec Hitler.



Un ouvrage très réussi qui mérite d'avoir sa place chez tout lecteur ou historien intéressé par la période d'entre-deux guerres.
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L'aigle et le léopard

UN LIVRE CHARNIÈRE,

UNE PORTE À OUVRIR EN GRAND AVANT QU'ON LA REFERME



Rares sont les livres d'histoire dont l'index mentionne les historiens qui ont écrit sur leur sujet. La majorité n'indexent que les acteurs de l'histoire.

Celui-ci gratifie votre serviteur, en son index, de 12 mentions, record battu et de loin.

Sont évoqués sept de mes ouvrages : Les Papiers Doumenc, La ruse nazie, Hitler, La face cachée de 1940, Hitler et les femmes, Churchill et Hitler et l'édition des Propos dits de table. En outre, l'auteur fait grand cas du livre de David Gardner sur William Patrick Hitler, le neveu, que j'ai traduit et annoté en 2006 et qui donne à penser qu'Hitler a quitté l'Autriche pour l'Angleterre pendant une demi-année, à cheval sur 1912 et 1913.

Ne sont cités en revanche ni Churchill et les Français (comportant mes considérations les plus détaillées sur la crise du cabinet anglais fin mai 1940, au coeur de l'ouvrage de Branca), ni L'appel du 18 juin (remis à l'honneur par le dossier du Monde, le 19 janvier dernier), ni mon Histoire du Troisième Reich, ni le livre sur le 30 janvier 1933, ni mes ouvrages sur Vichy, ni le Bormann de 2020, dernier état de ma contestation du caractère "polycratique" prêté à tort au gouvernement nazi. Nul reproche ici : je ne signale ces omissions que pour suggérer des prolongements.

Outre une mise en lumière, enfin, par une grande maison d'édition ne lésinant pas sur les moyens de promotion, de la terrible solitude de Churchill dans son option pour la continuation de la guerre, l'ouvrage brise un autre tabou : la volonté d'Hitler d'écraser la France et le rôle, dans la défaite de celle-ci, de la méconnaissance par ses dirigeants de cette haine, pourtant exprimée dans Mein Kampf en termes non équivoques.

Le premier reproche que je fais au livre a trait, justement, à Mein Kampf ou plutôt aux récents ouvrages à son sujet, particulièrement les deux éditions critiques de Munich en 2016 et de Paris en 2021. Elles sont ignorées, au profit de la médiocre publication en français de 1934. Du coup, elles ne se voient pas reprocher leur omission du rôle de Churchill (l'artisan principal de l'échec du projet exposé dans le livre) et leur peu d'insistance sur l'agressivité de l'auteur contre la France.

Autre déception : le passage sur le vol de Rudolf Hess, un mixte de mes chapitres y afférents dans Churchill et Hitler et du livre récent de Pierre Servent sur Hess, qualifié de "biographie solide" alors qu'il s'agit d'un pamphlet manichéen. Branca fait droit à ma découverte de la manipulation par Churchill des dirigeants nazis via l'ambassadeur à Madrid Samuel Hoare, mais voudrait qu'Hess ait donné dans le panneau plus que son chef, et se soit envolé à son insu. Les deux arguments avancés, présentés comme décisifs, ne le sont nullement : Hess ne vient pas seulement proposer la paix, il assortit cela de terribles menaces (un redoublement de la guerre sous-marine conduisant à affamer l'Angleterre), l'envoi conjoint de cet émissaire en Ecosse et d'une nuée de bombardiers sur Londres n'est donc pas contradictoire; et si le communiqué de Berlin sur la disparition de Hess précède celui de Londres sur sa capture, cela s'explique fort bien par le fait que deux jours se sont écoulés depuis l'atterrissage espéré du visiteur chez des Anglais favorables à la paix : ceux-ci étaient à même de signaler cette arrivée par quelque filière en pays neutre. Hess était donc soit mort, soit aux mains de Churchill et, plus Hitler se désolidarisait tôt de son équipée, mieux cela valait.

Au total, un livre essentiel... qui risque encore, tant les préjugés démolis sont nombreux et vivaces, d'avoir du mal à s'imposer. La solitude de Churchill, la rage antifrançaise d'Hitler, le fait qu'en agressant la Pologne il savait qu'on lui déclarerait la guerre et le voulait pour écraser la France, sa décision d'Hitler d'attaquer l'URSS (en se résignant à une guerre sur deux fronts) dès le lendemain de Mers el-Kébir, bref, la combinaison chez Hitler

d'obsessions maladives, d'une juste appréciation des situations et d'une très grande habileté, toutes ces nouveautés qui cheminent à bas bruit depuis 1990,

n'ont encore rien d'évident !
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L'ami américain

Une fois tous les deux ou trois ans - maximum ! - je croise le chemin d'un livre consacré à l'histoire récente d'une qualité exceptionnelle. Eh bien, pour cette année, j'ai trouvé !



L'essai d'Eric Branca est vraiment un livre remarquable, absolument bourré d'informations étonnantes dont je n'avais pas connaissance. Pourtant, je possède une bonne maîtrise générale des relations entre les Etats-Unis et la France durant la période 1940/1970, mais là... chapeau. Quel travail d'historien formidable ! Il suffit de parcourir les quelques 70 pages de notes, de bibliographie et d'index qui clôturent le livre pour s'en convaincre.



Les 150 premières pages, consacrées à la seconde guerre mondiale, restituent avec précision les relations plus que tendues entre Roosevelt et de Gaulle. De manière incompréhensible, le grand président américain haïssait littéralement de Gaulle, ce que confirment les mémoires de guerre respectives de Winston Churchill et de Charles de Gaulle, dont je parle par ailleurs sur ce site.



Il aura fallu à tout l'entourage de Roosevelt une persévérance incroyable, jusqu'à sa mort, juste avant la fin de la guerre, pour le persuader des qualités du leader de la France libre.



Le deuxième tiers de l'essai livre des informations surprenantes (ahurissantes devrais-je dire !) sur la manière dont l'administration américaine a aidé, supporté l'O.A.S. durant la guerre d'Algérie, au risque de "casser" la mécanique de désengagement progressif programmée par de Gaulle.



On (re)découvre aussi dans ces pages la doctrine américaine - non déclarée ! - d'après-guerre, consistant à jouer sur les divisions des grands pays européens pour empêcher la formation d'une "vraie" Europe.



Les Etats-Unis utiliseront tous les moyens pour "soudoyer" certaines figures politiques françaises majeures de l'après-guerre (Pinay, Jean Monet, entre autres) afin qu'ils poussent à la promotion d'une France atlantiste, dépendante financièrement, politiquement et militairement des Etats-Unis.



Au cours du troisième tiers, Eric Branca raconte notamment - une vraie révélation ! - comment un rapprochement entre Nixon et de Gaulle s'est effectué avec le temps, nourri par un immense respect mutuel.



On découvre aussi l'admiration sans borne que portait Henry Kissinger (8 ans à la tête des affaires étrangères des Etats-Unis et prix Nobel de la paix, mort récemment à l'âge de 100 ans) à Charles de Gaulle, qu'il considérait comme la plus grande intelligence politique analytique du XX° siècle !



Le seul point sur lequel on peut émettre quelques réserves, dans cet ouvrage exceptionnel, c'est lorsque Branca parle de "l'après de Gaulle", avec une analyse anti atlantiste très extrême de la politique française extérieure de ces cinquante dernières années.



A ses yeux, aucun président français, de Giscard d'Estaing jusqu'à Hollande, ne mérite le moindre éloge dans leur manière de mener le pays sur la scène internationale.



Les deux dernières années qui viennent de s'écouler montrent à quel point, l'illusion d'une France totalement indépendante, à distance des deux grandes puissances russes et américaines, est non seulement une illusion, mais une erreur fondamentale. Le monde a bien évolué depuis la mort du Général...



Un livre référence indispensable, dans ma bibliothèque historique idéale.
Lien : https://www.letournepage.com..
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L'ami américain

L’ami américain

Eric Branca

Pour la majorité des Français, la Libération est incarnée par des airs de jazz, par des Américains qui mâchent du chewing-gum en distribuant cigarettes, Coca cola et chocolat à une foule en liesse… Il faut réviser nos idées. Cette légende dorée va s’écrouler après avoir lu « l’ami américain » qui traite d’une guerre méconnue, sans morts, que mènent sans relâche les USA et la France.

De drôles d’amis, en effet, ces Américains ! Le Général de Gaulle semble être le seul à défendre les valeurs de notre pays et notre indépendance.

Je suis également stupéfaite d’apprendre toutes les adversités, les manipulations, les intrigues, les trahisons, les coups fourrés auxquels le Général de Gaulle a dû faire face. Le rôle de Jean Monnet est tout simplement incroyable aussi.

L’épilogue est également très instructif car il nous permet de mesurer comment a été détricoté tout ce qui a été construit par le Général de Gaulle depuis Pompidou en passant par Giscard, Mitterrand, Hollande, Chirac ou Sarkozy qui tient le pompon en se gaussant d’être appelé « l’Américain » (l’auteur n’a pas balayé la période Macron, mais ce dernier est dans la lignée de ses prédécesseurs en matière de déconstruction !)

Nous sortons de cette lecture, complètement démoralisés par tous ces fossoyeurs de notre indépendance et de notre liberté !

Cet ouvrage est exceptionnel. Il est passionnant, bien documenté notamment grâce aux archives américaines déclassifiées. Le style est vif, l’écriture fluide et il est très instructif.







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Les entretiens oubliés d'Hitler 1923-1940

Edifiant est effectivement le 1er mot qui vient à l'esprit, après avoir parcouru ce recueil d'entretiens menés par des journalistes de diverses nationalités avec Adolf Hitler.



Edifiant d'abord par l'indulgence voire l'admiration dont ont fait preuve ceux-ci vis-à-vis du Führer...

alors certes celui-ci et son équipe de propagandistes menés par Goebbels sélectionnaient soigneusement les "chanceux" qui avaient le droit d'échanger avec... ou plutôt d'accéder aux monologues du "Grand Homme".

Néanmoins quand on lit les antécédents et parcours de ces intervieweurs, tous ne sont pas de simples thuriféraires, il y a également quelques grands reporters qui se sont précédemment illustrés voire le feront encore malgré cette piteuse expérience journalistique.



Ainsi, la lecture est également édifiante, voire glaçante, par le double langage de Hitler, vindicatif et va-t-en-guerre quand il s'adresse à ses compatriotes, mais cajôleur et chantre auto-proclamé de la paix en Europe quand il s'agit de s'exprimer à destination de lecteurs de nationalité différente.



Peu de journalistes étrangers ont eu accès à la version non auto-censurée du Chancelier allemand... pour autant, était-il si difficile de confronter celle-ci à la version libre des réunions publiques allemandes ?

Nombre se sont fait duper et ne l'ont compris que trop tardivement, les actes tranchant trop avec le discours.



Quant aux quelques vrais admirateurs, français notamment, la Collaboration leur donnera plus tard l'opportunité de se confronter au modèle dont ils chantaient les louanges et, pour certains, d'assumer ceux-ci jusqu'à l'exil...



La relecture des évènements a posteriori est toujours facile : qu'aurait-on compris ou fait, plongé dans le contexte de l'époque ?... pour autant, l'incompréhension domine au sortir de cette lecture.

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L'aigle et le léopard

Ouvrage essentiel pour ajouter un prisme sur l'entre deux guerres et la montée du nazisme peblicitée par le gotha et l'aristocratie anglaise.

J'ai découvert un terme que j'ignorais complètement : gallophobe.

Cet ouvrage éclaire des interrogations, révèle une partie des relations franco anglaises qui ont été gommées après la victoire.

Et que dire de plus que les références sont tellement denses que vous en aurez pour toute une vie de lecture à tirer sur la pelote.

Cet ouvrage donne envie d'en savoir plus sur les personnes qui jalonnent ce récit. Ne vous méprenez pas sur mes propos. Ce que je veux dire c'est que vous allez sursauter en lisant ce récit. J'en sors avec plus de questions qu'en arrivant. J'espère que la découverte de nouvelles archives vont enrichir ces mystères. J'en retiens deux : Hitler à Liverpool ? Churchill en vadrouille en Europe pour détruire tous ce qu'il trouve de compromettant.

Ce livre devrait être réédité tous les 10 ans avec les nouveaux témoignages et archives. Et être mis en toutes les mains.



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Le roman des damnés

beaucoup d’informations dans ce livre-documentaire. L’auteur y détaille minutieusement le sort de tous ces anciens nazis, dont l’expérience acquise sous les drapeaux du troisième Reich, ont beaucoup intéressé les puissances de l’après-guerre, toutes entières mobilisées pour la guerre froide qui s’annonçait. Tortionnaires, gestionnaires de camp, manipulateurs d’informations, commandos en rupture de ban, ils ont été nombreux à vivre une vie respectable et à mourir de vieillesse dans leurs lits, ce qui n’a pas été le sort de leurs milliers de victimes. Très instructif mais un peu désespérant sur la notion toute relative de justice.
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Les entretiens oubliés d'Hitler 1923-1940

Les entretiens d' Hitler avec les correspondants étrangers furent rare. Eric Branca présente chacun avec le contexte en préambule et quelques informations biographiques à propos de l'intervieweur.

Ces entretiens sont fascinants car ils montrent combien le führer,hormis une occasion au début des années 20(ou ses ambitions expansionnistes et son antisémitisme ne sont point dissimulées) sait endormir/rassurer son interlocuteur. Adepte de la rhétorique du "le meilleur reste à venir,mon ambition pacifiste sera un jour apprécié à sa juste valeur", Hitler bénéficie aussi parfois de la complaisance du journaliste (fasciné par le redressement Allemand ? ).
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De Gaulle et les grands

Un livre dispensable pour les lecteurs de « l’Ami Américain » du même auteur ; car, l’on n’y apprend pas davantage sur les relations qu’entretenait De Gaulle avec Roosevelt, Kennedy et Nixon… De même que l’on n’y fait pas de grande découverte, pour qui s’intéresse un tant soit peu à cette période de l’histoire. On peut lire ce livre en complément que quelques documentaires, mais les anecdotes ne sont pas surprenantes.



C’est la période de sympathie qu’entretenait l’état de Vichy avec les américains qui est le plus intéressant, de même que les coulisses de la création de l’Europe — et surtout, les personnalités qui furent désignées pour ce projet. À ce sujet, je recommande aussi de lire « l’Ami Américain ».



On peut être effaré d’apprendre l’hostilité qu’entretenaient les administrations américaines, et la défiance vis-à-vis d’elles de Kennedy, puis de Nixon — ce qui a mis fin à leurs carrières politiques. Aussi, on peut être amusé de voir que ce sont les personnalités qui font l’histoire ; Branca — à travers De Gaulle — trouve explications des parcours de chacun, et en tire des conclusions politiques. Par exemple, comment De Gaulle et Hitler, en ayant chacun vécu la première guerre mondiale, n’en n’ont pas tirés les mêmes leçons…



Notons aussi le style journalistique d’Éric Branca — rédacteur à Valeurs Actuelles — qui rend dynamique et passionnantes les explications des ficelles de la diplomatie gaullienne. Bref, un livre tout à fait intéressant pour les amateurs de relations internationales.

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L'ami américain

Mon père avait coutume de dire que tout le monde devrait avoir le droit de voter à la présidentielle américaine compte-tenu de l’impact de cette élection sur l’ensemble du monde. Ce que ne semble pas contredire cet essai très documenté, qui nous expose un plan géo-stratégique de plusieurs décennies visant à établir la domination économique des États-Unis sur une Europe décimée par deux guerres destructrices. Face à ce rouleau compresseur quasi impérialiste, se dressait un rempart : le Général De Gaulle, toujours animé par la volonté de préserver la souveraineté de la France.

Si la thèse d’Eric Branca s’appuie sur de nombreuses sources et archives déclassifiées, on peut toutefois relever un manque de nuances ici et là, donnant le sentiment d’un argumentaire essentiellement à charge. Car au final, l’opinion dominante reste celle d’un souverainiste gaulliste, ce qui n’enlève rien à la qualité de ce travail remarquable évidemment, mais devrait selon moi conduire à relativiser certaines conclusions légèrement hâtives et passionnées (comme par exemple sur l’impact de la construction européenne).
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Le roman des damnés

L’historien et journaliste évoque les multiples personnalités du IIIe Reich qui ont connu après 1945 une «seconde carrière».
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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De Gaulle et les grands

Un livre excellent, très pro De Gaulle, sans éluder le Sac ni la FranceAfrique, et qui apporte un nouveau regard sur la politique étrangère. Surprise avec le portrait de Nixon et celui de Tito, mais C'est le regard du général. ... À lire pour avoir un regard général sur une époque et comprendre les relations internationales
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Les présidents de la République

Une présentation des différents présidents de la république assez détaillée car chaque personnalité politique a droit à une biographie étoffée, notamment durant la période de sa fonction.

De Louis-Napoléon Bonaparte, premier et unique président de la deuxième république à Jacques Chirac, l’ensemble des présidents sont présentés dans cet ouvrage. Les biographies sont intéressantes même si mon intérêt s’est porter plutôt aux présidents les plus marquants.

Le livre a assez vieilli dans son style car il manque de couleurs, de photos plus parlantes, de visuels, de pédagogie... le texte est lui assez agréable à lire même si il manque lui aussi d’enjolivements.

Un ouvrage qui ne manque donc pas d’intérêt mais qui est surtout destiné aux fervents de l’histoire de ces personnages qui ont marqués la France.
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L'ami américain

Le récit des rapports conflictuels qu'entretinrent le Général et les Américains entre 1940 et 1969.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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