Citations de Erin Mc Cahan (28)
Le silence, embarrassé ou non, est aussi un langage. Les silences embarrassés hurlent "Nous n'avons rien en commun !" Les autre prouvent le contraire.
L'amour ne peut pas se résoudre comme un problème de maths.
C'est plus facile de haïr que d'avoir mal.
J'ai constaté une détérioration de ses qualités de soeur bien avant que la date ne soit fixée - juste après l'annonce de ses fiançailles, en fait. Par conséquent, étant donné qu'un seul nouveau facteur a été introduit dans notre relation à ce moment-là, j'en conclus que la cause de ce déclin est Geoffroy Stephen Brill.
quand j'imagine mon rendez-vous avec Stefan, je ne pense ni à la météo ni à la lune. Je me vois trébucher sur mes hauts talons, tomber à la renverse, me casser une cheville, un poignet et me raccrocher à Stefan. Ensuite il atterrit sur une table, les bougies mettent le feu à ses cheveux et brûlent ce qui en reste. On finit aux urgences, moi avec deux plâtres et lui un bandage à la tête.
Peut-être qu'au fond d'elles-mêmes, certaines filles sont tellement dévorées par la jalousie qu'elles sont incapables de la contenir, et qu'elle ressort malgré elles sous la forme d'une haine déguisée en humour et noyée derrière des compliments. Ou pire, peut-être que c'est conscient. Peut-être qu'elles souffrent tellement que pour se sentir mieux, elles sont obliges de faire souffrir.
partons du mot "cool" (...).
Selon l'intonation, le moment et le lieu, il peut signifier
1. "C'est très intéressant."
2. "J'approuve", ou "J'apprécie".
3. "Je n'avais oncore jamais entendu/vu ça."
4. "Calme-toi."
Aujourd’hui, je peux affirmer que, si l’on aime réellement quelqu’un, on ne pourra jamais éprouver de sentiments haineux à son égard. Si la haine est réelle, c’est que l’amour ne l’était pas.
La langue du lycée pourrait s’appeler le « Ohmondieu », vu que tous les adolescents américains utilisent cette expression au moins cent fois par jour. Moi je n’y arrive pas, parce que je ne trouve pas ça très sympa pour Dieu. Est-ce que lui passe ses journées au paradis à s’écrier « OhmaJosie » chaque fois qu’il perd ses clés ou que son ordinateur plante ?
Le silence, embarrassé ou non, est aussi un langage. Les silences embarrassés hurlent "Nous n'avons rien en commun !" Les autre prouvent le contraire.
Stéphane me téléphone le samedi après-midi pour me proposer de manger une pizza et regarder un DVD chez lui. Cette expression m’a toujours semblé incorrecte : c’est le film qu’on regarde, le DVD n’est que son support matériel. Mais comme je suis en minorité, je prends sur moi et traduis intérieurement "DVD" en "Film".
Kate arrive vers 18h30, avec une demi-heure de retard (ce qui n’a pas l’air de la déranger). Elle est suivie d’un individu de sexe masculin aux contours indéfinis, à mi-chemin entre l’homme et la cigogne, une sorte de croquis effacé et redessiné plusieurs fois mais jamais vraiment terminé. Etant donné son absence de de ressemblance avec la description de Kate, j’en déduis que ça ne doit pas être Geofff.
Nous nous levons. Kate prend le croquis humain par le bras et s’avance. Mais avant qu’elle ait pu dire un mot, je m’exclame :
- Hé, tu es fiancée !
- Josie ! Hum, maman…
Kate s’empourpre.
- Elle porte une bague de fiançailles, j’insiste en la montrant du doigt. Et qui c’est, lui ?
- Geoff, voyons.
- Pas possible !
Maman me fait signe de me taire puis se tourne vers Kate avec avec un regard interrogateur.
- Eh bien, euh…
Ma sœur se dégonfle.
- Tu as quelque chose à nous dire ? suggère maman, pour essayer la regonfler.
- Josie s’en est chargée.
- Si tu voulais que ce soit une surprise, il ne fallait pas mettre la bague, je proteste. Néanmoins, je suis très surprise par Geofff. Tu es bien sûr que c'est lui ?
- Je te présente Josie, glisse Kate à Geofff.
J’aime bien me représenter l’humanité sous la forme d’un distributeur automatique, comme dans les halls d’hôtel ou les stations-service. On presse une combinaison de boutons, puis on regarde sa commande tomber dans le bac.
• B-3, vous obtenez un Sigmund Freud;
• D-12, une Beyoncé ;
• C-7, une moi ;
• A-8, un Twix.
Il me donne un petit coup de coude et je lui souris pendant que Kate explique à son fiancé que je suis un bébé-ménopause. Ma mère a cru qu’elle avait la grippe.
— Ah, commente Geoff. Ça n’a pas dû être évident.
— Non, reconnaît mon père, avec une solennité feinte. Mais je pense avoir remarquablement bien supporté les contractions. N’est-ce pas, chérie ?
— Tu as été très courageux, confirme ma mère.
Je ne sais pas si c'est de l'amour, mais je suis prête à courir le risque de tout perdre pour pouvoir te dire, un jour, que je t'aime. Parce que ça en vaut la peine, tu en vaux la peine, et je veux que tu fasses partie de ma vie pour toujours. (p324)
— Je n'ai jamais dit « je t’aime » à personne. Alors elles pleurent, ou se fâchent, ou les deux, et elles me quittent.
— Tu n’as jamais dit « je t’aime » à aucune de tes copines ? -Non.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne le dirai qu’à une seule personne. Quand je serai sûr. Quand le moment sera venu.
Il se rapproche encore un peu avant d’ajouter:
— Et quand je pourrai prédire ta réaction avec certitude.
Il pose sur ma table un cookie enveloppé dans une serviette en papier.
— Ils n’avaient plus de chèvres, s’excuse-t-il.
— Et la paix dans le monde ?
— La fille devant moi a pris la dernière boîte.
— Est-ce qu’elle portait une écharpe ?
— Oui. Quel rapport ?
— C'était Miss Amérique. Tu lui as demandé un autographe ?
— Non. J'ai eu peur qu’elle tienne mal son stylo et que ça me tracasse toute la journée.
Il me jette un clin d’œil complice.
Nous aurions déjà dû terminer le lycée, avec deux ans d’avance, mais mon père a refusé. Il est spécialisé dans les programmes éducatifs prenant en compte les besoins sociaux et psychologiques des jeunes surdoués. Il a insisté pour que nous continuions à fréquenter le lycée dans un but d’« intégration sociale au sein de notre classe d’âge ».
Pour lui, nous sommes deux chatons en cours de sevrage qui s’apprêtent à sortir de leur boîte en carton pour découvrir le vaste monde. Si nous ne sommes pas suffisamment préparés, il a peur que nous restions craintifs et bizarres toute notre vie, que nous fassions nos besoins dans les pots de fleurs et que nous crachions sur les gens qui veulent nous caresser.
Afin de devenir un chat qui sait se tenir en société, je ne suis donc pas autorisée à quitter le lycée avant mes dix-huit ans. D’ici là, je serai en train de terminer ma licence à Cap, et je suppose que j’irai suivre mon deuxième cycle ailleurs. À moins, bien sûr, que mon père ne me surprenne en train d'uriner dans l'un des ficus de maman. Je devrais essayer, un jour, et filmer sa réaction en caméra cachée.
N’est-ce pas ce que font les gens avant de disparaître pour toujours ? Ils sortent faire une course. Je vais acheter des cigarettes, je reviens.
Il va falloir que j’apprenne à fumer.
Tout commence par la vue, a-t-il expliqué en montrant ses yeux, au cas où j'aurais oublié où ils étaient placés.