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3.38/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Aix-en-Provence , 1989
Biographie :

François-Régis de Guényveau travaille dans le conseil en stratégie (KEA&Partners) après avoir, entre New-York, Madras et Saïgon, travaillé dans le marketing digital.

"Un dissident" est son premier roman.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
J'étais perplexe. Après avoir rendu le monde inhabitable, la plupart des grands capitalistes se rachètent une conscience.

Avec Wen Zhao, c'était l'écologie. Ici, ce pouvait être l'art. On devenait mécène, collectionneur, sponsor de fondations. On dissimulait ses turpitudes dans la sauvegarde d'une beauté dont on ne comprenait ni les codes ni les nuances, puis on exhibait ses tableaux comme on exhibait autrefois ses conquêtes industrielles. L'art comme instrument de pouvoir. L'art comme nouveau territoire stratégique...
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« C'est pas si facile la vie d'artiste, dit-il en expirant sa fumée bleue. Tu t'imagines peut-être que l'art échappe aux lois de l'économie de marché, mais pas du tout. L'art obéit rigoureusement aux lois du marché. Il y a une offre et une demande, des coups marketing, des stratégies de croissance. Et puis c'est devenu très dur de soutenir des créations originales. »

Je le sentis lancé, embarqué dans son monologue existentiel. Je me débouchai un deuxième litron.

« En musique, c'est encore faisable parce que c'est un art abstrait, dénué d'opinions. Je ne te parle pas de la variété hein, parce que là c’est complètement déprimant, on n'entend plus que des conneries d'activistes ou de dégénérés. Non, je te parle de la musique pure. Électro, classique, jazz... Cette musique-là n'a pas de thèse, pas de message à faire passer. Elle constitue une expérience sensible totale. Là, oui, tu peux explorer de nouveaux territoires artistiques sans jamais craindre d'être censuré. Mais dans les autres champs de créativité, c'est devenu pratiquement impossible. Les lois de la rentabilité sont de plus en plus connues, de plus en plus certaines. Plus personne n'échappe à la normalisation. »
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C'est quoi ton thème ?

~ La beauté, dit-il avec une candeur sincère.

J'aimerais traiter de la beauté des femmes. Toutes les femmes. Quelque chose qui rende compte de l'état d'ébahissement qu'elles peuvent produire. »

June toussa bruyamment, se redressa.

« Me dites pas que je suis la seule que ça choque ?

- Qu'est-ce qui te choque ? fit Léonard.

- Qu'est-ce qui me choque ? Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? De la violence que ça peut représenter ?

- La beauté des femmes ? C'est ça qu'est violent ? Tu préférerais que je parle de leur laideur ?

- Y a plein d'autres sujets ! s'insurgea-t-elle.

Pourquoi faut toujours que vous parliez de ça ! On dirait que t'as même pas conscience de l'influence culturelle que tu subis. »

Elle se tourna vers nous.

« Et vous, vous dites rien ? »

Silence.

« Vas-y, ça me soûle, conclut-elle en quittant la table, manquant de renverser la carafe.

- Attends ! fit Léonard.

- Laisse, trancha Camille.

~ Good night, white male! » lança June à l'autre bout du réfectoire, avant de claquer la porte.

Un long silence s'abattit dans la salle.
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(…) mon poste s'était révélé d'un ennui mortel, malgré l'intitulé tapageur de mes projets -- « Dog Day Célébration », « Zhao Tech iRobot launch », « Positive Impact Program » --, ma tâche consistant, pour faire simple, à écrire de courts discours sur les réseaux afin de faire passer les activités hyper-lucratives de Zhao Tech pour un progrès ou une contribution au bien commun.

Je ne croyais plus au « progrès », je n'adhérais plus au « bien commun », et je me traînais à présent sur les quais de Seine, où des étudiants ivres s'embrassaient au-dessus des miroitements en jouant les bohèmes. La vie était décevante. Mes quelques mois chez Zhao Tech avaient eu pour seul mérite de me révéler mon antimonde, l’univers des fausses vertus dans lequel je ne voulais plus vivre. Qu'est-ce que fallais faire maintenant ? Je ne me reconnaissais nulle part. Ni dans les utopies technophiles de cadres dirigeants, ni dans le spleen de ces jeunes qui en pincent pour les artistes maudits. Tous appartenaient au même monde d'illusions. Je m'allumai une cigarette. Une péniche passa dans l'air iodé.
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Elle sourit, et je crus déceler dans ce sourire une connivence intellectuelle.

Je me trompais.

« Tu connais le concept de mansplaining ? » lança-t-elle d'un ton sec.

Boum. Une situation où un homme explique à une femme, de manière condescendante, ce qu'elle sait déjà. J'avais appris ça de la bouche de Léonard pas plus tard qu'il y a trois mois, lors de nos soirées pinard et cochonnailles, passablement rétrogrades.

« Je plaisante, lâcha-t-elle en explosant de rire, tandis que je cherchais encore des excuses. Pauvres petits mecs démunis... On est arrivé à un stade où le moindre soupçon de machisme vous paralyse. »

Elle expulsa sa fumée sur mon visage.

« Je m’en tape du mansplaining, dit-elle.

D'autant que c'est pas inintéressant ce que tu racontes. Juste un peu intello pour une première approche. Tu dois être un mec timide. »
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Je me mis à lui parler de mes origines de piètre commercial, du choix de la prépa et des études mainstream, de l'absurdité de mes stages où les chiffres et le politiquement correct empêchaient toute spontanéité.

« Oui, on ne peut plus rien dire dans les boîtes aujourd'hui, approuva-t-elle. Quand on y réfléchit, la censure a bougé. À l'époque de Kundera, elle sévissait dans les partis politiques. A l'époque de Roth, dans les universités. Mais ce n'est plus ni le politique ni l'université qui gouvernent le monde aujourd'hui, c'est l'entreprise. C est en entreprise qu'il y a la plus grosse dose de conformisme. »
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Tu sais, continua Sonia, ce que Steve Jobs a répondu à un journaliste de New York Times qui lui demandait ce que ses enfants pensaient de l’iPad ? Il a dit « ils ne l’ont jamais utilisé » et il a ajouté « nous faisons en sorte qu’ils n’abusent pas de technologie à la maison. » Il était parfaitement conscient que ces gadgets ne sont pas neutres. C’était en 2010, l’année de sortie de l’iPad 1.
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Enfin, comment ne pas penser aux moines en sandales qui apparaissent dans ce livre ? Ils sont inspirés d'une communauté bien réelle, celle des franciscains du Bronx, établie depuis 1987. J'ai eu la chance de les rencontrer en 2012, et de leur rendre visite à plusieurs reprises. J’ai été marqué par leur courage, leur engagement au service des plus pauvres. Ce roman leur est dédié.
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Qu'est-ce qu'un monde où l'homme condamne l'homme à jamais ? L'Enfer, voilà ce que c'est ! Vous voulez moraliser l'art, défendre les bons artistes, les artistes vertueux ?
Vous voulez en faire des anges ? Les élever vers le ciel ? Vous ne ferez qu'étendre un peu plus l'Enfer sur terre, c'est tout ce que vous parviendrez à faire ! Or qui êtes-vous pour prétendre à un tel pouvoir ? Êtes-vous Dieu ? Bouddha ? La Cour suprême ? Êtes-vous bien certains d’être aussi irréprochables que le modèle de vertu que vous imposez ? Êtes-vous certains que ce modèle tiendra le choc de l'Histoire ? Que pensera-t-on de vous dans trente, cinquante, cent ans, lorsque la petite musique des vices et des vertus aura à nouveau changé de visage - à considérer qu'on parle encore de vous à ce moment-là, ce dont je doute fort.

Vous ne répondez pas ? répéta-t-elle après quelques secondes de silence. Vous avez perdu votre langue ? Vous n'osez plus parler ? Très bien. Continuez. Vous êtes sur la bonne voie. »
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Le passeur et son chien marchent en tête sous l'œil austère des édifices. Le spectacle des constructions humaines défile depuis plus d'une heure. Soudain un morceau de ciel, un nuage, puis le feuillage d'un arbre. Premiers vestiges de la nature. L'avenue se dilate, les toits s'évaporent et leur conscience s'éclaircit. Bientôt la verdure émerge, les ormes déploient leurs rameaux, le parfum capiteux des clématites monte comme des fumées.
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