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Citations de Florian Dennisson (163)


Quand elle était enfant, la forme dessinait un cœur presque parfait, comme un tatouage fait par des anges. Cette particularité avait beaucoup amusé tout le monde, au début, et puis, comme toutes les choses de la vie, l’excitation des premiers instants avait laissé place à la normalité banale que seul le quotidien arrivait à produire.
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Elle avait hachuré sa phrase tel un robot dénué d’âme qui découpe une plaque de tôle. Des mots courts, espacés, comme pour ralentir la course immuable du temps, pour retarder le cataclysme qui allait s’abattre sur elle.
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Qu’est-ce qu’elle foutait là, chez les gendarmes ? Pas une seconde, elle n’aurait imaginé que ça puisse finir comme ça, elle avait vraiment le don de se fourrer dans des histoires invraisemblables. L’ironie de sa situation faillit lui décrocher un sourire, mais elle se ravisa. Ce type assis devant elle semblait sincère, il voulait bien lui faire confiance. Il faisait peut-être exception à la règle ? Le premier homme qu’elle avait revu après tout ce qu’elle avait vécu avait fait glisser sa main dégueulasse le long de sa cuisse.
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L’humain a cette capacité incroyable de résilience, il en va de sa survie. On se remet de tout, avait-elle toujours pensé, même du pire. Alors oui, peut-être bien que le monde se foutait de son histoire, mais elle avait la certitude que si elle lâchait son nom, c’était son monde à elle qui volerait en éclats.
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On l’avait extirpée de la carcasse métallique, on lui avait fait une batterie de tests, on l’avait rassurée puis lui avait administré un très léger calmant. Jamais on ne s’était inquiété de savoir d’où elle venait, ni qui elle était. Impartiale et équitable, la France pansait d’abord les blessures avant de poser des questions.
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La complicité qu’il entretenait avec Emma depuis toutes ces années lui fit penser à celle qu’il aurait dû avoir avec sa propre sœur. Sa collègue avait comblé le vide en quelque sorte. Y avait-il encore de la place pour Élodie dans le cœur de Maxime après tout ce qu’ils avaient vécu pendant leur enfance ? Après que leurs destins avaient été brisés dans leur élan par la folie d’une croyance obscure, par des rituels archaïques et un mode de vie bigot.
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Faut croire qu’on commet tous des erreurs. Les négociateurs du GIGN ont pris le risque de ne plus lui parler pendant près de deux heures. Il a dû se demander ce qui se tramait et il a flippé. Tu sais ce qu’on dit ? C’est la curiosité qui tue le chat...
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Les circonstances heureuses de ce qui avait débuté comme une tragédie et duré près de vingt-quatre heures auraient dû leur permettre de se jeter dans les bras l’un de l’autre. Emma aimait tant ça, mais ils n’étaient pas seuls ; elle s’abstint et adressa à Maxime une unique et franche bise sur la joue.
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Tout se mélangeait dans sa tête : le boulot, sa sœur qui refaisait surface comme un soldat après une guerre trop longue, et ses propres souvenirs dont il avait déjà évoqué la substance avec sa psy. Un torrent de plus qui voulait l’aspirer et l’étouffer. À un feu rouge, il roula entre ses doigts le bracelet de ficelle qui avait glissé le long de son poignet quand il avait enclenché le point mort.
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La froideur et l’impartialité que son métier lui imposait bloquaient tout sentiment, toute preuve qu’il était constitué de chair et de sang avec un cœur qui bat. Alors, elle avait continué son récit avec la sensation de s’adresser à un étranger, les bras depuis longtemps le long du corps, n’attendant plus l’accolade dont elle avait rêvé.
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— Et là, tu rentres chez tes parents ? Ton petit copain ?
La question provoqua une décharge dans tout son corps, qu’elle tenta de camoufler à grands efforts. Que valait-il mieux répondre ? Qu’elle avait quelqu’un dans sa vie, au risque que le mensonge se voie comme le nez au milieu de la figure et qu’elle paraisse de fait beaucoup plus vulnérable ? Qu’elle rentrait chez ses parents, ce qui la reléguerait une fois de plus au rang de petite fille qui n’avait pas encore quitté le confort du cocon familial ? Quoi qu’il arrive, il ne fallait pas lui faire entendre qu’elle était seule, mais que quelqu’un l’attendait.
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Ses yeux d’un vert bouteille étaient vides, presque glaciaux. Elle ne lui rendit aucun de ses quelques sourires et se contenta d’un « merci » avant d’attacher sa ceinture.
Le silence entre eux s’était invité comme un troisième passager. Un silence tout relatif, brisé par les informations distillées par la radio et le ronronnement du moteur.
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Nous étions deux êtres sans défense, nous aurions pu nous entraider, moi en le libérant du piège et en soignant sa blessure et lui grâce à la chaleur de sa fourrure. Je nous voyais déjà dormir tous les deux, recroquevillés dans sa tanière. Et puis c’est le moment où j’ai eu la preuve que Dieu n’existait pas, non pas que je n’en étais pas déjà convaincu, mais il n’y avait alors plus de place au doute. Et ne plus douter est pour moi ce qu’il y a de plus triste dans la vie. Dieu n’existait plus. Il laissait une âme innocente crever la gueule ouverte dans un piège inutile fabriqué par l’homme, il laissait mes parents écouter leur folie religieuse et me faire subir cette torture en son nom.
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Nous sommes deux pauvres âmes en peine, abandonnées à la folie des hommes. Je m’approche doucement et je m’accroupis à environ un mètre de lui. Je ne tremble plus, je ne ressens plus la sensation du froid sur ma peau. C’est comme si le fait de voir cet animal innocent en train de souffrir avait fait naître en moi un besoin vital de l’aider et que tout mon être était focalisé sur cette entreprise, oubliant sa propre douleur.
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J’ai la phobie des torrents, des rivières avec du courant. L’eau qui dort, celle qui est calme, je ne m’en méfie pas, justement. C’est même apaisant, j’adore le lac.
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Mes parents m’ont conduit à l’orée d’une forêt, ma sœur est là aussi. Elle m’a donné quelque chose pour me porter chance. Un bracelet, un petit truc de rien du tout, tressé avec deux cordelettes, mais je le porte pour lui faire plaisir. Mes parents se tiennent là, devant moi, et ils attendent que je me déshabille. Complètement. Ma sœur détourne un peu le regard avant que je cache mon entrejambes de mes deux mains. J’ai froid, je commence à trembler et mes mâchoires claquent.
Il se racla la gorge et, comme le docteur Catarini ne disait rien, il continua :
— Je leur demande si je peux au moins garder mes chaussures. Ma mère fait non de la tête. J’ai l’impression que mon père est gêné, qu’il a pitié de moi, mais c’est tellement loin au fond de son regard que je me demande si ce n’est pas une vue de mon esprit. Alors, j’enlève mes chaussures, puis mes chaussettes et je m’enfonce dans les bois. Quand je suis déjà bien profondément dans la forêt, je me retourne et entre les arbres, je les distingue. Ils sont toujours là, à vérifier que je fais bien ce qui m’est demandé.
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C’était la dernière fois qu’il la voyait et il voulait fêter intérieurement cette petite victoire en imprimant dans sa mémoire le portrait du docteur. Un nez semblable à celui d’un rapace brisait l’harmonie de ce visage glacial qui était tout l’inverse de l’ambiance agréable de son cabinet. Pourtant, elle parlait d’une voix douce, lancinante, presque lénifiante. Si elle avait animé une émission de radio, songea Maxime, il l’aurait volontiers écoutée le soir avant de s’endormir. Un programme sur la musique classique ou la philo, probablement. De grandes lunettes encerclaient ses yeux gris comme la banquise par mauvais temps et deux discrètes barrettes métalliques de chaque côté de son visage au-dessus de ses tempes maintenaient sa chevelure impeccable.
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Des cernes profonds qu’il n’avait pas réussi à estomper à l’aide de produits cosmétiques empruntés à Assia lui donnaient l’air d’un acteur empêtré dans un rôle usant et, avec l’apparition de ces quelques rides aux coins des yeux, il commençait à entrevoir les airs de Christian Bale qu’on lui attribuait parfois. Non pas qu’il trouvât l’acteur particulièrement beau, mais il reconnaissait qu’il y avait du vrai dans l’allusion.
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Sur le moment, il se demanda ce qu’il haïssait le plus ; le fait d’être négligent au sujet de sa ponctualité ou ses rendez-vous réguliers avec le docteur Catarini. Les deux, assurément. Ces séances bimensuelles et redoutées étaient pourtant garantes de son maintien en poste à la brigade de recherches d’Annecy.
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Les mots étaient toujours les mêmes, elle les connaissait par cœur.
Mais chaque fois, l’infime espoir que les choses changent enfin accompagnait ses gestes, et elle faisait l’effort de décacheter l’enveloppe et de lire.
Cette fois encore, elle entama le chemin vers la boîte aux lettres d’un pas fébrile que l’espérance vaine accumulée pendant plus d’une décennie rendait pénible et laborieux.
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