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Critiques de Francisco José Viegas (23)
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Un ciel trop bleu

Je voulais, à l'époque, sortir des polars anglo saxons ou nordiques, qui pour passionnant qu’ils soient commençaient à me gaver.

La lecture de Vargas m’ennuyait maintenant, après m’avoir longtemps enthousiasmé, j’avais épuisé Montalban et Camilleri, je boudais les prix du polar SNCF, des longueurs fastidieuses pour des énigmes pas vraiment convaincantes.

A l’été 2012, une série d’articles du Monde des livres, (http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2012/08/17/francisco-jose-viegas-le-portugal-ne-reve-plus_1746760_3260.html) consacré aux polars européens me redonna espoir, il y avait du Grec, de l’Italien, du Portugais, un genre rare jusqu’alors inconnu, d'ailleurs Gérald Meudal l’auteur de l’article ne précisait-il pas :

«La rencontre était prévisible, inévitable sans doute, même si elle a mis un certain temps à se produire, celle de la saudade portugaise et du roman policier.»

Excité comme un jeune chiot devant sa gamelle, je me précipitai sur Un ciel trop bleu, remerciant au passage la traductrice Séverine Rosset d’avoir traduit littéralement «Um ceu demaziado azul», et l’éditeur de n'avoir pas imaginé un titre, supposé booster les ventes, comme le mort habillé dans le coffre de la voiture, ou l’inspecteur et la stripteaseuse nostalgique, ou encore le dernier bain du mort, je vous laisse fantasmer sur le sujet.

Côté saudade je ne fus pas déçu. Les premières lignes du roman se perdent dans le questionnement d’un narrateur qui s’avèrera être le détective, un questionnement hallucinant sur les pensées du mort allongé devant lui sur une table de la morgue :

«C’était un jour livré à l’inconnu. Un jour indéchiffrable. Que fait un mort pendant toute une journée ?» (Page 11)

L’homme était bien mort, mais «personne ne l’avait recherché dans cet état».

Tout ce qu’il savait de lui est qu’il avait séjourné dans un hôtel de luxe du centre du pays.

J’avoue que ces premières pages demandent de s’accrocher à la lecture, quitte à les relire plusieurs fois pour se mettre dans la peau de l’inspecteur Jaime Ramos.

Jaime et Rosa, «(...) sa voisine du deuxième et, de fait, sa compagne de lit habituelle (...)» (Page 15) ont des projets de vacances à Cuba.

Viennent ensuite une série de tableaux peints avec délicatesse, dans lesquels sont représentés les personnages principaux du récit. Viegas insiste plus sur leurs états d’âmes, leur saudade pour faire simple, pas seulement vis à vis de l'enquête qu’ils dirigent ou dans laquelle ils sont impliqués, mais leur saudade , face à leur vie.

Filipe Castanheira et Isabel sont amants, ils vivent à Ponte Delgada, sur l’île de Sao Miguel dans l’archipel des Açores.

«Il cuisinait pour elle le week-end, elle lui offrait les livres qu’elle jugeait indispensable à un homme pour les soirées solitaires.» (Page 28)

Filipe est inspecteur adjoint de police. Venu volontairement sur l’île en 1988. Cela attise la curiosité de son supérieur Jose Silveira Enes qui s'interroge sur les raisons de sa venue dans l’île et surtout sur la façon dont il a résolu une affaire de meurtre. Filipe esquive :

«Je ne sais pas très bien. Il y a cinq ou six ans, le monde était une grande inconnue pour moi.» (Page 30)

«Enes se comportait comme un père distant et pudique.» (Page 33)

Il cherche à savoir si Filipe voudrait le remplacer à son départ en retraite dans quatre ans.

Derrière cette sympathie, un secret lie les deux hommes. Lorsque la maîtresse de Filipe, Isabel, a été impliqué dans le meurtre de son fiancé, tout en menant l'enquête, Filipe lui a servi d’alibi...démontrant qu’elle ne pouvait être l’assassin...

Filipe accepte la proposition de Enes, mais sa promotion ne pourra se faire qu’à condition qu’il suive une formation à Lisbonne.

Eugénio António Gomes est gardien de la paix à Régua, district de Vila Real au bord du fleuve Douro. Il a découvert le cadavre dans le coffre d’une voiture abandonné, et surtout il a été témoin des circonstances dans lesquelles deux voitures se sont garées au bord du fleuve, et l’une d’elle y a été abandonnée, apparemment sans conducteur ni passager, si ce n’est le mort du coffre.

«Comme il se le rappellerait les jours suivants et probablement à jamais, il n’y avait plus rien aux alentours quand tout était arrivé.» (Page 43)

Jaime Ramos est chargé de l'enquête.

Peu à peu les couleurs subtiles de chacun des tableaux se mêlent, on apprend que Filipe et Jaime se connaissent, que le mort à voyagé aux Açores, à Cancun et à Cuba. Son père a signalé sa disparition : «Horacio Alves Lopes, je crois que c’est le père. C’est le père, parce que la déclaration a été faite par le père. Donc, ce type est relativement important. Le père est celui qui a déposé la plainte, il est lié au gouvernement, tout au moins il est bien placé.» (Page 63)

Les autorités tiennent à ce que Jaime Ramos prenne l’enquête en charge même si Regua ne fait pas partie de sa zone d’activité. Quand il s’en étonne, le commissaire lui répond : « Non ça n’a rien de politique. Mais c’est une question de relations publiques avec un ministère, inspecteur.» (Page 75)

L'enquête le mène sur les trace de Luísa Paulos et Maria Amélia Lobo Correia, deux danseuses topless qui tournent dans plusieurs villes du Portugal. «Topless à une heure, nu intégral à trois heures. Je fais le travail pour deux.» (Page 83)

Sur fond de trafic international, que Jaime Ramos va mettre à jour, l'histoire raconte également la dérive des deux filles parties à la recherche du succès, le traumatisme de la société portugaise qui, après la révolution des oeillets, revient peu à peu à la normale, contrainte par les lois économiques. Les désillusions sont trop fortes pour certains, insupportables. La morale apparaît comme la grande perdante. D’ex communistes deviennent hommes d’affaires, d’autres se perdent à essayer de maîtriser des codes sociaux qu’ils ne comprennent pas. La force du récit est de mêler, l’affaire policière, politico-mafieuse, et une simple et abjecte tentative de domination sexuelle des deux stripteaseuses en mal de succès par des hommes arrivés, protégés par leur position sociale, et assurés de leur impunité.

Roman déroutant, mais roman passionnant, un ciel trop bleu joue avec les codes du roman policier en les rendant lusitaniens.



«La fille qui est là, celle là, Miss Kitty, elle est morte.»

C’est l’autre qui le regarda cette fois, mais d’un air amusé.

«Allons, mon vieux. Elle est peut-être morte pour vous...

Chacun à ses problèmes. Mais c’est bien celle-là qui était ici et qui nous a dit qu’elle quittait le Portugal. Et elle est encore revenue hier pour prendre les sacs d’une fille qui partait avec elle. Un bon contrat, à ce qu’il paraît.. Ces nanas, on n’a pas de nouvelles et un jour on les voit débarquer pour dire qu’elles partent au Mexique ! et allez ! dans une endroit touristique...Elles disent que c’est mieux qu’ici ! pas étonnant !» (Page 517)



Jaime Ramos, n’est jamais en mal de compassion, mais ce qui l’aide à vivre c’est sa croyance dans la réalité du monde qui l’entoure :

« Il n'y avait pas grand-chose en quoi Jaime Ramos crût autant, bien qu'il n'en parlât jamais, qu'en l'éclat orangé de la fin d'après-midi, presque irréel, se posant lentement sur la ville et installant la pénombre dans chaque rue. Cela lui rappelait une chanson populaire des années 1950.» (Page 69)



Le polar portugais : à découvrir absolument.



Je laisse la conclusion à Yann Plougastel du Monde des livres :

« On a longtemps cru que la littérature policière s'écrivait à l'encre rouge et noire. Francisco José Viegas y a mis le mauve de l'horizon, l'écume de la mer et le jaune du soleil. Comment reconnaît-on un de ses romans ? Une phrase suffit. Une phrase qui parle, à la fois, d'un ciel trop bleu, du geste d'une femme dans son sommeil, d'un cigare Cohiba ou H. de Cabañas y Carbajal fumé au soleil couchant, d'une île lorsque le dernier bateau a levé l'ancre, de l'odeur de poisson grillé et du bruit des conversations s'échappant d'un restaurant en bord de plage.» (Article cité)
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Les deux eaux de la mer

Un polar portugais, atmosphère de bord de mer, nourriture et bons cigares.



Le cadavre d’une femme trouvé sur les rochers Açores et des liens avec un autre corps sur le continent. Des enquêtes qui se croisent, l’obsession de découvrir la vérité.



Un style particulier, bien loin des polars nordiques. Le déroulement au ralenti, un peu lourd, comme une journée sous un soleil de plomb.



Avec les vagues de la mer et le vague à l’âme du policier…

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Le collectionneur d'herbe

Ce livre est un polar flou, à l'écriture fine, au ton mélancolico-caustique, où l'enquêteur a l'air de se ficher de son enquête, et l'auteur encore plus. Celui-ci a écrit un polar (l'étiquette est vendeuse ?) mais il semble surtout vouloir écrire sur son pays, le Portugal et ses ex-colonies, sur la beauté de Porto et la cuisine, sur les immigrants russes, sur l'incompréhensible, et aimer ciseler les phrases.

Ce roman a eu pour moi le déstabilisant de l'exotisme, parce qu'il est structuré bizarrement, et parce que j'ai découvert que je ne connaissais presque rien du Portugal, ni son histoire, ni sa géographie, ni sa culture, ce qui ne me permettait aucun point de repère, d'autant plus que ce livre n'est pas spécialement explicatif. Peut-être faudra-t-il que je le relise pour le savourer entièrement...
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Le collectionneur d'herbe

Il s'agit du second livre de littérature lusophone que je lis, et après la lecture de cette histoire, il m'apparaît qu'il y ait un coté politique fort marqué à cette littérature. Cependant, les deux livres lus ayant été écrits par des journalistes, ils peuvent quelque peu fausser mon interprétation de la chose.



Je suis quelque peu dubitatif à propos du collectionneur d'herbe. J'ai aimé l'histoire, car elle est différente au niveau du coté noir. Ce que je sous-entends, c'est le fait que l'approche pour mener l'histoire est totalement différente de ce que je vois au niveau des romans noirs français et ceux américains. Cela, au final, est une manière de voir les choses autrement.



L'histoire, au passage, n'est pas la plus transcendante, elle permet de voyager et de découvrir des personnages assez disparates. Les chapitres sont relativement courts même si je dois l'avouer, je me suis parfois, un peu, perdu dans l'histoire avec ce coté géopolitique marqué (la colonisation de l'Afrique par le Portugal), si on est pas du coin, on se fait vite détrousser. Encore heureux que l'on peu faire une escale en Russie en cas de pépin.



La notion de voyages et de déplacements est assez marquées, on y voyage de continents en pays. Un pas devant l'autre afin d'atteindre son but. Ici par de grandes notions époustouflantes comme on peu en trouver dans les suspenses américains. Ici, on est plus dans un format Colombo ascendant Derrick qui tend à un russophile littéraire amusé. Cela change un peu.

D'un point de vue personnel, j'ai beaucoup aimé les doses d'humour sous forme de répliques un peu incisives voire sarcastiques qui ont donné un coup de fraîcheur à l'histoire qui en manquait absolument.



Dans l'ensemble, c'est un livre qui ne m'aura pas dérangé, qui ne fera certes pas partie de mes inoubliables, mais qui a le mérite de faire découvrir le fonctionnement du pays.
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Le collectionneur d'herbe

La fumette, c'est mal.



Bon, comment le dire gentiment ? Ce n'est pas mon bouquin préféré. Pour tout dire, sur le fond, je ne suis pas sûre d'avoir compris l'histoire. C'est plutôt confus.

Sur la forme, c'est plein de descriptions imagées et colorées, émaillées d'accumulation de détails entre deux virgules, qui donnent des phrases longues, très longues. J'ai l'impression que Francisco José Viegas écrit comme on parle en faisant beaucoup de gestes avec les mains.

Bref, je n'ai pas aimé. Dommage.



Le quatrième de couverture :



Eau aquarelle, forêts et baies sauvages : le fleuve Minho est envoûtant sauf quand on y pêche des cadavres. Deux Russes criblés de balles. Il y a longtemps que Jaime Ramos, chef de la brigade criminelle de Porto, n'est plus surpris par un meurtre, fut-il dans un endroit paradisiaque. Et si cette affaire n'était pas une simple vendetta mafieuse ? Ramos remonte les pistes d'une riche famille portugaise dont la dernière-née a pris la fuite et d'un mystérieux collectionneur des herbes les plus rares du globe...



#chroniques #livres #polar #FranciscoJoséViegas #LeCollectionneurdHerbe #EditionsPoints
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Le collectionneur d'herbe

Porto, de nos jours.



Des cadavres de russes, d'Ukrainien découverts criblé de balles et partiellement brûlés dans des voitures.

Une jeune femme de la bonne société portugaise disparue.

Deux affaires à première vue sans rapport l'une avec l'autre, et pourtant.



Un très bon polar portugais.

Une équipe de flics à l'ancienne très attachante et une intrigue bien ficelée.

J'ai aimé me plonger dans cette histoire addictive.

Un bon roman policier portugais que je vous recommande.

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Le collectionneur d'herbe

J'étais assez impatient de découvrir cet auteur portugais que je ne connaissais pas encore et ce fût malheureusement une déception pour moi.



Je vais être clair tout de suite, je n'avance en aucun cas que Francisco José Viegas ne fait montre d'aucun talent. Bien au contraire, il y a dans ce roman des qualités littéraires indiscutables et la plume est belle.



Mais voilà, à aucun moment je ne suis rentré dans ce roman, je n'ai rien ressenti et j'étais complètement détaché tous le long du livre à tel point que le terminer a été plutôt douloureux. Pourquoi ? Moi qui suis pourtant plutôt très bon public...L'enquête policière commence plutôt bien, les personnages apparaissent comme intéressants dès le début, mais rapidement l'auteur se perd dans des détails ou histoires annexes qui viennent polluer la trame principale.



Alors je me suis bien sur dit que tout allait se rejoindre à un moment. Cependant, comme je n'avais pas accroché, je n'ai pas réussi à suivre l'enquête, je ne suis d'ailleurs même pas sur d'avoir bien compris la fin...



Je n'ai pas grand chose de plus à ajouter, je ne peux donc ni conseiller, ni déconseiller ce livre. Pour ma part, il sera rapidement oublié.
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Le collectionneur d'herbe

Mais dans quel monde vit-on ?



Tel un leit motiv,Jaime Ramos* nous renvoie la question au fil des 350 pages.

N'attendez rien ici sur l'intrigue dans ce commentaire à chaud ** après une soirée perturbée.



Suis un peu dans le même état d'esprit qui fût le mien ( et pas seulement ) à la sortie de la projection de Pierrot le Fou (JL Godard réalisateur en 1965) un après midi au quartier latin.

Depuis ,à chaque occasion, puisque revu six fois, depuis,je me dis :"Mais bon sang t'es nul, cette séquence est la clef d'où part le fil de l'intrigue " comme quoi, selon son état d'âme et ses dispositions du moment (repas trop arrosé ,petite amie peu motivée ou peu cinéphile etc...) on peut découvrir que l'on avait fait fausse route .

Dans ce "récit policier" qui souvent prend des allures d'essai socio politique (je sais peu du Portugal ,de la Lusitanie ou de l'Empire tissé par les grands explorateurs des siècles passés ), m'intéressant plutôt aux chevaux d'exception produits dans ce pays (les Lusitaniens ).





Tout comme je viens de digresser plus haut ,vous serez promené au long des 50 brefs chapîtres dans les méandreuses considérations du chef de la crim' de Porto tant sur le colonialisme, achevé dans la débâcle de la Révolution des oeillets que sur les reconversions commerciales des officiers dans les "affaires " dans les anciennes colonies (Brésil inclus) sans omettre ses recettes de cuisine détaillées qui font saliver !



On peut s'aider d un atlas ,ça ne nuit pas et permet ,incidemment, de briller auprès de jeunes ignorants/es ,on peut comme j'en eus plusieurs fois l'envie, balancer le bouquin à travers la pièce (si l'on vit seul ce qui est mon cas présentement. )

On peut aller voir si d'autres lecteurs ont eu d'identiques velléités (j'avoue avoir jeté un oeil sur les avis de babéliotes inspirés/ées) mais un contrat se doit d'être respecté comme aiment à le rappeler les banques aux insouciants emprunteurs.



Au final pas déçu ,pas non plus enthousiasmé*** mais sans doute ,comme pour les films de JL Godard, un tel roman gagnerait à une relecture détendue ,comme celle du Petit Prince ,au coucher de ses petits enfants un soir d'été sur la terrasse.



Honnêtement je ME POSE la question "C'est quand ton prochain voyage dans ce si beau pays ?"



* Chef de la Brigade Criminelle de Porto

** Notre Dame en flammes c'est perturbant 15/04/2019

*** "Tu veux dire dubitatif ??" ...suffit d' le dire ... ?!!!



Nb:La petite musique déroulée en lisant ces pages fut la chaude voix de la défunte capverdienne Cesaria Evora mais vous pouvez aussi découvrir Katia Guerreiro ,Cristina Branco voire Teofilo Chantre ou même Bonga pour les 68tards.

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Le collectionneur d'herbe

Malheureusement j'ai l'impression de ne pas avoir compris où l’auteur voulait nous mener dans ce récit... je n'ai réussi qu'à effleurer l'intrigue ainsi que les personnages.

Le style ne m'a pas convaincu à mon grand regret, des phrases interminables et tortueuses avec énormément de digressions dans le fil du récit, je me suis perdue au fil de l'histoire.

J'aurais vraiment voulu aimer et connaitre l'univers de l'auteur à travers cette histoire mais l’écriture m'a empêché d'y entrer vraiment. Dommage.
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Le collectionneur d'herbe

Il est rare que je ne termine pas un bon polar. Je ne suis pas allé au bout de ce livre qui ne manque pas de qualités littéraires.

Un bon roman policier doit se caractériser par plusieurs éléments ; une intrigue, des personnages qui portent l’histoire, un site qui suscite intérêt, une ambiance et un style. Francisco José VIEGAS nous offre toute cette palette avec, en plus, un certain lyrisme qui m’a plu.

L’histoire se déroule tout au nord du Portugal, entre Porto et l’embouchure du Minho, qui marque la frontière avec l’Espagne que les protagonistes traversent parfois pour se rendre à Vigo en Galice. Nous sommes dans un Portugal contemporain, avec des immigrés venus de Russie ou d’ailleurs. Mais on sent aussi les traces du Portugal du temps de Salazar, des grandes familles et de son empire africain.

L’intrigue n’est pas facile à suivre et on savoure plutôt l’ambiance et les décors.

Je n’ai pas pu finir le texte car il manquait un élément que ne peuvent pas compenser ses autres qualités humaines et littéraires. Un bon polar, comme un bon film, doit happer son public par un rythme qui séduit et emporte. Dans un film, l’étape finale de montage serait décisive. Tout auteur qui pense à ses lecteurs, et pas seulement à son œuvre, doit s’assurer de l’apport d’un bon éditeur qui est l’avocat du public. L’écrivain doit évidemment avoir le dernier mot, ou plutôt l’avant dernier mot avant celui du lecteur. Ici l’éditeur a failli, mais il a des excuses car l’auteur a dépassé les limites habituelles du polar qui peuvent le reléguer au rayon ‘bas de gamme’ de l’édition. L’effet final n’est pas une réussite pour le simple lecteur que je suis. Trop de personnages, une histoire complexe et un récit qui n’a pas su retenir mon attention malgré mon intérêt pour les lieux et pour des personnages à cheval entre le monde modern et le Portugal d’un autre âge.

Francisco José VIEGAS serait, selon la quatrième de couverture, un grand maître du roman noir portugais. En 2005, il a obtenu l’équivalent portugais du Goncourt. Mais ce titre, de 2013, est publié dans la série Policier Points. Il n’est pas dit que l’auteur a été Ministre de la Culture de son pays. Auteur complexe pour une œuvre qui l’est un peu trop pour ce lecteur.
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Le collectionneur d'herbe

Une enquête de l’inspecteur Jaime Ramos à Porto.



Cette fois, l’affaire dont il hérite va l’obliger à remonter trois fils parallèles : pourquoi deux Russes viennent-ils se faire assassiner dans le Minho ? Pourquoi une jeune fille de bonne famille disparaît-elle brusquement ? Et, surtout, qui est ce mystérieux collectionneur d’herbe qui envoie un jeune ingénieur parcourir les ex-colonies portugaises ?



J’ai aimé suivre les enquêtes dans la ville de Porto visitée l’année dernière (j’y retournerai bien), ainsi qu’en Angola (voyage qui me tente moins) ou au Cap Vert (pourquoi pas).



J’ai aimé découvrir cet inspecteur féru de littérature russe, et dont on devine la passion pour l’Union soviétique.



Ses deux brigadiers sont eux aussi intéressants à découvrir et à suivre.



En revanche, j’ai moins goutté la succession des chapitres qui suivent des personnages différents de l’histoire. Il m’a fallu parfois un temps certain avant de trouver de qui parlait ce chapitre, et, c’est quelques fois resté un mystère.



Après tant de détails donnés sur chacun des protagonistes, j’ai trouvé la fin un peu succincte.



Mais j’ai passé un agréable moment de lecture pendant les ponts de mai. Le récit se déroule également pendant le mois de mai très pluvieux à Porto.



L’image que je retiendrai :



Celle de recettes de cuisine disséminées dans le roman et qui m’ont mis l’eau à la bouche.
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Le collectionneur d'herbe

Sous une trame policière tenue, Le collectionneur d'herbe se présente avant tout comme un roman sur la mémoire. Dans une langue à l'invention limpide, Francisco José Viegas procède par strates. Le collectionneur d'herbe entasse les détails, toujours d'une précision palpable, où peu à peu se dévoile le rapport singulier entretenu par chaque personnage avec son passé. Du communisme aux colonies, avec une ambition éminemment littéraire, Le collectionneur d'herbe est un roman magnifique, mélancolique et ironique.
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La mer à Casablanca

J’avais beaucoup aimé la précédente et première enquête de Jaime Ramos, enquêteur en chef de la brigade criminelle de la PJ de Porto.



J’avais envie de retrouver le Douro, ses vignobles en terrasse, l’océan pas loin.



L’enquête précédente était déjà compliquée, mais celle-ci l’est plus encore qui nous emmène dans le passé coloniale du Portugal, à Luanda plus précisément.



Le récit fait donc des aller-retours entre l’enquête en cour et l’Angola au moment de son indépendance, dans les années 1970.



Le jeune Jaime Ramos est alors un militant communiste amoureux, prêt à tout pour les beaux yeux d’une fille.



J’ai retrouvé avec plaisir les berges du Douro, même en cet automne pluvieux.



J’ai appris des choses sur l’histoire de l’Angola, son accession à l’indépendance, le difficile retour des colons, les barbouzes supposés décédés que l’on retrouve 40 ans plus tard.



Et Casablanca, me direz-vous ? Jaime Ramos se demande pourquoi dans le film du même nom, on ne voit jamais la mer.



Une enquête qui prend son temps.



L’image que je retiendrai :



Celle du premier meurtre : un cadavre nu avec une chaussure taille 45 et l’autre taille 46.



Une citation qui revient en leitmotiv :



L’automne, la saison de l’obéissance.
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Les deux eaux de la mer

80 pages et puis s'en va...

Si ce livre était resté presque 15 ans dans ma PAL, c'est sans doute parce que j'avais un mauvais pressentiment.

En relisant le quatrième de couverture, tout semblait tellement prometteur.

Le premier problème vient quand au bout de 80 pages, on n'a pas encore atteint la moitié des infos de ce quatrième... Il y a comme un problème. Parce qu'on parle quand même d'un livre policier avec une double enquête en parallèle ! Donc pour les amateurs d'enquêtes policières, il faudra repasser. On est proche du néant complet. 2-3 dialogues vaguement orientés, une visite d'appartement et quelques interrogations. Mais pas plus.



Par contre, si vous cherchez une recette complète d'une poêlée de poissons et de fruits de mer, si les dimensions exactes d'une vingtaine de marques de cigares vous intéressent, si votre GPS est en panne et vous avez besoin d'une carte précise de l’île San Miguel aux Açores, alors ce livre est fait pour vous et vous ne serez pas déçu.



Pour les autres, passez votre chemin.
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Le collectionneur d'herbe

Lecture dans le cadre de la sélection des lecteurs du prix du polar des éditions Points

Dès les premières pages, ce polar (?) annonce la couleur. Il est atypique. Il ne se fond pas dans la masse. Plutôt un bon point pour lui car je dois dire que des quasi copier-coller de livres policiers, ces derniers, je commence sérieusement à m’en lasser. Une chose est certaine : je ne me jetterai plus sur le dernier d’entre eux ( ni policier ni thriller d’ailleurs) paru. J’ai l’impression de lire sans cesse la même histoire, avec quelques variantes seulement. Et quand à la fin de l’année, je fais le bilan de mes lectures, je n’ai plus qu’un souvenir imprécis de la majorité d’entre eux. Alors certes, j’en lirai certains mais je vais devenir vraiment très sélective avec ce genre.

Ici, il n’en est rien. Des histoires comme celle-là, je n’en avais jamais lues. Une histoire de meurtres, oui, mais abordée très différemment de ce que j’ai pu découvrir jusqu’ici. Un style qui sort de l’ordinaire. Plat diront certains. Intéressant à mes yeux.

On ne rebondit pas de péripétie en péripétie, c’est un fait. Mais d’autres qualités sont appréciables comme par exemple lorsqu’on est en présence d’un auteur qui ne lésine pas sur les descriptions et qui immerge le lecteur dans la vie de ses personnages. Les premières pages, quoique un peu « brouillon « , me paraissaient tout de même prometteuses. J’apprécie d’entrer dans la vie des protagonistes. Je raffole des descriptions de lieux qui m’invitent aux voyages. Un cocktail savoureux. Pour les trois quarts du récit du moins.

Puis, tout à coup, le soufflé est retombé. Car derrière cette mer calme, j’attendais qu’arrive la tempête. Des secrets dévoilés ? Des détails passés longtemps sous silence enfin révélés ? Rien de tout cela malheureusement.

Si mon avis est assez mitigé sur ce livre, je ne me montrerai pas pour autant très négative à son sujet car il a pour mérite de sortir des sentiers battus. Et ces derniers temps, peu d’auteurs m’ont fait fouler de nouveaux chemins.

Et ce petit goût de poésie ( en me renseignant sur l’auteur, j’ai pu découvrir qu’il était aussi poète, ce qui ne m’étonne pas à la lecture de cet opus) est bien agréable…
Lien : https://labibliothequedeceli..
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Le collectionneur d'herbe

J'ai lu ce livre dans le cadre du prix du meilleur polar organisé par les éditions points. Un grand merci à eux de m'avoir sélectionné.



De quoi ça parle ? «Eau aquarelle, forêts et baies sauvages : le fleuve Minho est envoûtant sauf quand on y pêche des cadavres. Deux Russes criblés de balles. Il y a longtemps que Jaime Ramos, chef de la brigade criminelle de Porto, n'est plus surpris par un meurtre, fût-il dans un endroit paradisiaque. Et si cette affaire n'était pas une simple vendetta mafieuse ? Ramos remonte les pistes d'une riche famille portugaise dont la dernière-née a pris la fuite et d'un mystérieux collectionneur des herbes les plus rares du glob. »



Bon cette chronique ne va pas être bien longue !

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je n'ai pas du tout aimé cette lecture … Je pense même que je n'ai rien compris à ce livre !

Au début ça commençait vraiment bien avec la découverte de 2 cadavres, j'étais assez à fond mais très vite on perd le rythme, ça se traîne, l'auteur nous fait un bon tour des paysages Portugais. Le côté immigration est assez intéressant mais n'aura pas suffit à me tenir. J'ai eu 0 attaches aux personnages, j'ai perdu très vite l’intérêt de l'intrigue et pour tout dire j'ai faillie abandonner à l'approche des 200 pages mais je me suis fait violence pour le finir.

La plume de l'auteur est néanmoins agréable ce qui m'a aidé à le finir !

Grosse déception pour moi, la première sur les 6 livres que j'ai lu pour ce prix dons rien de grave !



Note 3/10
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Le collectionneur d'herbe

Abandon pour moi, au bout de 150 pages où je me suis accrochée pourtant.......

Je n'ai pas compris où l'auteur nous emmenait.

Des descriptions à n'en plus finir, que j'ai jugé totalement inutiles....

Hormis la découverte des Russes mort en début de livre, après je n'ai pas du tout été dans l'intrique, inexistante pour moi......

Dommage, j'ai lu ce livre dans le cadre de la sélection des lecteurs du prix du meilleur polar Points....
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Le collectionneur d'herbe

LES LANGUEURS OCEANES



Nonchalamment.

Ramos est porté par la saudade, le temps s’écoule, l’écho du passé bruisse à ses oreilles, un pas un autre, des meurtres, une disparition, son pas résonne et il contemple ce paysage comme on s’émerveille devant un tableau. Le chef de la brigade criminelle rejoint son nid, sa tribu, deux russes assassinés, une jeune fille volatilisée et cet ingénieur qui fait des allers-retours dans les anciennes colonies. Son patron est dans les affaires et il a un secret penchant. Il collectionne les meilleurs cannabis du monde entier.



C’est mon premier polar portugais et de ce fait j’ai découvert la plume de Francisco José Viegas qui est considéré comme un maître du roman noir de son pays. Le collectionneur d’herbe est le dixième opus qui met en scène Jaime Ramos. Après deux romans parus en 2005 et 2006 chez Albin Michel les éditions Mirobole reprennent le flambeau. En premier lieu, il convient de noter que l’intrigue n’est pas la finalité - le suspense est quasi inexistant - puisque l’auteur choisit de créer un socle pour développer une description minutieuse des personnages, une peinture poétique des lieux et une atmosphère cotonneuse. Dans ce contexte l’auteur introduit une temporalité dont il nourrit le récit en évoquant des fragments d’Histoire de cette ville, de ce Portugal - et de ses territoires extérieurs - et il le confronte au quotidien. Cet aller-retour entre présent et passé est la matière première du roman. S’y dégage ce blues incarné par le personnage principal.



Pour accéder à cette dimension à la fois panoramique et intime le talent de l’écrivain est ici tout à son aise. Tous ses portraits, ces paysages défilent au rythme de ses élans expressifs. Mais la situation est grave - on en viendrait presque à l’oublier. Ce Maigret sans pipe va trouver sur son chemin un fumeur d’herbe. Par le biais de personnages annexes l’enquête fait des enjambées sur le continent africain, au Brésil et au Cap-Vert. Peu à peu, la minutieuse alchimie produit son effet, la vérité sur cette affaire prend corps.



Si Le collectionneur d’herbe est un roman policier il est aussi et surtout l’histoire d’un homme et de ses rencontres, un policier qui apprécie la littérature russe, qui affronte son quotidien avec les stigmates du passé - avant que les historiens ne la policent. C’est en s’imprégnant de ce précieux et parfois douloureux matériau qu’il parvient à élucider ses affaires. Emotion et charme se conjuguent pour offrir un roman rythmé par le blues portugais. On se laisse porter par les langueurs océanes de Porto.

Le collectionneur d’herbe, Francisco José Viegas, éditions Mirobole, traduit du portugais par Pierre-Michel Pranville, parution : 01/03/2018, 352 pages.
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Le collectionneur d'herbe

Quand j’ai lu la 4ème de couverture de ce roman, je me suis dit que j’étais ravie de découvrir un polar portugais.

L’histoire s’ouvre sur la découverte de trois cadavres. Deux hommes russes sont trouvés morts, criblés de balles, dans une voiture partiellement carbonisée, puis celui d’une jeune femme dans la vase au bord du fleuve. Jaime Ramos et son partenaire, disons plutôt serviteur et souffre-douleur, Isaltino sont chargés de l’enquête. Dans le même temps, le commissaire leur demande comme une faveur de retrouver la fille d’un riche notable qui s’est volatilisée. Olivia, membre de l’équipe de Jaime s’occupe de retrouver la jeune femme.

Donc tout démarre comme un polar. C’était le but me direz-vous ?

Oui mais à partir de là, on s’enlise dans des descriptions du paysage portugais. Puis on a droit à une biographie minutieuse de chaque personnage de ce roman. De polar, on bascule dans une analyse sociétale du Portugal en remontant sur des décennies. L’auteur nous parle de l’Angola, du Cap Vert, du Brésil et de Kaboul. Sans oublier la partie russe de cette histoire avec une analyse de cette migration soviétique vers ce Portugal, petit pays coincé dans un coin de la péninsule ibérique.

C’est intéressant, on y apprend beaucoup de choses notamment en matière d’espionnage, de trafics d’armes et de drogue, de malversations financières. Jusqu’à perdre complètement de vue la trame polardesque du départ. Et en même temps, tant mieux car cette trame reste très classique et sans réelle surprise.

La surprise vient plus de la façon dont l’auteur profite de chacun de ses personnages pour faire ressortir un détail qui va lui permettre d’entrainer son lecteur dans un autre lieu, à une autre époque et ainsi, peu à peu, conter l’histoire ou le paysage de son pays ou de ses colonies.

Alors non, ce n’était pas le polar que j’attendais. Mais c’est un roman intéressant auquel j’ai certes eu du mal à accrocher mais qui m’a quand même amener jusqu’à la fin avec le sentiment d’avoir découvert un pays que je n’ai jamais encore visité.


Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Le collectionneur d'herbe

Est-ce un polar, comme l'indique l'éditeur ? Certes il y a des morts et une enquête qui sert de toile de fond, mais Viegas s'en désintéresse rapidement à travers de longues digressions qui racontent un demi-siècle de l'histoire du Portugal, de la Révolution des Oeillets à nos jours. Le collectionneur d'herbe est un roman choral, une série de portraits et de tranches de vies : l'inspecteur Jaime Ramos, observateur immobile d'une affaire qui n'avance pas ; son adjointe Olivia qui fait cavalier seul ; l'ingénieur Dos Santos Povoa, qui met ses compétences au service du collectionneur d'herbe ; le général qui a combattu en Angola ; la mystérieuse Paula dont on ne saura pas quel était le rôle exact... Tous ces personnages qui se croisent sont les pièces d'un puzzle que Viegas choisit de décrire sans l'assembler. Au lecteur d'imaginer ce qui s'est passé et de se laisser porter par le style et la langue de l'auteur. Le collectionneur d'herbe n'est pas un polar palpitant, mais un roman fascinant, de la pure littérature policière loin des canons des best-sellers actuels.
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