En traçant mon désir
Sur la rivière,
Tout était lisse d’ombreux…
Le souffle conviait
La fraîcheur des reflets.
S’exposait pour le regard
Une grande image
De bonheur, une résistance à la nuit
Lointaine et si proche.
Ma tristesse s’abandonne
à la mer, comme une barque
revient de la mort,
bellement nue
après le voyage.
Comment s’arracher de l’infini
qui me tient aux confins
des ténèbres?
Je tourne parfois sans fin,
comme oublié,
dans le silence de la saison froide.
Tout dérive avec le sang :
le coeur surtout plus noir qu’un poison.
Et je m’étonne d’avoir rêvé,
si près des arbres,
ébloui contre l’amante.
Certes la voix parlait bas,
mais pour mieux pointer sa dague.
Ou chantait désespérément
en brûlant les pierres.
La nuit et la lumière
confondaient leurs pouvoirs.
Il s'épuisait
à capter le ciel.
Comment ne pas rêver
à la lente dérive
de l'oiseau ?
Mais que la chair
était lourde et sans lueurs !
Même en se liant aux arbres,
aux images anciennes
encore éclairantes...
De longs moments
c'était la stagnation,
le marais où les mots
en vain se remuaient.
D'autres paysages se formaient
qui le rendaient
de plus en plus étranger
à ses désirs...
Ses pauvres efforts
qui n'auraient pu réussir
à le tenir hors de l'épaisseur.
Il s'égarait dans l'osseux
et la nuit.
Était-il encore un homme,
lui que son corps expulsait ?
Et s'il n'y avait jamais d'accidents dans notre vie ? Si tout, absolument tout, avait une signification ? Si le hasard n'était qu'une illusion ?
Il était pour nous
comme une demeure
sans limites,
bruissante de rumeurs
rassurantes.
Au moindre vent
nous nous glissions
sous ses pensées.
Il savait raviver
la rose même
sur les ronces.
Maintenant
que nous avions repéré
ses larmes,
son halètement
aigu
comme un cri,
nous nous sentions
à jamais
délogés
de la montagne.
Ce qu'il faut à l'écrivain, au peintre et au musicien,
c'est l'infini de la vie et l'ERRANCE.
(tu regardais intensément Geneviève)