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3.38/5 (sur 30 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Aix-en-Provence , 1989
Biographie :

François-Régis de Guényveau travaille dans le conseil en stratégie (KEA&Partners) après avoir, entre New-York, Madras et Saïgon, travaillé dans le marketing digital.

"Un dissident" est son premier roman.

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Quelques années avant sa mort, Philip Roth s'est vu refuser la correction de la notice Wikipédia à propos de son roman La Tache.

La notice stipulait que le héros du roman, Coleman Silk, était directement inspiré d'un personnage réel, Anatole Broyard. Roth a voulu corriger ce détail, pour la simple et bonne raison qu'il était archi-faux : il ne connaissait pas Broyard, il n'en avait jamais entendu parler.

Mais Wikipédia a refusé de corriger ce point, prétextant que la thèse avancée dans la notice renvoyait à une source vérifiable sur Internet, tandis que celle de Philip Roth, tout auteur qu'il était, ne renvoyait à rien. Aucun article, aucune prise de parole ne corroborait son point de vue, et ce dans toute l'immensité de la toile à bobards.

Le réel valait donc moins que son interprétation, l'original moins que son commentaire, la parole de l'écrivain moins que celle de son critique.
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Je me mis à lui parler de mes origines de piètre commercial, du choix de la prépa et des études mainstream, de l'absurdité de mes stages où les chiffres et le politiquement correct empêchaient toute spontanéité.

« Oui, on ne peut plus rien dire dans les boîtes aujourd'hui, approuva-t-elle. Quand on y réfléchit, la censure a bougé. À l'époque de Kundera, elle sévissait dans les partis politiques. A l'époque de Roth, dans les universités. Mais ce n'est plus ni le politique ni l'université qui gouvernent le monde aujourd'hui, c'est l'entreprise. C est en entreprise qu'il y a la plus grosse dose de conformisme. »
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Je n'étais peut-être qu'un étudiant lambda, convaincu comme des centaines d'autres que ses tourments sont sans égal, qu'ils nécessitent un traitement extraordinaire. Il n'y a rien de plus convenu, de plus ridiculement banal qu'un jeune de vingt ans passant de l'âge du mensonge romantique à l’âge des illusions perdues. On croit au destin, on croit qu'il nous réserve une vie incomparable, et on finit par comprendre qu'il n'y a pas de destin, qu'il n'y a en réalité que très peu de choses sur quoi on a réellement prise, et que le récit qu'on se raconte pour donner du sens à sa vie n'est qu'un conte risible, une farce.
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Qu'est-ce qu'un monde où l'homme condamne l'homme à jamais ? L'Enfer, voilà ce que c'est ! Vous voulez moraliser l'art, défendre les bons artistes, les artistes vertueux ?
Vous voulez en faire des anges ? Les élever vers le ciel ? Vous ne ferez qu'étendre un peu plus l'Enfer sur terre, c'est tout ce que vous parviendrez à faire ! Or qui êtes-vous pour prétendre à un tel pouvoir ? Êtes-vous Dieu ? Bouddha ? La Cour suprême ? Êtes-vous bien certains d’être aussi irréprochables que le modèle de vertu que vous imposez ? Êtes-vous certains que ce modèle tiendra le choc de l'Histoire ? Que pensera-t-on de vous dans trente, cinquante, cent ans, lorsque la petite musique des vices et des vertus aura à nouveau changé de visage - à considérer qu'on parle encore de vous à ce moment-là, ce dont je doute fort.

Vous ne répondez pas ? répéta-t-elle après quelques secondes de silence. Vous avez perdu votre langue ? Vous n'osez plus parler ? Très bien. Continuez. Vous êtes sur la bonne voie. »
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« Regarde autour de toi. Ce n'est pas pour rien qu'on travaille au milieu de la nature. Nous aussi, on aime le monde. Nous aussi on veut en conserver la beauté originelle. La seule question qu'on se pose, c'est comment y parvenir. Les forêts étouffent. Les espèces continuent d'être décimées. Et on a beau essayer de changer, la situation ne s'améliore pas. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on est toujours là. On continue de vivre et de respirer. »

Elle jeta un œil au loin.

« Quand on a décidé de se confronter au problème avec Wen, on s'est dit : il faut raisonner autrement. Au lieu de limiter nos déplacements, pourquoi ne pas créer l'illusion du mouvement ? Au lieu de nous interdire de consommer de la viande, pourquoi ne pas créer l'illusion du goût ? Au lieu de nous empêcher d'acheter, de produire, de boire, de voyager, pourquoi ne pas tout simplement créer...

- L'illusion de vivre, complétai-je
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J'étais perplexe. Après avoir rendu le monde inhabitable, la plupart des grands capitalistes se rachètent une conscience.

Avec Wen Zhao, c'était l'écologie. Ici, ce pouvait être l'art. On devenait mécène, collectionneur, sponsor de fondations. On dissimulait ses turpitudes dans la sauvegarde d'une beauté dont on ne comprenait ni les codes ni les nuances, puis on exhibait ses tableaux comme on exhibait autrefois ses conquêtes industrielles. L'art comme instrument de pouvoir. L'art comme nouveau territoire stratégique...
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« C'est pas si facile la vie d'artiste, dit-il en expirant sa fumée bleue. Tu t'imagines peut-être que l'art échappe aux lois de l'économie de marché, mais pas du tout. L'art obéit rigoureusement aux lois du marché. Il y a une offre et une demande, des coups marketing, des stratégies de croissance. Et puis c'est devenu très dur de soutenir des créations originales. »

Je le sentis lancé, embarqué dans son monologue existentiel. Je me débouchai un deuxième litron.

« En musique, c'est encore faisable parce que c'est un art abstrait, dénué d'opinions. Je ne te parle pas de la variété hein, parce que là c’est complètement déprimant, on n'entend plus que des conneries d'activistes ou de dégénérés. Non, je te parle de la musique pure. Électro, classique, jazz... Cette musique-là n'a pas de thèse, pas de message à faire passer. Elle constitue une expérience sensible totale. Là, oui, tu peux explorer de nouveaux territoires artistiques sans jamais craindre d'être censuré. Mais dans les autres champs de créativité, c'est devenu pratiquement impossible. Les lois de la rentabilité sont de plus en plus connues, de plus en plus certaines. Plus personne n'échappe à la normalisation. »
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C'est quoi ton thème ?

~ La beauté, dit-il avec une candeur sincère.

J'aimerais traiter de la beauté des femmes. Toutes les femmes. Quelque chose qui rende compte de l'état d'ébahissement qu'elles peuvent produire. »

June toussa bruyamment, se redressa.

« Me dites pas que je suis la seule que ça choque ?

- Qu'est-ce qui te choque ? fit Léonard.

- Qu'est-ce qui me choque ? Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? De la violence que ça peut représenter ?

- La beauté des femmes ? C'est ça qu'est violent ? Tu préférerais que je parle de leur laideur ?

- Y a plein d'autres sujets ! s'insurgea-t-elle.

Pourquoi faut toujours que vous parliez de ça ! On dirait que t'as même pas conscience de l'influence culturelle que tu subis. »

Elle se tourna vers nous.

« Et vous, vous dites rien ? »

Silence.

« Vas-y, ça me soûle, conclut-elle en quittant la table, manquant de renverser la carafe.

- Attends ! fit Léonard.

- Laisse, trancha Camille.

~ Good night, white male! » lança June à l'autre bout du réfectoire, avant de claquer la porte.

Un long silence s'abattit dans la salle.
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Elle sourit, et je crus déceler dans ce sourire une connivence intellectuelle.

Je me trompais.

« Tu connais le concept de mansplaining ? » lança-t-elle d'un ton sec.

Boum. Une situation où un homme explique à une femme, de manière condescendante, ce qu'elle sait déjà. J'avais appris ça de la bouche de Léonard pas plus tard qu'il y a trois mois, lors de nos soirées pinard et cochonnailles, passablement rétrogrades.

« Je plaisante, lâcha-t-elle en explosant de rire, tandis que je cherchais encore des excuses. Pauvres petits mecs démunis... On est arrivé à un stade où le moindre soupçon de machisme vous paralyse. »

Elle expulsa sa fumée sur mon visage.

« Je m’en tape du mansplaining, dit-elle.

D'autant que c'est pas inintéressant ce que tu racontes. Juste un peu intello pour une première approche. Tu dois être un mec timide. »
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Coutrans avait vu juste. L’institut était follement courtisé, les étudiants croulaient sous les invitations des médias et des entreprises. Parfois, la prise de contact débouchait directement sur une offre d'emploi dans un comité de direction, avec une fiche de poste au titre ronflant (« Art & innovation Director », « Creative Senior Partner ») et un salaire à six chiffres, gonflé de stock-options, comme l'avait prédit Morel.

La tentation était grande et beaucoup y succombèrent, provoquant le courroux de la Direction. « On leur apprend tout, fulmina Coutrans à la fin du Comité exécutif de mars. On les loge, on les nourrit, on les blanchit. On leur transmet tout ce qu'il y a de plus précieux et de plus capital, et voilà le résultat : des marchands de tapis déloyaux et cupides ! Qu'ils crèvent tous dans leurs open spaces aseptisés ! »
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