Ici c'était le siège de la radio-télévision des Mille Collines, qui appelait à exterminer les Tutsi. Et là, si on se retourne, il y a l'église de la Sainte-Famille, où comme à l'église de Kabarondo, des gens sont venus de réfugier et ont été massacrés. Mais les lieux ne parlent pas d'eux-mêmes. À Kabarondo, la façade de l'église a été refaite. Les impacts de balles ont disparu. Pour relayer ce qui s'est passé, il reste les témoins. Mais ils vieillissent, meurent, ne se souviennent plus ou ne souhaitent plus parler. Quelqu'un pourra bientôt venir et affirmer sans être contredit que ça n'a pas eu lieu. Bien sûr, la réalité du génocide est établie. La négation n'est pas sérieuse. Mais la tentation existe. Tout s'écrit sur ce génocide. On doit pouvoir discuter librement de ce qui s'est passé. Mais à la condition de ne pas avoir comme projet sous-jacent de réécrire l'histoire pour des raisons douteuses.
Qu'importe au final que Finkielkraut aborde certaines questions pertinentes ou qu'il dise ici et là des choses non dénuées de sens : on ne saurait faire de bonne analyse en tirant, à sa façon, systématiquement le fil trop loin ou en tordant ce qu'il faut pour pouvoir demeurer dans le cadre d'une pensée écrite à l'avance. (155)
Nous pensons qu'il est temps de montrer que l'absence de rigueur de Finkielkraut doit inciter à ne plus trop se préoccuper de ce qu'il dit. (10)