Jacques Rancière professeur émérite au département de philosophie de l'université de Paris VIII, il est l'auteur entre autres de
la Nuit des prolétaires (Fayard, 1981),
La Mésentente. Politique et philosophie (
Galilée, 1995),
le Partage du sensible. Esthétique et politique (La Fabrique, 2000),
Politique de la littérature (
Galilée, 2007),
le temps du paysage: Aux origines de la révolution esthétique (La Fabrique, 2020).
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11/02/2022 Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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Au fond, la rupture ce n'est pas de vaincre l'ennemi, c'est de cesser de vivre dans le monde que cet ennemi vous a construit.
«La rupture, c’est de cesser de vivre dans le monde de l’ennemi», Interview, Libération, 17 novembre 2011
Qui enseigne sans émanciper abrutit. Et qui émancipe n’a pas à se préoccuper de ce que l’émancipé doit apprendre.
Il faut choisir de faire une société inégale avec des hommes égaux ou une société égale avec des hommes inégaux. Qui a quelque goût pour l’égalité ne devrait pas hésiter : les individus sont des êtres réels et la société une fiction. C’est pour des êtres réels que l’égalité a du prix, non pour une fiction. Il suffirait d’apprendre à être des hommes égaux dans une société inégale. C’est ce que veut dire s’émanciper.
L’émancipation, elle, commence quand on remet en question l’opposition entre regarder et agir, quand on comprend que les évidences qui structurent ainsi les rapports du dire, du voir et du faire appartiennent elles-mêmes à la structure de la domination et de la sujétion.
Un homme de progrès, c'est un homme qui marche, qui va voir, expérimente, change sa pratique, vérifie son savoir, et ainsi sans fin.
Il y a inégalité dans les manifestations de l’intelligence, selon l’énergie plus ou moins grande que la volonté communique à l’intelligence pour découvrir et combiner des rapports nouveaux, mais il n’y a pas de hiérarchie de capacité intellectuelle.
La routine n’est pas ignorance, elle est lâcheté et orgueil de gens qui renoncent à leur propre puissance pour le seul plaisir de constater l’impuissance du voisin.
Ce qui me semble important, c'est la façon dont la littérature moderne crée un temps comme une espèce d'opposition radicale à ce temps dominant qui est le temps de l'économie.
Qu'un système produise un effet de découragement ne veut pas dire que tout le monde soit découragé.
Les images de l’art ne fournissent pas des armes pour les combats. Elles contribuent à dessiner des configurations nouvelles du visible, du dicible et du pensable, et, par là même, un paysage nouveau du possible. Mais elles le font à condition de ne pas anticiper leur sens ni leur effet.