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4.16/5 (sur 19 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Gironde , 1970
Biographie :

Florence Robert est bergère et écrivaine.

De 1993 à 2006, elle effectue de nombreux voyages à l’étranger, elle suit des études de loisirs sportifs, des randonnées à cheval, et exerce dans le Gers le métier de calligraphe.

Et puis Florence Robert décide de se consacrer à l’élevage de moutons. Cette aventure a débuté en 2008, où elle effectue un premier stage d’apprentie bergère.

Ensuite, elle se lance dans la création de la ferme des Belles Garrigues, située à Albas, près de Durban-Corbières, où elle mène sa vie de bergère.

Florence Robert a publié en 2015 "Bergère des Corbières", qui retrace cette aventure à partir des notes écrites tout au long de ces années.


Source : www.luciole-universite.fr
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
NOTES D’AGNELAGE, DU 20 MARS AU 25 AVRIL


Extrait 3

     Va-t-il respirer, s’est-il levé, a-t-il bu, n’ai-je pas oublié de désinfecter le cordon de celle-ci, de celui-ci, cent fois, les questions et les réponses se succèdent. Notre vigilance est intense. Nous n’arrêtons pas.

     Les placentas, qu’il faut absolument enlever du fumier, me font l’effet de serpents vigoureux mollement animés, et mes mains en gardent une sensation étonnamment présente et… mouvante, comme si je les tenais encore. Fouiller les brebis procure la même impression, au cœur même de l’animal, parfois très loin, jusqu’au deux tiers de l’avant-bras. Une fois la main engagée, yeux ouverts, les yeux au bout des doigts, je ne vois plus rien, tout est rouge. Rouge sang, rouge vivant. Un agneau est là et je ne sens que ses os. Chair et liquide amniotique se mélangent, je ne peux distinguer que les os du crâne et des pattes avant, et, parfois, de façon inquiétante, un œil mou sous la pression.

[…]
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Comment raconter la connivence qui naît entre un paysage et une bergère débutante? La relation qui se crée avec le ciel !? le grand ciel qui appartient à tout le monde, j'apprends à y lire la forme des nuages, à y lire l'heure. J'apprends que la colline est précise jusqu'au brin d'herbe,et, de très loin, je reconnais la pierre qui me sert de siège, le cade où se cachait le lièvre avant-hier. J'apprends sans le vouloir la vitesse de déplacement des brebis et anticipe, sans calcul, à quel moment elles vont sortir de cette parcelle pour aller manger ailleurs. Le temps passe différemment, indifférent à l'heure, alternativement épais ou évanescent. Ce quart d'heure a duré une heure, ces deux heures se sont déjà évaporées, dissoutes dans une liesse intérieure indescriptible. Je découvre un continent de choses sans nom. Rien de ce qui me fait vibrer ne porte plus de nom suffisant.
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Le compte à rebours se précise. Encore deux mois d'impatience mal dissimulée.
Fin juin, examens et procédures administratives sont derrière moi, le printemps a été besogneux. Ma détermination calme et passionnée à convaincu progressivement ma famille, les amis, et même les banquiers. Heureusement les banquiers. Qu'ont-ils retenu de ce projet ? Mes explications fougueuse emportent l'adhésion et donnent apparemment envie de participer aussi à l'aventure un peu folle de l'installation d'un troupeau de brebis là où elles ont disparu il y a quarante ans, dans un paysage viticole en pleine crise, dans une des zones les plus sèches de France. Personne n'a l'air de croire aux bienfaits des brebis sur la biodiversité. On me sourit quand je l'évoque, on pense visiblement que je suis sujette à un idéalisme un peu adolescent, mais peu importe. Ce qui compte, c'est d'avancer. (page 22)
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Ce que je fais de mes jours. La question pourrait être inversée. Les jours font de moi une personne nouvelle, pétrie par le rythme et par la tâche, par l'assujettissement aux besoins élémentaires des bêtes. Par la nature, qui façonne sans cesse la durée du jour et la température. Le temps n'est plus ce qu'atteste le sablier, il est la coupe où nous buvons le lait de chaque instant à chaque instant. L'animal en liberté ne s'ennuie jamais. Malgré l'astreinte, je me sens libre, souvent. (page 67)
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NOTES D’AGNELAGE, DU 20 MARS AU 25 AVRIL


Extrait 2

     Il faudra de quoi les nourrir, un liquide facile à digérer, complet, riche en protéines pour grandir vite, facilement accessible, à la douce température du corps, distribué à volonté, et riche en anticorps. Il faut du colostrum puis du lait dans un pis à deux trayons. Ça tombe bien, la nature est bien faite. Les plus vigoureux, encore tout humides, font leur première tétée en moins de quinze minutes. D’autres auront besoin d’aide à plusieurs reprises. Et quelle histoire parfois pour mettre enfin le trayon dans la bouche avide et maladroite. Surtout que les agneaux détestent qu’on leur touche la tête. Quelle patience, quelle expertise, quand l’agneau est humide, froid maintenant, tout collant et qu’on est très fatigué. Il est arrivé à chacun d’avoir envie de laisser tomber, il boira plus tard, ou jamais, cet imbécile. Si l’agneau est très faible, il faut tout de même le faire téter en asseyant la brebis, en le couchant entre ses jambes, en déclenchant la succion par l’envoi d’un petit jet de lait sur la langue, mais pas trop de lait, qui risque de l’engorger e de le dégoûter de téter, puis introduire le trayon dans la bouche. Si l’agneau tète, il est sans doute sauvé. Sinon, il est mal parti. Un coup à prendre, dit-on. Il est hors de question de s’énerver, l’impatience est bannie de notre maternité !
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NOTES D’AGNELAGE, DU 20 MARS AU 25 AVRIL


Extrait 1

     Naissances. Boursouflures, sang, liquides visqueux, poches, chairs outrées, outrancières, sanguines, ce qui s’est savamment construit en cinq mois se détache, travail des hormones et des chairs profondes, le miracle est tout entier sous mes yeux, dans mes mains, l’agneau qui arrive a l’air mort, blafard et mou, couvert de sa poche, puis, un hoquet, ça part, un faible bêlement parfois, ça commence au grand air après cinq mois de refuge dans la plus douce des grottes. Les agneaux naissent déjà malaxés par la vie du troupeau, les rythmes, les rots de rumination, la presse des ventres, ils connaissent. Et c’est toute la fragilité d’être dehors qui est troublante, après ces mois de brassage maritime. Comme il est sec, l’air. Comme est dur le sol, comme est lourde la mère qui se couche trop près de son petit. Chaque matière a sa consistance, rude, éprouvée. Après l’indéfini du liquide amniotique, après le long sommeil du venir au Monde, la mortelle subtilité des choses se prononce. La vie profère sa vérité simple et sans appel. Il faut y aller, ou non. Un hoquet, la tête se redresse, le mucus s’écoule et libère les naseaux, la mère lèche avidement le liquide qui couvre son dernier-né. Premières secondes.
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Cade la chienne : – (Viens, suis-moi)
La bergère : – Qu'est-ce que tu veux ?
– (Alors, tu viens ?)
– Tu m'emmènes voir les chiots ? Tu sais où Tuppie a fait ses petits ?
Puppie m'a demandé de lui ouvrir la porte vers minuit. Au matin, Cade m'invite à la suivre : elle me montre le chemin qui descend à la bergerie, tête tournée vers moi, ce qu'elle ne fait jamais. Quand je fais mine de rentrer à la maison, elle revient vers moi et me montre à nouveau le chemin à suivre.
– D'accord Cade, je te suis.
Elle m'amène sans hésitation au tunnel où est stocké le fourrage. Puppie a mis bas sous les balles de luzerne. Je congratule Cade, tu es mignonne. Si on m'avait dit qu'un jour un de mes chiens m'indiquerait si clairement un lieu de naissance, je ne l'aurais pas cru.
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Printemps de Corbières, cru, de gris, de verts criards, d'un seul bleu, d'une harmonie sans grâce. Les nuances et l'élégance sont à rechercher plus près du sol, dans l'emmêlement de la lumière, des plantes et des roches. Là, s'élancent les troncs, les tiges, s'épanouissent les premières fleurs et les plus petites, poussant les cailloux de leur élan grêle. Le profusion est confondante si près de terre, dans l'architecture folle des herbes et des pierres jetées en désordre, feutre végétal et minéral cachant le pas affairé et sans joie des insectes minuscules. Fruit d'un hasard ancien, renouvelé, ce millefiori sursaute, s'agite et grouille sans cesse.
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Les bergers dont il se souvient n'avaient que des guenilles pour habiller leurs jambes, c'était il y a soixante ans. Déconsidérés, ils étaient bien souvent le plus simple de la famille, celui qui n'irait pas longtemps à l'école et que l'on sentait incapable de s'occuper de la vigne. Aujourd'hui encore, certains patrons n'hésitent pas à traiter leurs bergers en esclaves modernes, les hébergeant dans des lieux à peine salubres ou même sous la tente sans eau courante et sans électricité, pour un salaire modeste qui ne tient pas compte de l'accumulation des heures de travail.
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Ce village, qui ne nous connaît pas encore, est plein de prévenances. Un matin, ce sont des cerises qui nous attendent sur le rebord de la fenêtre. Une autre fois, ce sont des salades. Un jour, on a ajouté du bois au petit tas que j'ai mis près de la porte. Un soir, impossible de retrouver l'étendoir et le linge qui y séchait. Il a été mis à l'abri de la pluie dans la remise d'une voisine par des mains anonymes.
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