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Critiques de Florent Silloray (54)
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

"This is the end, beautiful friend..."



Pas de titre, pas de générique... mais les premières notes de la chanson emblématique des Doors hérissent déjà l'échine, comme prémices au festival pyrotechnique dans les tonalités rouges et oranges, à la chaleur, la brume, la folie, la mort. Un avant-goût des hélicoptères, transformés en Walkyries de Wagner... et de colonel Kurtz, qui chuchotera "The Hollow Men" de T.S. Eliot - poème glaçant et apocalyptique dédié au roman de Joseph Conrad - avant d'expirer avec les mots "l'horreur, l'horreur..." sur les lèvres.

L'odeur du napalm au petit matin. Voyage au coeur des ténèbres...

On a tous vu "Apocalypse Now" de Francis Ford Coppola, et on sait aussi que le tournage de ce film culte (placé 28ème parmi les 100 meilleurs films du cinéma américain) n'était pas une promenade paisible dans une roseraie.

Palme d'Or à Cannes en 1979 (ex aequo, pour la toute première fois dans l'histoire du festival, avec "Le Tambour" de Schlöndorf) et deux Oscars, le film a explosé (entre autres explosions) tous les budgets et a mené son réalisateur au bord de la folie.



Les fieffés cinéphiles seront probablement déjà au courant de tous les détails de ce "tournage en enfer" : l'internet n'est pas avare d'informations, et les plus mordus ont dû se jeter sur le "making of", réalisé par Eleanor Coppola lors de ce mémorable tournage aux Philippines.

Quoi qu'il en soit, cela n'enlève rien au mérite de cette bande dessinée (ou de ce "roman graphique", pour ceux qui insistent), qui raconte l'aventure d'Apocalypse Now à travers les yeux de la jeune Sarah Evans, embauchée par American Zoetrope en tant qu'attachée de production.

Le dessin simple et réaliste (l'aquarelle réhaussée de crayons de couleur) de Florent Silloray me semble être un support visuel idéal pour retracer tous les moments marquants du tournage : les ignares s'en sortiront instruits, et les instruits ne pourront qu'apprécier cette somme d'information rassemblée sous une forme graphique. Il faut dire que l'histoire est prenante, et rappelle parfois en quelque sorte le film lui-même.



"Nous étions dans la jungle. Nous étions trop nombreux. Nous avions accès à trop d'argent et de matériel, et, peu à peu, nous sommes tous devenus fous..." confie le démiurge Coppola, dont le but original était de tourner un succès commercial sans prétention excessive, d'après le scénario de John Milius. Scénario qui vivra sa propre vie au fur et à mesure du tournage, et dont Francis Ford cherche encore désespérément la fin idéale.

Etait-ce une bonne idée de faire revivre une fois de plus la guerre du Vietnam, au moment où elle n'était encore que trop présente dans toutes les mémoires ? Est-ce que ce film parle vraiment du Vietnam ?

Ou plutôt de la démesure, de l'outrage, d'un état d'esprit indescriptible où la guerre et la mort ne deviennent qu'une coulisse, un arrière-plan devant lequel le lieutenant-colonel Kilgore se croit invulnérable, et s'adonne au surf, aux vins français et aux spectacles des pin-up et des villages en feu ? Devant lequel se promènent les reporters, disant "faites comme si de rien n'était, c'est pour la télé...". Où la perception de la réalité est quelque peu altérée (ce que l'esthète Coppola gère assez génialement par des fumigènes, qui apparaissent toujours au moment où la raison recule) et ne commence à se cristalliser que pendant la remontée du fleuve à la recherche de Kurtz ? Pour ceux qui se demandent de quelle façon bat le coeur des ténèbres, Kurtz - qui a contemplé le fond de l'abîme de Nietzsche - aura une réponse.



La BD vous apprendra tout, depuis l'acceptation du scénario, en passant par l'aventure aux Philippines, jusqu'à l'aboutissement controversé à Cannes.

Vous saurez pour quelle raison Harvey Keitel ne convenait pas dans le rôle de Willard, avant d'être remplacé par Martin Sheen. Combien de kilomètres de pellicule il a fallu à l'intraitable Coppola avant d'immortaliser les palmiers flambants au napalm et la formation des hélicos prêtés par le dictateur Marcos, dont la femme était une grande admiratrice de Marlon Brando. Vous assisterez à l'arrivée de Marlon, qui mettra Coppola au désespoir : non seulement il n'a pas perdu son charmant embonpoint comme convenu, mais il n'a même pas lu son Conrad, et connaît à peine son rôle. Ce sera Francis Ford qui perdra des kilos (plus de quarante, pour les curieux) : le budget initial maintes fois dépassé, la pression montante, les décors détruits par un typhon, les caprices du charismatique Brando au crâne rasé, qui apprivoise la population locale à l'instar de son personnage. Sans oublier l'infarctus de son acteur principal, dû aux mêmes excès sur le plateau de tournage que sur la pellicule, et surtout la crainte omniprésente... de ne pas trouver sa fin parfaite (est-elle parfaite, d'ailleurs ?), d'y laisser sa famille, sa fortune et sa raison, et de ne pouvoir proposer au public, après tout cela, qu'un pauvre navet esthétisant. Les participants au tournage vont se souvenir d'un réalisateur le plus mégalomane, dépensier, paranoïaque et perfectionniste qui soit.

Son talent l'a sauvé du désastre.

A l'époque où la façon de tourner les films a changé de façon radicale, et où les images numériques remplacent avec succès les litres de sueur produits par l'équipe italienne de Joe Lombardi, affectée aux effets spéciaux d'Apocalypse Now, cette BD gagne encore une valeur supplémentaire - comme témoignage de la gloire passée d'Hollywood.

Je n'ai aucune raison de lui accorder moins que 5/5.
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Cooper, un guerrier à Hollywood

Nous connaissons Merian Caldwell Cooper sans le savoir. Grande figure de Hollywood, ce producteur, réalisateur, scénariste et directeur de la photographie réalisa le premier King Kong en 1933. Mais Cooper eut une vie bien remplie avant de devenir l'un des maillons de l'Usine à rêves.

Fils du Sud, élève à l'école navale d'Annapolis dont il fut renvoyé, il participa en tant que pilote à la Première Guerre mondiale, intègra l'armée polonaise pour combattre l'Armée rouge en créant une escadrille de volontaires américains. Prisonnier durant neuf mois dans un camp soviétique, il s'évada, devint espion.

Journaliste, le héros de guerre réalisa des documentaires dans des contrées lointaines, puis des films (Chang, Quatre plumes blanches…), produisit (Rio Grande, L'Homme tranquille…), collabora avec John Ford, innova, et prit sa retraite à San Diego.



Cette bande dessinée consacrée à cette figure oubliée du 7eme art débute lorsqu'une étudiante au département cinématographique de l'UCLA vient réaliser une entrevue avec Cooper. Deux époques - aquarelles pastels pour la rencontre, sépia pour les flash back- sont choisies par Florent Silloray pour narrer le parcours assez incroyable, et les mille vies d'un homme qui parcourut le monde, rencontra le Négus, voyagea en Papouasie, combattit dans le ciel français, traqua Pancho Villa…



Les anecdotes sont passionnantes, surtout pour les cinéphiles. Elle reste agréable à parcourir pour prendre connaissance d'une existence bien remplie, celle d'un homme réactionnaire qui avait un regret -  « Je suis né un siècle trop tard », alors qu'il avait parcouru le globe.

Mais le ton choisi est assez monocorde et plat. L'auteur prend tellement de recul que le lecteur ressent une certaine gène. Cooper, sudiste d'un autre temps, est un homme très conservateur, et raciste, partageant les valeurs du Maccarthysme, - « C'était la Guerre Froide, mon enfant, une autre époque! »- et l'auteur passe rapidement dessus.

La bande dessinée manque de folie, de dynamisme. A trop se maintenir à distance de cette personnalité hors norme, Cooper, un guerrier à Hollywood ne donne pas à voir toute sa complexité. C'est dommage.
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Le carnet de Roger

Florent Silloray n'ignorait pas que son grand-père avait été prisonnier en Allemagne de 1940 à 1945. Mais comme la plupart des descendants de ces détenus, il n'en savait guère davantage. C'est après le décès du vieil homme que l'auteur a pris connaissance de ses conditions de vie en Stalag, grâce à un carnet.



Silloray a travaillé cinq années pour transposer ces notes en image. Rien n'a été laissé au hasard, à l'approximation : il a effectué des recherches dans les archives, et un périple dans les pas de ce grand-père, de l'est de la France au stalag en question, situé à Leipzig.

Chaque dessin est minutieux, travaillé, riche de détails. Et le récit lui-même reste très fidèle aux écrits du jeune prisonnier d'alors : départ de Nantes, trajet en train puis à pied, travail harassant dans des mines à ciel ouvert, températures extrême, faim, rationnement et censure des échanges postaux avec la famille. Pas d'exécutions comme dans les camps nazis d'extermination, mais beaucoup de décès dûs à l'épuisement et aux épidémies.



Ce témoignage est émouvant et bien sûr instructif. Il m'a d'autant plus touchée que l'auteur restitue minutieusement les lieux - le quartier dans lequel je vis actuellement et Nantes. Et que mon grand-père, né la même année, est parti en même temps de la commune voisine.



Lors de l'entretien auquel j'ai assisté récemment, Silloray a expliqué que le tabou sur cet épisode de la seconde guerre mondiale est levé depuis peu, bien que ce sort ait été subi par 1,8 millions de jeunes Français nés au début du XXe siècle.

On peut supposer que suivront des témoignages de ce style sur la Guerre d'Algérie.



Sur le même sujet, "Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB" de Tardi, publié un an après cet album de Silloray. Jean-Luc Seigle évoque également ce sujet, et explique les raisons de ce long silence dans un superbe roman : 'En vieillissant, les hommes pleurent'.
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J'habite sous les étoiles

Un petit roman de 63 pages, idéal pour déclencher une appétence pour la lecture. Le texte est écrit à la première personne et permet ainsi facilement au jeune lecteur de s’identifier au héros ; il comporte des dialogues qui allègent et facilitent la lecture.

Le roman est surtout très émouvant par sa façon d'aborder des questions de société malheureusement toujours d'actualité comme la perte de logement et la pauvreté.
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

Effectivement...un enfer. Folies, démesures ... Des dizaines de millions de dollars dépensés , des centaines de millions de dollars encaissés. Un film de légende. Mythique. Un cinéma d'avant l'art du numérique. Du sang et des larmes, des drogues et des drames. Un instant dans les coulisses de l'enfer. Un intéressant moment de lecture.



Astrid Shriqui Garain

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Le carnet de Roger

Florent Silloray nous entraîne sur les traces de son grand-père, prisonnier de guerre au cours de la seconde guerre mondiale. Au décès de son aïeul, Florent récupère un carnet rédigé par son grand-père. C'est un petit carnet en moleskine, rédigé à la mine de plomb. Roger raconte sa drôle de de guerre et sa captivité, en France et en Allemagne.



Roger était maraîcher près de Nantes. Il est mobilisé au début en septembre 1939 et rejoint son régiment. Il va nous raconter ses classes, ses occupations. Roger note tout ce qui concerne son quotidien. Quand il partira au front, il fera de même. C'est une véritable mine que son carnet, on y trouve le quotidien des soldats, leurs occupations, leurs loisirs, leur nourriture, leur boisson.



Florent Silloray part sur les traces de son grand-père à la recherche du passé de celui-ci, à la recherche de ce passé dont il a très peu parlé. Mais pourquoi parler quand on a tout écrit ? Grâce au carnet de Roger, aux notes de celui-ci, grâce à ses descriptions, grâce aux photos qui accompagnent ce petit carnet, Florent est en quête. Il va chercher les lieux en France mais aussi en Allemagne.



Roger parle de ses conditions de détention. Il n’épargne aucun détail sans faire du misérabilisme. Il décrit ses relations avec ses camarades et avec ses geôliers. Roger explique ce qu'il vit, ce qu'il ressent mais jamais sans se plaindre.



Florent Silloray nous permet de revisiter la période de la drôle de guerre avec les états d'âme des soldats mais aussi de la population. Il nous entraîne sur les routes de l'exode. Florent nous invite dans l'univers de l’armée française en déroute, dans ce qu'ont vécu nos soldats défaits et leurs conditions de détention.



J'ai beaucoup aimé le graphisme et les couleurs choisi par Florent Silloray pour évoquer le parcours de Roger : ces couleurs sépia font un peu penser à des photos d'autrefois. Comme beaucoup d'auteurs et d"illustrateurs qui alternent entre des temps passés et des temps présents, Florent Silloray met en couleurs son parcours sur les lieux parcourus par Roger. J'ai trouvé le graphisme de Florent Silloray très "humain" : le carnet de Roger est un reportage et l'album de son petit-fils est un reportage hommage.



J'ai trouvé cette BD très sensible et très intéressant car évoquant un aspect de la seconde guerre mondiale peu ou pas traité. Ce n'est pas la première fois que je lis une BD ou un roman où un petit-fils part sur les traces du passé de sa famille. C'est parfois une nécessité pour comprendre d'où l'on vient. C'est aussi symptomatique d'une époque où nous ne sommes pas toujours assez à l'écoute des anciens. Certains ont beaucoup de pudeur à parler de leur vie, de leur parcours. Parfois au décès d'un grand-père ou d'une grand-mère, quand on découvre certains documents, on découvre des pans d'histoires oubliées. On découvre des secrets de famille.



Il ne faut pas oublier de s'attacher aux témoignages de nos anciens. Né au Mali, surnommé "Le Sage de l'Afrique", Amadou Hampâté Bâ est l'auteur du célèbre proverbe : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. » Ne l'oublions pas.



Merci à Florent Silloray de nous avoir permis de partager le destin de soldat vaincu de Roger.









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Le carnet de Roger

Florent Silloray est parti sur les traces de son grand-père, ancien prisonnier de guerre de la seconde guerre mondiale, de la débâcle de mai-juin 40 à ses années dans un stalag près de Leipzig.

Pour cela, il disposait d'un document de choix : le carnet-journal que ledit grand-père avait tenu jusqu'en 1941.

L'album alterne les parties en couleur qui mettent en scène l'auteur et retracent sa propre enquête avec les parties en vert monochrome qui font revivre la captivité de Roger, le papi.

J'ai trouvé que les parties en couleur étaient d'un intérêt parfois inégal... ce qui me faisait avoir hâte de retrouver Roger. Mais d'un autre côté, le choix de rester parfaitement fidèle au texte du carnet, et donc de demeurer uniquement en mode narratif et de n'intégrer aucun phylactère dans les cases, donne à l'ensemble un côté terriblement monotone, aggravé encore par le vert monochrome. Tout cela incite en fait à lire le texte et à tourner les pages très vite, sans s'attarder sur les dessins, alors que quand on se force à bien les regarder, on se rend compte de l'incroyable travail de reconstitution que Silloray a dû abattre.

Bref, même si le témoignage est intéressant et le travail de l'auteur indéniable, je ne suis pas complètement convaincu par l'approche technique choisie, et je resterai globalement mitigé.

La fin est cependant joliment émouvante, et l'hommage palpable.
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

Après avoir lu « les guerres de Lucas », je me suis tourné vers un autre ouvrage qui présente lui aussi un tournage éprouvant : Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Contrairement au premier nommé, le livre s’intéresse exclusivement au tournage du film. Les relations avec le studio se limite à des rallonges d’argent et le récit s’intéresse peu aux à-cotés du tournage comme les problèmes de couple du réalisateur ou la vie de tous les jours des équipes.

Le livre n’en est pas moins intéressant, permettant de découvrir le processus de tournage d’un film hors-norme avec la vision très particulière d’un homme qui doute mais qui veut imposer ses idées jusqu’au bout.

On comprends que la création d’un film mythique n’est pas un hasard mais un long travail ou chaque détail compte : le choix des acteurs, l’innovation, les scènes emblématiques, une prouesse de jeu d’acteurs, les multiples prises… j’ai été particulièrement impressionné par ce travail dantesque pour réussir chaque plan, coordonner les actions et le soucis du détail indispensables pour livrer un film impeccable dans son réalisme.

J’ai été par contre peu admiratif des dessins ; un crayonné tout droit sorti des tribunaux (oui ces fameux dessins que l’on retrouve dans les bulletins d’infos qui remplacent les images d’un procès interdit de caméras). Le ton pastel des dessins est aussi très fade ne faisant en rien ressortit l’enfer des lieux de tournage et les scènes pyrotechniques mythiques… c’est bien dommage !
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Capa : L'étoile filante

La vie extraordinaire d’un électron libre qui ne se contentait pas du plus simple, la vie d’un professionnel qui a fait des émules.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Capa : L'étoile filante

Cette bande dessinée retrace la vie du photographe Robert Capa, de la guerre en Espagne en 1936 à sa mort dans les rizières d’Indochine.

Un récit intéressant qui s’attache à suivre Robert Capa à travers les différents conflits qu’il a suivi, notamment pour le magazine américain Time : guerre d’Espagne, guerre Sino-japonaise, Seconde Guerre mondiale, guerre d’Indochine… mais aussi des reportages au Mexique, pour le Tour de France… bref, une rétrospective des « faits d’armes » de ce célèbre et fantastique photographe de guerre qui a su se trouver au bon endroit, au bon moment au péril de sa vie pour témoigner des atrocités de son époque.

Je regrette que le dessin (assez fade à mon goût) et le récit ne fassent pas ressortir toutes les émotions de ces événements que suit Capa. On ne s’ennuie pas une seconde en suivant la vie trépidante du photographe mais le récit manque indubitablement d’émotion.

Je note aussi une erreur de date (enfin plusieurs de suite, c’est ce qui est très dommageable) sur plusieurs vignettes qui parlent de 1945 au lieu de 1944 ; une faute qui embrouille un peu le récit à ce moment-là.

Au final, c’est un album intéressant pour découvrir le célèbre photographe mais je regrette le choix du dessin et ce manque flagrant d’émotion du récit.
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

Apocalypse Now de Francis Ford Coppola est mon film préféré de tous les temps. Pourtant je l’avais découvert dans une version doublée en français dans mon cinéma de quartier à sa sortie en 1979. Mais ce film m’avait fasciné par son ambiance, ses décors, ses scènes spectaculaires de guerre et la prestation de Martin Sheen et de Marlon Brando.



Ce ne fut pas le premier film à aborder le sujet de la guerre du Vietnam. Coppola se fit couper l’herbe sous le pied par Michael Cimino et son ‘Voyage au Bout de l’Enfer’, Oscar du Meilleur film en 1979.



Cette BD est le making-of du film qui existe aussi sous forme d’un documentaire tourné par l’épouse de Coppola et qui fut le premier de la sorte.



Ce tournage a été des plus épiques démarrant en avril 1976 pour se terminer en mai 1977. Le film nécessita aussi des mois et des mois de montage, si bien que celui-ci n’apparaitra sur les écrans que le 15 août 1979 après avoir reçu la Palme d’Or à Cannes (ex-aequo avec ‘Le Tambour’).



Les situations sont tellement rocambolesques qu’elles en deviennent drôles. Peut-être Coppola âgé de 84 ans en rit-il aujourd’hui mais il a bien failli y passer lors de ce tournage, en complète dépression nerveuse et proche d’un divorce.



Quelques événements inattendus lors du tournage :



· l’acteur principal Harvey Keitel ne convient pas et est remplacé seulement deux semaines après le début du tournage par Martin Sheen, donc on retourne 2 semaines de séquences



· Coppola demande au président Marcos, le film étant tourné aux Philippines, 15 hélicos et pilotes pour lesquels Marcos lui facture….5 millions de dollars, le tiers du budget du film !!!



· Coppola doit hypothéquer ses biens pour boucler le tournage



· Martin Sheen qui fait un infarctus…à 36 ans !



· Les pluies et vents violents qui stoppent net le tournage pendant 6 semaines



· Les caprices de star de Marlon Brando



Aucun autre film Hollywoodien n’avait connu un tournage aussi chaotique et fou. Mais au bout du compte, un chef d’oeuvre absolu qui fut un beau succès et épongea les dettes de Coppola. Seulement un répit pour lui car son film suivant One from the Heart fut un bide colossal et l’obligea à revendre son studio Zoetrope.



Coppola travaille aujourd’hui après plusieurs années d’absence à un nouveau méga projet ‘Megalopolis’ (le bien nommé) qui devrait voir le jour en 2024 mais avec lui on n’est sûr de rien.



Superbe BD très colorée dans un style très particulier de coloriage qui rend bien l’atmosphère de l’époque et du tournage.



Coup de coeur : 10/10


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

Dix-huit mois de tournage aux Philippines dans des conditions parfois dantesques. Douze mois de montage. Débuté en mars 1976, le film sort, à peine achevé pour le Festival de Cannes 1979 où il obtient une palme d'or (la deuxième pour Francis Ford Coppola) ex-æquo avec Le tambour. Tournage démesuré donc, pour un film qui ne l'est pas moins. Nombreux acteurs contactés pour le rôle du capitaine Willard, qui tous refusent pour diverses raisons. C'est Martin Sheen qui le joue. Il ira jusqu'au bout, reprendra quelques semaines après une crise cardiaque. Puis c'est Dennis Hopper qui fait des siennes, puis Marlon Brando... Et Coppola qui oscille entre la paranoïa, la déprime, l'autoritarisme. Démesure à tous les niveaux.



Très documenté, Florent Silloray raconte le tournage de ce film mythique, n'ayons pas peur des mots, que personnellement je n'ai vu qu'une seule fois dans sa première version. Il en existe deux autres, une de 2001 Apocalypse Now "Redux" de 194 minutes et une de 2019 Apocalypse Now "Final cut", de 183 minutes, au montage le plus proche de la vision de Coppola.



En 1976, Francis Ford Coppola fort de son succès avec Le Parrain, s'empare d'un scénario de John Milius, d'après un roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, et compte bien faire un film inoubliable avec un point de vue très original pour l'époque sur la guerre du Vietnam qui vient juste de finir. Les ennuis s'accumulent, les dépassements de budgets et les doutes, la peur de faire le bide le plus cher de l'histoire du cinéma hantent le réalisateur. Le plateau est tendu, les financiers stressés.



C'est tout cela que raconte Florent Silloray, à travers une attachée de production de la société de production crée par Coppola. Sarah Evans est un personnage fictif qui se balade dans tous les lieux de tournage et de décision pour nous faire vivre au plus près la réalisation de ce film. Et l'on prend conscience de la démesure du projet, de ce que peut impliquer un film fait avec des vrais personnes et non pas sur fond vert avec des effets spéciaux numériques qui, s'ils sont bluffants, ôtent un peu de magie et d'humanité. L'album est très beau, les couleurs dans les tons verts et jaunes semblent coller aux paysages, la mise en scène est plaisante et permet de se retrouver aisément dans la genèse du film, de l'idée à la sortie sur écran. C'est passionnant et ça donne envie de (re)voir le film.



PS : J'ai trouvé et regardé la version de 2001, et je peux dire que ça marche encore, que l'on suit le capitaine Willard avec attention. C'est un film au rythme et aux images fascinants. Je n'ai pu m'empêcher de penser aux conditions de tournage décrites dans l'album, notamment dans certaines scènes. Cela permet de mesurer les performances des acteurs et de tous ceux qui ont travaillé sur ce film. C'est lent et tendu, sombre. A coup sûr un grand film. Et une bande dessinée qui donne autant envie de le revoir est forcément un très bon album.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le carnet de Roger

J'ai trouvé cette lecture touchante, émouvante. Au delà du récit de la vie d'un soldat dans la drôle de guerre puis de ses premiers mois de captivité en Allemagne, c'est aussi le parcourt d'un homme qui part à la découverte de ce qu'à vécu son grand père... et de tout ce qu'il n'a pas raconté...

Et le tout servi avec des dessins que l'on croirait sortis d'un carnet de voyage.....

Belle lecture

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Cooper, un guerrier à Hollywood

Cooper/Hollywood, d'emblée on pense que cet album sera un biopic de Gary ( Cooper)... Mais diable que vient faire King Kong sur la couverture ? Evidemment, il s'agit d'un autre Cooper, Merian C. pour être précis, moins connu à priori sauf qu'il est le réalisateur du célébrissime film ( le premier ) mettant en scène ce gorille géant avec son complice Ernest B. Shoedsack. Le récit dessiné qu'en fait Florent Silloray nous apprendra que la création de King Kong n'est qu'une goutte d'eau dans ce que fut sa vie, un mélange d'aventures, de génie de la finance et de l'invention, mené sans crainte, sans honte et très froidement...

Première surprise à la lecture de cette biographie, son caractère ultra-classique surprend. Après quelques très belles planches d'une jeune journaliste se rendant à Coronado Island en Californie à la rencontre de Cooper, suit le récit de sa vie, conté par lui-même, que l'auteur illustre dans des tons gris sur fond sépia. Cette narration sera parfois interrompue par quelques cases revenant sur la journaliste posant juste une ou deux questions, ou faisant une petite remarque ou sur le réalisateur. Tout nous est donc proposé selon le point de vue de Cooper. Ce classicisme, qu'au départ on pense bien facile et peu créatif, se révèle au fur et à mesure tout à fait adapté à ce récit d'une vie absolument fascinante. Cooper a été ce que l'on peut appeler un vrai aventurier. Après une carrière militaire dans l'aviation et des combats lors de la première guerre mondiale, il visitera le monde, ira à la rencontre de tribus inconnues et en tirera, d'abord des documentaires puis des fictions dont les indigènes filmés se souviendront longtemps des sévices qu'ils subissent pour la prétendue bonne cause de l'art cinématographique. Le personnage apparaît donc sous un jour plus que contrasté, surtout qu'après King Kong et d'autres exploits en avion durant la deuxième guerre mondiale, il continuera sa route en chef d'entreprise impitoyable en étant l'un des créateurs de la compagnie aérienne Panam mais aussi l'un des acteurs ultra influent du maccarthysme. Peu de remords ou de regrets chez cet homme qui se cache derrière cette formule : " C'était une autre époque...".

Plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Capa : L'étoile filante

Sans doute impressionné et un peu paralysé par la stature de son sujet, Silloray rend une copie sérieuse et complète, mais manquant drastiquement de souffle épique autant que dramatique.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

Peu importent les défauts que ne manqueront pas de relever les bédéphiles éclairés, j'ai éprouvé un grand plaisir à lire la narration du tournage et de la post-production de "Apocalypse Now".

La narratrice, attachée de production fictive, nous plonge d'emblée dans l'enfer qu'a connu Francis Ford Coppola avec l'infarctus qui a terrassé en plein tournage dans la jungle des Philippines l'acteur principal Martin Sheen, toujours vivant en 2023 et qui reprendra son rôle après cinq semaines de repos. Au vu des innombrables obstacles qui se sont dressés devant les exigences du réalisateur mégalomane, cet accident cardiaque est purement anecdotique, l'alcool et la drogue qui se sont invités dans le tournage s'ajoutant aux caprices des stars Marlon Brando et Dennis Hopper ou aux discussions difficiles avec les militaires philippins dont le ballet des hélicoptères marquera à jamais les spectateurs du monde entier.

Pour ceux qui comme moi ne sont pas au fait de l'histoire du tournage et de ses suites, Florent Silloray fait oeuvre didactique sans jamais se montrer ennuyeux et on lui pardonnera volontiers la représentation prêtant à rire du visage de personnalités du monde du cinéma tels Marlon Brando, John Wayne ou le Français Claude Berry (sic !).

Apocalypse Now, certainement un grand film mais à quel prix, dans tous les sens du terme ? Coppola lui-même l'a reconnu : "Peu à peu, nous sommes tous devenus fous." tout en assumant sans aucun doute que la fin justifiait les moyens.
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Le carnet de Roger

Alors qu’il vient de perdre son grand-père, Florent Silloray tombe sur son carnet qui relate sa vie de soldat et de prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale. Il entreprend alors un voyage pour relier les écrits du carnet aux lieux où son grand-père est passé : lieux de détention, stalag, mine de travaux forcés…

Un témoignage intéressant d’une partie peu connue de la Seconde Guerre mondiale, les prisonniers français. Effectivement peu connue car, comme Roger, les prisonniers de guerre ont très peu parlés de leur période de détention en Allemagne. Le carnet de Roger est donc un témoignage rare de ces soldats qui ont vécu la honte de la défaite, le désespoir et les conditions de vie très difficiles.

Même si les passages sur la recherche des indices du petit-fils sont utiles, ils coupent un peu trop le rythme de la BD et sont un peu trop importants par rapport aux parties sur la vie du grand-père en tant que prisonnier.

Le récit manque un peu d’émotion - à part l’introduction de l’album - et le témoignage reste assez succinct. Mais c’est normal, on ne peut aller au-delà de ce que le grand-père a raconter dans son carnet. Il reste un pan entier de sa vie en captivité dans l’oubli.

C’est tout de même un témoignage fort intéressant d’une partie peu connue de la Seconde Guerre mondiale.
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Le carnet de Roger

Très bel album, aux illustrations prenantes.
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

(LX971) - Assez déçu par cet album qui ne révèle pas grand-chose sur les conditions du tournage d'Apocalypse Now pour peu qu'on s'intéresse à l'histoire du cinéma. La facture est par ailleurs décevante à mon goût, avec des dessins assez brouillons et des dialogues souvent artificiels. La construction de ce récit documentaire manque d'originalité et d'un point de vue plus assumé à mon sens. Non pour la sélection du Prix BDz'îles.

(SCO971) Un récit certainement bien documenté mais qui peine à captiver les non spécialistes, à fortiori nos élèves. C'est non pour le Prix.
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Un tournage en enfer : Au coeur d'apocalyps..

Si la couverture et le pitch sont alléchants, le contenu est un peu déceptif. L’auteur est un « fan » qui n’a pas eu accès à des informations autres que celles que l’on peut trouver depuis bien longtemps déjà sur ce tournage hors du commun. Ainsi, n’étant pas un insider plus qu’un autre, le livre n’apporte aucune anecdote inédite, et donc son intérêt documentaire est limité, d’autant qu’il souffre de la comparaison avec l’abondante littérature couvrant le sujet depuis de nombreuses années, ainsi que du documentaire vidéo reprenant les images tournées par Eléanor Coppola. Reste à voir l’intérêt d’une version en bande dessinée de cette aventure, et là encore, si le point de vue d’une petite assistante de production est un point de départ intéressant, il ne tient pas la longueur. L’histoire de notre héroïne n’est pas du tout traitée finalement, et les dialogues et les textes sont poussifs et informatifs. Le tout est longuet voir indigeste à lire, d’autant que je n’ai personnellement pas accroché à l’esthétique crayonnée du dessin... Pas convaincu donc, mais ce n’est que mon avis, et mes goûts ! Un ouvrage qui plaira sans doute aux afficionados désirant redécouvrir une aventure qu’ils connaissent déjà, et à ceux qui découvriront ici les périples de ce qui fut, sans doute, le plus improbable tournage de l’histoire du cinéma.
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