Citations de Fanny Abadie (34)
"A cet instant, il douta. Cet éclat brillant dans les mains de Josh, l'avait-il rêvé ? Peut-être qu'il s'était inventé toute la scène. Tamud lui avait bien expliqué que le cerveau pouvait fabriquer des souvenirs. On croyait dur comme fer avoir vécu des événements qui n'avaient pas eu lieu..."
"La ville était pleine de désordre, de vraies richesses pour qui savait les voir."
"_C'est de la folie ! s'écria-t-il en secouant la tête.
_Rester aussi, lui rétorqua Nejda.
_On va mourir de froid ou de fail !
_Mais au moins on sera libres, fit-elle avec douceur.
_Qu'est-ce qu'on en a à foutre de la liberté quand on est morts comme des cons ? La liberté, elle se gagne ici !"
Des mots me viennent, épars, comme des pièces d'un puzzle. Et d'un coup, il est là, dans ma tête. Un slam court, âpre. Et je marche en martelant les mots. Un pas, un mot à la mesure de la situation.
La douleur
Près de mon cœur
C'est tes yeux
Heureux
Qui sourient
A cette fille
Brindille
La douleur
Près de mon cœur
C'est mon rêve
Qui s'évanouit
Et qui fuit
Sans trêve
C'est que mon corps
Je perds pas le nord
Sera jamais à l'heure
De ton idéal de fille-femme
Trop loin de ce qui t'enflamme
...
"Certes, il y avait dans son sac à dos une couverture de survie, un réchaud, de la nourriture et de l'eau. Matériellement, il pouvait passer la nuit hors de la Vieille Bourse. En revanche...in n'avait rien pour lutter contre la peur."
Gwen, c'est un smiley croisé avec un cookie : Un sourire à croquer et des pépites de chocolat à la place des yeux.
À chaque fois que son regard croise le mien, la gourmandise me met au supplice.
"Obéir était la clé de la liberté : une fois qu'on vous croyait discipliné, la surveillance se relâchait."
Notre silence s’est rempli de bruits et de chagrin, à mesure que la nuit tombait. J’ai frissonné, presque un tremblement. Le corps de Zineb reposant sur un lit de bitume, les marques rouges sur son cou comme un collier sale, ses pommettes tuméfiées, égratignées, ses pieds nus, la chaussure bleu paillette à côté d’elle. Ses cheveux noirs griffant son visage. Ses grands yeux fixes. Son rire perdu.
Soumis à ce nouveau régime, les corps et les cœurs s’atrophièrent.
- Qu'est-ce qu'on en a à foutre de la liberté quand on est morts comme des cons ?
Obéir était la clé de la liberté : une fois qu'on vous croyait discipliné, la surveillance se relâchait.
Depuis septembre, dès que je vois Johan, à savoir un million de fois par jour puisqu'on est dans la même classe, c'est le même scénario. Mon coeur devient comme un poulet qu'on aurait mis à rôtir : embroché et brûlant.
"_On va finir notre vie dans un frigo ! soupira Babak, qui décélérait déjà. Moi pour avoir assommé ma mère, toi pour avoir contrecarré le plan du chef."
Sans leur ressemblance physique, on aurait jamais pu deviner qu’Hamza et Zineb étaient de la même famille. Zineb était réservée quand son frère était un vrai vantard, elle était populaire quand son frère se mettait tout le monde à dos, et souvent à une vitesse record. Il avait le truc pour les embrouilles, à croire qu’il les attirait.
J’habitais pas dans un immeuble mais dans un des petits pavillons au large des tours. Je me suis fait emmerder tout le collège avec ça. Il paraît que c’est les riches qui peuvent se payer ce genre de maison. Sauf que depuis que ma mère s’était barrée, mon père avait beaucoup de mal à boucler les fins de mois. Et puis, c’était une maison mitoyenne avec des cloisons aussi fines que du papier à cigarette. On entendait la télé de la voisine d’un côté et la roue du hamster de la gamine de l’autre. On était même pas propriétaires... Les tours, c’est mieux : y a qu’à descendre pour retrouver les potes en bas.
Hamza était un killer en boxe, mais il était souvent ingérable. Il explosait dans des colères qui ne duraient pas mais qui faisaient mal.
Chaque fois que je suis devant elle, j’ai l’impression d’être chez moi, en Kabylie. C’est bête parce que je n’y suis jamais allé. La Kabylie, je la connais seulement par les souvenirs de ma mère. L’odeur des figuiers, de l’herbe sèche, la lumière qui ricoche sur la mer, les ruelles étroites, tortueuses où elle ne se perdait jamais, les vieux et leurs mains noueuses autour de leur verre de thé, le jeu des noyaux d’abricot : c’est elle qui me l’a racontée.
L’image des filles joyeuses, surexcitées tournait en boucle dans ma tête. J’aurais bien aimé lui demander ce qu’elles avaient trafiqué pour que Zineb se retrouve étendue par terre, mais c’était tellement bon de sentir le corps de Joyce contre le mien, après tout ça.
Du plus loin qu'elle se souvienne, les repas étaient comme les jours, identiques et fades.
« Ils étaient stupéfaits de découvrir qu’il suffit parfois de décider des événements pour qu’ils adviennent. »