La vérité, c’est que vous portez votre culpabilité comme une blessure au flanc que vous tentez de cacher. ( page 63)
Bientôt les cerisiers
Se couvriront de fleurs
-Avril est couturier
Tout est à écrire, alors. Soyez plus forte que les barbares qui ont voulu vous briser, plus forte que les habitants qui vous réduisent à un fantasme, plus forte que les siècles qui vous ont tue et tuée de n'être pas la femme Belle, comme seule elle était permise. Soyez la princesse la plus monstrueusement belle de l'histoire !
Comment tombe-t-on amoureux d'une femme défigurée ? Peut-on aimer sans visage ? Si on lui avait laissé un masque lisse et blanc, sans lèvres, sans nez, où tout aurait été à réinventer, aurait-ce été mieux ou pire que ce visage déformé au grotesque ? On dit que le physique n'est pas tout. On dit les passions communes, les défauts qui rendent uniques, les moments partagés, la voix... On dit que l'amour est aveugle. On dit beaucoup de choses. Si les rôles étaient inversés, pourrait-elle aimer quelqu'un avec un tel visage ? Elle ne savait pas. Alors elle pleurait, un bras autour d'une colonne.
A cet instant tout commence, une répétition comme un rituel de survivants. C'est là, la lumière, les émotions, ce qui se meut sous la peau des êtres, l'écorce de la vie. La soirée vous emporte.
Je voudrais capter de vous la beauté infinie pour vous dire que vous êtes des rois. Et dans le mouvement qui s'étire, je vous regarde bousculer les secondes en rois, brisés et vivants.
- Vous marchez, seule. Vous êtes la princesse de minuit, le fantôme qui hante ce palais. Vous êtes perdue, peut-être. Vous finissez par venir au milieu des peintures et, dans le silence, dans la nuit, quand les autres dorment et que leur bavardage absurde s'est tu, les couleurs racontent une histoire différente. Une histoire de beauté. Les oeuvres vous regardent comme si vous étiez une invitée très spéciale, ou l'une des leurs... A votre tour, vous regardez, et c'est là ; ça appelle mais vous ne savez pas d'où ça vient, c'est dedans et partout à la fois. Vous errez à visage découvert, car la nuit a droit a votre intimité, la beauté y a droit. Puis, vous retournez vous coucher en songeant que la réponse était pourtant si proche, sans savoir si elle était inaccessible ou si vous avez simplement fermé les yeux. Si proche, la réponse à la question que vous ne savez pas que vous portez.
Il était dit que les Hommes déchireraient la nuit au couteau et mettraient le feu au ciel avant de se résoudre à mourir de manque d'amour. Il était dit que leur cri viendrait un jour briser les montagnes si l'on persistait à prétendre que l'on entendait pas la douleur, que l'on ne voyait pas les ombres errantes de ceux que l'on n'avait pas su protéger.
Il était dit que c'était ce cri que Leïla lancerait à la face la plus hideuse du monde pour la défigurer à son tour, ce cri qu'elle arracherait à tous les silences et planterait en éclats sur les terres barbares. Ce cri qui n'en finirait pas, qui ferait trembler jusqu'à la couleur des crépuscules.
Un jour de grand soleil, la princesse Leïla est défigurée à l’acide par un inconnu, un jeune homme ayant fréquenté les factions extrémistes aux confins des terres gardées par le sultan. Ce dernier met tout en oeuvre pour sauver sa jeune fille et rassurer son peuple, qui se lance tout entier à la recherche de celui qui est rapidement qualifié de terroriste. Le royaume entier tremble devant la violence de cette attaque. Pourtant, la princesse Leïla se relève. Dès lors, elle décide de continuer à honorer les nombreux bals du royaume de sa présence. Chaque danse est l’occasion de faire fleurir sur ce visage encore non apprivoisé des masques toujours plus somptueux, chaque fois plus grandioses. Autant de couleurs pour se composer une nouvelle identité… De palais en déserts, ce conte pour adultes mêle la politique à l’amour. Le terrorisme s’insinue dans un univers chatoyant, la réalité la plus cruelle côtoie un réalisme magique. Un conte moderne aux accents orientaux, où les femmes sont fortes et les royaumes imparfaits, où les monstres sont humains et où les hommes vont de valse en déchirure, dans une quête éperdue de beauté, de libertés et de sens.
A cet instant tout commence, une répétition comme un rituel de survivants. C'est là, la lumière, les émotions, ce qui se meut sous la peau des êtres, l'écorce de la vie. La soirée vous emporte.
Je voudrais capter de vous la beauté infinie pour vous dire que vous êtes des rois. Et dans le mouvement qui s'étire, je vous regarde bousculer les secondes en rois, brisés et vivants.
De vieux livres parlaient des droits des Hommes, de savoir, de beauté. Des philosophes y avançaient l'idée que l'être humain était une créature étrange et merveilleuse, capable d'interroger, de rêver le monde. Toute sa vie, le sultan n'avait cessé de lire. D'apprendre les mathématiques, l'astronomie, la biologie, l'histoire, les arts et les lettres, la géographie... Il n'avait cessé de réfléchir à ce qui l'entourait en multipliant les pourquoi, les empilant les uns au-dessus des autres, jusqu'au ciel. Il ne s'était jamais lassé d'observer les Hommes et il n'avait cessé de les trouver beaux, en dépit des envies de pouvoir et des étroitesses d'esprit. Ils n'en finissaient jamais de s'aimer.