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Critiques de Goldie Goldbloom (48)
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Division Avenue

Miracle à Brooklyn

Surie Eckstein est une femme épanouie. Mariée à Yidel depuis de nombreuses années, elle est mère de 10 enfants et grand-mère de 32 petits-enfants. Investie dans sa communauté juive hassidique à Brooklyn, elle pratique son culte avec beaucoup de bonheur (et quelques entorses parfois !).

Mais, quand elle se découvre enceinte de jumeaux à presque 60 ans, c’est tout son monde qui s’écroule…Comment accepter de mettre au monde des enfants quand elle ne peut pas échanger avec son mari autour de Lipa, son cher fils disparu ? Comment mener une grossesse quand votre corps est celui d’une femme de 57 ans ? Enfin, comment faire accepter cet état à sa famille et surtout à sa communauté si prude et si fermée ?

Surie est bouleversée, ne sait pas quoi faire, n’arrive pas à en parler, se noie dans ses activités de bénévole à l’hôpital et finit par découvrir un autre monde que le sien. De nouvelles perspectives s’offrent à elle…

Division avenue est un roman qui m’a beaucoup plu. J’ai apprécié de découvrir cet environnement religieux que je ne connaissais pas, très codifié, avec ses rites et ses traditions. J’ai aimé aussi le portrait de cette femme à la croisée des chemins, pilier de sa famille, courageuse, perturbée par l’annonce de cette grossesse qu’elle n’attendait plus.

Enfin, la plume de l’autrice, d’une grande fluidité et d’une belle justesse, m’a totalement convaincue. Un texte que j’ai dévoré tant j’avais hâte de connaitre l’issue de cette histoire tendre et émouvante.

Une très belle découverte, traduite avec beaucoup de talent par Eric Chédaille.
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Division Avenue

Mais quel roman !

Surie Eckstein , cinquante - sept ans , dix enfants se rend compte avec consternation qu'elle est enceinte de jumeaux , elle qui a plus de trente petits - enfants , une fille aînée , rigide, lui conseillant d'entreprendre un régime hypocalorique….

C'est un choc! Juste au lendemain du mariage d'une de ses filles.



Pourtant liée d'un amour inconditionnel pour son mari Ydel, tendre, toujours amoureux , attentionné , elle craint les réactions indignées de ses voisins, proches, de ses enfants….



Surtout qu'elle espérait vivre les années qu'il lui reste assez sereine , —- enfin—— tranquille auprès de son Ydel.



Nous sommes au coeur de la communauté juive orthodoxe , partie spécifique de Brooklyn., communauté si prude , fermée.



Cette situation revêt un côté abominable, empreint d'opprobre, il y est quasi impossible de vivre sa différence à l'image de son fils Lipa, disparu , immédiatement rejeté pour son homosexualité.



Il a fui, incapable de supporter cet état, plaie toujours ouverte au coeur de Surie ….Se répétant ne pas avoir été capable de le protéger , de l'accepter tel qu'il était .

Au contact de la sage - Femme de l'hôpital Val , Surie tentera de comprendre , de s'éveiller à l'autre , elle s'émancipera à tout petits -pas…..

J'ai beaucoup aimé l'empathie de l'auteure , maniant à la fois une sorte d'ironie douce ,son humour, sa tendresse ,ses questionnements ,sa manière fine et élégante de ne porter aucun jugement.



Elle nous fait pénétrer avec émotion dans un univers peu connu , les rites et les coutumes austères de cette communauté, sans véritable ouverture vers l'extérieur .



Surie est un personnage magnifique , profondément humaine, prisonnière de son obésité , son corps déformé par le cancer et les très nombreuses maternités , exemplaire, pétrie d'amour pour les siens …..confrontée à un dilemme , hantée par le souvenir de son cher enfant Lipa.



Un portrait délicat, , nuancé, bien écrit, passionnant de bout en bout , qui questionne avec une belle dose d'autodérision les limites de certaines pratiques religieuses ,un monde à part que l'on découvre avec bonheur tellement l'auteure nous dresse un portrait inattendu , tendre et saisissant!



Elle nous parle aussi avec passion de l'amour sous toutes ses formes ,les rapports sexuels à un âge où beaucoup s'imaginent que cela n'existe plus .

Un livre à la fois subtil, profond pétri de secrets et d'interdits où l'émancipation se fait tout à fait discrète mais puissante .

Je le recommande !



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Division Avenue

J’avais déjà entendu parler de la communauté juive hassidique, mais cela ne m’évoquait par grand chose de concret.

Grâce à Surie Eckstein et à sa très grande famille, j’ai découvert ces gens, leur mode de vie, leurs traditions, leurs habitudes alimentaires, leur façon de s’habiller, de penser, de se comporter au sein d’une communauté extrêmement soudée, qui vit exclusivement dans quelques rues de New-York, et qui rejette tous ceux qui présentent une particularité ou simplement qui aspirent à une vie différente de celle qui les attend.

Tout commence par la découverte d’une grossesse tardive, Surie se découvre enceinte à 57 ans, alors qu’elle est déjà mère de dix enfants, grand-mère d’une trentaine de petits enfants et qu’elle pensait être ménopausée surtout après avoir survécu à un cancer.

Une grossesse tardive pourrait être vue comme un miracle si elle ne survenait pas dans cette communauté fermée où la simple idée que des gens de plus de cinquante ans puissent avoir encore des rapports charnels était considérée comme d’une impudeur totale.

Et parce que sa famille a déjà connu la honte et le déshonneur il y a quatre ans à cause d’un de ses fils, Surie ne se résout pas à avouer sa grossesse à son mari et encore moins à ses enfants.

Nous allons l’accompagner durant plusieurs mois au cours desquels elle va repenser à sa vie toute tracée, à son fils disparu, à ses choix, à ceux que ses enfants ou petits-enfants seront libres de faire ou pas, et elle va peu à peu s’affranchir du regard des autres, même si cela restera à l’état larvaire ou presque, tant le décalage qui existe entre les membres de cette communauté et le reste des habitants de New-York est immense.

J’ai notamment appris que la radio et la télévision étaient interdits, de même que les livres n’ayant pas trait à la religion, que les filles n’avaient pas le droit d’étudier, qu’elles étaient toutes destinées à devenir seulement des épouses, des mères et des grand-mères, et que le pouvoir de cette communauté était tel que l’individu n’y avait aucune existence propre.

J’ai pris beaucoup de plaisir à accompagner Surie dans son cheminement et sa grossesse, même si sa vie ne me fait aucunement envie, car j’ai bien du mal à imaginer qu’on puisse accepter une vie dédiée exclusivement à la maternité.

J’ai été triste pour elle à cause des secrets qui la rongent de l’intérieur, j’ai été révoltée par l’intolérance de ses proches, j’ai été bouleversée par les vies gâchées de ceux qui ne se sentaient pas tout à fait comme les autres, j’ai été heureuse avec elle lors des fêtes de famille et j’ai attendu la fin avec une grosse boule dans le ventre, ne sachant comment se terminerait cette histoire qui allie une qualité d’écriture, du suspense et beaucoup d’émotions.

Je remercie Babelio et les éditions Christian Bourgois pour cet envoi.

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Division Avenue

La vie est loin d'être un long fleuve tranquille pour Surie. À l'heure où d'autres s'apprêtent à devenir grand-mère, elle, qui l'est déjà depuis longtemps, apprend qu'elle va donner la vie. Pour la onzième fois...

Elle, qui aspirait à souffler un peu, à avoir du temps pour elle, va devoir une fois de plus changer des couches, nourrir et s' occuper d'un être qui comptera avant tout sur elle. Et Surie fait aussi un étrange choix, celui de n'en parler à personne, pas même à celui qui partage sa vie depuis quarante ans. Durant cette grossesse surprise remontera aussi le souvenir de son fils Lipa, trop tôt disparu. Faut-il pouvoir se réconcilier avec son passé pour vivre sereinement l'avenir ?



Je ne savais absolument pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre qui m'a en quelque sorte sortie de ma zone de confort. Je savais que l'histoire se passait dans la communauté juive hassidique, communauté dont je ne connaissais pas grand chose pour ne pas dire rien. Et je me suis totalement retrouvée immergée dans la vie et les codes de cette communauté pourtant si éloignée des miens.



J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a emmenée dans des contrées que je n'imaginais pas, non pas dans la jungle ou au fin fond des États-Unis, mais simplement à Brooklyn, New York, sur cette Division Avenue qui porte décidément très bien son nom. Car avant même d'être américaine, Surie est juive hassidique et doit obéir aux règles des siens. Sa vie est rythmée par les traditions, les fêtes, les rites, le regard des autres, ce qui est autorisé ou non de faire, avec en toile de fond la Shoah qui reste très présente à l'esprit. L'auteure à en effet eu l'excellente idée d'intégrer au début de son récit un arbre généalogique de la famille, remontant aux grands-parents, ce qui fait que l'esprit de famille, certainement une des choses les plus importantes pour les juifs hassidiques, reste très prégnant dans la tête du lecteur lambda qui ne peut finalement suivre la trajectoire de Surie qu'à travers ce prisme.



La plume de Goldie Goldbloom est très agréable, teintée d'humour- j'ai ri ou souri à plusieurs reprises- tout en étant pleine de pudeur et de finesse. le texte est parsemé de mots yiddish mais ça n'a pas gêné ma lecture. Il existe un glossaire en fin d'ouvrage mais si vous êtes comme moi, c'est à dire un peu feignasse sur les bords, et que vous n'allez pas voir systématiquement la traduction du mot, cela ne gâchera en rien votre lecture.



En résumé, j'ai passé un très bon moment avec ce roman qui parsème çà et là des indices et nous emmène inexorablement vers la vérité, du moins la vérité de Surie. Il serait tentant, et facile, de ne pas se sentir proche de cette communauté, de la juger aussi car on ne la comprend pas, mais le personnage de Surie est tellement dense et complexe qu'il en devient attachant dans sa dualité. C'est un très beau portrait de femme que nous offre l'auteure, une femme forte, intelligente et surtout courageuse. Ce que je garde en mémoire près d'une semaine après avoir tourné la dernière page est la tendresse infinie que je ressens pour Surie, cette anti-heroïne des temps modernes qui ne lâche rien.



Et un dernier mot sur la couverture, un poil désuète, mais tellement en phase avec le roman.



Un grand merci à Babelio pour cette masse critique ainsi qu'aux éditions Christian Bourgois pour l'envoi de ce livre.



Lu en février 2021
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Gin et les italiens

S'inspirant de faits réels qui se sont déroulés durant le Seconde Guerre mondiale, l'auteure trace ici une fiction très émouvante, dure par moments mais également basée sur l'amour.



A Wyalkatchem, un petit village d'Australie-Occidentale, une famille de fermier, les Toad, est contrainte, comme tant d'autres, de recueillir des prisonniers de guerre (PG) italiens afin de les faire travailler. La mère au foyer, Gil, est une femme albinos que beaucoup considèrent comme un monstre à cause de son "anormalité" (son mari également puisqu'il n'accepte de lui apporter des signes de tendresse que durant la nuit et non en pleine lumière du jour). Elle avait tout pour devenir une grande musicienne mais le jury lui aura préféré quelqu'un de normal. Aussi-, Gil à-t-elle épousé, après avoir été interné en hôpital psychiatrique par son beau-père, Toad (bien que cela soit son nom de famille, il est presque toujours appelé ainsi tout au long du roman) et de lui faire quatre enfants, dont l'une mourra à l'âge de huit ans.

Aussi, l'arrivé de ces deux prisonniers, John et Antonio, dans sa ferme est l'occasion pour Gil de se redécouvrir elle-même car l'un d'entre eux, Antonio, ne la regardera pas comme une créature de foire mais tout simplement comme une femme, un être humain méritant d'aimer réellement mais surtout d'être aimé. Peut-on seulement se permettre de juger une femme ou un homme sur sa couleur de peau, celle de ses cheveux ou encore de ses yeux ?



Un roman bouleversant dont on ne pas sortir indemne mais qui mérite vraiment d'être découvert ! Une merveille avec des moments très durs mais aussi très forts ! A lire !
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Division Avenue

Troublant portrait que celui de Surie Eckstein, 57 ans, mère à de nombreuses reprises, et grand-mère d'une trentaine de petits-enfants. Elle attend des jumeaux. Son secret. Car il faut protéger la communauté et la famille avant tout, quoiqu'il en coûte.

Cette communauté, c'est la communauté juive hassidique du quartier de Williamsburg situé à Brooklyn et dont l'artère principale est justement Division avenue.

Et pour nous lecteurs, c'est le poids de ce silence et des traditions qui peu à peu nous saisit, nous happe au rythme des fêtes et rites religieux si nombreux, si riches culinairement parlant, au rythme des visites de Surie chez la sage-femme, Val, la seule au courant de son secret, au rythme de ses réflexions.

Cette grossesse bouleverse son mode de vie et ses habitudes cloisonnées mais elle est aussi une pause finalement pour elle, le temps de prendre le temps de regarder en arrière, de se réconcilier avec une période de son passé, de se pardonner.

On apprend beaucoup à travers ce portrait tout en finesse, sur les conditions de vie d'une femme dans un milieu religieux insulaire, sur comment fonctionne une famille juive ultra-orthodoxe. Une communauté tout en contradiction, qui prône le bonheur et la fête, la solidarité mais une communauté aux nombreux tabous, qui manipule les plus jeunes et qui empêche l'individu de se définir. Interdit le changement. Interdit la différence. Interdit l'homosexualité.

« Une profonde aspiration à lui parler des jumeaux l’emplit, comme l’eau s’engouffrant dans une cruche tenue sous la surface d’un bassin, mais elle persista à ne rien dire. Il y avait en elle deux désirs qui s’entortillaient, celui de parler et celui de se taire. Braver son secret et en être libérée ou le conserver et s’assurer ainsi une parcelle de pouvoir. »

Un roman riche, profond et fouillé, peut-être un peu trop. Goldie Goldbloom est elle-même juive-orthodoxe. Elle emploie beaucoup de termes en hébreu, expliqués sous forme de notes en fin d'ouvrage. Quel dommage de ne pas les avoir mis en bas de chaque page concernée. Si on n'est pas initié, ça hache franchement la lecture. Beaucoup de sujets abordés mais peu exploités qui pourront peut-être en laisser quelques-uns sur le bord de la route.

Une lecture intéressante, mais avec quelques bémols malgré tout !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Division Avenue

Division Avenue de Goldie Goldbloom paru en début d'année dans la collection poche de Christian Bourgois éditeur.



C'est un vrai plongeon dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn qui donne son titre au roman, Division avenue qu'on vous propose!



Division avenue c'est l' histoire de Susie, une membre de la communauté très fermée des juifs hassidiques implantée dans le quartier de Williamsburg, et qui, a plus de 50 ans se retrouve enceinte.



UN choc incroyable vu son âge, et face au regard, au poids de la communauté, Susie décide de garder cette incroyable nouvelle pour elle.



Formidable portrait de femme écartelée entre les règles de son groupe et ses envies d'émancipation et de liberté.



Elle-même juive hassidique, mère de huit enfants et militante pour les droits des personnes LGBT+, Goldie Goldbloom nous dresse un portrait lucide et sans fard mais non dénué de tendresse de ce milieu soumis à tant de règles morales pesantes. ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Division Avenue

Quel roman !

On entre directement dans la vie Surie Eckstein, vivant dans une communauté de juif orthodoxe très stricte. Grand mère, elle apprend qu'elle est enceinte. Mais comment l'annoncer à son époux, lui qui se plaît dans son rôle de grand père.

Cette annonce va faire ressurgir la mort dramatique d'un de ses enfants.

Beaucoup de tendresse, de questionnement pour cette histoire tellement bien écrite. Un beau portrait de femme, jamais dans le jugement.

Je vous le recommande vivement.
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Division Avenue

Surie Eckstein, 57 ans, est membre de la communauté juive hassidique de Brooklyn où la pratique religieuse s'exprime en premier lieu par le respect de très nombreuses, et extrêmement strictes, règles de vie datant de temps anciens. Malheur à celui qui s'en écarte, ne serait-ce que d'un cheveu, c'est la mise à l'écart assurée ! Et Surie est particulièrement bien placée pour le savoir... Aussi quand elle apprend qu'elle est à nouveau enceinte, elle se retrouve incapable d'en parler aux siens, même à son propre mari, craignant l'oppobre et l'ostracisation. Avouer son état reviendrait à étaler sa vie intime sur la place publique, reconnaitre que malgré son âge -celui d'être arrière grand-mère- elle a encore vie sexuelle signifie entacher la réputation familiale déjà mise à mal par un drame concernant l'un de ses enfants. La seule personne à qui Surie peut se confier est la sage-femme goy qui l'a assistée lors de ses précédents accouchements et représente son seul pont vers la réalité du monde moderne. Cette situation fort délicate lui ouvre les yeux sur l'intolérance et les abus de sa communauté, intolérance dont elle même fait preuve et qu'elle regrette amèrement.

Le roman s'étale sur quelques mois voyant Surie se débattre contre la culpabilité qui la hante et va commencer à remettre en question les traditions et les fondements de son mariage, de son éducation et de sa religion qui ont conditionné sa façon d'envisager la vie. C'est un travail douloureux comme celui de l'enfantement que Surie va devoir faire seule. L'atmosphère de cette histoire est tellement lourde et étrange, retranscrivant parfaitement la sensation d'isolement dans lequel Surie se sent prisonnière, que je ne l'ai que moyennement appréciée malgré tout l'intérêt que je porte au sujet. Trop étouffante, limite angoissante ! J'ai quand même trouvé plutôt amusant ce déni de grossesse, non pas de la part de la future maman mais de celle de son entourage et tout particulièrement de son mari.
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Division Avenue

Surie Eckstein habite Division Avenue. A cinquante sept ans, mère de dix enfants, grand-mère de trente-deux petits-enfants c'est un membre apprécié de la communauté juive orthodoxe. Elle espère vivre les années qu'il lui reste tranquille et sereine auprès de Yidel, son époux. Enfin, ça, c'était avant de savoir qu'à son âge, elle est de nouveau enceinte, et cette fois ce sont des jumeaux qui ont décidé de bouleverser sa vie.

Mais cette grossesse a quelque chose d'abominable, d'impossible, dans cette communauté hassidique si prude et si fermée. Et sans doute quelque peu hypocrite puisque les relations entre un mari et son épouse semblent condamnées passé un certain âge. Elle risque d'être rejeté par tous et que cela jette l’opprobre sur vos descendants. C'est oublier bien vite que d'après la bible Sarah a enfanté à quatre-vingt dix ans...

Alors chaque semaine, Suri part à l’hôpital pour être suivie par Val, une sage-femme qui l'a accompagnée lors de ses précédentes grossesses. Malgré les mois qui passent elle n'ose toujours pas en parler à sa famille, encore moins à Yidel.

Comment peut-elle garder ce secret, voilà la vraie question. Question qui la ramène sans cesse à son fils disparu. Lorsque Lipa avait osé avouer son homosexualité, il avait été immédiatement rejeté par cette communauté dans laquelle il est impossible de vivre sa différence. Rentrer dans le moule qui vous est assigné est la seule issue. Homosexuel ou pas, il devait faire semblant, épouser la fille qu'on lui aurait choisi et rentrer dans le rang. Mais il a fui et choisi le suicide, plaie ouverte dans le cœur de Suri, cette mère qui n'a pas su protéger son fils, le comprendre, l'accepter tel qu'il est, et aller à l'encontre des poncifs inhumains de sa communauté.



Aujourd'hui, au contact de Val, Suri s'éveille aux autres, tente de comprendre, d'apprendre. Devenir infirmière ou sage femme pourquoi pas, et aider les femmes hassidiques qui viennent à l’hôpital et que personne ne comprend car souvent elles ne parlent pas anglais. Mais est-ce seulement réalisable.



J'ai aimé la façon dont l'auteur, qui ne porte aucun jugement, nous présente cette femme forte avec ses aspirations, ses contradictions, son courage et sa fuite, tellement humaine et proche, alors qu'elle appartient à un monde qui me semble si éloigné de notre quotidien.

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Division Avenue

Surie Eckstein a cinquante-sept ans et dix enfants lorsqu’elle se rend compte qu’elle est enceinte. Bien que s’entendant parfaitement avec son mari Yidel, elle hésite à lui annoncer sa situation, juste au lendemain du mariage d’une de leurs filles. Elle craint aussi les réactions de ses voisins, proches et enfants, notamment sa fille aînée, si rigide, qui ne tarde pas d’ailleurs, voyant sa silhouette, à lui suggérer de faire un régime. Surie vit à Williamsburg, sur Division Avenue, un quartier juif orthodoxe de Brooklyn. Au fil des visites à la maternité, en discutant avec Val, la sage-femme, Surie, sans trop s’écarter des innombrables règles qui régissent sa communauté, s’émancipe à tout petits pas, par exemple en proposant son aide pour traduire d’anglais en yiddish les propos du médecin pour les femmes hassidiques. Elle qui n’a jamais fait que s’occuper de la cuisine, du ménage et de la conduite de la maisonnée, cela lui ouvre des perspectives.



Mais surtout, si Surie ne réussit pas à annoncer cette grossesse tardive, c’est qu’il lui reste en travers de la gorge des non-dits à propos de la disparition de son fils Lipa, quelques années auparavant. Une honte qui pèse sur la famille, qu’elle a l’impression d’être sur le point d’aggraver avec la divulgation d’une future naissance.

Avec ce roman, l’auteure australienne Goldie Goldbloom fait plonger dans le quotidien d’une (très large) famille hassidique, régi par des règles aussi innombrables qu’absurdes aux yeux d’une athée dans mon genre ! L’auteure et le traducteur ont laissé un certain nombre de mots en yiddish, sans doute sans équivalents, et il faut souvent se référer au lexique à la fin du roman, mais cela en vaut la peine. Surie se révèle extrêmement attachante, et entrer intimement dans sa manière de penser laisse assez pantois. On a beau connaître par des films, des séries ou des témoignages, la manière dont ces communautés sont refermées sur elles-mêmes, fermées au progrès, et profondément rétives à toute idée d’émancipation des femmes, ce roman apporte une pierre des plus intéressantes à l’édifice. Le fait que le mari de Surie soit somme toute assez ouvert, et que le couple ait une relation saine, est un excellent choix de l’auteure. C’est vraiment le poids de son éducation et celui de la communauté qui pèsent sur Surie, pas celui du couple.

J’ai beaucoup aimé son dialogue avec la sage-femme, qui évolue au fil des pages, l’amitié qu’elles nouent, et aussi l’évocation du fils disparu de Surie, son rapport avec lui, la nature des liens familiaux dans leur ensemble, le personnage de l’arrière-grand-mère aussi.

L’auteure maniant aussi bien une ironie douce que les moments d’émotion, j’ai trouvé cette lecture très éclairante et en même temps, très touchante.
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Division Avenue

Ce livre nous emmène dans un quartier juif orthodoxe de Brooklyn, chez Surie, cinquante sept ans, mère de dix enfants, grand-mère de trente deux petits enfants.

Jusque là, tout est banal.

Sauf quand on apprend à Surie qu’elle est enceinte.

Elle qui voulait enfin penser à elle et chérir sa famille, menant une existence selon les règles de la Loi Juive.

Comment faire face à la vérité et surtout aux jugements?



L’auteure dépeint ici avec respect et pudeur le mode de vie d’une communauté qui pourrait en choquer plus d’un, je peux le comprendre.

Auprès de Surie je me suis sentie bien, j’ai aimé ses doutes quant à l’avenir, ses déceptions, ses questions concernant ses erreurs passées, et j’ai été touchée par sa solitude au milieu d’une si grande fratrie.



J’ai terminé ce livre chamboulée mais également résignée. Car on ne peut pas tout changer, il en est ainsi.



Pour ma part et contrairement à ce que j’ai lu au sujet de ce livre, je ne peux le comparer à des séries ou à d’autres livres! Car chaque histoire et approches sont vraiment dissemblables et vécues de manière très différente par chacun des protagonistes (les courants des communautés sont également différents).

Cette lecture est belle, bouleversante et unique.
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Division Avenue

Un roman qui nous fait entrer dans l'univers peu connu de la communauté juive hassidique de New-York. En cela c'est déjà un documentaire qui fait œuvre pédagogique

sur les rites et coutumes de ces croyants qui vivent en marge de la vie trépidante et moderne de leurs voisins américains, n'en partageant pas la langue ni les connaissances, ni les manières de penser et de vivre.

Un décalage surprenant qui va entourer l'histoire d'une grand-mère enceinte de jumeaux bien que ménopausée, ne pouvant faire face à cet événement hors du commun à la fois porteur d'une ouverture vers le monde de la maternité ordinaire avec la médecine actuelle vigilante pour un accouchement à haut risque et d'un silence honteux vis à vis du mari, de la famille, de la communauté prompte à juger et exclure ce qui n'est pas conforme à ses règles.

La femme au centre de ce roman nous fait entrer dans ses intenses bouleversements, tiraillée et seule dans l'épreuve .

Excellent!
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Division Avenue

Plongeon dans le quartier juif orthodoxe de Brooklyn qui donne son titre au roman, Division avenue. L'histoire c'est celle de Susie qui a 50 ans se retrouve enceinte et face au regard, au poids de la communauté, décide de garder cette incroyable nouvelle pour elle. Formidable portrait de femme écartelée entre les règles de son groupe et ses envies d'émancipation et de liberté. Jamais manichéen, drôle parfois et tendre !
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Division Avenue

Si je n’avais pas vu la mini-série Unorthodox, je me serais sans doute poser beaucoup de questions sur les règles de vie de cette communauté juive hassidique du quartier de Williamsburg à New-York. Non pas qu’elles soient mal abordées dans ce roman mais tant elles semblent inconcevables pour un étranger. Mariées au plus jeune âge, les femmes n’ont aucun droit à l’éducation. Elles ne sont là que pour enfanter; les enfants sont la véritable et seule richesse du peuple juif comme une réponse à ceux qui voulaient les exterminer. Une enfance prédestinée sans aucune ouverture vers l’extérieur. Mais contrairement à Esther, l’héroïne d’Unorthodox, Surie semble accepter son sort. Elle aime son mari, Yidel qui la respecte et l’entoure d’affection.



Pourtant, à 57 ans, alors qu’elle se pensait ménopausée, Surie se découvre enceinte de jumeaux. Peut-être une conséquence hormonale à la suite de son traitement pour un cancer du sein. Ce sera son onzième accouchement. La vieille femme ne peut se résoudre à dévoiler son état. Son obésité la protège des regards. Elle craint les réactions, l’incompréhension de sa famille, le bannissement de la communauté. Une honte supplémentaire que les Eckstein ne peuvent endosser après ce qui est arrivé à Lipa, un des fils rejeté pour son comportement.

» Comme lui, elle voulait se confier à quelqu’un mais avait une peur bleue de le faire. »



De fêtes en fêtes ( elles sont nombreuses dans la communauté) au milieu de ses beaux-parents, ses dix enfants et trente-deux petits enfants, Surie se tourmente. La seule qui entend par la force des choses son secret est Val, la sage-femme qui a mis au monde tous ses enfants. Elle lui apportera compréhension, un bref instant de liberté et de sentiment d’utilité, une soif de l’étude, la poussant à aider d’autres jeunes femmes hassidiques. Peut-être une manière de se racheter face à Lipa, ce fantôme qu’elle aperçoit et qui la hante.



Surie est un personnage magnifique. Prisonnière d’un corps énorme, déformé par les maternités puis le cancer, entravée par les règles strictes de la communauté hassidique, elle rayonne de cet amour porté à sa famille et aux autres femmes. On ne peut qu’être choqué par les pressions, les étouffements de la communauté qui exclut les renégats, protègent les pédophiles et bâillonnent les femmes. Mais des femmes, comme Surie ou Dead Onyu, sa belle-mère, une femme « posée,pétrie de sagesse, honnête et bourrue » ouvrent une brèche de liberté et de bonheur possible au sein d’une grande famille aimante.
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Division Avenue

Un roman coup de cœur.

J'ai lu avec avidité l'histoire de cette femme qui pourrait être ménopausée et qui est en fait enceinte de jumeaux. Elle appartient à une communauté juive assez fermée pour qui le nous est plus important que le je, pour qui la différence est exclusion.

Au travers de sa grossesse qu'elle cache, elle se découvre, elle s'ouvre sans rien enlever de ses croyances.

Je me suis attachée à cette femme. J'avais hâte de tourner les pages pour savoir ce qu'il allait se passer.

Un roman qui m'a fait aussi réfléchir.

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Division Avenue

Voici un roman empli d'une force émotionnelle intense que j'ai pris en plein coeur : Surie est une femme juive hassidique, elle a 13 enfants et 32 petits-enfants, son mari est rabbin et cette famille est exemplaire. Et pourtant, à 57 ans, elle a la surprise de se découvrir enceinte, elle doit l'annoncer à son époux mais c'est le blocage, elle ne peut parler. Au-delà de cette nouvelle à annoncer, c'est un deuil qui n'a jamais été accompli et où les non-dits sont foison. Un livre qui ne m'a pas laissée indifférente par sa qualité psychologique et l'attachement que j'ai pu ressentir pour cette héroïne, profondément seule face à sa détresse.
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Division Avenue



Se découvrir enceinte, de jumeaux, à 57 ans après des années sans menstruation, ça fait un choc. D'autant plus si on est une arrière-grand-mère juive ultra orthodoxe... Un roman passionnant qui offre un très beau personnage auquel on s'attache avec intensité.
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Division Avenue

De nos jours, à New-York... enfin, pas tout à fait. Au cœur de Williamsburg, le temps s’est comme arrêté : la communauté hassidique résiste aux dernières modernités.

Surie en est une membre respectée ; lorsque le roman s’ouvre, elle apprend qu’elle est enceinte de jumeaux.

Sauf que Surie est déjà grand-mère, et bientôt arrière-grand-mère. Surie a 57 ans. Dépassée, elle ne sait pas comment l’annoncer à sa famille qui est pourtant toute sa vie.

A peine quelques pages et je m’étais déjà prise d’une immense affection pour ce personnage. Pour sa tendresse, ses doutes, son abnégation. Surie découvre une solitude nouvelle ; un chemin d’autant plus délicat qu’il va réveiller chez elle des douleurs enfouies.

Un portrait magnifique d’une femme et d’un monde. Et une écriture qui fait appel à tous les sens. Lumière, nourriture, atmosphère rencontrent les petits riens du quotidien, l’amour des siens, la chair en mouvement... la peine n’en est que plus poignante, le charme n’en est que plus grand.
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Division Avenue

Division Avenue est une artère du quartier Williamsburg de Brooklyn. Dans ce secteur de New York bordé par l'East River, le yiddish résonne au rythme des fêtes religieuses. Nous sommes chez les juifs orthodoxes. Surie Eckstein est l'une des membres de la communauté. Cinquante-sept ans, dix enfants, une trentaine de petits-enfants, elle est enceinte.

Alors qu'elle pense être ménopausée et qu'elle attend la naissance de son premier arrière-petit-enfant, elle tait sa grossesse, y compris à son pourtant doux, gentil mais aveugle mari, un sofer sta"m (scribe spécialisé en calligraphie hébraïque). Par honte et par peur du jugement de sa famille et de ses pairs qui s'étonneraient qu'une femme de son âge ait encore des relations sexuelles !

Son état étant à risque, elle pourrait avorter, comme le suggère sa sage-femme avec laquelle elle se lie d'amitié malgré leurs différences, celle-ci étant profondément athée et dubitative face aux règles religieuses que s'impose Surie. « La foi n'excuse en rien l'ignorance » songe l'accoucheuse consternée par l'obscurantisme de sa patiente.

« Dieu m'en garde » s'exclame la quinquagénaire, persuadée qu'il « n'y avait que les goyims pour penser que les fœtus n'étaient pas vraiment vivants ».

La solitude, le sentiment d'abandon et la crainte de Surie d'être une pestiférée la font renouer avec le souvenir de son fils homosexuel à propos duquel son père disait : « il était pédé, il méritait de mourir ». Les rabbins refusèrent qu'il soit enterré dans le carré de la communauté. Quant à Surie, elle s'interroge : « Lipa aurait-il toujours été de ce monde s'ils avaient su l'aimer tel qu'il était ? ».

Ce qu'elle pense avoir raté dans sa vie de mère, elle va peut-être le réussir dans sa vie de femme en venant en aide à ses prochains sans les juger.

« Division Avenue » est le portrait délicat et tout en nuances d'une femme enfermée dans une communauté à la fois étouffante et rassurante qui est confrontée à un dilemme : respecter les traditions et aspirer à plus de liberté. Ce texte sonne tellement juste que le lecteur ne pourra être que touché par le courage de l'héroïne dans son cheminement pour s'affranchir des carcans.

Ce roman est aussi une intéressante plongée dans la culture juive orthodoxe qui impose le choix des époux, dont la justice rabbinique prévaut sur celle des Etats-Unis, qui interdit les images et tout ce qui vient de l'extérieur (télévision, livres...), qui considère que la femme ne doit pas étudier les textes sacrés...

Goldie Golbloom est membre de la communauté hassidique Loubavitch. Elle est aussi une militante LGBT oeuvrant en faveur des juifs orthodoxes queer en introduisant un peu de tolérance au cœur d'une religion qui ne l'est pas.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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