À l'occasion de la 19ème éditions des quais du polar à Lyon, Erin Young vous présente son ouvrage "Les moissons" aux éditions Belfond Noir.
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Note de musique : © mollat
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En dominant le marché des semences hybrides, des engrais et des pesticides - la sainte trinité de l'agriculture -, en écrasant la concurrence et en menant un lobbying stratégique auprès des plus hautes instances gouvernementales, des géants comme Agri-Co étaient parvenus à contrôler la majeure partie de la production agricole du pays.
Etre riche et avoir le bras long, ne le rendait pas incapable de commettre des actes barbares. Si son expérience lui avait appris une chose, c'étaient que les monstres de la vraie vie ne ressemblaient pas à ceux des comptes de fées.
Une puanteur infecte comme un mélange de fruits gâtés, de viandes putréfiées et d'œufs pourris. Le parfum toxique de la mort.
Puis elle découvrit brusquement ce qu’elle cherchait. Chloé, Mia et elle-même, toutes les trois sur la même page. Quatorze ans, bientôt quinze. Les meilleures amies du monde depuis leur entrée au collège. Elle éprouva une émotion indéfinissable. Des regrets ? De la nostalgie ? Elle aurait dû reprendre contact avec elles.
Trop tard maintenant.
En soulevant l’album pour mieux voir, elle sentit quelque chose tomber sur ses genoux – une photo restée coincée entre les pages durant toutes ces années, comme une araignée morte depuis longtemps, mais toujours effrayante.
C’était bien elle à la grande foire de l’Iowa, entourée de Mia et Chloé qui avaient chacune passé un bras autour de ses épaules. Avec leurs lèvres brillantes de gloss, leurs crop-tops et leurs shorts si courts que les poches dépassaient par en dessous sur leurs jambes minces et bronzées, elles avaient l’air de filles qui jouaient à être des femmes. Elle eut la gorge nouée à la vue du collier en or qu’elle portait alors, avec un pendentif en forme d’étoile. Un cadeau de son grand-père à l’occasion de son quatorzième anniversaire.
Pour ma petite adjointe.
La culture du maïs, le génie génétique… cette boîte est partout. Une poignée de sociétés contrôlent désormais l’approvisionnement alimentaire de l’Amérique. Elles fixent les prix pour les consommateurs et les salaires dans l’industrie.
Riley nota que Logan hochait la tête. Elle avait entendu la sénatrice Cook à la radio s’emporter contre ces mêmes problèmes qui poussaient des exploitations familiales à la faillite.
- Agri-Co et consorts sont protégés par des assurances et des subventions gouvernementales dont on ne peut que rêver, nous autres les petits fermiers, enchaîna Brown. Et ils font le tour de tous ces pauvres gars qui ont du mal à s’en sortir et qui ne sont plus assez fiers pour refuser de planter les semences de ces vautours sur leurs propres terres si ça peut leur permettre de tenir bon jusqu’à l’année suivante.
- Tu ferais mieux de te considérer ici chez toi, dit Riley en contemplant les champs de soja et de maïs qui ondulaient doucement sous leurs yeux.
Quelques granges rouges ponctuaient cet océan de verdure, tels de gracieux navires dominés par les pompes à vent qui se dressaient comme des mâts au-dessus d’elles. Au loin, dans l’air cotonneux – conséquence de la poussière en suspension –, des silos et des éoliennes marquaient l’emplacement de quelques-unes des plus grosses exploitations du comté, tandis que plus près d’eux, la citerne pansue d’un château d’eau vacillait sur ses maigres jambes d’acier. Le bleu éclatant du ciel n’était troublé que par quelques fins nuages blancs. Des nuages queues de lapin, aurait dit sa mère.
Son sourire suffisant dévoila une dent de travers qu’elle avait jugée charmante des années plus tôt, à l’époque de leurs débuts dans la police. Une toute petite imperfection chez ce gars de l’Iowa aux épaules de rugbyman, aux cheveux blonds comme les blés et aux yeux bleus. Depuis, cependant, elle avait découvert que cette dent n’était pas son seul défaut.
Cela faisait six mois qu’elle avait été promue, mais Cole lui rappelait sans cesse combien il était en rage à ce sujet. Il se passait rarement une journée sans qu’elle ait droit à un commentaire ou à un regard mauvais – rien qui puisse justifier une sanction, juste de quoi lui faire comprendre qu’il ne la respecterait jamais.