[À Jean-Bernard Pouy, auteur du polar La Belle de Fontenay :] La prochaine fois, si vous voulez écrire des histoires de fesses c’est pas la peine de mélanger avec des recettes de potager pour attraper les vieux et leur faire dépenser leurs sous. En plus, sur les pommes de terre vous faites celui qui s’y connaît, mais on n’est pas dupe on voit bien que c’est de la frime, c’est pas le manche de la bêche qui doit vous faire souvent des poulettes aux mains.
Pour le crime c’est pareil, si vous croyez que c’est si facile de rentrer une belle fille comme ça dans un bidon de jardin, on voit bien que l’arrosage et vous ça fait deux. (p. 97)
Quand j'étais jeune, j'étais trop polie, je n'osais pas protester, maintenant, à nos âges , ça n'a plus guère d'importance, on peut y aller.
Ernestine Chasseboeuf
49320 Coutures
Le 24 mai an deux mille
À Monsieur Alain Decaux,
À une époque où il y a tant de chômage, c’est pas très normal de faire tant de métiers : la radio, la télé, les livres d’histoire, l’Académie française, et j’ai appris y a pas longtemps que les publicités et les ouatères payantes c’était Decaux aussi, faudrait peut-être laisser un peu de travail pour les autres, surtout les jeunes.
Ça m’étonnerait pas qu’elle soit de vous, l’idée de faire payer cent sous dans les bibliothèques. Quand on voit tout l’argent qu’on peut gagner avec les ouatères payantes, ça doit paraître bizarre qu’un autre besoin naturel comme la lecture continue à être gratuit.
Répondez-moi vite pour m’expliquer pourquoi vous avez lancé cette pétition, et tâchez de travailler un peu moins, à votre âge quand on en fait trop, c’est infarctus et compagnie.
Dans l’attente de votre réponse, j’espère que ma lettre vous trouvera de même.
Ernestine Chasseboeuf."
[À Noël Mamère :] Ce qui est dur à comprendre pour une vieille comme moi, c’est que vous êtes écologique chez vous et que vous mettez vos ordures chez les autres. (p. 63)