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Citations de Gil Bartholeyns (38)


Dénombrer ses appareils domestiques est un exercice déroutant. Si vous vivez en appartement, vous devriez en posséder près de 70, plus de 120 si vous habitez une maison avec jardin. En moyenne, 450 kilos, nous apprend une enquête menée en 2016. Du lave-linge à la machine à coudre, de la tondeuse à la perceuse, de la hotte aux jouets motorisés, des téléphones aux ordinateurs, de l'appareil photographique aux montres, du chauffe-biberon à l'appareil à raclette, de l'aspirateur au robot mixeur, du ventilateur au four à micro-ondes... ils sont partout.

Ouverture : un grille-pain
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En attendant, c'étaient bien parce que tous ces animaux avaient été plongés, involontairement pour les une, volontairement pour les autres, dans la plus grande indifférence, c' était bien parce qu' ils avaient subi la transformation radicale de tout ce qui touche l' industrialisation, c' était bien parce qu'ils avaient été desanilalisés, tournés en machines thermodynamiques susceptibles d' optimisation jusqu'à une limite fixée en termes de bombe sanitaire qu' ils étaient en effet les plus à plaindre.
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On n' en finissait pas de leurrer et d'ouater. Mais la méthode la plus efficace, c' était nous, notre désir de fermer les yeux.
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Le poulet classe A n ' était pas le poulet classe affaire.
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Il fallait être de grands décérébrés pour ne pas voir que les éléments de langage étaient d' émblee incompatibles avec les lois de la pratique.
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Son fournisseur lui avait menti. (...) Frédérik se sentait responsable du poulet qu' il produisait et il avait toujours été serein: il mettais son.blé, il donnait de l'eau de distribution, et il y avait l' air . Après, si l 'aliment qu' il achetait pour ses poulets intoxiquait les gens, ça n' allait pas. Peut- être sue les autres s' en foutait, mais pas lui. Son fournisseur lui avait pourtant garanti la marchandise ; et en même temps, il savait comment ça se passait. L" origine des ingrédients changeait tout le temps selon le prix du marché et en tout cas de scandale on atteignait les seuils limités puis les lobbies montraient leurs trois rangées de dents et la tolérance est relevée.
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Frédérik voyait bien où ça menait de verdir totalement l' aviculture. Les produits étrangers feraient main basse sur le marché. Les petites bourses et la restauration rapide n' hésiteraient pas un instant , on pouvait leur faire confiance. Les agriculteurs tomberaient comme des mouches. On éduquait les jeunes au biologique mais pas à la pauvreté et on les berçait d' écologisme entre deux publicités pour les bagnoles.
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Il fallait pouvoir se payer du filet de poulet quatre ou cinq fois plus cher que le standard.
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Dieu pourrait- il entrer dans ma vie et calmer le temps qui ne calme rien.
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Le soir même, le journaliste Benjamin Manning commentait sur CAL•BC les images amateur des flammes colossales diffusées en arrière-plan et sa collègue pointait des pictogrammes d’incendie sur une carte virtuelle, après quoi Manning reprenait en expliquant avec une gravité professionnelle que les vents forts rendaient la situation très préoccupante. Il n’arrivait pas à boire son verre d’eau entre les témoignages et les nouveaux décomptes. La situation était localement hors de contrôle. Les feux progressaient à la vitesse du cheval au galop. leur propagation et leur nombre croissant dépassaient les capacités d’extinction. Dans quelques jours, on parlerait de « Complexe d’Août », les dizaines de foyers formeraient un système autogène. Certains fusionneraient. Et ces très grands feux étaient proprement inextinguibles. Comptant pour moins de cinq pour cent des feux de forêt, ils représentaient plus de quatre-vingt-dix pour cent des surfaces brûlées. Leur intensité était telle que les sols ne parvenaient plus à se régénérer. Ces généralités édifiantes finissaient par devenir des frayeurs ontologiques servies par un Manning doré comme une brioche. Au bas de l’écran, une bande défilante annonçait les premières victimes, les dizaines de milliers d’acres déjà avalées, les dégâts signalés un peu partout dans le pays, un hall de sport, des vaches sidérées par un mur de flammes, des maisons isolées dans une forêt devenue un faubourg sans fin, et Benjamin Manning, qui n’avait pas dû beaucoup dormir non plus, recevait sans cesse des nouvelles dans l’oreillette pour dire des choses comme « des nouveaux foyers… en Oregon… très dispersés… dans l’Etat de Washington… en Colombie-Britannique aussi… principalement dans le nord de la Californie… San Francisco pourrait se retrouver encerclé… Voyez ces chevaux hagards qui se précipitent dans l’écurie en flammes… »
Autant d’informations sans appel, allant de l’anecdote à la climatologie humaine.
La sécheresse des derniers mois, le vent chaud en provenance du désert, les allumages criminels, même le complot incendiaire n’était pas écarté. Des évacuations préventives étaient en cours un peu partout. Les gens remplissaient leur coffre. On quittait son pavillon, le coude sur la portière. « On n’est jamais trop prudents pour les enfants. » On accrochait la remorque. « On a pris tout ce qu’on a pu. On ne sait pas si on reverra notre maison. » Et celui-ci pleurait.
C’était le genre d’endroits où je suis né : une école et une église en brique rouge en arrivant, un parc à roulottes au bord de la rivière, un poste de police surdimensionné, une caserne de pompiers avec des drapeaux totémiques flottant mollement, des maisons de planches peintes, plus de voitures que de permis de conduire, des stères de bûches, des vélos couchés sur le bas-côté, un archipel de granges délabrées, de la ferraille agricole un peu partout, des piscines autoportées en juillet et, pour tout centre psychologique, un distributeur de bourbons glace de la chaîne 24/7 et un bar à tombola qui se donne des allures de repaire de trappeurs, le tout disposé de part et d’autre d’une voie principale qu’on n’emprunte jamais sans risquer la noce avec un semi-remorque. Des chiens aboient, un ballon roule, d’immenses oiseaux stoïques aux yeux jaunes tournoient dans le ciel en attendant un lièvre imprudent. C’est mon enfance, et les flammes y allaient.
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Le faux contamine le vrai plus vite que la vérité ne conjure l'erreur. (149)
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La flèche du temps a parcouru mon néant intérieur jusqu'à la cible pleine des évènements abolis. (9-10)
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Au cours de ces trois années immolées, il avait tout de même senti poindre le danger d’une morale, le risque d’une identification à toutes les pauvres créatures dont il avait senti le souffle. Somme toute, il était très différent d’elles, elles étaient très différentes de lui, et entre elles également. Ce serait dans le maintien de cette différence, dans la reconnaissance de celle-ci qu’il trouverait sans doute le moyen de comprendre ce qu’elles étaient vraiment et pourquoi il les avait jusque-là mangées comme si c’était du pain. Il entendait rester à sa place et faire des animaux les fiers représentants de leur espèce et d’eux-mêmes avant tout. Véloces et vigilants, les uns grouinaient d’un enthousiasme nerveux, dodelinant sur la pointe des pieds, les soies drues. Les autres, bien emplumés, caquetaient et prenaient des bains de poussière et des postures de défi. Leur dignité naturelle à tous impliquait de ne pas en faire des égaux mais d’avoir des égards pour leur nature, à égalité de ceux que nous pouvions avoir pour des amis. Sully n’allait pas leur retirer de surcroît ce qui les différenciait sans doute positivement de sa propre nation. Mais la chose dont il était sûr, et qu’il ne serait pas en mesure de décliner, était que tous ces compagnons étaient certes des créatures sensibles mais qu’il importait peu que cette sensibilité fût douée de raison parce que la souffrance n’était pas d’abord une question d’entendement mais de corps. Et ils avaient tous un corps, et ce corps était ce qu’ils étaient au plus profond de leur être qui sentait, par lui, tout ce qu’était pour eux le monde. Alors si le monde et eux ne faisaient qu’un à travers leur corps, celui-ci était le lieu absolu, le siège même de leur vie volée, douloureuse, et cela rendait son traitement plus préoccupant encore. Le corps était la seule chose qu’ils avaient et qu’ils étaient. En admettant qu’ils ne fussent que cela, et que Sully fût plus que cela, leur corps propre importait plus que son corps à lui dans l’évaluation d’une existence. Ils n’avaient aucun moyen de compenser, de surseoir, de s’adapter. Sully pouvait se faire une raison, les prisonniers se racontaient des histoires, les hommes trouvaient des issues de secours, des potions, des mots, le sexe, le sommeil. Ils prenaient les armes. Tôt ou tard ils opposaient une résistance. Alors que les injures faites au corps des bêtes s’accompagnaient d’épreuves insondables qui refluaient sans solution de continuité sur ce corps. Rien n’était plus psychosomatique. Les émotions négatives entraînaient un pessimisme chronique. Leur répétition installait des biais de jugement et une induction sociale qui modifiaient les comportements et la santé de tous. Et ce défaitisme conduisait presque toujours à des conduites visant les congénères. Les cochons se tortoraient le trognon. Les poissons et les poulets se beckettaient. C’était leur cinéma, leur drogue, leur décharge. La nociception frappait toujours deux fois. Aucun d’eux ne pouvait changer de vie. Leur vie, c’était eux, et on les faisait butter sur leur élan vital. Ils persévéraient quand même, mais perversement, par toutes sortes de comportements agressifs et délétères.
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Au supermarché, tous les animaux d' embouche avaient la vie d' Ancien régime.
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C'est la nuit, toujours, que les hommes courent à leurs terribles oeuvres.
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Elles culminaient dans l' armoire à près de neuf cents pages, toutes en anglais, eh ça s' appelait un BREF, sans aucune espèce d'ironie, pour best availlable techniques référence document.
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Frédérik aimait Suzanne mais pas ce qui lui arrivait, pas cet amant qui lui faisait confondre les jours et les gens et lui infligeait des nausées, des troubles de l'équilibre, des tremblements, des peurs abyssales et des migraines diaboliques.
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Deux kilos deux c’est le poids d’abattage des poulets. Au-delà, l’état du poulet devient lamentable et finit en filets. C’est une quantité, et c’est bien de cette façon que le monde productiviste procède, par chiffres, normes et procédures.
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Chaque objet technique modifie la vie quotidienne – la montre le rapport au temps, la bicyclette l'appréhension de l'espace, les lampes à pétrole la vie nocturne, les lunettes la manière de voir le monde...
[...]
C'est en toute logique que les elutes politiques locales s'emparent de ces appareils comme autant d'instruments pour reformer la société. Le japon est exemplaire à ce titre, lui qui choisit une forme d'occidentalisation à la fin du XIXe siècle. Celle-ci passe par l'imposition du costume -cravate aux fonctionnaires et d'autre-part, par la production de machine à coudre, à écrire, d'appareils photos, de TSF.
La machine à coudre Janome est créé en 1921, Brother en 1928, Juki en 1938...

p. 79.
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Pour Gilbert Simondon, philosophe et observateur attentif des techniques des années 1950, ce n’est pas la technique en soi, mais la « méconnaissance de la machine » qui est « la plus forte cause d’aliénation dans le monde contemporain ».

Ouverture: un grille-pain
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