Le monde entier devait souffrir autant qu'elle, ce serait le minimum pour amoindrir son désespoir, elle aurait voulu un partage pour alléger son fardeau, une solidarité pour l'aider à supporter sa douleur. Mais l'injustice était bien réelle, la vie s'était acharnée sur elle et non sur les autres, elle subirait seule son horrible destin.
Tout ce qu'elle accomplissait était toujours empreint d'une conscience absolue. Les pensées machiavéliques qui l'assaillaient ne lui procuraient pas un sentiment de honte, au contraire cela la rassurait, lui fournissant ainsi une motivation pour aller de l'avant sans jamais se retourner ou éprouver de remords.
Sarah était devenue indispensable, elle était très organisée et menait leurs vies d'une main de chef tout en maintenant ses études au plus haut niveau. Elle, si jeune et qui avait affronté de terribles épreuves...
Le temps passait, mais il était devenu long. Le petit miracle que Sarah attendait tardait à venir, elle perdait espoir et se rendit à l'évidence, Alexandra ne surmonterait pas ce malheur. Sarah avait beaucoup de mal à l'admettre, mais sa tante ressemblait de plus en plus à Nicole sa mère. Qui aurait pu croire une chose pareille ? En même temps, les gènes étaient les mêmes, comment avait-elle pu être aussi naïve au point d'imaginer qu'Alexandra serait la mère idéale alors qu'elle avait été conçue par les mêmes géniteurs que la pauvre Nicole ?
Elle était tout à fait consciente qu'une bonne fée s'était penchée sur son berceau à sa naissance, elle avait hérité des qualités indispensables à la réussite : une intelligence exceptionnelle, une force intérieure inébranlable et un physique avantageux.
C'était bien là sa grande force, les remords elle les laissait aux faibles, à ceux qui n'avaient pas compris que la vie ne nous appartient qu'une seule fois, autant la parcourir comme on l'idéalise au lieu de se lamenter avec toutes sortes de regrets.
Je n'ai pas fait de mal, j'ai juste bataillé pour ma vie, pour ne pas me faire du mal à moi-même. J'ai juste voulu éloigner de moi la souffrance et la frustration. Je me suis en quelques sorte protégée.
Elle qui avait tout pour être heureuse, [...], venait de lui faire découvrir la réalité de sa situation, c'est-à-dire une solitude infinie alliée à une souffrance bien silencieuse.
Elle était heureuse, elle avait fait la connaissance d'êtres humains qui méritaient clairement de croiser sa route, ils lui avaient redonné confiance en l'avenir et en son destin.
En attendant, elle était devenue l'objet de ses désirs les plus secrets et elle le savait. Tôt ou tard, il finirait par craquer et viendrait assouvir ses pulsions dans ses bras.
Sa discrétion faisait d'elle quelqu'un d'élégant et de distingué, sa beauté si naturelle captivait, sans le vouloir, sans le savoir.