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Citations de Frédéric Jaccaud (36)


(...) au final, tout deviendra art, tout ce qui est populaire, tout ce qui sort des usines du grand divertissement, et les années 1930, le cinéma à grand spectacle, les super-héros, la littérature de gare, les films d’horreur, la pornographie, qu’importe…
Il dit qu’en deux millénaires, on n’a jamais produit tant de mythologies. On érige de nouveaux mythes, on accouche de tant d’images et d’histoires, des panthéons et des dieux, des monstres et des héros. La culture et l’art vont se standardiser et se simplifier, suivre la trajectoire des désirs prioritaires et primaires de la population.
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Peut-on poser comme postulat que nous allons entrer dans une ère technologique engendrée par l'homme que l'homme lui-même ne comprendra bientôt plus ?
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(Jean) monte sur un container métallique pour observer les étendues lumineuses qui s’étalent dans la nuit californienne. Ici, la présence humaine s’affiche dans la violence des néons et des projecteurs. Les artères routières tracent sur le sol des tunnels lumineux traversés par le clignotement continu d’intenses machines. La colonisation s’étend horizontalement en suivant les sinuosités de la côte qui hérisse des colonnes de lumière vers les cieux, monuments qui s’élancent sans but, reliés entre eux par un réseau de bitume arachnéen, qui forment un archipel urbain habité verticalement, un espace cohérent malgré sa discontinuité. Le piquetage des lampadaires et les lueurs des avions sillonnant le ciel nuit et jour rehaussent cette géographie de marine assombrie.
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Frédéric Jaccaud
Je n'écris pas des livres à mettre impunément sous le sapin
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Dans l’unique pièce à vivre, les premiers entassements visibles dessinent un code-barres incertain contre le mur ; des piles hétéroclites de livres s’élèvent du sol à mi-plafond et se concurrencent en hauteur et en stabilité – des livres mineurs lus en un seul soir, coincés entre le volant de la voiture allemande et la fumée de cigarette, qui se seront aussitôt fait oublier, enserrant sans aucune pudeur des œuvres majeures dont le décryptage a demandé des heures de concentration. Leur côtoiement vertical peut faire croire à une tentative artistique ; un questionnement sur la valeur de la littérature au sens de production de masse. Mais ces piliers se sont érigés dans un désordre imposé par l’indétermination de mes lectures, rien d’autre, aucun sens caché. Certaines colonnes se sont effondrées et les ouvrages jonchent lamentablement le sol, paraissent stupides et tragiques tels des cadavres de papier refusant de faisander.
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Le nouveau continent offrait un beau terrain de jeux pour les mathématiciens nostalgiques des systèmes dynamiques instables
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Le jeune homme se pencha contre son écran ; les mains levées au-dessus du clavier, il voulut modifier la tournure d’une phrase, mais abandonna aussitôt.
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Aujourd’hui, des hordes de touristes déferlent sur l’île dans un paroxysme flamboyant. Tromsø trouve ses principales ressources dans ce commerce du voyage et du dépaysement, finançant ainsi ses écoles, son centre culturel, une partie des équipements de l’hôpital universitaire – notamment un appareillage permettant de pratiquer des opérations chirurgicales par satellite -, son institut supérieur de la pêche, ses parcs, son musée d’Art contemporain. Pourtant, ce n’est pas la proximité des montagnes et de la mer, ni les expéditions dans la blancheur virginale du Nord en motoneige ou en traîneau, ni même la poésie des aurores boréales qui attirent en masse les étrangers, mais les nuits froides et infinies compensées par la chaleur poisseuse de certains quartiers dédiés à l’amusement et aux putes qui, depuis la nouvelle législation en vigueur à Amsterdam devenue prude et ennuyeuse, s’emplissent d’une faune bigarrée errant dans des rues sillonnées de boîtes, de saunas et autres lieux de massage, des hôtels, du plus chic au plus miteux, des petites cours et des parcs pour le trafic, des sex-shops illuminés de néons rouges, des bars avec leur happy hour, leurs titty-dancers, où vacanciers et étudiants tentent de s’oublier.
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Le hacker marqua une nouvelle pause. Il vérifia la validité des hyperliens intégrés dans le texte. Ensuite, il passa en revue les images qu’il avait sélectionnées pour agrémenter le dossier Tromsø. Le traitement numérique apporté aux photographies du Red Light District l’égaya. Il se demanda si le texte était à la hauteur de son ambition.
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À l’est, un pont construit après la Seconde Guerre mondiale rattache l »île de Tromsø au continent. L’autoroute s’engouffre dans un tunnel sous-marin. Ces deux uniques axes de béton, l’un aérien, l’autre souterrain, l’ancrent au monde réel comme deux griffes désespérées et l’empêchent, disent les plus jeunes qui économisent pour partir s’établir ailleurs, de dériver dans le royaume des glaces – parce que cette terre, noyée de nuit, compose la préface d’un univers de gel, de désolation, d’où la joie est absente.
Les axes routiers ne parviennent pas à joindre véritablement deux univers séparés par un bras de mer large de un kilomètre, si bien que la ville, dans une tentative ridicule d’annexion, déborde sur le continent, gangrenant la côte d’immeubles, de bureaux et de centres commerciaux, d’hôtels, de parcs d’attraction, d’entrepôts. L’autoroute E8, qui prend sa source au fin fond du continent, vient mourir abruptement – après avoir traversé des milliers de kilomètres de forêts, de plaines dévastées, longé la mer – en face des bâtiments en brique rouge de l’université. Quelques milliers d’étudiants s’agrègent chaque année sur le campus pour parfaire leurs connaissances sur l’environnement polaire, l’océanographie ou l’histoire de peuplades aujourd’hui disparues pour s’être entêtées à vivre dans une région hostile à l’homme.
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Selon l'expression du spécialiste Denis Gifford [...], le 'M' initial du mot monstre identifie les 4 éléments à l'origine de ce dernier : magie, mythe, folie ("madness" en anglais) et métamorphose.
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Le livre fermé sur mes genoux – Neuromancer, William Gibson -, je sors ma tête par la vitre ouverte et découvre sans surprise le ciel cathodique décrit à la première page du roman. Une nouvelle cigarette – le bruit du tabac sec qui brûle et consume progressivement cette lucidité inutile induite par la lecture d’un vulgaire roman de science-fiction. Peut-on poser comme postulat que nous allons entrer dans une ère technologique engendrée par l’homme que l’homme lui-même ne comprendra bientôt plus ? (…) « C’est un bouquin sur le monde de demain – sur la technologie et la communication. Tout y est sombre et triste. On voit une société qui est devenue l’inverse de ce qu’elle a tenté de créer – et puis, ce n’est pas vraiment demain. On y est déjà. En fait, ça parle d’aujourd’hui. »
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La folie du chasseur de primes me surprend car elle ne m’est pas étrangère. Dans le conservatisme nostalgique du shérif et cet éloge de la norme bien-pensante du temps présent, je distingue deux facettes contradictoires qui s’opposent dans mon for intérieur. Le monde utopique du shérif n’a jamais existé ; mais son souvenir fantasmé fait naître une nostalgie doucereuse qui m’empêche de croire au lendemain. Le monde d’aujourd’hui me rassure dans son immédiateté, parce qu’il me permet de profiter au jour le jour des plaisirs futiles et des biens acquis. L’une et l’autre de ces représentations me frustrent ; le saccage du passé annonce l’inconsistance de notre futur. Moi, homme qui se croyait médiateur entre deux époques diamétralement opposées, je m’aperçois enfin que mon rôle est vain.
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Dans sa cage en verre, le lézard s’agita. Son corps fut pris d’un violent spasme. L’homme quitta l’écran des yeux et observa son animal de compagnie. Il lui dit — Calme-toi. Il est bientôt l’heure — je te donnerai de quoi manger. Il se replongea ensuite dans sa lecture.
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Les axes routiers ne parviennent pas à joindre véritablement deux univers séparés par un bras de mer large de un kilomètre, si bien que la ville, dans une tentative risible d’annexion, déborde sur le continent, gangrenant la côte d’immeubles, de bureaux et de centres commerciaux, d’hôtels, de parcs d’attraction, d’entrepôts. L’autoroute E8, qui prend sa source au fin fond du continent, vient mourir abruptement — après avoir traversé des milliers de kilomètres de forêts, de plaines dévastées, longé la mer — en face des bâtiments en briques rouges de l’université. Quelques milliers d’étudiants s’agrègent chaque année sur le campus pour parfaire leurs connaissances sur l’environnement polaire, l’océanographie ou l’histoire de peuplades aujourd’hui disparues pour s’être entêtées à vivre dans une région hostile à l’homme. »
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Le jeune homme se pencha contre son écran ; les mains levées au-dessus du clavier, il voulut modifier la tournure d’une phrase, mais abandonna aussitôt.
« À l’est, un pont construit après la Seconde Guerre mondiale rattache l’île de Tromso au continent. L’autoroute s’engouffre dans un tunnel sous-marin. Ces deux uniques axes de béton, l’un aérien, l’autre souterrain, l’ancrent au monde réel comme deux griffes désespérées et l’empêchent, disent les plus jeunes qui économisent pour partir s’établir ailleurs, de dériver dans le royaume des glaces — parce que cette terre, noyée de nuit, compose la préface d’un univers de gel, de désolation, d’où la joie est absente.
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Le hacker relut son texte.
« De par sa position excentrique, Tromso jouit d’un certain prestige car, depuis un siècle, elle porte le titre pompeux d’agglomération insulaire la plus au nord du monde ; en exceptant les rares villages dévastés par le froid et l’alcool, les goulags, les laboratoires scientifiques et quelques légendes.
Global Position — sur la frange de la Terre, aux portes du cercle Arctique, un lieu antique, infernal en quelque sorte.
Trois mois par an, le soleil flotte dans le ciel, immuable, de jour comme de nuit ; le reste du temps, la ville est plongée dans un abîme nocturne, condamnée à observer le scintillement de l’astre solaire sur l’horizon. Elle attend dans le froid son retour prochain, neuf mois plus tard. La pâleur des habitants de Tromso n’a d’égal que leur lassitude — un défaitisme hérité de leurs ancêtres, attendant sans aucune révolte la fin de la nuit, et, pour les plus vieux, la lente conclusion d’une vie hibernée
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Lucie se leva et entra dans la petite salle de bains attenante à la chambre. Sa silhouette se découpa rapidement dans le chambranle ; comme une esquisse, des lignes, des courbes, le tracé net de ses cheveux caressant le sommet de ses fesses ; ses talons jeunes et roses paraissaient flotter dans les airs parce qu’elle marchait sur la pointe des pieds, poussant la coquetterie jusqu’à enfiler des chaussures à talons invisibles.
Derrière le lit, de l’autre côté de la paroi, quelqu’un sifflait pour faire cesser les ronflements grotesques de son partenaire.
Lucie avait façonné une boule imparfaite au moyen de plusieurs feuilles de papier hygiénique. On aurait dit une jeune mariée malheureuse, poussée à l’acte par un événement inattendu et encore indécelable de l’extérieur. Elle agita devant elle le bouquet de feuilles molletonnées. Le néon de l’armoire à pharmacie accrochée au-dessus du lavabo projetait des ombres bleues sous ses formes légères. Karl alluma une cigarette. Lucie hocha la tête. Elle détestait l’haleine des fumeurs
— On a l’impression d’embrasser un cendrier ! mais Karl lui répondait chaque fois qu’elle devait s’habituer à cette odeur, parce que c’était un avant-goût d’urne funéraire. »
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Quand on lui demande de justifier son acte, l'homme s'attaque à nouveau dans la démence. Pourquoi s'attaquer à nouveau au caissier? Pour l'argent. Le forcené hurle qu'il devait le sacrifier, il pouvait pas faire autrement son arme, il frappe sa poitrine il doit la purifier.
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Jean ferme les yeux trop longtemps. Sa lassitude immortalise ses bras. La fumée des quatre palets de viande lèche mollement son visage. Mais quelques gouttes d'huile crachotées par une friteuse avoisinante tombent sur son tablier et l'arrachent à son sommeil.
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