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Critiques de Félix Guattari (19)
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Capitalisme et schizophrénie, tome 1 : L'anti..

L'intéret de la lecture de l'oeuvre de Deleuze c'est qu'il a abordé au cours de son parcours quantité de thématiques différentes , tout cela dans une finalité : permettre à l'homme d'étre libre sur le plan de la pensée . Ici il étudie avec pertinence ce qui fait de l'étre humain un simple suiveur adepte d'une idéologie de masse et a contrario , ce qui peut faire de l'étre humain un précurseur , animé d'une volonté de combattre sur le plan des idées , l'idéologie de masse . Loin des penseurs qui n'on faient que se regarder penser , Deleuze aura tout au long de son parcours voulu l'émancipation réelle de l'humain par rapport aux diktats religieux , médiatiques ou politiques . En cela il est aujourd'hui essentiel de découvrir ou redécouvrir l'oeuvre de ce trés grand auteur à l'époque ou tf1 parle de téte de veau à 13 h .
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Capitalisme et Schizophrénie, tome 2 : Mille ..

- Tu vois 1000 Plateaux c’est comme un super vélo à 1000 vitesses. Tu pédales pas mal pour comprendre, parfois tu moulines, mais des fois tu gravis des sommets que tu n’aurais jamais pensé franchir, à toute allure.

- J’ai toujours pas pigé ce que c’est qu’un « plateau ».

- C’est comme… C’est un plan d’immanence, composé d’agencements de concepts, de dates, de figures qui permettent, si tu veux, de penser l’organisation de la réalité à nouveaux frais.

- C’est ton cerveau qu’est pas frais.

- Tu rigoles ? 1000 Plateaux c’est le pédalier du Disque-Monde !



Ainsi peut-on (doit-on ?) aborder cette œuvre de Guattari&Deleuze : avec humour et enthousiasme. J’avoue, la métaphore du vélo ne va pas chercher loin. Mais on ne peut pas introduire réellement à la facture de l’ouvrage que par ce genre de tournure décalée. Et c’est sûrement une des qualités de l’écriture du livre qui l’a rendu si sympathique à autant de lecteurs différents : « livre pour tous et pour personne » comme disait Nietzsche (c’est un bel hommage que de faire parler le Grand Moustachu). Car il faut suivre, et il est facile de se perdre dans ces plateaux, ces strates géologiques de concepts forts mais parfois bruts, non-raffinés : au lecteur d’opérer la transformation des injonctions, de traduire en sa langue mentale toutes les pistes esquissées par le double-philosophe Deleuze&Guattari. C’est là le risque et la réussite de l’ouvrage. DIY : dé-fais toi toi-même scande le livre.



Livre de philosophie c’est-à-dire livre-concept, légèrement imagé, à la prose tantôt magmatique, digressive, scientifique, linguiste, tantôt fulgurante, poétique, 1000 Plateaux est fécond en concept décisifs et fascinants : déterritorialisation, corps-sans-organes, lignes molaires - lignes moléculaires - lignes de fuite, devenir-animal – devenir-intense – devenir-imperceptible, ritournelle, agencements, plan d’immanence, nomadologie, etc. Tout ce lexique qui fait que « le siècle sera deleuzien » pour reprendre la formule de Foucault. Vraiment, un cortège de concepts vitaux qui se veulent opératoires. Et qui peuvent l’être si l’on prend le temps d’approfondir la lecture (ce qui n’est tout de même pas évident).

Il faudrait 1000 textes et 1000 lectures pour bien traiter l’ouvrage. Le commentateur moutonne.

Qu’à cela ne tienne. On y revient, toujours avec plaisir, avec perplexité, et parfois l’on fait des découvertes étonnantes. A vous de dire.

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Les Trois Ecologies

Trois points de vue écologiques se complètent intimement dans ce petit livre : le mental et le social viennent se mêler à l'environnemental.



RE-SINGULARISATION : l'accent est mis sur l'importance de la « production de subjectivité », ou re-singularisation, comme dit l'auteur. De là naîtront de nouvelles formes d'activisme, individuelles et collectives, sans que personne ne puisse prédire lesquelles.



Philosophiquement, le discours est imprégné de pragmatisme. Il est attentif aux tendances actives de notre société et aux expériences en cours : « Work in Progress ! ». Il est nourri notamment de la pratique de psychothérapeute de Felix Guattari.



Ce qui est à l'oeuvre, c'est une dynamique entre les Territoires existentiels, « qui ne concernent pas seulement d'intimes façon d'être, le corps, l'environnement mais aussi de grands ensembles contextuels relatifs à l'ethnie, la nation ou même les droits généraux de l'humanité. »



La proposition la plus stimulante de ce livre est la généralisation des pratiques d'analyses institutionnelles - à l'hôpital, à l'école, dans l'environnement urbain, la culture, le sport, l'art, les médias, la mode, etc... - « l'essaimage des d'expériences alternatives, centrées sur le respect de la singularité et sur un travail permanent de production de subjectivité, s'autonomisant tout en s'articulant convenablement au reste de la société ».



Disons que chacun peut être psychanalyste pour son prochain. L'orientation, ici, est d'abord esthétique plutôt que scientiste : « fin des catéchismes ». A l'image de l'artiste qui peut être amené à remanier son oeuvre à partir de l'intrusion d'un détail accidentel, il s'agit d'être attentif à une « mutation existentielle », c'est-à-dire, « à l'existence en train, tout à la fois, de se constituer, de se définir et de se deterritorialiser. »



« L'inconscient ne demeure accroché à des fixations archaïques que pour autant qu'aucun engagement ne le tende vers le futur. ». Ce qui importe, ce n'est pas la structure insondable du psychisme, mais les évènements singuliers qui ponctuent « le déroulement de l'historicité individuelle et collective ».



Dans cette « logique des intensités », on reconnaîtra aussi clairement la logique des processus évolutifs du vivant.



En parlant d'écosophies et de l'importance de la re-singularisation, l'auteur rejoint Arne Naess, initiateur du mouvement « Deep Ecology », mais en développant une vue entièrement originale.



Cependant, il faut bien partager les constats. Or, le pragmatisme qu'ils ont en commun, s'avère crucial, tant ces constats évoluent rapidement, à la fois globalement et de manière différenciée.





CAPITALISME MONDIAL INTÉGRÉ : la chose accusée de réifier le vivant est ici, ironiquement, nommée et quasiment personnifiée. Ce rapport de face-à-face, d'affrontement, semble également contredire l'approche de re-singularisation, qui relève d'une « logique pré-objectale et pré-personnelle ».

En fait, ce qui intéresse l'auteur, ce ne sont pas immédiatement les structures objectives du capitalisme, mais la production de subjectivité qu'il opère, notamment à travers l'usinage mass-médiatique. On voit aussi comment l'auteur s'approprie le vocabulaire pour sa propre logique : production, inconscient « machinique », constructivisme.

« C'est le rapport de la subjectivité avec son extériorité - qu'elle soit sociale, animale, végétale, cosmique - qui se trouve ainsi compromis dans une sorte de mouvement général d'implosion et d'infantilisation régressive ».

Nous sommes, en 1989, à la veille de l'arrivée de l'internet grand public. L'auteur perçoit la possibilité d'une « réappropriation des médias par une multitude de groupes-sujets », « leur possible utilisation à des fins non capitalistiques ». Or, actuellement, on peut dire que cette perception correspond à l'émergence des chaînes « Youtube » notamment, ce qui invite à être attentif aux tendances actives, même si, parallèlement, le magazine Marianne se fait racheter par un milliardaire tchèque.

Par ailleurs, lorsque l'auteur évoque les pratiques pédagogiques Freinet, on sait que les établissements dit « Freinet » sont peu nombreux, mais on sait aussi qu'il existe une appropriation de ces pratiques par les enseignants en dehors de ces établissements.

Quant au contexte de « l'énorme poussée démographique », redoutée dans ce livre, il contraste, actuellement, avec certaines tendances inverses. Il est même tenu pour possible ou probable, globalement, qu'un pic soit en vue à l'échelle d'une génération, précédant une décroissance de la population mondiale. On peut aussi se l'imaginer en regardant par exemple la série dystopique, « la servante écarlate ».

Si l'enquête est à actualiser, elle doit aussi être développée du point de vue économique, ce qui n'est pas le cas dans ce livre. On comprendrait peut-être pourquoi les jeunes consommateurs de média internet, gros consommateurs de publicités, ne semblent pas remettre en cause la société de consommation. Or, on observe peut-être, actuellement, une tendance à la décroissance des recettes publicitaires, du moins si on en croît les motifs de licenciement avancés par les dirigeants de RMC et BFM TV.

En poursuivant sur le plan économique, on arrive enfin au problème de l'investissement vert.





PROBLÈME DE L'INVESTISSEMENT VERT : sur le plan de l'écologie environnementale, l'auteur nous prévient que tout peut arriver. L'imagination allant bon train, il prévoit bientôt d'immenses programmes pour réguler les rapports entre l'oxygène, l'ozone et le gaz carbonique dans l'atmosphère terrestre.

Ironiquement, voici donc que l'auteur redonne espoir au Capitalisme Mondial Intégré : « business as usual ».

Comment s'étonner ensuite du contraste observé entre, d'une part, notre immense pouvoir technologique et scientifique, et d'autre part, notre impuissance à orienter ce pouvoir « vers des finalités plus humaines », submergés que nous-sommes, par des tâches débiles ?

D'où on peut voir que l'investissement vert ne correspond pas nécessairement à l'idée qu'on s'en fait. Le pragmatisme appelle une fois encore à faire attention à ce genre de tendances, mais aussi à enquêter sur les grands délires à partir des petits délires, sur les transferts de micro-psychoses aux macro-psychoses.





PERSPECTIVES : si ce livre permet effectivement de sortir de la grisaille du « conservatisme fatidique », il a aussi tendance à durcir une idée de « progrès », avec son constructivisme ou son « créationnisme ».

Au passage, cette curieuse expression ne peut pas manquer d'évoquer une sorte de double renversement de la doctrine religieuse. Pour rester sur le plan spirituel, il faudrait aussi poursuivre son enquête autour d'une autre tendance, celle « d'une sorte de retour au totémisme et à l'animisme ».

Si d'un côté, ce livre appelle une actualisation, d'un autre côté, l'expérience et la réflexion de l'auteur autour de la re-singularisation mérite d'être retrouvée éventuellement dans ses ouvrages antérieurs.

« le principe commun aux trois écologies consiste donc en ceci que les Territoires existentiels auxquels elles nous confrontent ne se donnent pas comme en-soi, fermé sur lui-même, mais comme pour-soi précaire, fini, finitisé, singulier, singularisé, capable de bifurquer en réitérations stratifiées et mortifères ou en ouverture processuelle à partir de praxis permettant de le rendre « habitable » par un projet humain. »
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Kafka

« Une littérature majeure ou établie suit un vecteur qui va du contenu à l'expression (...). Ce qui se conçoit bien s'énonce...

Mais une littérature mineure ou révolutionnaire commence par énoncer, et ne voit et ne conçoit qu'après ».



MINORITÉ



Que se passe-t-il ? On entend d'abord « une sorte de piaulement » … et la foule qui gronde …



« Comment devenir le nomade et l'immigré et le tzigane de sa propre langue ? »



Minorité et multiplicité.



« La littérature est l'affaire du peuple »



La minorité n'est pas une affaire de quantité. Même majoritaires numériquement, les minorités se trouvent face à un mur, nassées.



« Passage de l'animal individué à la meute ou à la multiplicité collective : sept chiens musiciens. »



Minorité et pressentiment.



« La ligne de fuite créatrice entraîne avec elle toute la politique, toute l'économie, toute la bureaucratie et la juridiction : elle les suce, comme le vampire, pour leur faire rendre des sons encore inconnus qui sont du proche avenir – fascisme, stalinisme, américanisme, les puissances diaboliques qui frappent à la porte. »



Le plus beau c'est qu'il suffit de lire quelques romans et nouvelles de Kafka, pour entrer dans l'univers complexe des philosophes Deleuze et Guattari, entre l'Anti-Oedipe et Mille Plateaux.



« Un agencement, objet par excellence du roman, a deux faces : il est agencement collectif d'énonciation, il est agencement machinique de désir. »



RÉVOLUTION



« … le désir que quelqu'un a pour le pouvoir, c'est seulement sa fascination devant ces rouages, son envie de faire marcher certains de ces rouages, d'être lui-même un de ces rouages – ou, faute de mieux, d'être du matériel traité par ces rouages… »



Trouver une issue. Devenir-animal.



« La critique (sociale) est tout à fait inutile ». C'est beaucoup plus important d'épouser le mouvement virtuel ». (« C'est seulement dans le mouvement qu'on peut distinguer le « diabolisme » du désir et son « innocence », puisque l'un est au plus profond de l'autre. »)



Sentir l'affaissement complet d'un système, et pressentir ce qui commence.



« Puisque les machines collectives et sociales opèrent une déterritorialisation massive de l'homme, on ira encore plus loin dans cette voie, jusqu'à une déterritorialisation moléculaire absolue. »



S'engouffrer.



« Le devenir-animal creusait déjà une issue, mais il était incapable de s'y engouffrer…il opérait déjà une déterritorialisation absolue : mais par lenteur extrême. »



Prendre de vitesse…



« Il semble au contraire que K, et un certain nombre d'autres personnes qui le dédoublent, soient trop rapides en un sens pour être « pris »… »



DOCTRINE



Je pourrais m'arrêter sur plusieurs problèmes :

- la collapso-logique, ou “l'inutilité” de la critique sociale, comme déterritorialisation seulement relative.

- le manque d'une conscience collective : comment est-il comblé ? désir-manque ou désir-plénitude ?



De toutes façons, chacun.e fait sa propre lecture de Kafka…

…et des kafkologues.

Je veux juste dire que ma doctrine est assez proche de ce que j'ai lu.



Kafka est un génie. Deleuze et Guattari aussi. Un sociologue disait en passant que « tous les gens sont des génies, et ils le savent » (Luc Boltanski). Encore un pas, et on pourrait dire que tous les êtres vivants sont des génies.



Nos deux philosophes se sont approchés au plus près, mais pour Deleuze, « le langage, à la limite, sépare l'homme de l'animal ». Triste retour au mot d'ordre.



J'affirme donc, pour ma part, qu'absolument tout ce qu'on dit de l'homme doit pouvoir se dire de n'importe quel être vivant. Il le faut, pour laisser le champ libre à la recherche.

On n'a donc pas fini de briser les catégories du langage.



Comme on peut le lire, pour terminer :



« L'expression doit briser les formes, marquer les ruptures et les embranchements nouveaux. Une forme étant brisée, reconstruire le contenu qui sera nécessairement en rupture avec l'ordre des choses. »
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Capitalisme et Schizophrénie, tome 2 : Mille ..

Quel est le rapport entre la parole d'un fou, le chant d'un oiseau et un discours politique ?

C'est peut-être chez la personne dite « schizophrène » qu'on peut l'entendre mieux qu'ailleurs :

« il y a toutes sortes de voix dans une voix »…



Gilles Deleuze et Felix Guattari ont conçu une expérience analogue de la multiplicité, pour le lecteur comme pour eux-mêmes, en écrivant ce livre. À deux, ils ont déclaré que le « je » n'avait pas grande importance. Ils ont détaché les chapitres comme autant de voix, et ils ont laissé advenir un agencement singulier de concepts…



Au lecteur de jouer. Je ne sais pas dire si cet agencement est concret ; j'emploierais plutôt le mot pâteux. Pour se rendre compte du processus, suivons le bouillonnant professeur Challenger tout droit sorti de la nouvelle de Arthur Conan Doyle, « Quand la terre hurla » ; ça se passe lors d'une conférence de presse imaginée par Deleuze et Guattari, où le professeur part en vrille devant un auditoire qui déserte en dénonçant le côté fumeux de l'affaire...



Si on devient fou en lisant ce livre, on peut dire que l'objectif est atteint. On aura compris que « le devenir et la multiplicité sont une seule et même chose » ;

Devenir-sorcier.e peut-être, ou devenir-femme, ou devenir-animal pour l'homme aux loups ;

On devient ce qu'on n'est pas, or je ne suis pas ce que je suis. On devient, c'est tout, par un concours de circonstances…



Ce qui est amusant quand on s'intéresse à l'éthologie, c'est de se dire que les animaux, comme tous les êtres vivants, multiplient par avance les solutions aux problèmes qui pourraient se poser ;

Naturellement, on est donc en train de résoudre des problèmes sans savoir lesquels...

Comment ? par une prolifération d'expérimentations baroques, « des noces contre nature » comme la symbiose de la guêpe et de l'orchidée, des aventures « cosmiques » comme la prodigieuse remontée des saumons à leur source…



Si on veut, on peut trouver un fondement à cette prolifération ou aux agencements concrets, en le nommant « inconscient libidinal, machinique, moléculaire » ;

Mais ce qui est manifeste dans ce livre, c'est que tout devenir n'est qu'un rapport à autrui : les animaux, les fous (même si ce livre ne s'intéresse pas directement à leur souffrance), les personnages de romans, les femmes...

Partout, la fascination est manifeste. « C'est curieux comme une femme peut être secrète en ne cachant rien »…



C'est un régal d'en apprendre plus sur les pinsons d'Australie, sur leur chant et leur comportement ;

agencement collectif d'énonciation et agencement de corps ;

C'est l'histoire d'un pinson qui tenait en son bec un concept...

un simple brin d'herbe en l'espèce,

« un vecteur de deterritorialisation » qui agit comme « une composante de passage entre l'agencement territorial et l'agencement de cour » ;

Les vecteurs se conjuguant, le pinson devenait une autre créature…



C'est encore un régal de lire Henry James et de rencontrer les personnages de ses romans, à l'invitation de notre duo de choc Deleuze et Guattari ;

Leur pragmatique à ces trois là n'est pas exactement le pragmatisme de William James, le frère. On a dit que Henry est un romancier de l'indirect...

Voici un autre visage du concept : « Le concept par certains aspects, est un personnage, et le personnage, par certains aspects, est un concept »...



On aimerait poursuivre sur cette tonalité joyeuse, mais on sait qu'on peut devenir réellement fou, par une déterritorialisation brutale : on voit une meute de loups, un essaim d'abeille puis un champs d'anus...Il peut aussi survenir une reterritorialisation destructrice ;

La psychiatrie nous révèle notre propre image : « tantôt avoir l'air fou sans l'être, tantôt l'être sans en avoir l'air » ;

C'est la figure de la face blanche et des trous noirs qui vient hanter ce livre ; nous sommes pris dans le mix « d'un régime de signes despo­tique, signifiant et paranoïaque, et d'un régime autoritaire, post­ signifiant, subjectif ou passionnel »...



Notre duo de choc y voit le visage humain : « La tête humaine implique une déterritorialisation par rapport à l'animal » ;

Or, le côté obsessionnel de cette face blanche avec ses trous noirs me fait plutôt penser à un cul ; à chacun son délire...

Pourquoi s'efforcer de fonder une exceptionnalité humaine, si c'est pour se dire à la fin du livre qu'« il n'est pas sûr qu'on puisse faire passer une frontière entre l'animal et l'homme » ?…



Et pourquoi cette question : « Faut-il garder un minimum de sujet ? »

Pourquoi cette tentation de conserver un moi minimal, un fondement, un plein, qu'aucun affect ne peut faire vaciller, pour faire face à la réalité dominante…

…alors que la question suggère déjà que le Moi y est toujours englué…



Nous sommes sur le plan politique depuis le début de ce livre ;

pris dans des alliances infernales entre, d'une part, un régime totalitaire qui ne réclame que l'obéissance et qui obture les lignes de fuites, et d'autre part, un régime suicidaire dans lequel les lignes de fuites sont devenues destructrices ;

Or, l'appareil d'état et la machine de guerre n'ont pas la même origine…



Encore ce besoin de fonder : trouver une origine puis construire un appareil conceptuel ;

C'est curieux comme ça suppose aussi le pouvoir de déformer, destratifier ;

John Dewey, un autre philosophe du pragmatisme, avait noté ce paradoxe observable chez tous les animaux : « l'augmentation du pouvoir de former des habitudes signifie qu'augmentent aussi l'émotivité, la sensibilité, la réceptivité »…



Refaire l'histoire est décidément trop tentant ; en quelques pages on trouve l'origine nomade de la machine de guerre ;

celle-ci est dirigée contre l'état avant que celui-ci s'en empare et fasse de la guerre son objet ;

Mais cette machine de guerre renvoie d'abord aux mutations, à « l'émission de quanta de déterritorialisation » ; elle renvoie à une sémiotique contre-signifiante, distincte des deux précédentes, signifiante et post-signifiante (voir au-dessus)…



On n'a encore rien dit sur le capitalisme. Or, si l'embarras est évident, il me semble qu'il vient d'abord de la tentative douteuse de traiter la question comme une pathologie sur le même plan que la schizophrénie ;

Pourquoi devrais-je m'accommoder à une société comme à une réalité qui est en même temps un bien ? (question du médecin-philosophe Canguilhem) ;

Et réciproquement, on ne sait rien non plus des résultats de la « schizo-analyse », car il n'a jamais été question dans ce livre de personnes en souffrance…



La machine de guerre monde, avec le capital en input, semble fonder la société entière sur une axiomatique pas plus large qu'une tête d'épingle ;

Et comme réponse type à cette situation, la « pragmatique » est aussi indirecte que possible ; c'est « un voyage sur place »...

« Les conditions mêmes de la machine de guerre d'Etat ou de Monde…ne cessent de recréer des possibilités de ripostes inattendues, d'ini­tiatives imprévues qui déterminent des machines mutantes, minoritaires, populaires, révolutionnaires. »...



On nous croit stratifiés sur le fond d'une axiomatique ou d'une morale,

à la fois sédimentés et plissés, codés et surcodés ;

Voyez les deux articulations, le contenu et l'expression : chacune met en jeu des formes et des substances, des codes et des territorialités…

C'est « la géologie de la morale », géologie et non généalogie…



Mais la stratification n'est pas tout ; Il faudrait revenir à la conférence du professeur Challenger…

Comme la terre sous sa croûte,

les terriens n'ont pas dit leur dernier mot ;

Et de son côté, la machine Deleuze-Guattari expérimente un « Corps sans Organes »…
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Capitalisme et Schizophrénie, tome 2 : Mille ..

Proposition alternative



Il s'agit d'un texte rédigé dans un moment d'enragement alors que j'assistais à un cours de psychopathologie.. (ce qui remonte à quelques années..)

Je crois n'avoir rien corrigé ou presque

Quel rapport ?..

C'est un moment de rupture ; un manifeste, si l'on veut

En partie motivé par la découverte de Deleuze et Guattari, les cours de Deleuze surtout..

"Qu'est-ce que ça veut dire ?..."



Veuillez m'excuser d'avance pour le texte en question (sans doute un peu, voire très jargonneux, selon le point de vue..)



Les émargés ne sont pas dénués de volonté (au sens passivité/activité). Ils sont au contraire producteurs, inventeurs dans le champ social, sans médiation, ni médiateur.

Situer la limite dépassée, un peu plus près, un peu plus loin, ne permet en aucun cas une restructuration d'un désir réel.

C'est-à-dire, de son aspect révolutionnaire.

À quoi sert de saisir des libertés, dans leur plus stricte expression, à partir de structures d'enlisement social ou politique ?



Le désir n'est pas nécessairement désir d'interdit. Il est a-légal.

Il affleure quand l'homme social devient mouvant (vivant), générant de nouveaux discours.



L'enlisement social témoigne de la légitimation du mythe au niveau symbolique (dans le langage, les interactions sociales et la vie quotidienne). La répression (théologique ou psychanalytique) cherche la mort au coeur du vivant.

Et nécessairement la trouve, figeant un peu plus le mouvement et illusionnant le "sujet" sur ses possibilités d'invention.



*émargés : mis dans la marge



La production/invention, c'est la manifestation de vie.

(monde)

La construction sociale de la réalité, dans l'activité humaine limitée et limitative du monde, doit stigmatiser la pensée échappant à un cadre conceptuel donné pour encore reconnaître la validité d'une "mondanité" (appartenance au monde) illusoire.



Pourquoi l'obéissance serait-elle normative ? Il faut regarder de côté pour voir ou "réaliser" l'artificialité de l'édifice, au lieu de lever les yeux au ciel.



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Qu'est-ce que la philosophie ?

Je le dis d’emblée : il faut être un philosophe aguerri pour comprendre clairement l’ensemble de l’exposé de Gilles Deleuze et Félix Guattari dans cet essai, "Qu’est-ce que la philosophie ?" Si certains chapitres peuvent être lus sans trop de difficultés, d’autres, notamment celui sur la différenciation de résolution des problèmes entre la philosophie et la science, sont extrêmement complexes. Cette sorte de manifeste est donc destiné à ceux qui maîtrisent déjà les grands principes philosophiques et ont une réceptivité particulière à l’abstraction. Car bien que les auteurs s’appliquent à géométriser les notions exposées, à tenter de structurer leurs pensées, tout reste vigoureusement abstrait. Cependant, je peux, malgré mes limites, indiquer les réponses développées par les philosophes à la question-titre : la philosophie est un constructivisme ; la philosophie est l’art de former, d’inventer, de fabriquer des concepts, de tracer un plan. Mais qu’est-ce qu’un concept ? A quoi sert un concept ? Qu’est-ce qu’un plan d’immanence ? C’est là que tout se complique… Lorsque je lis, par exemple, que « le plan d’immanence aide à penser le multiple dans l’unité mais sans réduction », qu’il est « stratifié en une multitude de coupes dans l’embrouillé du réel »… ben… c’est moi qui m’embrouille !
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Capitalisme et Schizophrénie, tome 2 : Mille ..

Un monument heureux de la philosophie contemporaine de combat, qui n’a rien perdu de sa puissance et de sa pertinence 40 ans après sa publication, malgré les efforts réguliers menés à son encontre.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/06/18/note-de-lecture-mille-plateaux-gilles-deleuze-felix-guattari/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Qu'est-ce que la philosophie ?

Certains spécialistes de la pensée restent profondément hors des choses. Or la philosophie n'est pas une affaire de spécialiste ni de spécialité, c'est une affaire de concepts que chacun peut s'approprier pour construire sa pensée. Une magnifique leçon de philosophie donnée par un grand professeur.
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Qu'est-ce que la philosophie ?

"Qu'est-ce que la philosophie ?" pourrait sembler être une sorte d'introduction tardive à la philosophie deleuzienne. Si les deux auteurs clarifient leur vision de la philosophie ainsi que celle des sciences, de la logique et de l'art c'est par l'intermédiaire de concepts, ou au moins par un état d'esprit, propres à leur philosophie - le fameux "champ d'immanence" étant l'exemple le plus flagrant. Etudier la philosophie comme philosophie par la philosophie ? Voilà justement le projet, qu'on pourrait peut-être qualifier de réflexif. Il faut prendre cette œuvre davantage pour une clarification d'une conception diffuse dans les essais précédents que pour une nouvelle étude indépendante : le livre peut se lire indépendamment, bien évidemment, mais il fait sans aucun doute partie d'un projet plus vaste. La célèbre proposition selon laquelle la philosophie consiste à créer des concepts dépasse cela dit le strict cadre de la philosophie de ces auteurs : voilà, à l'évidence, la proposition susceptible de faire le plus consensus. Quant à la structure du livre elle est aisément intuitive.
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Qu'est-ce que la philosophie ?

Non, "il [ne] faut [pas] être un philosophe aguerri pour comprendre clairement l'ensemble de l'exposé de Gilles Deleuze et Félix Guattari dans cet essai…" Non, il faut se laisser porter par les concepts, en écouter la poésie, les imaginer, les ruminer, pour accueillir les affects qu’ils emportent. Un livre performatif...
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Qu'est-ce que la philosophie ?

Une question fondamentale a laquelle Deleuze tente de répondre au travers d'un texte qui représente la quintessence de l'art philosophique . Une jubilation intenseattrape le lecteuqui malgré l'aspect ardu du tout ne peut délaisser un seul instant cette lecture qui s'avére hautement addictive . Une puissance rare pour un sujet trés complexe .
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Qu'est-ce que la philosophie ?

"Le concept se définit par l'inséparabilité d'un nombre fini de composantes hétérogènes parcourues par un point en survol absolu, à vitesse infinie."



Outre le fait de répondre à la question que pose son titre (philosopher c'est créer des concepts), l'ouvrage énonce la structure et des mécanismes mis en oeuvre dans l'action de philosopher : le concept, le plan d'immanence, les personnages conceptuels, ...



Un ouvrage très dense, très complexe, très riche. Une sorte d'ontologie-épistémologie de la Philosophie elle-même. L'admiration précède presque la jubilation intellectuelle lors de la lecture...



N'hésitez pas même une seconde à l'acquérir ou l'emprunter, faites chauffer vos neurones et régalez-vous comme rarement !
Lien : http://www.amazon.fr/review/..
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Kafka

Dans ce livre, il s'agit d'étudier les oeuvres de Kafka sous le prisme en quelque sorte de son style. En quoi l'oeuvre de Kafka est une littérature mineure. En décelant les caractéristiques d'une littérature mineure, il se questionne sur comment une personne né et ayant grandit dans une littérature majeure, peut-il faire avec sa propre langue une langue mineure.
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Rhizome : introduction

Vision assez originale, et peut-être prémonitoire d'internet ?
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Un amour d'UIQ : Scénario pour un film qui ma..

Je ne vais pas aller par 4 chemins pour moi ce livre fut un cauchemar de lecture je ne l'ai pas fini.

Surtout la 1ère partie (le livre est composé de 6 parties) qui est une prise de tête ou les auteurs oui ils sont trois à avoir écrit cette étude indigeste, arrivent à parler de physique quantique, d'histoire de l'art et de la science pour expliquer que le scénario "D'un amour d'uiq" manque au cinéma...il s'approcherait d'un cinéma poétique qui selon les auteurs n'existent pas de nos jours. le monde de "Infra-quark" ou se passerait l'action et existerait une vie et une intelligence supérieure à l'homme serait pas dans les étoiles mais dans l'infiniment petit plus précisément dans les ondes et les particules, et là je suis tombé sur des explications sur la physique quantique alors que je voulais pas me prendre la tête, pour essayer de comprendre le sens des phrases et de chaque mots utilisés un conseil pour lire ce livre soi faites science ou ayez à portée de main un dictionnaire des sciences!

J'ai souvent lu des livres assez pointus comme les spéciaux "Artstudio" ou "Les cahiers du cinéma" qui font parti de mon métier mais là je suis tombé sur du très lourd.

Je m'attendais qu'ils expliquent simplement et sans tournures intello philosophiques, pourquoi le film ne c'est pas fait mais non on à droit à une thèse scientifique, à de longues expositions verbales qui tuent la visualisation du film.

Ces gens là ne connaissent pas la poésie de l'art ou de la joute littéraire ils n'aident pas à défendre le scénario "Un amour d'UIQ" je comprends mieux pourquoi le scénario a rebouté plusieurs producteurs.

J'ai lu la 2eme partie qui est en fait le scénario et là j'ai pris plaisir à le lire il y a des photos d'archives, des notes, des lettres de Guattari on plonge dans la création d'un scénario et cela devient intéressant.

le gros point positif de ce livre est sa composition qui est bien faite ,le papier est de qualité, on a une couverture qui incite à ouvrir le livre, à l'intérieur des pages on a pas mal de photos de films références, des notes...qui sont bien agencés.

Mis a par ces points positifs si vous voulez vous prendre la tête ou si vous aimez la physique quantique allez-y foncez.

Moi qui suis un amoureux du cinéma c'est une grosse déception.

Magré la déception je tiens à remercier bien sûr les éditions Amsterdam et Babelio!
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Un amour d'UIQ : Scénario pour un film qui ma..

Merci à Babelio et à Masse critique pour cet ouvrage.

Je ne serai pas allée de moi-même vers cet ouvrage, je ne l'aurai certainement pas acheté dans le commerce pour la simple (et bonne ?) raison que je n'aime pas vraiment la première de couverture et que je préfère les romans.

Ce livre n'est pas un roman mais, comme l'indique le titre : "Scénario pour un film qui manque", bel et bien un scénario de film, avec tout ce que cela implique. A la lecture, nous entrons dans l'univers du metteur en scène, nous découvrons un monde, des illustrations, des projets et le seul regret que l'on puisse avoir à la fin de l'ouvrage c'est que ce film manque, qu'il n'ait jamais vu le jour.

Une bien belle découverte.

Un beau travail de construction et de recherche pour la création de ce bien bel ouvrage.
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Kafka

La force de Kafka est aussi, que de ses œuvres les plus remarquables (Le château, le procès, la métamorphose), il ressort une réflexion à la fois critique et éclairante sur la famille, la société et la lutte que l’individu mène contre lui-même s’il veut y trouver sa place.
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Les années d'hiver 1980-1985

Critique de H. A. pour le Magazine Littéraire



Indisponibles depuis longtemps, Les Années d'hiver rassemblent des textes écrits essentiellement pour la presse entre 1980 et 1985. Guattari n'y cache pas ses désarrois, mais ne baisse pas la garde. Il revient sur ses aventures théoriques passées (notamment avec Deleuze), ses bricolages du moment. Il analyse aussi la situation politique et se révèle sur ce point formidablement direct, tranchant, clairvoyant. Frappante actualité, comme le souligne en préface François Cusset, de cette pensée, mais également des années 1980, de cet « hiver » dont nous ne sommes pas sortis. « L'Est et l'Ouest » ont certes disparu, mais pas les diktats des faux dualismes. Pour le reste, nous reconnaissons souvent mot pour mot notre blizzard de 2009. Un exemple parmi d'autres : alors que le règne de Mitterrand débute à peine, Guattari formule déjà la crise du socialisme. « Le Pen s'est nourri de tout un conservatisme de gauche, de tout un corporatisme syndical, d'un refus bestial d'assumer les questions de l'immigration, le déclassement systématique de toute une partie de la jeunesse, etc. » Capacité de dénégation qu'il résume férocement lorsqu'il évoque le « Touche pas à mon pote » de SOS Racisme : « Ils imaginent qu'avec leur million de badges ils ont changé quelque chose. Ils n'ont même pas pensé à demander leur avis aux principaux intéressés. Pour ma part, je connais quelques beurs qui commencent à en avoir par-dessus la tête de ce paternalisme-fraternalisme d'un nouveau genre : "D'abord, je ne suis pas ton pote !" »
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