Dans l'air pressurisé de la cabine d'un avion, je perds mon odorat. Je crois qu'il m'arrive l'effet du genre neutre des grammaires qui le prévoient : la perte de distinction olfactive entre le masculin et le féminin. Le genre neutre est une perte, un renoncement, pas une conquête. L'anglais qui le place si souvent en devant le verbe « être », it is, me donne l’impression d’un nez bouché. L’allemand l’utilise pour les enfants et pour la mer. Nos langue néolatines se sont débarrassées du neutre par choix de nette division entre le masculin et le féminin. L’hébreu, langue qui sépare les deux genres jusque dans les formes verbales, ignore le neutre. (Erri de Luca)