AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Francis Berthelot (74)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Le rêve du démiurge Intégrale 1 de Francis Berthelot

Recevoir un livre via une masse critique est toujours un plaisir, je vais commencer cet avis en remerciant Babelio et Dystopia pour l'envoi de cet intégral regroupant les trois premiers tomes de la série fantastique le rêve du démiurge de Francis Berthelot.



Recevoir un livre via une masse critique c'est toujours aussi un peu la loterie, l'occasion de sortir quelque peu de ses sentiers battus, de découvrir des titres que l'on n'aurait pas forcément achetés ou empruntés. Parfois cela conduit à des déceptions, d'autres fois à de belles découvertes et je dois dire que le rêve du démiurge en fut assurément une. de tous les genres de l'imaginaire, le fantastique est celui que je lis le moins, c'est un tort sans doute car il y a visiblement de très bons écrits fantastiques et cette série en fait partie même si je me suis un peu forcé à finir ce premier intégral.



Non qu'il soit mauvais bien au contraire, j'ai même adoré le dernier tome mais parce que cette lecture ne correspond tout simplement pas à ce que je veux lire en ce moment. Je voudrais quelque chose de léger et les trois romans qui constituent cet intégrale ne le sont pas. J'aurais bien aimé le poser pour le reprendre plus tard mais j'ai sur ma page d'accueil indiqué aujourd'hui “Vous avez 0 jours de retard sur la publication de votre chronique”. Je me suis donc dépêché notamment hier durant une partie de ma journée de finir le dernier tome dont j'ai lu les dernières pages ce matin afin d'écrire ce petit avis dans les temps.



Parler de cet intégrale n'est pas évident et j'en suis d'autant plus admiratif de la préface écrite par Samuel Minne sur la série dans son ensemble. Je viens de la relire et je me dis qu'elle ne peut que rendre curieux et donner envie de découvrir cette série singulière. La première chose qui m'a frappé quand j'ai commencé ma lecture, c'est la beauté de la plume de Francis Berthelot, ces trois romans sont tous très bien écrits. Avec une plume riche et travaillée, Francis Berthelot a ici écrit des histoires qui ne sont guère gaies mais qui s'avèrent sublimées par son style d'écriture.



Non, le rêve du démiurge n'est pas une lecture où vous allez rire, au contraire je me suis dit lors de ma lecture que cela plombe même quelque peu le moral en cette fin d'année tant il se dégage parfois des textes un mal-être des personnages que nous présente l'auteur. Un mal-être psychologique ou physique, une tristesse de ce qui a été, de ce qui est, du poids du passé, de ces secrets et non-dit, autant de choses à accepter, assimiler pour continuer d'avancer. Pourtant il dégage de la lecture toujours une certaine poésie et une touche d'espoir dans l'avenir de ces personnages que je ne vais pas oublier de sitôt et que j'espère bien retrouver dans les tomes suivants. Ces personnages l'auteur leur a donné une âme. Dans des romans relativement courts il leur a donné une réelle consistance, et réellement humain ils paraissent dans toutes leurs failles et complexités. C'est ici l'un des véritables tours de force de la part de l'auteur qui a plusieurs fois réussi à me toucher lors de ma lecture notamment avec la magnifique fin du tome 2 le Jongleur Interrompu.



Je me rends compte que je ne vous ai pas fait de résumé de ces trois histoires pouvant se lire de manière indépendante mais dont le tome 3 rassemble des personnages des deux premiers. Je ne ressens à vrai dire ni l'envie ni le besoin d'en dire plus. Je vais tout simplement finir cet avis en vous conseillant cette lecture, ne serait-ce que pour la beauté de la plume de l'auteur mais aussi pour découvrir l'univers et l'atmosphère riche et travaillée qui se dégage au fil de ces trois tomes qui ne devraient pas vous laisser indifférents. Pour moi une chose est sûre, je me pencherai l'année prochaine sur la suite de cette série étant très curieux de découvrir ce que l'auteur y raconte.

Commenter  J’apprécie          516
69

Ce n'est pas la première fois que les éditions ActuSF proposent aux lecteurs une anthologie de leur cru rassemblant certaines des plumes les plus en vogue du moment au sein des littératures de l'imaginaire, et c'est à cette initiative que l'on doit la parution de ce « 69 ». Un titre évocateur qui laisse peu de doute quant au thème abordé : la sexualité. A travers les récits de douze auteurs, l'ouvrage se propose donc de réveiller nos sens en nous dévoilant quelques unes des nombreuses facettes que peut prendre l'érotisme. L'idée est intéressante et si l'ensemble de l'anthologie se lit sans déplaisir on pourrait toutefois regretter la façon dont est abordé le thème par la plupart des auteurs. Car si la sexualité est certes omniprésente, elle apparaît rarement sous un jour favorable. Torture pour l’héroïne battue de Stéphane Beauverger (Eddy Merckx n'est jamais allé à Vérone), objet de dégoût pour celle de Daylon, utilisée en tant que sextoys (Misvirginity), ou encore simple moyen d'obtenir vengeance et réparation chez Charlotte Bousquet (Les métamorphoses d'une martyre), l'acte sexuel n'est guère présenté sous son meilleur aspect dans la plupart des nouvelles, ce qui malheureusement dessert un peu le propos de l'anthologie. Il n'y a guère que chez Joëlle Wintrebert et Virigine Bétruger que la sexualité acquière un rôle positif, que ce soit parce qu'elle contribue enfin à l'épanouissement (Camélions), ou parce que rien que le fait d'en parler permet de mettre la mort à distance (Descente).



Certains textes valent malgré tout qu'on s'y intéresse. Parmi mes favoris figure sans surprise celui de Mélanie Fazi, auteur pour laquelle j'ai une affection toute particulière et dont j'apprécie toujours la poésie et la subtilité. « Miroir de porcelaine » ne fait pas exception à la règle et on retrouve là encore un thème cher à l'auteur : l'art. Une nouvelle pleine de mélancolie mais aussi de sensualité. Pari également réussi pour Jean-Marc Ligny qui choisit de mettre en scène dans « Vestiges de l'amour » une des créatures surnaturelles les plus érotiques qu'y soit : les succubes. Une histoire glaçante consacrée à la descente aux Enfers d'un jeune couple devenu la proie de l'une de ses sublimes mais terribles sangsues. Maïa Mazaurette nous propose elle aussi un très bon texte basé sur une idée originale (Saturnales). Le lecteur y découvre un univers futuriste dans lequel, tous les problèmes de l’humanité ayant été supprimé, le sexe est devenu la priorité. C'est notamment le cas pour les jeunes couples pour qui rien n'est plus important que de réussir leur nuit de noce et de rapporter à leur famille et amis la vidéo de leurs magnifiques ébats. Installés dans une suite de l'hôtel Honey Moon, deux amant vont toutefois décider de tenter l'expérience folle de se découvrir sans tous les artifices ou stimulateurs traditionnellement proposés et de faire « l'amour à l'ancienne ». Un récit tour à tour drôle ou nostalgique au ton très cru mais paradoxalement dépourvu de tout érotisme.



Avec « 69 » les éditions ActuSF nous offrent encore une fois une anthologie divertissante qui a le mérite de nous faire découvrir un bon nombre d'auteurs. Dommage toutefois que la majorité des nouvelles n'abordent pas le thème de l'érotisme ou de la sexualité de façon un peu plus variée et surtout plus enjouée.
Commenter  J’apprécie          264
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Je viens de terminer Le rêve du démiurge, et je suis toute émue...

J'ai découvert un univers, une atmosphère, des personnages, une plume magnifiques.



Ce tome 1 de l'intégrale rassemble 3 romans. 3 histoires différentes, à des époques différentes.



L'ombre du soldat commence en 1953, dans un petit village du sud, profondément marqué par la guerre. Olivier est le fils des aubergistes, une mère solaire, un père porté sur la bouteille. C'est en recevant un cadeau de noël, un pantin de bois habillé en hussard, que tout va basculer.



Le jongleur interrompu se situe dans un village de Bretagne en 1966. Un cirque s'installe pour quelques jours et bouleverse la vie de Petrel, le marginal de Lesquirec.



Paris, 1968. Melusath, le génie du théâtre, projette son ombre et sa sagesse sur une petite troupe de théâtre qui joue sa dernière chance.



Le poids du secret, la mélancolie, la fatalité, la mère, la filiation, la guerre, le malheur, la culpabilité, l'oubli... Des thèmes récurrents qui marquent ce premier tome, servis par une écriture imagée, délicate, toute en finesse. Quelques éléments fantastiques amènent rêve et fantaisie dans ces récits sombres mais porteurs d'espoir. Les personnages sont ciselés, profonds. Francis Berthelot nous offre un univers tourmenté et poétique.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Dystopia pour cette très belle découverte.







Commenter  J’apprécie          210
Auto-uchronia ou Fugue en zut mineur

Vous connaissez certainement Francis Berthelot.

Et si ce n'est pas le cas, il serait plus que temps de rattraper ce retard.

L'auteur multi-primé du Rivages des Intouchables n'avait plus rien écrit — à l'exception d'une nouvelle — depuis 2015 et la conclusion de son cycle monumental du Rêve du Démiurge, récemment réédité en intégrale chez Dystopia.

C'est justement avec cette dernière maison d'édition que Francis décide de remettre le couvert une ultime fois (?) avec un ouvrage bien particulier au titre truculent : Auto-Uchronia ou Fugue en Zut mineur.

Mais que cache cet étrange petit objet délicieusement illustré par Stéphane Perger ?



Quand la fiction dépasse la réalité

Sorte d'exercice de style en bonne et dur forme, Auto-Uchronia se scinde en deux parties bien distinctes.

La première raconte l'histoire d'un certain Francis Berthelot né à Paris en juillet 1946, second fils d'une famille scientifique et qui va peu à peu s'éveiller à l'amour de la littérature, de la musique…et des corps masculins. La seconde partie imagine un jour fatidique de 1965 où tout bascule, une rencontre un peu au hasard dans une librairie et un choix qui va conduire Francis à devenir un autre… à moins qu'il ne (re)devienne lui-même.

Vous l'aurez compris, Auto-Uchronia, comme son nom l'indique malicieusement, est une uchronie autobiographique. Ou peu s'en faut.

Francis Berthelot, dans notre monde, prend la route tracée par ses parents et son grand frère, faite de grandes écoles et de CNRS avant de s'illustrer dans les mondes imaginaires que nous connaissons.

Dans Auto-Uchronia, les choses vont prendre un chemin différent, illustrant à merveille que nos existences sont parsemées de noeuds d'où certains fils vont partir dans des directions opposées.

On pense bien sûr à Mes Vrais Enfants de Jo Walton dans cette façon d'importer l'uchronie à l'échelle d'une vie, sur une simple réponse à une question posée par un autre. Pourtant, le but de Francis Berthelot n'est pas ici de changer la face du monde qui l'entoure mais d'imaginer ce qu'aurait été sa vie s'il avait emprunté une voie différente.

Qui, au fond, n'a jamais rêvé d'arpenter les infinies possibilités de sa vie passée ?

Bien sûr, tout n'est pas exact, même dans la première partie.

Des noms glissent, des fantasmes s'immiscent. Mais qu'importe finalement, l'expérience est là, celle, toute personnelle, d'un auteur qui regarde son enfance et sa jeunesse pour en tirer des moments marquants.

On découvre ainsi le petit Francis Berthelot et les mythes familiaux qui irriguent sa jeunesse et son éducation, l'ombre fraternelle qui le pousse toujours plus haut même contre son gré, les résolutions forgées dans le secret des traumatismes passés sous silence.

Avec une poésie immédiate et une écriture déliée, sublime, Francis Berthelot se dévoile pour nous, nous dit ses peurs et ses bonheurs.

Mais autre chose, forcément, va venir marqué ce récit…



Aimer les hommes, en silence

Ce qui va venir jouer un rôle prépondérant dans cette autobiographie floutée, c'est la découverte et la prise de conscience de Francis Berthelot d'une sexualité taboue à l'époque : l'homosexualité.

Dès lors, l'auteur français raconte avec pudeur et justesse le parcours d'un homme qui doit apprendre par lui-même et n'ose pas montrer à sa famille ce qu'il est vraiment. Auto-Uchronia explore un passage à l'âge adulte à travers le prisme d'une sexualité considérée comme déviante dans cette France-là. Surtout quand, en plus, on aime bien un peu de sado-masochisme pour pimenter ses ébats.

On comprend ainsi que la duperie envers les proches est double : Francis aime les lettres et pas tant les chiffres, fantasme des hommes quand on pense qu'il aime les femmes. L'apprentissage et le cheminement se fait seul ou presque, émaillé de rencontres qui vont petit à petit apprendre à notre héros de rien qu'il faut être un tout pour devenir adulte.

En dérapant dans une seconde partie encore plus émouvante, Francis Berthelot se perd dans un doux fantasme, du genre où le prince vient vous sauver malgré ses habits de gueux. Tant qu'il a la charpente après tout…

Martial, sauveur lettré et ancien gigolo, prend une immense place dans le coeur de l'auteur comme du lecteur, dévoile la difficulté terrible à être homosexuel et à l'assumer en ces temps obscurs.

Voilà pourtant que la beauté triomphe, que la liberté s'offre à tous et que Francis s'invente un double lui, en blond à barbiche, libraire avant chercheur, sur une autre route qui le mène à une autre existence, là-bas, au loin, perdue entre une plage sous acide et un libraire qui aime les merles.



Fausse autobiographie et véritable uchronie, Auto-Uchronia est un livre du beau qui dit le laid, trouvant le courage d'assumer ce qu'on voulait faire disparaître. Francis Berthelot offre quelque chose de sincère et de touchant, sorte de somme de ce qu'il est, de ce qu'il a été et de ce qu'il sera toujours : un écrivain-poète épris de tolérance et de liberté.
Lien : https://justaword.fr/auto-uc..
Commenter  J’apprécie          201
Dragons

Avec cette anthologie « Dragons », les éditions Calmann-lévy proposent de nous faire découvrir pas moins de dix-huit textes nés de la fertile imagination aussi bien d'auteurs confirmés comme Thomas Day, U. Bellagamba ou encore Charlotte Bousquet, que d'auteurs moins connus... et qui le resteront malheureusement pour moi puisqu'on ne trouve aucune présentation, même succincte, des différents participants. De même, il est un peu dommage de démarrer l'ouvrage abruptement par la première nouvelle sans qu'il n'y ait de préface nous présentant en quelques mots le sujet et la ligne principale de cette anthologie (la présence de belles illustrations en noir et blanc au début de chaque nouvelle est cependant très appréciable). Tour à tour bêtes malfaisantes faisant la ruine d'une ville ou d'un peuple, monstres incompris et persécutés, divinités aériennes à la beauté majestueuse, légendes inlassablement recherchées mais toujours insaisissables et rarement comprises..., les auteurs explorent ici différentes facettes de cette créature mythique et désormais emblématique du genre de la fantasy. Le résultat est mitigé, la première partie de l'anthologie étant assez difficile à digérer et manquant trop souvent d'originalité, tandis que la seconde se relève de très grande qualité.



Impossible dès qu'il s'agit de critiquer un ouvrage de ce type de parler de tous les textes, surtout lorsque ceux-ci sont aussi nombreux qu'ici. Je me contenterais donc de citer ceux vers qui penche ma préférence, même si certains non mentionnés méritent également le coup d’œil. Commençons par la nouvelle de Philippe Guillaut qui signe avec « Quelques bêtes de feu et d'effroi » le plus beau texte de cette anthologie et nous entraîne au cœur de l'époque tourmentée des Diadoques où un soldat et un poète se lancent en quête des légendaires créatures du dieu de la guerre Arès. Le style y est extrêmement travaillé et d'une grande poésie, de même que l'intrigue par laquelle on se laisse aisément embarquer. Estelle Faye réussit également son coup avec « Suriedad », nouvelle mettant en scène un dragon des mers et un marin destiné à purger le monde. De même pour Johan Héliot qui nous fait vivre avec « L'huile et le feu » l'enquête d'un shérif d'une bourgade insignifiante des États-Unis du XIXe où se mêle trafic de femmes chinoises, complot organisé par une secte à la Ku Kux Klan, et évidemment saurien de taille gigantesque. Thomas Day, enfin, signe comme toujours un texte captivant comprenant son lot de personnages attachants et un univers intéressant et que l'on devine d'une grande richesse.



Au final, si l'ouvrage souffre de quelques défauts, notamment dans sa première partie, il serait toutefois dommage de passer à côté de certaines nouvelles qui valent franchement. le détour. « Dragons » est donc un bel hommage à ces créatures légendaires qui ne cessent de titiller notre imagination depuis des siècles et qui prennent ici vie le temps de quelques pages.
Commenter  J’apprécie          200
Auto-uchronia ou Fugue en zut mineur

Francis Berthelot (né en 1946), en sus d’une brillante carrière scientifique, s’inscrit dans le paysage SFFF hexagonal à titre de romancier, d’essayiste ... etc. L’implication de l’auteur dans la vie du genre lui confère en outre une place à part. Il semble reconnu par le milieu littéraire professionnel qui est le sien et le lectorat qui le suit entre SFFF et « transfictions ». Il est l’auteur de « Bibliothèque de l’Entre-Mondes », un essai recensant et disséquant quelques-unes de ces dernières ; sous ce nom se trouve une frange d’œuvres romanesques oscillant entre SF et Littérature Générale.



Je ne connais que peu (voire pas) l’œuvre de Francis Berthelot malgré mon goût marqué pour le genre dans lequel elle s’inscrit majoritairement, la Science-Fiction. L’écho positif que nombre de forums et blogs spécialisés renvoient d’elle et de lui m’intrigue. J’en suis curieux et cherche à m’en faire une opinion. Il me fallait y venir pour enrichir ma culture SF.



Fin 2023, Berthelot a 75 ans. « Auto-Uchronia » sort chez « Dystopia Ed.». L’ouvrage permet à Berthelot de revenir dans l’actualité des parutions récentes après quelques années de silence. Son titre a de quoi étonner. Comment le décrypter ? Tout s’explique par l’association de deux termes, l’un renvoyant à la littérature blanche (une autobiographie) et le second à la SF (une uchronie). Tout s’explique à la convergence des parallèles entre deux genres. Tentant postulat de départ .. ! L’antagonisme apparent des termes éveille la curiosité, appelle la lecture.



Le versant autobiographique ouvre le bal. Il couvre les 20 premières années d’une vie (1946-1965). L’exercice est classique. Une petite enfance modèle ; un cercle familial qui impose un formatage social ; un milieu scolaire et universitaire élitiste à marche forcée ; un carcan sentimental bienveillant mais rigide ; une homosexualité qui n’avance que masquée…



A mi-volume, l’auteur change de cap brutalement, ouvre le chemin à l’uchronie. Berthelot l’applique à sa propre personne. Nous voici, le temps du printemps, de l’été et de l’automne 1965 en pays de fiction. L’auteur fantasme, dissèque un passé hypothétique qui n’est pas le sien. Le « Et si.. ! » s’impose, brouille les pistes et courre jusqu’à l’épilogue.



Le point de divergence : Francis a 19 ans, est mineur au regard des lois de l’époque ; un inconnu, rencontré dans la rue, lui propose de fuguer durablement. L’envie est là. Francis ne donne pas suite dans la vraie vie mais accepte dans la virtualité uchronique. Ses intentions : fuir alors qu’on le prive de sa vraie ambition, écrire, devenir romancier. Plutôt affronter une société particulièrement homophobe au mitan des 60’s ou du moins vivre sa différence sans trop se cacher.



Le « que ce serait-t-il passé si .. ? » est habilement conduit, le postulat de départ est original. Le pari était difficile à tenir. La réussite est au bout. Cette double-vie est tour à tour prenante et attachante, éclairante. N'empêche, le lecteur a, par instants, l’intuition de trouver dans la partie uchronique de gros bouts de réalité, ceux-ci semblent avancer masqués, négociés à l’ombre de la fiction.



« Auto-uchronia » est le double regard d’un homme sur son passé : une vision en différé née de la réalité, une autre décalée issue de la virtualité de son imagination ; à l’égal de ces rétroviseurs en deux parties qui détectent en périphérie ce qui se niche dans les angles ; on n’est pas loin des « univers parallèles ».



Berthelot possède une belle plume, vive, facile, franche, directe et précise. Il conduit un propos critique, malgré tout apaisé et sans trop d’amertume, en écho à la virulence homophobe d’une époque somme toute récente qui, violente ou hypocrite, aurait pu le détruire.



« Auto-Uchronia », ouvrage de « Non-Fictions » (dixit la 1 de couv) ou roman pleinement SF ? Quelle importance ? Seule certitude : ce n’est qu’un premier pas, un marchepied, une passerelle vers le gros d’une œuvre romanesque qui, elle, est SF. Il me faudra aller, en ce sens et pour l’essentiel, vers la réédition en 3 intégrales des 9 tomes de son cycle SF majeur : « Le rêve du démiurge ».



Merci Babelio, Masse Critique, l'auteur, l'éditeur..!


Lien : https://laconvergenceparalle..
Commenter  J’apprécie          120
Le Jongleur interrompu

Il est beau, Constantin, avec ses yeux bleus perçants, son visage d’icone, son costume blanc et or et les torches flamboyantes qui tourbillonnent aux dessus de sa tête. Quand il monte sur scène, accompagné du grondement des tambours et du mugissement des saxos, le public n’a d’yeux que pour lui. Il est beau, il est jeune, il est brillant, mais quelque chose le ronge, le dévore de l’intérieur. Après chaque représentation, il doit se terrer dans sa caravane, le ventre convulsé de douleur, la bile à la bouche. Car Constantin est malade, malade à en mourir. Dans un petit village breton, il vient chercher une promesse d’immortalité, celle de l’île d’Anaon où les âmes des morts renaissent sous forme d’oiseaux marins. Quête folle, quête désespérée mais où il trouvera quelques âmes perdues pour l’épauler : Lily-Rhum, la petite voyante éprise de lui, Alain, le gardien du phare, et Pétrel, un jeune taxidermiste épileptique.



Prenez deux univers très particuliers, celui de la mer, sa majesté et ses tourments, et celui du cirque, ses flamboiements et sa magie, mélangez-les et vous obtiendrez ce petit roman plein de mélancolie et de poésie. D’une plume légère, Berthelot aborde le thème de la maladie et de la déchéance. Il le fait avec une pudeur digne d’éloge qui rend encore plus touchante cette confrontation entre la lumière et l’obscurité, la vitalité et la mort. La morale pourrait paraître un peu naïve – l’amour et l’amitié, seul chemin vers la rédemption – mais elle est donnée avec tant de grâce et de chaleur humaine que l’on passera aisément sur ce petit défaut. Une jolie œuvre qui donne envie de croire en l’être humain.

Commenter  J’apprécie          120
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

J’ai reçu ce livre grâce à la Masse critique Babelio d’octobre, merci pour cette lecture 🙂



Tome 1: L’Ombre du Soldat. 139 pages. 1995.



1952. Dans un petit village du Sud de la France, le petit Olivier est le souffre-douleur de ses camarades et le témoin de la mésentente entre ses parents. En grandissant, il va découvrir les secrets des adultes, liés à l’Occupation.



Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en ouvrant ce livre et la lecture de la préface m’avait laissée un peu perplexe. J’ai vite compris pourquoi il était difficile de parler de ce roman.



On est rapidement plongé-e dans une ambiance qui oscille entre le drame historique et le fantastique (au sens littéraire du terme: on ne sait pas s’il y a réellement un élément surnaturel ou si c’est l’imagination du protagoniste qui travaille). Les évènements sont assez violents, surtout que le personnage principal est un enfant. Le contexte historique est délicat à traiter, mais l’auteur s’en sort avec brio. On sent les tensions dans le village, les secrets se dévoilent peu à peu sous les yeux d’Olivier.



Tome 2: Le Jongleur interrompu. 150 pages. 1996.



Bretagne, 1966. Pétrel, un adolescent vivant en marge de la société rigide de son village, voit son quotidien bouleversé par l’arrivée d’un cirque. Il est rapidement fasciné par Constantin, un jongleur mourant.



Je ne pensais pas aimer ce roman, quand j’ai vu qu’il se déroulait dans le milieu du cirque. Contrairement à beaucoup de lecteur-ice-s, c’est un contexte qui ne me fait absolument pas rêver, voire qui me rebute un peu. Finalement j’ai été extrêmement surprise par ce récit, qui a été mon préféré de cette Intégrale.



Il faut dire qu’on s’attarde assez peu sur le cirque en lui-même, même s’il a son importance. Ce sont les personnages et les relations qui se nouent entre eux, leur évolution au contact les uns des autres et de leur environnement, ce coin de Bretagne battu par la mer et par les vents, qui font tout l’intérêt de l’histoire.



Tome 3: Mélusath. 255 pages. 1999.



Une troupe de théâtre au bord de la faillite s’efforce de monter une pièce malgré les nombreuses difficultés qu’elle rencontre. Arrive dans le groupe Gus, un peintre amnésique et halluciné, chargé de créer les décors et une fresque qui aura des propriétés assez inhabituelles.



Avec ce roman, situé quatre après le précédent, on fait le lien entre les deux premiers tomes, qui ne semblaient pas appartenir à la même série. On entre également de plein pied dans le surnaturel.



Je n’ai pas complètement adhéré à ce tome, même si globalement ç’a été une bonne lecture. C’est en partie dû aux circonstances: s’agissant d’une Intégrale reçue grâce à la Masse critique, j’ai dû enchaîner la lecture des trois romans assez rapidement, alors que j’aurais préféré faire des pauses plus longues entre chaque. Vu les sujets abordés et le traitement assez cruel, en particulier dans Mélusath, qui en est fait, c’était assez lourd. En plus, pendant la lecture de ce tome-ci, j’ai constamment été dérangée et n’ai jamais pu me concentrer très longtemps, lire plus de quelques pages à la suite, alors que j’avais dévoré les autres chacun d’une traite. Bref, mon ressenti en a pâti.



D’autre part, si j’avais pu éprouver de l’empathie pour les personnages des premiers tomes, ça n’a pas été le cas ici. Le contexte du théâtre et de la peinture m’ont beaucoup plu, mais je n’ai pas apprécié les personnages et du coup j’avais juste hâte d’arriver à la fin pour voir comment l’auteur allait les sortir des problèmes où il les avait plongés. Je pense que l’élément surnaturel n’a pas aidé, j’aurais préféré qu’on reste dans l’incertitude sur ce point, comme avec le tome 1.



Au final, l’ensemble de cette lecture a été surprenante, tant sur le fond que sur la forme. Les thèmes abordés étaient super intéressants et l’auteur a choisi des angles d’attaque inattendus. La plume est agréable, assez particulière. On nous propose des images et métaphores originales, pour traiter des sujets difficiles. Le seul reproche que j’aurais à faire est qu’on a souvent des généralisations sur les femmes, genre des choses dont « les femmes » auraient le secret ou des comportements qui s’expliquent par le fait que les personnages sont « des femmes »…



Un ensemble de romans très atypique, que ce soit par les thèmes abordés ou leur traitement. A ne pas lire à un moment où vous seriez déprimé-e ou angoissé-e, par contre, c’est assez anxiogène. Raison pour laquelle je ne parle pas d’une « excellente lecture », ce serait cruel envers les personnages, mais ç’a été une très chouette découverte.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          114
Bibliothèque de l'Entre-Mondes : Guide de lec..

Je suis tombé sur ce guide de lecture suite à une critique concernant "Une Femme Sans Histoire" de Christopher Priest.



J'espérais trouver d'autres auteurs, d'autres livres plus ou moins de la même veine.



Je suis un peu déçu car je pense que la définition des "transfictions" (et non pas transfixions ... yek) est trop large pour être significatif.



Balladant le lecteur de Queneau, Bosco, St Ex, à Eschbach en passant par Ionesco et de Ghelderode en n'oubliant poas Goethe, l'auteur nous perd, et pire, perd son propos.



Bien sur, une centaine de critiques de livres est toujours intéressante à lire, (dites vous pensez que folio SF serait intéressé ME publier ? ) mais on reste sur sa faim.



Comment fonctionne le système d'analyse de Berthelot ?



- La transgression de l'ordre du Monde :

la loi temporelle, le passé, le futur, l'écoulement du temps, la substance du temps;

les lois scientifiques, la physique, la biologie, la psychologie;

Mythes et surnature, le paganisme antique, le hudaïsme, le christianisme, le boudhisme, l'animisme,

La création d'un monde

- la transgression des lois du récit

le dépassement des contraintes du Genre, le cadre communicationnel, le message réalisé, la SF, le fantastique, le Merveilleux,

- tours et détours de la représentation

les arts plastiques, les arts du spectacles,

- la réalité qui dérape avec les différents types de narrateurs (autodiégétique, homodiégétique, hétérodiégétique)

- la distorsion du récit

- la transgression par l'écriture

la phrase, le vocabulaire,



Bref, on se trouve avec un outil d'analyse intéressant, voire pertinant, mais couvrant potentiellement l'essentiel de la litérature.



Pas tout à fait ce que je cherchais, puisque je cherchais quelque chose d'un peu troublant, déroutant...



Mais peut-être y a-t-il quelque chose à en tirer ? Par exemple un système de codification des livres de fictions ?



Commenter  J’apprécie          101
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Pour commencer, merci à Babelio et à son masse critique pour ce livre.



Francis Berthelot, je connaissais seulement de nom. Il faut dire qu’une certaine autrice que j’apprécie en parle souvent. Du coup, je me suis dit « tentons ».



Dans cette chronique, je parlerai surtout du premier récit de cette intégrale. Car c’est le seul que j’ai lu pour le moment, même si j’ai commencé le 2. Si je n’ai pas lu les trois livres de cette intégrale, ce n’est pas pour une question de qualité, enfin si (mais parce que c’est très bon).



Je ne savais pas à quoi m’attendre. La surprise fut très bonne pour ce qui est de la qualité de la plume. La vache, c’est bon ! Tout est là. Ça se lit comme une feuille coule sur une rivière. Le mot est toujours juste. On est dedans. Il y a une étrange délicatesse et une légèreté dans la plume qui est assez incroyable. D’autant plus incroyable que le thème du premier livre, lui, n’a rien de léger ! C’est même tout le contraire.



On va donc suivre un jeune garçon, dans un petit village un peu isolé, qui va voir son monde se déconstruire au fur et à mesure qu’il découvre l’Histoire et les secrets de son village. Et l’Histoire, c’est la Seconde Guerre mondiale et l’occupation allemande. Plume légère pour sujet lourd. Et dur.



Personnellement, j’ai eu du mal. Pour avoir eu la chance d’avoir des grands-parents qui ont subi et vécu cette guerre et qui m’en on parlé. Je suis toute de suite mal à l’aise, car l’Histoire est d’abord l’histoire (avec le petit H) de ma famille, mon passé. Et ce n’est pas du tout le genre de chose que j’avais envie de lire.



Malgré cela, ce premier livre est aussi horrible que touchant. De plus, le manque de manichéisme primaire donne une force à l’ensemble, ce qui est super appréciable.



Je ne regrette pas la lecture de ce premier livre, mais j’avoue que je n’étais peut-être pas dans les meilleures dispositions pour le livre. Heureusement que la plume est sublime.



J’ai commencé le deuxième livre.



Je ne pourrais donc pas en dire grand-chose, mais encore une fois, il y a cette écriture incroyable.



Donc soyons honnêtes, je ne peux que conseiller la lecture de cette intégrale juste pour la qualité de la plume de l’auteur. Et c’est ce qui va me faire tenir sur les livres suivants je pense, car on sent toujours une pointe de tristesse derrière les mots et que j’ai besoin de chose plus positive en ce moment.



À conseiller sans hélistations !



Commenter  J’apprécie          80
Le Jeu du cormoran

Des deux frères Algeiba, Maxime est l'eau vive - souple, pétillant, spirituel, si facile à aimer. Ivan, lui, est le roc - lourd, opaque, massif, avec des allures de brute épaisse qui lui aliènent la sympathie de tous. Personne, évidemment, pour chercher à voir les blessures derrière la carapace, un deuil mal digéré qui suinte et empoisonne, la solitude, la jalousie, la colère...

Il ne faut qu'un regard, un jour, un regard bleu mortel pour réveiller le démon qui couve, lâcher bride à la violence. Chassé du cirque familial, Ivan se réfugie auprès d'un mystérieux cormoran qui pourrait être - qui sait ? - la réincarnation de Constantin, le jongleur acrobate dont la maladie et la mort, huit ans plus tôt, ont brisé (ou éveillé ?) quelque chose en lui. Un oiseau qui semble le défier, ou l'inviter à le suivre, vers le nord, toujours plus loin. En chemin, sa route s'unit à celle de Moa-Tao, adolescent au sexe incertain que la violence du monde ne cesse de déchirer, puis à celle de Tom-Boulon, qu'un amour malheureux a détruit et qui convertit tout ce qu'il possède en vodka. La douceur de l'un l'apaise, l'alcoolisme de l'autre l'exaspère, comme le rassure toujours la présence de l'oiseau, le pétrifie dans la rage ce regard bleu trop souvent croisé, totem et démon entre lesquels son âme se déchire.



Aucune critique babéliote de ma part sur Francis Berthelot ?! J'en ai dévoré pas mal, pourtant, à une époque où je ne chroniquais pas encore systématiquement mes lectures. Il figure parmi mes auteurs préférés, particulièrement pour quelques romans issus du Rêve du démiurge, cette série fascinante inscrite entre littérature blanche et fantastique dont le Jeu du cormoran forme le quatrième tome. Nul besoin, pour autant, d'avoir lu les précédents avant de se lancer dans celui-ci : l'univers est le même, les personnages se croisent, leurs histoires se recoupent, mais chaque livre est une oeuvre à part entière, qui s'enrichit des autres sans en dépendre strictement.

Et que je l'aime, cet univers tissé de réalisme et de mystère, d'ombre et de grâce, de cruauté et de tendresse, de violence et de poésie. Que je les aime, ces personnages complexes, entiers, puissants, que leurs dualités déchirent, que d'obscurs démons guettent !

En terme de dualité, on est particulièrement bien servis, ici. Ivan, entre pulsion meurtrière et désir de paix, Moa-Tao, entre masculin et féminin, Tom Boulon, entre autodestruction et désir d'idéal... pour eux tous, la quête d'équilibre est un chemin de croix halluciné, d'une poignante beauté. Il faut dire, aussi, que Berthelot écrit merveilleusement, une écriture vive, ciselée, aussi habile à évoquer la beauté du monde que les ténèbres des âmes, capable de faire de chaque phrase une vision. Un enchantement, dont le seul défaut est d'être (bien que parfaitement calibré) beaucoup trop court !

M'enfin, le Rêve du Démiurge compte 9 romans, dont il me reste encore pas mal à découvrir. Sans compter les redécouvertes, ces livres-là se relisent avec toujours autant de bonheur...
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          80
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et les administrateurs pour leur patience, car oui, j'ai bien tardé à poster cette critique de livre, 19 jours de retard exactement... Car j'étais en panne d'internet pendant tout ce temps et plus encore, car je n'avais plus aucun accès au net depuis le 15 avril... Free est mon fournisseur, qui dépend de France Télécom... Ceci explique cela. Fi ! C'est résolu ce jour à l'instant, et je m'empresse de poster ma critique écrite depuis belle lurette, mais impostable pour les raisons citées ci-dessus. OUf, merci de votre attention. Allez, on passe aux choses "sérieuses". Voici ma critique.

Reçu ce livre dans le cadre d’un Masse Critique – je remercie d’ailleurs Babelio et Dystopia Workshop, éditeur expéditeur de cet ouvrage – je ne m’attendais pas du tout à ce genre d’histoires… Je m’attendais à un récit et un style de genre fantastique et étrange, mais non, enfin si, mais non, mais en fait si… Hum… bon, crache le morceau !

C’est en fait 3 récits qui se suivent sans se suivre. Trois époques, trois « voyages », et de multiples personnages qui ne se croiseront pas ou peut-être que si…

Je suis entrée sans problèmes dans la première histoire, celle d’un enfant malheureux qui cherche à comprendre d’où il vient, celle d’une femme amoureuse qui a beaucoup souffert par cet amour, une histoire de revanche plus que de vengeance, une histoire forte et triste qui se passe après guerre en milieu rural. Puis tout soudain, on est à l’océan, du côté de la Bretagne, à une époque pas très située, peut-être les années 70/80. Le monde circacien se révèle à nous, ainsi que des rancoeurs encore, et des secrets lourds et poisseux. Là, le Démiurge commence à me perdre, pas dans l’histoire, qui est très cohérente, ou si ce n’est cohérente, qui me semble facile à suivre, mais dans les personnages je me perds, personnages dont je ne me sens pas proche, avec lesquels je n’arrive pas à créer l’empathie ressentie avec le premier récit. Je m’ennuie un peu. J’en suis navrée, mais c’est ainsi. Cette quête triste et perdue d’avance me semble-t-il, me laisse un goût amer à chaque fois que je reprends la lecture. Et puis vient la 3ème histoire, et là, Le Démiurge m’a complètement perdue, je n’ai plus envie de continuer, cette histoire de théâtre me laisse complètement vide. Aucune émotion pour moi, je n’aime déjà pas tellement le cirque, et le théâtre, encore moins, et là, il est question d’un drame grec qui m’est hermétique, j’y suis et reste fermée. Impossible de continuer ma lecture, pourtant j’ai essayé, mais rien à faire. Là, le Démiurge m’a perdue pour de bon, réfractaire que je suis au théâtre dans le théâtre, la tragi-comédie ne prend pas sur moi.

En somme, je n’ai ni aimé ni détesté ce livre, il me laisse indifférente. Je reconnais une belle écriture, un style riche et poétique, mais je bloque. Je ne ressens rien pour ces personnages ni pour leur histoire.

Alors j’avoue, j’abandonne au début de la 3ème histoire, car d’autres livres m’attendent, qui eux, me font envie. Encore désolée, mais Le rêve du Démiurge n’était pas le mien. Peut-être, certainement même, l’est-il et le sera-t-il pour d’autres lecteurs, je n’en doute pas. En tout cas, continuons de rêver et d’aimer les rêves des autres, c’est vital par les temps qui courent.

Commenter  J’apprécie          70
Hadès Palace

C'est en commençant ce livre que j'ai réalisé qu'il appartenait en fait à une série... Après un petit moment de panique, j'ai vu que les différents tomes pouvaient être lus de façon indépendante et c'est effectivement le cas soyez rassurés. Ce fut une belle découverte tant au niveau de l'histoire que de la plume de l'auteur qui donne envie de lire tous ses autres romans...



Maxime est un artiste. Le jour où il accède au Hadès Palace, il pense enfin réussir à se faire un nom et devenir quelqu'un. Il va atteindre son rêve qui paraissait si inaccessible, mais le prix à payer risque d'être bien plus élevé que ce qu'il aurait pu imaginer dans le pire de ses cauchemars.



Ce roman est tout bonnement palpitant et envoûtant. Si le lecteur imagine assez rapidement la fonction des différents cercles et surtout une partie de la nature de Mr. Hadès et de son palace, cela n'en reste pas moins une histoire incroyable et effroyable sous bien des aspects. Difficile de ne pas trembler, de ne pas craindre le pire, surtout que les pires horreurs sont commises dans ce palace aux multiples secrets.



L'auteur met en avant les plus sombres désirs de l'être humain dans une version sombre et parfois bien inquiétante. Les relations se nouent dans une tentative désespérée de survie dans un monde à la recherche du "beau" qui utilisera les moyens les plus affreux pour faire en sorte que les artistes dépassent leurs limites qu'elles soient psychologiques ou physiques.



C'est une histoire où il faut s'accrocher afin de ne pas défaillir par moments mais qui amène aussi une belle dose d'espoir et d'amour, de quoi adoucir certains aspects et permettre la construction d'un récit fort et développé. J'ai adoré Maxime et un autre personnage dont je tairai le nom afin de ne pas gâcher la surprise, mais sachez que leur relation est magnifique et quelque peu inattendue...



En bref, une belle découverte que je suis ravie d'avoir faite! Je pense lire d'autres tomes de ce cycle afin de retrouver certains personnages et surtout la plume superbe de l'auteur, car j'en redemande!
Commenter  J’apprécie          70
Hadès Palace

L’Hadès Palace est un étrange lieu. On y accueille des jeunes artistes en quête de reconnaissance, on les héberge dans de somptueux hôtels et on leur donne l’opportunité de se produire devant un public raffiné et avide de nouvelles sensations. Mais attention à ceux qui ne se montrent pas à la hauteur des goûts très précis du maître des lieux, Bran Hadès, et de ses invités : « Le Vrai, Le Beau, l’Extrême ! » Ces malheureux sont envoyés dans le Deuxième Cercle – un labyrinthe souterrain situé quelque part sous le splendide Palace – pour y être « recyclés ». Certains reviennent, d’autres non. Des rumeurs parlent même d’un Troisième Cercle où seraient emprisonnés les disparus… Maxime Algeiba, un jeune mime dont les talents ont attiré l’attention de Bran Hadès, est invité au Palace. Là, dissimulés derrière le faste des salles de spectacle, il découvrira d’horribles et dangereux secrets.



« Hadès Palace » a été, en ce qui me concerne, une très bonne surprise. En mêlant fantastique, poésie et références mythologiques (celles-ci sont légion, avec par exemple la référence très transparente aux cercles des Enfers), l’auteur a réussi à créer une ambiance très particulière, à la fois séduisante et venimeuse, à l’image du Palace lui-même. Berthelot est clairement fasciné par le monde de la scène et il en parle avec talent : les descriptions des prestations des artistes sont particulièrement frappantes et très joliment écrites. Le roman se lit très vite et on arrive au bout sans même s’en rendre compte, je le conseille donc à tous les amoureux du monde du spectacle et de mythologie antique.



Seul petit regret : j’ai découvert en terminant « Hadès Palace » qu’il faisait partie d’une suite de romans plus ou moins indépendants appelée « Le rêve du Demiurge ». Ravie, je me suis précipitée sur Internet pour acheter les autres tomes de la série avant de découvrir qu’ils étaient presque tous impossible à se procurer (ou à des prix à hérisser le poil). Bien dommage.

Commenter  J’apprécie          70
Bibliothèque de l'Entre-Mondes : Guide de lec..

J'ai vraiment trouvé ce livre intéressant. En plus d'être bourré d'idées lectures, il permet de voir la littérature sous un autre jour. le concept me paraît tenir la route et permet de donner une place particulière à ces livres où l'on se demande après les avoir refermés à quel genre il peuvent bien appartenir. Pour ceux qui ne sont pas très friands de classification et autres discussion de genres, il reste le panorama des transfictions où une bonne centaine d'ouvrages sont décrits et pourra alimenter une PàL en manque d'idées.



A noter que le concept de transfictions ne fait pas que des émules et a aussi ces détracteurs. L'avenir nous dira comment il évolue.



Critique plus détaillée sur mon blog.
Lien : https://dragongalactique.com..
Commenter  J’apprécie          73
Khanaor

Khanaor fait partie des premières œuvres de fantasy française. Elle date d'une époque où les auteurs du genre se comptaient, dans notre pays, sur les doigts d'une main.

Le roman de Francis Berthelot est qualifié de "classique et atypique" à la fois, et force est de constater que c'est l'aspect atypique qui ressort à la lecture et qui montre que certaines œuvres ne vieillissent jamais réellement.

En effet, Khanaor possède des caractéristiques qui le rapprochent de la fantasy actuelle, avec son absence de manichéisme et sa manière militante d'aborder les thématiques écologiques et pacifistes.

A travers ses personnages, tout en nuances et très humains, Francis Berthelot appelle aussi à la tolérance et à la paix, en mettant un scène un conflit mais en montrant les moyens de l'éviter et de parvenir à la paix plutôt que les batailles sanglantes d'une guerre.

Ainsi, Khanaor est une oeuvre, qui, malgré son âge, peut encore tout à fait être lue et appréciée.
Lien : https://leschroniquesduchron..
Commenter  J’apprécie          60
L'ombre d'un soldat

La neige ment. Elle enfouit, dissimule, mystifie, et qui saurait dire si sous son manteau immaculé, les choses sont encore ce qu'elles étaient avant ?

La neige ment comme mentent les adultes lorsque le passé s'est fait trop lourd à porter, lorsqu'il faut recouvrir d'un voile lénifiant les vieilles déchirures, les haines irrémédiables. Mais de sous la neige, la boue et le sang finissent toujours par suinter ; de sous le voile, les secrets nauséabonds remontent toujours à la surface, et leurs plus grandes victimes sont rarement les plus coupables - si coupables réellement il y a.

Sur Montaiguières, la Seconde Guerre mondiale est autrefois passée, l'Occupation, la Résistance et leurs drames. Dix ans plus tard, un jeune garçon né avec la paix découvre que rien, du monde de son enfance, n'est vraiment ce qu'il croyait. Que les tensions, les froideurs jusqu'alors familières, dissimulent des gouffres - des gouffres qu'il faut bien regarder pour tenter de comprendre mais qui semblent s'élargir à mesure qu'on les explore et qui pourraient bien tout emporter. Les repères rassurants, l'équilibre facile du bien et du mal, les êtres aimés et jusqu'à la raison même.



Retour au commencement après avoir longtemps pioché un peu au hasard (et toujours avec bonheur) dans les différents romans du Rêve du Démiurge. Dans ce premier tome du cycle, Berthelot construit un très beau texte, bref et puissant, sur l'influence étouffante des secrets et la perte de l'innocence. Un texte composé d'ingrédients au fond assez classiques, auxquels il impose sa patte si particulière, une poésie percutante, écorchée, tourmentée, qui touche fin et juste. Le fantastique qui envahira petit à petit cet univers n'a pas encore pointé le bout de son nez mais le basculement du réel sous le poids des incertitudes l'annonce déjà, dans une atmosphère d'étrangeté vénéneuse tout à fait captivante.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          60
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Livre reçu par Masse Critique.

Ce recueil contient trois récits déjà parus séparément à partir de 1999.

Premier récit : L'ombre du soldat

L'histoire se situe en 1953, le personnage principal est un enfant que nous allons suivre de ses huit ans à la fin de son adolescence.

Je l'ai trouvée très bien écrite et passionnante même si le sujet n'est pas a priori ma tasse de thé (l'après-guerre, la cohabitation entre les anciens résistants et les anciens collabos, la difficulté de pardonner pour pouvoir continuer à faire société).

Le petit Olivier, fils d'un couple d'aubergistes dans un village drômois, a toujours été tenu à l'écart des histoires des adultes, il est né juste après la guerre et ne connait presque rien du passé de ses parents : père prisonnier en Autriche, mère tondue à la Libération pour avoir frayé avec un soldat allemand.

L'année de ses huit ans il reçoit un jouet à Noël : c'est un soldat articulé, l'air d'un vétéran, à l'allure très germanique. Cela va faire remonter en lui tout ce qu'il a probablement entendu inconsciemment dire autour de lui, et ce soldat en quelque sorte lui parle et va le guider dans sa quête de sens.

Et en même temps il va jouer le rôle d'un petit démon intérieur, celui qui vous souffle à l'oreille de faire ce qu'il ne faudrait surtout pas. C'est la version rationnelle, je vous laisse imaginer toutes les alternatives fantastiques que vous voudrez.



Second récit : Le jongleur interrompu

1966, un cirque s'installe pour deux jours dans un petit village de pêcheurs dans le Finistère.

Là encore on peut voir du surnaturel ou pas, chacun sa lecture. J'aime beaucoup ce principe, l'auteur se glisse entre ombre et lumière.

C'est toujours aussi bien écrit, on suit cette fois encore un jeune homme tourmenté, de ce village, qui tombe sous le charme d'un jongleur de ce cirque. Un homme malade qui a voulu venir dans ce coin de Bretagne pour rejoindre le lieu d'une légende qu'on lui racontait enfant. Pendant le spectacle, la maladie est oubliée, les habits de lumière le font resplendir. Une fois le costume enlevé, il n'a plus de feu que dans le fond de ses yeux.



Troisième récit : Melusath

1970, Paris. Dans un théâtre au bord de la ruine, la troupe monte un Oreste et Pylade qui pourrait être leur dernière chance. Mais rien ne va. En en appelant au génie du théâtre grâce à la magie de leur décorateur, un artiste dont l'art du trompe-l’œil est inégalé, ils ont invité un génie bien réel, à moins qu'ils soient sujets à une hallucination collective sous l'effet de substances diverses (ce qui en 1970 n'est pas exclu). Celui-ci, par divers tours de passe-passe plus ou moins impressionnants, va faire l'analyse de toute la troupe et les aider à résoudre ce qui les empêche d'avancer et de mener à bien leur projet.



C'est le récit le plus prenant des trois je trouve, et on y retrouve des personnages des deux autres.



Je tiens à souligner l'intérêt de la préface qui nous donne le contexte et se révèle très utile quand on ne connait pas l'auteur. C'est une très belle découverte, je pense que les autres tomes de cette intégrale ne vont pas tarder à rejoindre ma pile à lire.
Commenter  J’apprécie          50
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Résumé:"« Par-delà sa conception soignée, Le Rêve du démiurge se révèle à de nombreux égards audacieux et d’une très grande richesse. La profusion de personnages qui se croisent et se retrouvent d’un volume à l’autre ne fait que mieux mettre en valeur les figures les plus fortes de son univers. Les manifestations fantastiques montrent une imagination fertile et une constante originalité d’inspiration. […] Les drames familiaux d’ampleur exceptionnelle abondent ; leurs protagonistes ne s’y réduisent pourtant pas, tortionnaires comme victimes ont conscience de leurs pulsions ou de leur condition, et seul le choix délibéré de la cruauté froide empêche la rédemption de certains. […] S’il est possible de lire ces romans isolément, les relations qu’ils tissent les uns entre les autres incitent puissamment à découvrir le cycle dans son ensemble."



MON AVIS: Je ne connaissais pas du tout Francis Berthelot et la lecture de ce premier tome d'une intégrale qui en comprends trois, m'a ravi. Ce volume est composé de trois romans chacun avec un thème diffèrent mais qui met en avant l'âme et le ressenti profond de chaque personnages importants.



Dans "l'ombre d'un soldat" Olivier est un jeune garçon qui sent peser sur lu le lourd passé de ses parents et même son amie Muriel n'arrivera pas à le détourner de ce besoin de savoir quel en soit le prix à payer. Il est aussi en lutte avec lui même, à l'heure où les attirances pointent leur nez, il refuse de s'accepter tel qu'il est.

L'écriture est foisonnante, riche et sombre.



Dans "le jongleur interrompu" j'ai découvert un étrange couple qui évoluent dans un cirque. Un jongleur fabuleux rongé par la maladie et une médium disgracieuse et très douée. Lui aime les hommes, elle, elle l'aime lui. Leur arrivée dans un petit village breton ne va pas passer inaperçu notamment au yeux de "l'idiot" du village et de ses habitants complices silencieux d'un vieux despote que personne n'ose affronter.

Là aussi il y a beaucoup de noirceur, de non-dit, de luttes intestines qui ne sont pas faites pour éclaircir l'horizon. C'est triste et beau, poètique et douloureux.



Dans "Mélusath" je retrouvé trois personnages importants des deux précédents tomes. Olivier, qui a oublié qui il est, Muriel qui retrouve Olivier par hasard dans ce théâtre au bord de la ruine mais que lui ne veut pas reconnaître et Lily-Rhum la médium.

Le fantastique s'invite ici sous la forme d'un "génie" du théâtre prenant vit sous le pinceau d'Olivier/Gus. Le génie Mélusath est la mêche qui va permettre à tous de voir enfin la réalité en face aussi douloureuse soit elle. C'est un bon génie aux méthodes rudes mais qui va permette à à Olivier, Katri, Willfried, Lily-Rhum d'affronter ce qui les bloque et les empêche d'être eux même.



Jamais je n'aurais lu cet auteur sans Babelio et je remercie leur masse critique et les éditions le bélial pour cette belle lecture.



Commenter  J’apprécie          51
Le rêve du Démiurge - Intégrale, tome 1

Le rêve du démiurge est une des plus belles séries fantastiques que j'ai jamais lues.

J'en recommande vivement la réédition chez Distopia Workshop . Trois volumes pour neuf romans (j'écris cela de mémoire).

Les huit premiers romans peuvent presque se lire de façon indépendante les uns des autres. Petite curiosité : le premier roman ne s'inscrit pas dans la veine fantastique.

Privilègiez la lecture des 8 volumes dans l'ordre de parution.. Il y a des liens d'un livre à l'autre et la lecture dans l'ordre chronologique donne une saveur complémentaire à chacun des récits.

Enfin le dernier roman est une mise en abîme des huit premiers. On y fait notamment connaissance d'un écrivain qui ressemble étonnamment à Francis Berthelot. L'ensemble est un pur chef d'œuvre.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Francis Berthelot (257)Voir plus

Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
413 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}