La philosophie d’Occam est appelée nominalisme. Elle est, en matière d’épistémologie (de théorie de la connaissance), une prise de position sur le problème des universaux : contrairement à Thomas d’Aquin, Occam affirme que le réel à connaître n’est constitué que d’êtres singuliers, isolés, séparés dont on fait l’expérience par les sens. L’universel, l’humanité par exemple, n’est pas une chose, mais une manière pour notre intellect de connaître le réel, les hommes en l’occurrence, de se les représenter. Le terme « humanité » n’est qu’un terme, un nom (c’est pourquoi cette philosophie s’appelle « nominalisme » ou « terminisme ») ; les classes, les espèces, les universaux sont donc dépourvus de réalité et les seules substances qui existent sont les choses individuelles (Socrate, Pierre…) avec leurs propriétés inséparables. Le nominalisme est donc solidaire, comme épistémologie, d’une ontologie atomiste : il n’y a d’êtres que séparés, isolés, des atomes.
Il est étudiant et enseignant à Oxford où il a entre autres pour maître Roger Bacon ; c’est avant tout un grand lecteur d’Aristote et un redoutable dialecticien. En accord avec les Spirituels de son ordre, il va prendre des positions philosophiques destinées à imposer une attitude théologique contraire à celle des thomistes. Occam en son temps est un réactionnaire, comme d’ailleurs tous les franciscains : il veut réagir contre les conceptions thomistes qui semblent déposséder Dieu de certains de ses pouvoirs. A côté de l’exigence d’un retour au texte des Évangiles, Occam va développer une argumentation philosophique pour mettre fin aux démonstrations et aux raisonnements perpétuels qui, selon lui, éloignent de la réalité d’une part, de Dieu d’autre part.