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Valérie Péronnet (Collaborateur)
EAN : 9782915056273
228 pages
Oh ! éditions (29/06/2004)
3.83/5   26 notes
Résumé :

Bravant les lois et les mœurs, une mère apporta à son fils souffrant et incurable la mort qu'il désirait ardemment.

Tragédie moderne à l'extrême, l'événement bouleversa la France, marqua le temps, imposa une réflexion et fit évoluer notre législation. Raconté au plus juste, voici le récit du médecin qui, surmontant ses doutes, accomplit, après Marie Humbert, le geste ultime et libérateur.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Frédéric Chaussoy déroule le récit des desosus d'une affaire fort médiatisée. Celle de Vincent Humbert, jeune homme tétraplégique, ne bougeant que le pouce d'une main, et auquel sa mère Marie Humbert va injecter des barbituriques. Cette tentative, horrible et désespérée, se voulait le point final d'un long processus végétatif, sans espoir de guérison, sans perspective pour Vincent Humbert. Une mère réduite à tuer son fils pour mettre fin à ses souffrances... Elle l'avait annoncé, n'avait pas été écoutée, alors elle est allée au bout de ses promesses.

Malheureusement, elle injecte les barbituriques dans la poche qui nourrit son fils, diluant les effets. Dès lors, prévenue à temps, l'équipe médicale intervient et "sauve" Vincent. C'est là qu'apparaît Frédéric Chaussoy, réanimateur médical, chef de service à Berck (la Mecque dans cette discipline qui voit 20% de patients mourir chaque année, sur les 12 lits dont l'unité dispose).

Frédéric Chaussoy réagit en médecin, alors que la police emmène Marie Humbert et que le reste de la famille insulte copieusement le médecin qui s'immisce dans les dernières volontés de Vincent.

Mais Frédéric Chaussoy se veut un homme responsable. Un homme qui assume, prend des décisions humaines. En rapport avec les Serment d'Hippocrate, bien plus complexe que l'image que l'on peut en avoir, vu de l'extérieur.

Il ne va pas mettre longtemps à décider qu'il faut en finir, et respecter la volonté de Vincent Humbert. Après une réunion de service, il prend ses responsabilités: arrêt des thérapeutiques actives. Dès lors, il débranche le respirateur du patient qui se met à suffoquer et pour mettre fin aux douleurs, il lui injecte du chlorure de potassium, de quoi le faire sombrer. C'est la fin. Nous sommes le 26 septembre 2003.

En fait c'est le début des ennuis pour Marie Humbert et Frédéric Chaussoy. Assassinat. Meurtre avec préméditation, vu que le médecin a agi contre la loi après une réunion de service... Notons que pas mal de médecins à l'époque mandate une infirmière ou un stagiaire pour débrancher et faire l'injection... c'est très courageux.

Le tort de Frédéric Chaussoy? Dire ce qu'il a fait, assumer, le proclamer... Là où d'autres auraient joué les innocents, remis la faute sur la malchance, etc. lui, il dit les choses. C'est son côté cash. Il n'a pas bien mesuré le brouhaha médiatique, l'impact sur la classe politique, l'opinion publique. Content de recevoir des encouragements, des félicitations, des lettres de soutien... il a pris sa décision sans consulter personne, ni avocat ni famille. Il est éberlué de se voir traité de criminel. La chute est vertigineuse, la prise de conscience de ses ennuis est brutale.

Le récit de Frédéric Chaussoy s'arrête là. Ce qui est dommage. La justice hésite, mais on sent bien que cela penche du "mauvais côté" pour Frédéric Chaussoy. Alors que pas mal de pays ont des lois pour la fin de vie et l'euthanasie, la France n'a rien. Assassinat...

Dans ce genre de récit, il faut distinguer le fait divers sordide et la manière dont il est relaté. Frédéric Chaussoy essaie de poser un récit objectif, franc, honnête, profondément humain où il fait la part entre les faits et ses propres sentiments. Ce n'est donc pas exempt de défauts, mais c'est sincère (et documenté), et c'est à mes yeux le principal.

La France adoptera une loi sur la fin de vie en 2005. La juge prononcera le non-lieu en faveur de Marie Humbert et de Frédéric Chaussoy en 2006. Elle n'invoquera pas la loi de 2005, mais une vieille disposition considérant que Marie Humbert et Frédéric Chaussoy ont agi face à la contrainte, en tenant compte du contexte particulier et des pressions familiales et médiatiques exercées sur les prévenus. La juge ira même plus loin en invoquant une contrainte supplémentaire venant de l'immobilité de la classe politique.

Marie Humbert est décédée en 2018. Frédéric Chaussoy exerce toujours dans sa discipline mais plus au centre héliomarin de Berck. Il n'a pas de page wikipedia, j'y vois le signe d'une volonté de redevenir, de rester un médecin, un technicien, un homme simple et dédié à l'Autre.

On notera malheureusement que pas mal d'associations pour le "Droit à la vie" (des personnes qui souhaitent imposer leur foi aux comportements de tout le monde) continuent de salir la mémoire de Vincent Humbert, de sa mère ou du docteur Chaussoy en ramenant toute l'affaire à un coup de comm médiatique...
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Bouleversant !
Bouleversante et horrible était la vie de Vincent Humbert, tristement rescapé d'un terrible accident de la route. Il est malheureusement tétraplégique, ne pouvant ni voir, ni déglutir, ni respirer sans assistance. Par contre il est valide mentalement et se rend compte de son état.
Bouleversant est aussi le cas de conscience du Docteur Chaussoy, qui se voit confier le suivi médical de ce malade. Ce malade qui voulait mourir et on le comprend.
Un médecin est formé à soigner, soulager, sauver des vies.... et il fait le serment de ne pas abréger la vie. Malgré tout, en accord avec la Maman de Vincent, il décide de débrancher la machine qui le maintient en vie.
Tout le monde connaît cette triste histoire qui les a conduits à un procès qui aboutit heureusement à un non-lieu.
Un livre plein d'émotions, de réflexions, d'amour du prochain, de bon sens et dont le sujet est malheureusement encore d'actualité (il date de 2004). Peut-on aider les grands malades à mourir dans la dignité ? Une grande question qui reste à résoudre.
J'ai été heureuse de pouvoir lire ce témoignage bouleversant.
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Mr Chaussoy interroge chacun d'entre nous sur la conduite à tenir lorsqu'une personne handicapée ou malade n'a plus aucun espoir médical de voir sa situation s'améliorer. Doit-on continuer les traitements à tout prix ou doit-on rendre la fin de vie du malade la plus humainement acceptable (donc pour quelques cas extrêmes avoir un rôle actif dans le décès de ces personnes) ?
Mr Chaussoy revient sur les circonstances de la mort de Vincent Humbert et nous explique toute la difficulté de la prise de décision dans l'exercice de son métier.
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Un livre qui complète le témoignage de la mère et du fils. le besoin d'avoir le témoignage de la troisième personne qui fut impliquée dans cette histoire qui aura fait plus que polémique.
Il était important pour moi de lire les trois à partir du moment où j'avais lu l'un deux. Comme dans beaucoup de cas, il est toujours intéressant de recevoir plusieurs avis et points de vue, ce qui est fait là via les trois livres.
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Un témoignage sincère et poignant d'un homme pour qui la fin de vie doit être digne et choisie.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] on ne va plus rendre visite à une personne malade, même chez elle. On n'aime pas les personnes malades. Elles font peur, on ne sait pas comment les regarder ni de quoi les entretenir. On craint leur contagion, même s'il est médicalement certifié que ni la mort ni la vieillesse ne s'attrapent en allant au chevet d'un mourant... La maladie et la mort sont devenues des choses très taboues, voire indécentes, qu'il n'est pas du tout poli de montrer, et auxquelles il est très gênant d'être confronté.
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Au petit matin, les choses étaient claires. Je savais que quelqu'un devait décider de faire quelque chose pour Vincent. Et je savais que ce serait moi, et personne d'autre.
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Et ni la loi ni personne ne nous dit quoi faire de tous ces morts vivants, pour lesquels nous n'avons plus aucun projet.
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J'ai compté mes amis, les vrais, et j'ai réalisé à quel point je suis bien entouré. Je me suis même découvert quelques ennemis, suffisamment bêtes ou jaloux pour imaginer que j'ai fait tout ça dans le seul but de passer à la télé ! (p.217)
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C'est capital, le temps. Nous le savons tous, à l'hôpital: guérir prend du temps. Mourir aussi. Et je pense que c'est de la folie de perdre de vue cette évidence. (p.69)
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