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4.06/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Rennes , le 03/10/1954
Biographie :

Gérard Pirlot est psychanalyste, psychiatre et pédopsychiatre.

Il a fait ses études de médecine puis de psychiatrie, à Lille.

Après le concours, il a débuté sa carrière comme "praticien hospitalier" à l’hôpital de Lavaur dans le Tarn. Il suit une formation et devient psychanalyste, membre de la Société Psychanalytique de Paris (SPP).

En 2004, il est nommé Professeur de psychopathologie psychanalytique à Paris X Nanterre.

En 2008, il est muté comme Professeur de Psychopathologie psychanalytique à l’Université Toulouse II Le Mirail. Il est co-Directeur du Laboratoire Cliniques Pathologique et Interculturelle.

Il est auteur de plusieurs ouvrages liés aux problèmes de l'enfance à l'adolescence.


Source : http://www.u-paris10.fr
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Bibliographie de Gérard Pirlot   (11)Voir plus

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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Chez [les pervers narcissiques], le narcissisme est précocement et répétitivement blessé, la position perverse pouvant être considérée comme à la fois contre-dépressive, anti-conflictuelle et anobjectale. L'attraction de l'objet (l'autre) étant vécue comme dangereuse, le pervers narcissique en fait un « objet non-objet », chosifié, sur qui les souffrances et douleurs internes, déniées, sont largement projetées. Pour lui, toujours en quête de reconnaissance, l'autre n'existe en effet que comme miroir, reflet de lui-même. C'est un autre dont il n'a de cesse de vampiriser la libido, l'identité, la subjectivité : il prend, mais ne donne pas, sinon l'illusion de son propre « admiroir ».
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5. « Comme le remarque M. Reynaud, "ces rapprochements permettent de mieux comprendre certains mécanismes de l'addiction qui viennent dérégler, ou s'immiscer dans des mécanismes vitaux pour l'espèce : ceux du plaisir, de la sexualité, des émotions et des sentiments. On comprend également pourquoi le manque de produit est vécu avec une telle souffrance, comme un manque vital de quelque chose d'absolument nécessaire".
Cette "géographie du plaisir" qui se dégage des explorations et cartographies neuro-anatomiques du plaisir et de déplaisir offre de plus la visualisation de ce que certains psychanalystes ont décrit, à savoir le rapprochement entre le comportement addict et l'acte "passionnel", voire l'acte pervers (ou l'addiction comme forme "perverse" de la sexualité – en dehors même du sex-addict). L'oralité constitutionnelle peut d'ailleurs expliquer les liens entre addictions et perversion orale, de même que la non-reconnaissance de l'objet, la présence de réelles angoisses de castration, de fantasmes pervers clivés […] ou d'une composante homosexuelle repérée chez l'alcoolique […]. De Mijolla et Shentoub avaient d'ailleurs souligné une problématique identitaire […] antérieure à celle de la différence sexuelle ce qu'a ultérieurement développé M. de M'Uzan dans "le tonus identitaire de base" chez le toxicomane.
Comme l'a écrit J. McDougall, "l'objet addictif permet une illusion bisexuelle et hermaphrodite construite sur le rempart de la différence des sexes qui trouve son soubassement dans une relation primordiale, dans le désir toujours actuel d'annuler cette séparation d'avec l'Autre, de nier cette impossible altérité" sur laquelle nous fait déboucher l'œdipe. De l'identité sexuelle (angoisse de castration) à l'identité subjective "d'être soi" (angoisse de séparation) jusqu'à l'identité adhésive (angoisse d'annihilation, de non-être), le désir de l'addicté, dans son "ivresse", est de rebrousser le chemin jusqu'au moment mythique de la naissance physique, temps préhistorique de son in-dividuation – in-divis […], indivisible, in-sécable, clone narcissique non sexué (faut-il rappeler que le mot sexe vient du latin secare : couper). » (pp. 194-195)
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Dans leurs ouvrages respectifs, les deux hommes assument le risque, l'audace, l'indécence et la douleur d'exposer une bonne part de leur vie personnelle, au prix de certains déguisements. Lawrence et Freud paient ensuite le prix fort d'avoir défié le destin: isolement, souffrance masochique auto-analytique puis cancéreuse pour Freud; solitude, perte de l'idéal et souffrance masochiste d'humiliation pour Lawrence.
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On désigne par [le terme de perversion transitoire] des pratiques perverses qui apparaissent pendant des périodes comme l'adolescence, lors de réorganisations ou de moments pathologiques : après des phases délirantes ou dissociatives, des moments d'errances et de passages, voire d'une thérapie...

À l'adolescence, par exemple, la pulsion sexuelle, qui s'accompagne d'une quête objectale, représente un réel enjeu anti-narcissique : après la puberté, l'érotisme passe en effet de l'auto-érotisme à l'amour d'objet (sexuel), ce qui oblige l'adolescent à certaines « négociations » avec son narcissisme. De ce fait, la « perversion transitoire » peut représenter une régression à partir de points de fixation permettant de retrouver une omnipotence (déni de castration) (Ladame, 1992).
[...] dans une autre logique, il est envisageable que la relation amoureuse puisse momentanément engager un fonctionnement pervers défensif contre le risque d'aliénation produit par le désir et l'investissement affectif de l'autre.
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Pour R.J Stoller (1975), la perversion est une forme érotique de la haine. Elle est liée à un trouble de l'identité sexuelle (du développement de la masculinité) issu de trois formes d'hostilité : la colère de devoir abandonner le bien-être primordial (dyade mère-enfant, prime enfance), la peur de ne pas arriver à échapper à l'emprise maternelle, et le besoin de vengeance vis-à-vis de la mère qui a provoqué cette situation.

Pour lui la première identification de l'homme est féminine, l'identification masculine se faisant dans un second temps ; l'homme abandonne la position protoféminine au moment de la séparation-individuation.

Aussi, la perversion est-elle un des aléas de cette phase, l'enjeu étant la projection de la haine.
Il établit la perversion comme meurtre de la mère perçue comme une menace à l'identité sexuelle de l'homme. L'acte place alors le pervers dans une position triomphale de vainqueur, « triomphe illusoire à répéter à l'infini », qui explique la compulsion de répétition.
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« Dérive » manipulatoire de la séduction narcissique, la perversion narcissique appartient à un registre plus public (familial, social) que la perversion sexuelle, d'ordre plus privé. Les manœuvres semant la confusion dans l'esprit de l'autre relèvent d'un registre de disqualification des sensations, des émotions ou des pensées de l'autre, victime de la séduction perverse qui « l'enferme » dans la toute-puissance du pervers.

Chez la victime, cette disqualification des émotions et de la pensée crée une « dé-fantasmatisation », une « désymbolisation » et détruit les différences entre les registres psychiques, créant une confusion sur laquelle « joue » le pervers narcissique.
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2. « On s'aperçoit alors, dans des formulations que Freud ne reprend plus après 1900 mais qui prennent aujourd'hui un grand intérêt du fait des découvertes des neurosciences, que là où la répression empêche l'expression psychique et pulsionnelle d'un affect, un processus d'innervation motrice ou sécrétoire se déclenche qui pourrait nécessiter, faute de traduction et de qualification psychique, une quête de sur-excitation […] qu'un contre-investissement chimique ou moteur comme l'acte de comportement addictif peut tenter de "réguler" et... déréguler.
Ces idées de Freud dans l'Esquisse […] illustrent comment le psychisme, en tant qu'appareil, est bien une "zone-tampon", un système intermédiaire entre le somatique et le réel. Cette appréciation de système intermédiaire rejoint les vues des neurobiologistes d'aujourd'hui sur l'émergence du système nerveux central et de l'appareil psychique comme issus, phylogénétiquement, de la catégorie des neurones intermédiaires entre neurones sensoriels et neurones moteurs.
On peut ainsi avancer que le psychisme consubstantiel au symbolique, au langage et au corps a progressivement émergé le jour où, dans l'évolution des êtres vivants, des neurones intermédiaires se sont interposés entre surface sensorielle et effectuation motrice. Ces inter-neurones se sont ensuite progressivement complexifiés en système de plus en plus spécialisé, et cela jusqu'au système pare-excitant qu'est la vésicule psychique ; à l'intérieur de celle-ci, le rêve et le Moi ont un caractère intermédiaire : "intermédiaire d'intermédiaire". » (pp. 49-50)
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3. « Le sujet addict, comme souvent l'adolescent, et plus généralement le sujet alexithymique, tentera de substituer les sensations aux émotions toujours susceptibles de surprendre son Moi et de mettre celui-ci en situation de passivité vis-à-vis des affects et de l'objet qui les a suscitées. Comme le remarque R. Roussillon, "les sensations permettent de se sentir exister en coupant les liens libidinaux qu'entretient la dépendance avec l'objet. En ce sens, elles sont un moyen de lutte contre la dépression mais à la longue leur effet anti-introjectif vulnérabilise le sujet. Dans l'escalade mortifère vers laquelle il se trouve pris, il est contraint d'augmenter les sensations pour pouvoir continuer à se sentir exister, et combler son sentiment de vide interne". Ici la difficulté de séparation n'est pas élaborée mais contournée, et remplacée par une relation de dépendance toxicomaniaque dans une consommation de l'objet du besoin qui peut se concevoir sans fin, tandis qu'est évitée toute confrontation au manque. » (p. 116)
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À côté de l'avènement des Lumières et de la Raison, le XVIIe siècle français est marqué par une tentative d'exclusion de ce qui ne correspond pas à la raison et la morale sociale. Cette politique du Grand Renfermement vise tous les indésirables : mendiants, vagabonds, voleurs, fous, simples d'esprits, débauchés et filles de joie sont réunis dans des lieux de détention (Hôpitaux Généraux) où la question du médical et du soin est secondaire. Petit à petit la médecine s'introduit dans ces prisons où le péché, la folie, la misère et la dangerosité des pauvres sont imaginairement et matériellement associés. Il y a bien une différence entre ces catégories (folie et débauche ne sont pas synonymes), mais elles sont associées dans des représentations négatives. La folie, comme Foucault l'a relevé, est pensée comme synonyme de Déraison, menace intérieure à la Raison, et provenant de l'animalité perverse.
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4. « Mais c'est bien parce que les drogues agissent en mimant les neuromédiateurs naturels et en venant forcer les serrures qui modulent les sécrétions dopaminergiques que s'effectuera leur action délétère. On a, en général, découvert les récepteurs aux drogues psychoactives […] avant de découvrir les neuromédiateurs endogènes correspondant à ces récepteurs […]. Les drogues agissent comme un leurre pharmacologique et si elles agissent si bien, c'est parce qu'elles touchent des mécanismes fondamentaux de gestion du plaisir et de la souffrance, de l'approche et de l'évitement. Et, il n'est donc pas étonnant que l'intuition clinique qui consistait à dire que dans l'addiction, les sensations remplaçaient les émotions, se trouve ainsi confirmée : l'effet brutal du produit vient ainsi à la place de la modulation subtile des émotions. » (p. 188)
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