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EAN : 9782880931155
234 pages
Editions du Grand Midi (23/01/2000)
5/5   2 notes
Résumé :
Que notre société économique soit dans une grave crise, qui ne le sait ? Or si les crises sont des occasions pour la pensée, n'est-ce pas parce qu'elles incitent à quitter le confort de la délégation des problèmes aux autorités officielles, aux nombreux spécialistes, dont la crise manifeste précisément l'impuissance ? parce qu'elles obligent donc à affronter plus directement les questions que pose notre organisation sociale et de remettre en question nos croyances ?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avant la pandémie, il y avait l'économie…

Il était une fois un livre qui prétendait faire l'examen de nos opinions sur un sujet que l'on croyait trop complexe pour que nous en ayons, et sans lequel, finalement, nous ne l'aurions jamais découvert…

Un livre qui se défend lui-même, écrit par un philosophe de notre époque, un penseur qui se déclare non-expert mais qui écrit pour nous aider à penser plus loin que ceux-ci – parce que nous le pouvons, et déjà sans nous en rendre compte nous le faisons. Ah, c'est malin !

D'abord ces experts, il nous les présente comme des autorités officielles desquelles nous dépendons trop souvent malheureusement pour prendre nos décisions, autant sur le plan personnel qu'au niveau de la société, alors qu'au fond ces gens n'ont qu'une connaissance limitée, et encore, au final, eux aussi, en tant qu'hommes, ne peuvent qu'émettre des... opinions.

Ensuite, si nous sommes dans une démocratie, alors pourquoi devrions-nous laisser les opinions d'experts dans quelconque science déterminer toutes les politiques de nos pays et gérer nos vies ? Il ne s'agit pas de s'approprier le savoir des experts actuels, ni de le contourner en le rejetant simplement du revers de la main mais bien de le relativiser. Et même si d'entrée de jeu Gilbert Boss ne prétend rien nous enseigner puisqu'il n'en a pas l'autorité, on finit malgré lui par mieux comprendre les rouages de notre économie moderne, du Grand Système qui paraît pourtant, à tous les jours dans les bulletins de nouvelles, si compliqué, et dont les analyses pointues nous échappent, nous enlevant chaque fois, n'est-ce pas, une prise sur notre réalité.

Franchement, je crois que ces réflexions, ces questions philosophiques s'imposent à nous de toute urgence aujourd'hui ; elles recouvrent plus que jamais leur côté social, pratique, maintenant que nous voyons la fin, que nous savons que le système en lequel nous avons eu confiance flanche. J'ai été particulièrement enchanté de plusieurs idées, comme celle d'un chantier culturel, dont le développement m'a paru très original et enthousiasmant.

Donc, vingt ans après sa publication, cet ouvrage écrit par un esprit à tout le moins visionnaire devient enfin hautement, vraiment pertinent. Cessez tout ; lisez ce livre passionnant !! Il s'adresse à tous et concerne précisément tout le monde, sans discrimination de genre, de race, de classe sociale ou d'éducation. Je garantis qu'on ressort plus heureux de cette lecture qui a cette vertu très rare, je trouve, de nous restituer en quelque sorte notre pouvoir moral et intellectuel sur tous les aspects de notre existence.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Si le spécialiste devait nous dicter tout ce que nous devons
croire concernant son domaine, il deviendrait du fait même notre
maître, au lieu de s’en tenir à un rôle plus modeste, comme notr7
conseiller ou notre serviteur. Le médecin ne se contenterait plus
de nous donner les remèdes que nous désirons, il réglerait notre
alimentation, nos mouvements et notre vie en fonction de la santé
qu’il conçoit. Or cette santé que nous désirons, mais que nous ne
préférons pas peut-être à certaines habitudes qui la contrarient, il
faut bien que nous la définissions nous-mêmes à partir de notre
propre fonds d’idées, en relativisant la voix du médecin, si nous ne
voulons pas nous limiter à lui obéir, comme doivent bien s’y rési-
gner les grabataires dans les hôpitaux. Et l’économie de laquelle
nous attendons un certain bien-être, à laquelle nous participons,
qui organise une grande partie de nos vies, nous renoncerions à la
penser selon nous pour la confier aux économistes ! C’est, je le
crains, ce à quoi nous n’avons été, et ne sommes encore, que trop
portés. En dépit des libertés démocratiques dont nous nous glori-
fions, nous avons remis le pouvoir politique à une caste de man-
darins, qui, au nom de leur religion — quelque prétendue science
—, entreprennent de diriger toujours plus entièrement nos vies.
Or, en échange de leur pouvoir, nous avions eu l’imprudence de
leur demander un bien-être qu’ils se montrent à présent bien inca-
pables de nous assurer. Leur pauvre science économique ne par-
vient pas même à expliquer la faillite de leur système, et elle leur
interdit d’en sortir. Il est temps que nous reprenions la direction
de nos affaires et que nous remettions nos intendants à leur place.
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