DÉBAT ALIMENTATION ET AGRICULTURE avec Corinne ROYER, Gilles LUNEAU, Denis LAIRON, Gilles PEROLE
En France, des dix millions d’actifs agricoles dans 2,3 millions de fermes au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il ne reste aujourd’hui que 885 000 actifs agricoles dans 450 000 fermes.
Pourquoi, sur cette partie du continent américain, faut-il que tout problème se résolve nécessairement par le marché ? Qu’une révolte légitime face à un fait – en
l’occurrence la production industrielle de viande – ne trouve sa solution que dans la création d’une entreprise vouée forcément à devenir multinationale ? Pourquoi, dans ce pays, devant un problème structurel d’ampleur
nationale – le modèle agricole et alimentaire –, ne réfléchit-on jamais à une solution politique ? Pourquoi ne construit-on jamais une vision collective de l’avenir ? Un projet de société, c’est-à-dire la façon dont on cultive, tisse et organise les liens sociaux, économiques, culturels ? Car enfin, depuis sa naissance, l’agriculture a été une des responsabilités principales des gouvernements. Dans les sociétés tribales, la gestion des terres cultivables a toujours eu une dimension collective, succédant en cela au partage des fruits de la pêche et de la chasse entre les membres de la communauté. Plus récemment sur l’échelle de l’histoire humaine, la prédominance de la vie rurale sur la vie citadine a imposé aux gouvernements d’assumer
l’approvisionnement voire l’autosuffisance alimentaire des populations gouvernées
Depuis le congès de Tours, l'ambiance s'est considérablement dégradée pour l'équipe Lapie-Teyssedou-Fau. Tous trois subissent un harcèlement continu de la part de l'équipe Guyau. Leur travail est entravé ou remis en cause, leurs rendez-vous sabotés: "Qauand on partait négocier quelque chose dans un ministère , il y avait un coup de téléphone avant notre arrivée... Les dialogues à l'intérieur de la FNSEA sont impossibles, réduits à des enguelades continuelles ; l'ambiance est de plus en plus invivable: "On n'était plus dans le débat, on butait sur du sectarisme. "
Miche Fau évoque, encore blessé, l'ingratitude de Guyau qu'il avait fait élire au poste de secrétaire général du CNJA avec la voix de Teyssedou quand lui, Fau, présidait le CNJA...Il lui a fallu des années pour se remettre de l'inhumanité de ces relations : "Quand vous arrivez, le matin au petit déjeuner et que le directeur ne vous dit pas bonjour, que le secrétaire général n'est pas au courant de ce que fait le président... Beaucoup nous ont reproché d'être partis ; mais les gens n'imaginent pas ce qu'on a vécu! Fallait le vivre! C'est odieux."Les ragots vont en effet bon train: "On nous en a mis, sur le dos!On disait que j'étais le porteur d'eau de Teyssedou pour qu'il soit calife à la place de Guyau. Ou l'inverse suivant les jours. L'amitié qui lie les trois hommes les fait tenir. Ni Fau, ni Lapie ne répondront aux sollicitations visant à les désolidariser de Teyssedou. L'esprit vif et brillant de ce dernier témoigne d'une domination intellectuelle insupportable pour l'ego du président Guyau qui voit en lui un conccurent possible.
Théorie que vont développer Claude Servolin et Jean Weil dans une France sans paysans. Les "trois agricultures" y sont définies à la fois par les caractéristiques de leur exercice géographique, par leur type de production et par leur profil économique. La première agriculture est celle "d'une minorité prépondérante " et spécialisée du Bassin parisien( céréales, betteraves) et du Languedoc( vignes, riziculture). La deuxième englobe les régions laitières ( Ouest, Est, Sud-Est). Le reste du pays porte des zones mixtes entre ces trois catégories.
107.Didier Toubia fait référence à un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) de novembre 2011 (rapport 10035-99) qui met en avant que plus de 50 % de l’abattage total des bovins, ovins, caprins est effectué selon le rituel halal ou casher alors que la demande correspond environ à 10 %. La raison en est que c’est plus facile de continuer d’abattre selon un des deux rituels plutôt que de reconvertir à chaque fois toute la chaîne en non rituel.
Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, un des trois hommes les plus riches du monde, a investi dans une société qui conçoit et gère des « fermes d’intérieur verticales » où des fruits et des légumes poussent en hydroponie sur des modules suspendus dans une installation intérieure à climat contrôlé, sous des diodes électroluminescentes, sans pesticides, sans OGM… et sans sol. La première ferme a vu le jour à San Francisco, la seconde, à Seattle, et il y a trois cents projets en Chine.
Enfin ils sont contre les subventions qui orientent ou soutiennent la production( prime pour faire du maîs, du tournesol, etc.). De leur point de vue,il s'agit de concurrence déloyale à leur égard. De leur part, c'est en fait, auchoix, pure hypocrisie ou simple figure de rhétorique : les fermiers américains sont autant, voire plus subventionnés que les paysans européens, mais pas au même moment de leur activité! Chez eux, les aides ne sont pas liées directement à la production , comme en Europe....
Les farmers ne sont pas subventionnés pour semer un type de céréale, ils ne bénéficient pas de prix garantis, mais d'un "prix espéré"(target price) en fonction duquel ils souscrivent une assurance sur leur récolte. ETle gouvernement américain subventionne les assurances...Il faut compter avec les achats massifs du gouvernement pour l'aide alimentaire mondiale. Enfin, le maintien du dollar à des taux artificiellement bas favorise les exportations de l'oncle Sam.
Quand on accepte la PAC et les critères de Blair-House, on accepte l'élimination des paysans, en France comme en Europe. A l'heure où j'écris ces lignes, il ne reste plus que 600 000 exploitations sur les 2,5 millions de fermes dénombrées à la Libération.
Le cordon n'est pas définitivement coupé avec la FNSEA. Les enguelades avec les copains et voisins "réformistes" qui choisissent de rester dans le syndicalisme majoritaire et dans la Coopération vont maintenir une "passerelle" entre les hommes et entre les idées. Nombreux sont ceux qui pensent qu'une"position de gauche" est plus forte quand elle est portée par une tendance minoritaire à l'intérieur du syndicat , que si elle est devenue ultra-minoritaire à l'extérieur. Encore faut-il pouvoir exister en tant que minorité à l'intérieur du syndicat , ce qui n'est guère possible-ou très difficile à vivre-dans une structure aussi peu démocratique que l'appareil de la FNSEA.
En pourcentage, la ligne contestatrice a recueilli 43 % des suffrages , mais le scrutin a été faussé par l'inscription au dernier moment de délégués n'existant que sur le papier , grâce à l'apparition de cotisations acquitées à la dernière minute et accord des mandats supplémentaires, notamment à des jeunes du Bassin parisien, du nord de la France, des Pyrénées-Atlantiques (département de Louis Lauga, président régional aligné sur Paris). On voit alors un département comme la Seine-et-Marne totaliser plus de cotisants et donc plus de votes qu'il n'y a de jeunes agriculteurs dans tout le département!...