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4.75/5 (sur 4 notes)

Nationalité : Suisse
Biographie :

Gilbert Boss est un philosophe pour qui la philosophie est aussi une sorte de genre littéraire, dont il explore les formes, de même que celles de la pensée qu’il considère comme légitimement très
diverses. Il a publié une bonne douzaine de livres, qui traitent de tous les aspects de la philosophie,
mais il s’est intéressé aussi particulièrement aux ressources de l’informatique, puis d’internet, en y
cherchant de nouveaux moyens d’expression. L’une de ses œuvres est très innovatrice dans cette
utilisation de l’informatique au service de la pensée philosophique. Ses Jeux de concepts, en effet
ont une forme telle qu’elle bouleverse toutes les habitudes de lecture, en n’étant accessible que sur
ordinateur.

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Bibliographie de Gilbert Boss   (8)Voir plus

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Si le spécialiste devait nous dicter tout ce que nous devons
croire concernant son domaine, il deviendrait du fait même notre
maître, au lieu de s’en tenir à un rôle plus modeste, comme notr7
conseiller ou notre serviteur. Le médecin ne se contenterait plus
de nous donner les remèdes que nous désirons, il réglerait notre
alimentation, nos mouvements et notre vie en fonction de la santé
qu’il conçoit. Or cette santé que nous désirons, mais que nous ne
préférons pas peut-être à certaines habitudes qui la contrarient, il
faut bien que nous la définissions nous-mêmes à partir de notre
propre fonds d’idées, en relativisant la voix du médecin, si nous ne
voulons pas nous limiter à lui obéir, comme doivent bien s’y rési-
gner les grabataires dans les hôpitaux. Et l’économie de laquelle
nous attendons un certain bien-être, à laquelle nous participons,
qui organise une grande partie de nos vies, nous renoncerions à la
penser selon nous pour la confier aux économistes ! C’est, je le
crains, ce à quoi nous n’avons été, et ne sommes encore, que trop
portés. En dépit des libertés démocratiques dont nous nous glori-
fions, nous avons remis le pouvoir politique à une caste de man-
darins, qui, au nom de leur religion — quelque prétendue science
—, entreprennent de diriger toujours plus entièrement nos vies.
Or, en échange de leur pouvoir, nous avions eu l’imprudence de
leur demander un bien-être qu’ils se montrent à présent bien inca-
pables de nous assurer. Leur pauvre science économique ne par-
vient pas même à expliquer la faillite de leur système, et elle leur
interdit d’en sortir. Il est temps que nous reprenions la direction
de nos affaires et que nous remettions nos intendants à leur place.
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Or le fait que l'État moderne n'assure plus la sécurité de ses citoyens, ni face à la destruction par des armes ennemies, ni face aux conséquences néfastes ou fatales d'une technique dont le développement devient autonome, lui retire une grande part de sa fonction traditionnelle et, partant, de sa force réelle. La vraie raison du contrat social était d'abord de supprimer le plus grand danger de l'état de nature, à savoir l'hostilité des hommes qui les mettait continuellement à la merci les uns des autres, et ensuite seulement, de constituer du même coup une alliance pour parer aux autres dangers naturels et pour rendre la vie plus commode et agréable. Or, si l'État industriel contemporain a particulièrement bien réussi récemment dans le projet secondaire, il est en train d'échouer misérablement quant au dessein premier du pacte: les principaux dangers, ceux qui viennent de l'activité des hommes, sont justement ceux aussi contre lesquels l'État devient impuissant.
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L’imagination, l’activité concrète de formation des images,
opère dans un monde étrange, comme déjà la sensation. Ce dont
nous prenons conscience dans les images, ce n’en est que la plus
petite partie, celle qui arrive à la clarté de notre attention, et nous
croyons que tout en elles doit avoir ce même statut. C’est pour-
quoi nous confondons les images avec des sortes de photogra-
phies, immédiatement données en leur entier, claires et distinctes
en principe, alors qu’au contraire, ces petites zones de clarté se
détachent sur un fond immense et complexe, demeurant hors de
la lumière de l’attention. Là où nous croyons voir une figure uni-
que, complète en elle-même, l’imagination en produit et travaille
des masses innombrables et à peine visibles latéralement. Faute de
nous intéresser à ce monde implicite, nous en venons à situer
toute une partie de la pensée, rationnelle ou conceptuelle, dans un
monde tout à fait fantastique, et que nous ne pouvons plus perce-
voir d’aucune manière. Et nous feignons alors une sorte de do-
maine de la pure pensée, totalement à l’abri de la contamination de
la sensibilité et de l’imagination.
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Parmi les peurs qui s'expriment face à l'informatique, l'une des plus répandues est celle de la dictature rendue possible par une surveillance automatisée et toujours plus serrée des individus, jusque dans leurs activités les plus privées. Une autre crainte courante est celle de l'extension indéfinie du chômage à mesure que les hommes seront remplacés par des robots dans tous les postes de travail automatisables. Dans les deux cas l'ordinateur est perçu comme maléfique en tant qu'il paraît donner une puissance immense au petit groupe de personnes qui sont aux commandes des machines, et cela au détriment du reste de la population, entièrement domestiquée par le moyen des ordinateurs ou rendue inutile par les robots. On imagine alors facilement un monde dans lequel quelques dictateurs opprimeraient les masses avec une efficacité jamais atteinte encore, grâce au contrôle sans faille des ordinateurs, et dans lequel aussi les usines tourneraient seules, sans ouvriers, entièrement robotisées, et obéissant à leurs seuls patrons, tandis qu'une humanité de chômeurs dépérirait dans la misère.
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Si, d’un certain point de vue, le jeu peut paraître comme un
simple arrêt dans le cours du fleuve, cela ne signifie pas pourtant
que seule la perspective technique permette de comprendre vrai-
ment le monde. Au contraire, le fleuve court à la mer comme le
travail à sa fin, et ils s’y perdent, ils y prennent fin. Quant au jeu,
lové sur lui-même, il contient sa fin sans avoir eu à se terminer, et
ce qui, venu d’au-delà de ses limites, le fait cesser, n’est pour lui
qu’accident contingent : essentiellement, il s’achève en lui-même.
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Vivre en victime, cela consiste donc en une crispation sur ce
qui ne peut pas exister. C’est dénoncer sans cesse un crime qui ne
peut pas avoir été commis, et traquer un bourreau derrière des
masques vides. C’est avoir une foi de fanatique en la nécessité (au
niveau de la rationalité utopique), tout en refusant de la reconnaî-
tre là où elle apparaît effectivement, là où la victime en a l’expé-
rience et la subit justement comme ce qui ne doit pas être. C’est
sacrifier le monde réel à l’utopie pour combler paradoxalement un
manque ressenti comme réel.
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Envisagé globalement, le monde n’est qu’une succession de chaos, comme dit Mill. Le changement global du monde ne présente en effet qu’une suite d’états chaque fois différents. Tout l’ordre que nous pouvons y trouver vient de ce que le monde se compose de régularités particulières, et que les causes se composent pour constituer un ordre plus général.
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