Gérard Ejnès

Les olives que je déteste pourtant au plus haut point ne piqueront jamais sa première place à Hitler.

Ce rapport permanent au jadaïsme m'étouffait mais il n'y avait rien à faire. Il était une sorte de ghetto des temps modernes. S'il n'était pas à priori aussi pavé de pièges que celui de mes ancêtres, il constituait malgré tout un carcan qui m'étranglait et que je m'épuisais depuis trop longtemps à vouloir desserrer. Être où pas être juif, telle était question. Il fallait que je trouve une porte de sortie.

(...) quand il est revenu à la maison, mémé lui a demandé si tout s'était bien passé pour déclarer le petit "Païssérou". Il lui a dit que finalement c'était "Moïchallé", le diminutif de "Moïché" (en yiddish les diminutifs sont toujours plus longs que les prénoms, faut s'y faire). Pépé était très embêté. Aujourd'hui, ce serait un cas de divorce.

En 1991, l’OM parvient en finale d’une Ligue des champions, encore réservée aux seuls champions nationaux, contre l’Etoile Rouge de Belgrade. L’OM ne peut pas perdre. Le boss [Bernard Tapie] s’est occupé de tout. Est-il victime de la roublardise des Yougoslaves tout autant que de leur talent ? Les preuves manquent, les soupçons demeurent. Comme dans beaucoup de supposées affaires concernant un certain nombre de matchs.

Et puis ces ruades, ces glissades, ces hurlements, ces danses déhanchées, ce sélectionneur expédié dans les nuages par ses joueurs reconnaissants, ce président de la République se lançant dans un "dab" inattendu avec Paul Pogba dans un vestiaire en flammes, tandis qu'à des milliers de kilomètres de là, dans un pays frappé d'euphorie, n'importe quelle fille embrasse n'importe quel garçon qui embrasse n'importe quelle fille, 66 millions de vainqueurs, quel bonheur, c'est si bon.

Roger Lemerre alignait de fausses oppositions à l’entraînement pour que les journalistes ne devinent pas sa composition d’équipe. Du coup, les joueurs ne la connaissaient pas non plus, et la veille du troisième match contre le Danemark, on avait vu l’un d’entre eux, certain d’être remplaçant, à une table de casino pour tromper son ennui : le lendemain, il était titulaire.

Le gardien international Défossé expédie volontairement dans son propre but un ballon qu’il vient de bloquer, l’attaquant vedette Jean Boyer arrive sans opposition devant la ligne de but lilloise avec le ballon et fait demi-tour sans marquer pour repartir vers son camp. Confortablement assis dans son but, le gardien marseillais Allé feuillette un journal illustré.

Le 21 janvier dans la soirée, l'imprésario écossais Willie McKay [...] affrète un avion privé pour le voyage retour vers Cardiff. Sala se trouve à bord, à quelques minutes du décollage, quand il partage son angoisse au téléphone avec des amis : "Je suis mort de fatigue. J'ai passé la journée à Nantes à faire des trucs, des trucs et des trucs. Je suis dans l'avion. On dirait qu'il est sur le point de tomber en morceaux. Je vais décoller pour Cardiff. Demain je commence à m'entraîner avec ma nouvelle équipe. On va voir ce qui va se passer... Si dans une heure et demie vous n'avez pas de nouvelles de ma part... Je ne sais pas s'ils vont envoyer quelqu'un pour me chercher parce qu'ils ne sauront pas où me trouver... Ah la la, qu'est-ce que j'ai peur."
Une heure plus tard, les conditions météorologiques sont affreuses quand l'avion [...] s'écrase dans la Manche.

Pour protéger ses joueurs de tout avatar, il [Bernard Tapie] a acheté la rencontre de Ligue 1 disputée avant la finale. […] La justice fait son travail. […] Selon le tribunal, 100 millions de francs ont été détournés des caisses du club à son profit sous sa présidence. Pour l’ensemble de son œuvre il est emprisonné durant 165 jours en 1997.

A l’époque les remplacements n’étaient pas autorisés.
Les poudres prennent feu quand le Marseillais Rabih répond d’un coup de boule en pleine tête au Lillois Lutterlock qui lui a astiqué les chevilles. L’arbitre, M. Féron, expulse les deux joueurs.
Et il prend une décision identique quand, quelques minutes plus tard, l’Anglo-Lillois Barret et l’Anglo-Marseillais Trees en viennent aux mains. Excédés, les Nordistes réclament l’arrêt du match et des hostilités. M. Feron ne peut que refuser. Ils décident donc d’arrêter de jouer en restant sur le terrain. On les voit renvoyer la balle systématiquement aux Marseillais un peu interloqués par la situation.