[...] on ne va plus rendre visite à une personne malade, même chez elle. On n'aime pas les personnes malades. Elles font peur, on ne sait pas comment les regarder ni de quoi les entretenir. On craint leur contagion, même s'il est médicalement certifié que ni la mort ni la vieillesse ne s'attrapent en allant au chevet d'un mourant... La maladie et la mort sont devenues des choses très taboues, voire indécentes, qu'il n'est pas du tout poli de montrer, et auxquelles il est très gênant d'être confronté.
Au petit matin, les choses étaient claires. Je savais que quelqu'un devait décider de faire quelque chose pour Vincent. Et je savais que ce serait moi, et personne d'autre.
Et ni la loi ni personne ne nous dit quoi faire de tous ces morts vivants, pour lesquels nous n'avons plus aucun projet.
J'ai compté mes amis, les vrais, et j'ai réalisé à quel point je suis bien entouré. Je me suis même découvert quelques ennemis, suffisamment bêtes ou jaloux pour imaginer que j'ai fait tout ça dans le seul but de passer à la télé ! (p.217)
C'est capital, le temps. Nous le savons tous, à l'hôpital: guérir prend du temps. Mourir aussi. Et je pense que c'est de la folie de perdre de vue cette évidence. (p.69)