Emmanue Couly reçoit Michèle Juret d'après "Etienne Drioton et l'Egypte" Ed. Safran au Musée municipal Josèphe Jacquiot de Montgeron. Témoignages de ses travaux, mais aussi de son regard attentif sur la vie quotidienne en Égypte, Étienne Drioton a laissé une importante collection de clichés réalisés entre 1924 et 1952, dont beaucoup sont encore inédits. Cet ouvrage vous propose de lui emboîter le pas au fil du Nil.
Tout d?abord l?égyptologue nous entraîne vers les sites archéologiques de Haute Égypte : Médamoud et Tôd, où il travaille entre 1925 et 1936, puis Karnak, Louqsor et Deir el-Médineh.
À côté de la réalisation d'une multitude de clichés de sites et de fouilles, il s?intéresse aussi à la réalité quotidienne des habitants de ces contrées. Il entre dans les villages, réalise des portraits de personnages typiques, rencontre les fellahs, fixe par l?image les travaux des champs.
En juin 1936, alors qu?il est Directeur général du Service des antiquités au Caire, le pays se présente comme un vaste chantier. Ici on fouille, là on reconstitue un monument. En tenue civile ou coiffé du tarbouche officiel, il visite les sites, accompagnant parfois de hautes personnalités qui ont marqué l?histoire.
Ce sont pour nous autant d?occasions de découvrir les vestiges de l?Égypte pharaonique tels qu?ils se présentaient en cette première moitié du XXe siècle.
Voyage sur le Nil en compagnie du roi Farouk, reconstitution du complexe funéraire de Djeser à Saqqara, découvertes des tombes royales de Tanis, sont autant de points forts qui jalonnent cet album. Sa bibliographie, en annexe, rappelle qu?il était avant tout un chercheur, un immense savant dont les travaux novateurs ont fait avancer la science de l?égyptologie.
+ Lire la suite
Ce que l'on a dit à propos du peuplement de l'Égypte explique la pauvreté d'une flore et d'une faune qui soient authentiquement autochtones. Il n'y a guère que les plantes aquatiques, comme le lotus blanc et le bleu (le rose a été importé des Indes à l'époque gréco-romaine) et le papyrus, et celles qui peuvent croître sur les grèves à la limite des déserts, comme le dattier, le palmier doum, le sycomore, le saule, le tamaris et l'olivier, qui n 'aient pas été importées.
Voila pourquoi l'institution pharaonique, en favorisant partout le culte des dieux locaux, en leur bâtissant des temples et en dotant ceux-ci de revenus, contribua puissamment à la conservation des traditions les plus archaïques et au maintien intégrale d'une polythéisme touffu qui, privé de cette consécration officielle et sans cesse renouvelée, se fût peut-être simplifié.
L'art de l'Ancien Empire est le plus puissant, et l'on peut affirmer que, sous ce rapport, il ne fut égalé à aucune époque en Égypte. Il est l'art du premier jet de sève, avec tout ce que cela comporte de plénitude, de spontanéité et de saine verdeur.
...tous les bonheurs aujourd'hui, nous avons mis la main sur un nid à statues dans le fond du temple où nous avons recommencé à travailler, la cour étant terminée. Une tête de Sésostris III digne du Louvre, une statuette de prêtre accroupi en granit noir, à peu près intacte et deux sphinx en grès de Nectanebo... Médamoud le 5 mars 1926.
Les qualités dont certaines figurines de terre cuite témoignent pour certaines parties, à côté de la maladresse dont elles font preuve pour d'autres, ne sont pas le témoignage d'efforts dont les pièces d'ivoire recueilleraient le fruit : elles ne sont que le reflet d'un modèle plus parfait, copié avec des défaillances. Dès cette époque la sève qui vivifiait l'art ne jaillissait pas d'en bas: elle se diffusait d'en haut, des artistes qui œuvraient les pièces de luxe, et dont les trouvailles étaient reproduites servilement et monnayées vaille que vaille par les praticiens de second ordre. Ce fut là du reste un caractère constant de l'art égyptien jusqu'à la fin de sa carrière, qui lui valut une continuité et une homogénéité inégalées, mais qui le tint à l'écart de toute influence populaire pour en faire un art résolument aristocratique.
L'Égypte proprement dite s' étende la mer à Assoan, entre le 31e degré et le 24e degré de latitude nord. Le relief actuel de l'Égypte s'est constitué au moment du retrait de la mer éocène. Deux pentes se formèrent alors : l'une, orientée approximativement du sud au nord, et. l'autre, de l'est à l'ouest, celle-ci étant beaucoup plus accentuée que celle-là. Le plissement de l'écorce terrestre détermina des dépressions et des crêtes. Les eaux, qui se retiraient lentement, passaient alors à l'ouest du cours actuel du Nil. Elles utilisaient une dépression dont on peut connaître aujourd'hui encore la direction générale en suivant la ligne des oasis libyques. Ce fut la rupture du barrage d'Assouan qui détermina (avant la fin de l'époque tertiaire) la déviation des eaux. Dès lors, le cours du Nil était formé.
Etienne Drioton, l'Egypte, une passion; Extrait de sa biographie
...Le monde de l'égyptologie est en deuil. Les hommages de l'ensemble des savants sont à la mesure de l'admiration qu'ils ont pour l'œuvre du maître ....
Ainsi le Professeur Jean Leclant faisait dans une publication l'éloge de ses travaux....Rarement carrière aura été aussi complète que celle du Chanoine Drioton qui vient de disparaitre l' 17 janvier 1961, au terme d'une longue maladie. Chercheur, professeur, administrateur, conférencier, maître éminent en philologie aussi bien qu'en archéologie, critique d'art nuancé autant qu'exégète pénétrant de la religion, il a travaillé dans tous les domaines de l'égyptologie depuis les Textes des Pyramides jusqu'aux étude coptes ou son apport a été de la plus grande importance
Le pays égyptien est constitué par la seule vallée du Nil depuis la cataracte d'Assouan au sud, au 24e degré de latitude nord, jusqu'à son arrivée à la mer, au 31e degré. Cet étroit ruban de terre cultivable, d'une longueur de 830 kilomètres, s'épanouit ensuite, un peu en aval du Caire actuel, en un Delta de 170 kilomètres de long et d'une largeur de 250 kilomètres dans sa plus grande amplitude. Au sud du Caire la plaine fertile n'a pas plus de 10 kilomètres de large en moyenne. Elle est longée des deux côtés par des déserts inhabitables. Au sud d'Assouan ce n'est plus l'Égypte, c'est la Nubie
Avant le déchiffrement des hiéroglyphes, effectué en 1822 par Champollion, on en était réduit, pour se renseigner sur l'histoire de l'Égypte, à utiliser ce qu'en avaient dit les auteurs grecs, en particulier Hérodote, qui visita l'Égypte sous la domination perse, vers 450 av. J .-C. , Diodore de Sicile et le géographe Strabon. On possédait aussi, conservés dans l'historien juif Flavius Josèphe, quelques fragments d' une Histoire d'Égypte, écrite en grec au IIIe siècle avant notre ère par le prêtre égyptien Manéthon, qui avait puisé dans les archives des temples.
Au cours de son évolution, l'art égyptien obéit à deux impulsions diverses. D'une part, le paysan est réaliste, il lui a appartenu de découvrir la nature, notion qui semble inexistante avant le monde agraire. La familiarité de la nature, l 'observation de la nature, l'amour de la nature sont des traits ruraux. Mais, d'autre part, l'art égyptien a connu la tendance à la régularisation des empires agraires. Ce dualisme est perceptible dans les célèbres Oies de Meidoum qui datent de la IVe dynastie et sont conservées au Musée du Caire.