[Jean de Pouilly] avait été interrompu alors qu’il défendait l’idée que la volonté suit nécessairement le jugement de la raison. On ne comprend pas immédiatement comment une thèse apparemment mineure, une simple dispute sur les mérites respectifs de l’intellect et de la volonté, a pu susciter pareille contestation.
D’après Avicenne, l’univers est organisé hiérarchiquement, selon un ordre de la nécessité croissante ; tout ce qui arrive est déterminé de façon telle qu’un effet produit par une cause qui en est la raison d’être suffisante : tout ce qui advient, tout événement contingent, trouve dans la cause qui le produit une raison nécessaire. Siger de Brabant a maintenu fermement cette axiome avicennien ; il a défendu une conception de la liberté humaine qui puisse s’insérer dans ce cadre métaphysique.
Après plusieurs années passées à la Faculté des arts jusqu’à ce que la maîtrise lui donner d’accéder à une autre Faculté, un étudiant en doctrine sacrée devait suivre les cours de théologie ; âgé d’au moins 25 ans, il lisait ensuite l’Écriture Sainte (bacheliers biblique durant deux ans), commentait les sentences de Pierre Lombard durant deux nouvelles années (bacheliers sententiaire), puis participait avec le maître durant trois ans encore à la formation des étudiants (bacheliers formé). Ce n’est guère avant 35 ans qu’il pouvait donc espérer recevoir la « licence d’enseigner » par toute la terre.
Dante en effet est venu à la philosophie pour des raisons personnelles ; ce n’est pas qu’on n’y vienne jamais pour d’autres raisons, mais ce fait rappelle seulement qu’il n’a pas suivi ld cursus universitaire régulier.
l'homme ne se réduit pas à son animalité, si complexe soit-elle. Il transcende la nature biologique par ses opérations spécifiques que sont l'abstraction, l'usage de la parole, le libre choix, la contemplation, mais aussi l'activité pratique, éthique ou technique.
En ce sens, il est naturel à l'homme de n'être pas naturel, au sens où il relève de l'essence de l'être humain d'honorer sa finalité en exerçant une activité transformatrice des choses qui l'entourent.
S'efforçant d'initier une "biologie philosophique", Hans Jonas a su réinventer et prolonger la pensée d'Aristote. La liberté humaine, loin de s'opposer à la nature, est sa réalisation la plus haute. Dès le premier vivant, dès la bactérie la plus primitive, une certaine autonomie fait ses tout premiers pas à travers le métabolisme. En effet, le vivant le plus rudimentaire possède la particularité de se nourrir. Or se nourrir, c'est se conserver soi-même en renouvelant ses éléments constitutifs. Se manifeste ici d'emblée une première autonomie de la forme par rapport à la matière. Que dans un vivant la matière coïncide absolument avec la forme - comme c'est le cas d'un caillou - et il est mort.
(...)
L'homme accomplit donc une tendance qui se trouve déjà dans la bactérie (il est même en soi un écosystème, puisque son corps contient plus de bactéries que de cellules). Mais comment, s'il est une telle fructification de la nature, peut-il devenir un tel destructeur de son environnement ?
Le 23 novembre [1276 ], l’Inquisiteur de France cite à son tribunal trois maîtres de la Faculté des arts, dont Siger de Brabant : cette fois, ils ont à répondre du crime d’hérésie et son sommés de comparaître le 18 janvier 1277 au tribunal de l’Inquisition. On n’en sait pas davantage
Il semblait ainsi tout indiqué de suivre quelques développements de l’idée de liberté à la fin du XIIIe siècle et de la suivre dans l’une ou l’autre des situations où elle-même a été prise pour cible.
Mieux qu'un horizon, l'homme est totalement immergé dans le monde par son animalité, et il transcende totalement le monde par sa spiritualité.
Avant qu’un tel projet ne porte des fruits, on se résoudra à tirer des plans sur la comète.