Florent Silloray

La séquence du raid d'hélicoptères a été montée à partir d'un total de 60 000 mètres de pellicule, autant qu'un film entier habituel. Le mixage avec une version de la chevauchée des Walkyries de Wagner dirigée par Georg Solti en 1966 donne lieu à un bras de fer juridique...
... car la maison de disques Decca refuse dans un premier temps que Coppola utilise cette version unique, dans laquelle le maestro change sans cesse de tempo et lui donne ce caractère échevelé.
Après âpres négociations, Decca et Solti acceptent d'apparaître au générique.
Francis exige aussi que le son de son chef-d'oeuvre soit innovant et spectaculaire. Richard Beggs et son équipe de sorciers du son créent une piste d'effets sonores en spatialisant le son via cinq sources, élaborant des effets qui tournent autour du spectateur par trois enceintes derrière l'écran et deux autres à sa droite et à sa gauche. Le son pentaphonique est inventé !
La mauvaise qualité de la prise de son sur les plateaux aux Philippines oblige à tout réenregistrer à San Francisco...
Aéronefs, armes de combats ou explosifs, des ingénieurs sont envoyés aux quatre coins du pays pour collecter autant de sons originaux. Des vétérans sont engagés pour rejouer les conversations enflammées de pilotes d'hélicos. Ils sont enfermés au sous sol d'American Zoetrope pour revivre la tension et la folie de leurs combats vietnamiens. Leurs épouses restées en dehors des cabines découvraient en larmes les traumatismes revécus par leurs maris.

(A propos du film King Kong)
- Nous tournions sans savoir que c'était l'apogée de notre carrière et que jamais plus Hollywood ne permettrait une telle folie.
- Fay se révèle être une sublime Ann Parrow dont le jeu rendait crédible nos marionnettes en bois, métal et crins de cheval.
- Nous nous permîmes même avec Shorty, de jouer les figurants dans la dernière scène: nous sommes les pilotes qui abattent King Kong monté sur l'immeuble. Regardes bien, sous les bonnets et les lunettes de pilotes, c'est nous.
- Une somme jamais vue fut consacrée à la promotion du film.
- La première mondiale du Roi Kong eut lieu le 22 mars 1933 au Radio City Music Hall de New York. Le succès fut immédiat.
-Rien ne peut se comparer au raz-de-marée de ce film dans l'histoire du cinéma.
- Le premier week-end d'exploitation rapporta plus de 100 000 dollars en 180000 tickets écoulés.
- Les salles étaient combles partout.
- La mise en scène provoquait les effets voulus sur les foules.
- C'était plus qu'un film.
- C'était un phénomène.
- Les ligues de vertu s'étranglaient quatre à la violence du film.
On nous accusa de sous-entendus sexuels entre l'héroïne et le monstre.

Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près.

Comment répand-on les cendres [d'un défunt] ? D'un coup ? Par poignées ? Le couvercle de la boîte en alu saute dans un silence pesant. L'angoisse première est balayée par le contact doux sur mes doigts de la poussière grise. Face aux vaguelettes d'un léger courant, chacun disperse sa part dans un geste de semeur.
(p. 21)

- Il a une réputation d'ours mais ce n'est tout de même pas un ogre...

Nous étions dans la jungle. Nous étions trop nombreux. Nous avions accès à trop d’argent et de matériel, et, peu à peu, nous sommes tous devenus fous…