François Place

Le soir, je restais des heures allongé sur le pont à contempler les étoiles, bercé par le choc répété des vagues sur l'étrave empanachée d'écume. Je rêvais de mondes perdus, d'îles oubliées, de terres inconnues. (p. 10)

T'es trop bizarre, comme fille. Du genre à planer sans prendre de substance. Des fois, faut atterrir.

On se souvenait qu'elle avait promulgué plus de trois mille cinq cent lois votées au Parlement, qu'elle avait rencontré les plus grands chefs d’État, qu'elle avait eu près d'une quinzaine de Premiers Ministres avec lesquels elle s'était entretenue chaque semaine. Mais qu'elle avait aussi, grâce à la magie du téléviseur, pénétré dans chaque foyer, ponctuant de sa présence souveraine des millions d'événements vécus dans l'intimité familiale. Plus des trois quarts de la population avaient vécu sous son règne. Son image était indissociable des bus à double pont, des anciennes cabines téléphoniques et des chapeaux extravagants au Royal Ascot. Une mamie omniprésente, à la fois aussi proche qu'un napperon de dentelle et aussi lointaine que les astres du firmament.

Eliot se dandinait sur sa chaise, essayant de trouver les réponses qui le montreraient sous le jour le plus favorable. La vieille dame était d'une habileté diabolique, alors qu'elle n'avait même pas préparé de questionnaire. ça lui venait tout seul, entre deux lapements de porto. Elle était, au minimum, troisième dan d'aïkido en interview.

L'amour est un brouillon, Eliot, je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à le mettre au net.

La disparition d'Élisabeth II pesait des tonnes de fleurs, des tonnes de chagrin.

Si nos existences se limitaient aux images qui nous représentent, nous serions des pantins condamnés par un dieu méchant à refaire toujours les mêmes gestes, soumis aux lois du spectateur cruel qui peut à volonté accélérer ou ralentir, arrêter une attitude, une expression, n'importe quelle révélation de l'ordre de l'intime. Et notre existence s'effacerait au profit de ce que l'on voudrait retenir de nous.

La reine est morte, son âme s'est envolée. Tu sais que quand on meurt, on se transforme en animal ? Eh bien, une reine, quand elle meurt, elle se transforme en tigresse. Et cette reine-là, la reine d'Angleterre, comme c'est une très grande reine, la plus grande reine du monde, elle se transforme en tigresse blanche. Tu me crois, maintenant ?

- Pourquoi il pleure ?
- C'est rien, ma chérie, c'est juste des histoires de grands, dit sa mère avec une pointe de tristesse, il est amoureux...
La petite fille se tourna vers elle en attendant la suite.
... mais il ne le sait pas, conclut la maman en la serrant dans ses bras.

Cela ressemblait à un coup d'état qui s'excuse. L'atmosphère résultant de ce déploiement de forces marchant sur la pointe des pieds mettait mal à l'aise. Après tout, c'est comme ça qu'on bascule d'une époque à l'autre, d'un régime à l'autre, on se fait refouler sans aucune autre explication qu'un animal échappé du zoo, on obéit sans comprendre ... et, quand on se réveille, il est trop tard, on a changé de pays, changé de lois.

Mirabelle
Tous les marquis de Sinistrobule sont des arrivistes arrogants, méchants, fielleux, à faire leurs coups par en dessous ou par-derrière, et à se hausser du col comme des coqs perchés sur leurs tas de fumier.

Balthasar
Des faux derches, des jaloux, des envieux, des paranos.

Mirabelle
Mais pas toi, mon Sigi. Toi, tu n'es pas comme eux. On l'a tout de suite vu. C'est pour ça qu'on t'a pris sous notre aile.

On vint prévenir Garance. Le peintre avait échappé de peu à la capture, il était en fuite et devrait sans doute passer la frontière. Il y avait pire, cependant: les dragons fouillaient les alentours, à la recherche de ses deux protégées. Le Seigneur était sur leurs traces. Il avait juré de prendre Garance, et remâchait l'humiliation de la voir lui échapper. Maintenant, il voulait à tout prix la faire juger et condamner au bûcher, comme femme sans religion, et si possible sorcière, parce que des témoins l'avaient vue en compagnie de bohémiens.

Elle s'assit d'un coup, les yeux perdus dans le vague, le poing noué sur sa bouche ouverte. Où fuir?

Mirabelle
Sigi, Sigi ! Tu as une idée derrière la tête. Je le vois à ton œil!
Sigismond
Mieux qu’une idée, ma tante, une inspiration ! Je vous promets un coup d’éclat qui résonnera dans les capitales les plus lointaines et qui propulsera
la Minotruche au firmament des nations civilisées : un banquet !
Balthasar
Je cours prévenir mon cuisinier.

Balthasar
C’est grandiose, c’est fabuleux ! On mange la baleine !
Sigismond
C’est ça, l’idée du banquet. On la mange tous ensemble.
Mirabelle
Tu es génial, mon Sigi ! Génial ! J’adore l’idée ! Je t’adore !
Balthasar
Feu d’artifice ! Feu d’artifice !
Mirabelle
Danses folkloriques !

Sigismond
Ma tante, mon oncle, heureusement
que j’ai fait des études. Je suis là. J’ai la solution. Sachez que la grandeur d’un pays ne se mesure pas à sa surface. D’autres critères sont bien plus importants :
sa fierté, son panache, son rayonnement.

C'est l'histoire d'un homme qui découvre une carte dans une dent de geant.Il part à l'aventure en espérant trouver ces géants .Il les trouves ,les étudient et écrit une encyclopédie de 9 tommes. Personne ne croit en leurs existances.Durant les colonisations les géants géants sont trouvé et tué.Archibald n'écrira plus jamais.Déçu de la mort des géants.Il devient matelot et se fais tatoués

Séraphine, en achevant de grandir, ressemblait de plus en plus à sa mère, légère, ardente au travail, et le même éclat dans les yeux Sa gaieté, la douceur de son rire aidaient à franchir les hivers.

Elle s'approche
Elle avance vers lui
Un doigt posé sur les lèvres
Chuuut
Ils ont tout le temps devant eux
Pour apprendre d'autres langues
La grâce d'un visage
La perle du regard
La soie de la peau
Et leurs cœurs battent ensemble
En se passant de mots

Du fond du fleuve remonte l'ancienne mémoire
La mémoire de l'eau qui court
La mémoire de l'eau qui chante
Du ruisseau babillant
Du torrent rugissant
De l'ample rivière opulente
Et l'infinie patience des mille doigts de la pluie
Qui frappent en cadence la tombée de la nuit

Je ne suis ni pape, ni marchand de légumes, ni roi du Groenland, ni eskimo, ni sorcier zoulou ! Je suis capitaine, je n'ai pas de trésor et je veux MON BA-TEAU !