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Critiques de Gore Vidal (47)
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Empire

Tel Schwarzenegger lorsqu'il pénétra pour la première fois dans le clan Kennedy, le lecteur a l'impression d'être comme un chien dans un jeu de quilles. L'auteur se complait dans l'évocation du gotha politique américain du XX ème siècle, forcément très bourgeois. Il faut dire qu'il sait parfaitement de quoi il parle, lui qui est né petit-fils de sénateur américain. Il étale aussi sa culture, ce dont on pourrait se passer...

Les amateurs des arcanes de la politique US y trouveront sans doute quelque intérêt.
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Julien

Roman historique, biographie de l'empereur Julien qui rétablit le culte hellène des Dieux multiples, cet ouvrage est, à la lecture, un peu longuet et on sent bien que l'auteur se fait plaisir en inventant des situations et des dialogues qui, finalement, n'engagent que lui.
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Un garçon près de la rivière

Une lecture sur l'homosexualité qui m'a happée dès les premières pages. Tout en pudeur, Gore Vidal nous conte l'amour épique de Jim pour son ami Bob. Et c'est au bord d'une rivière où les deux amis passent une nuit d'amour, que le destin va bousculer l'avenir de Jim lorsque Bob lui annonce son départ le lendemain pour tenter sa chance en Amérique. Au fil du temps, Jim n'aura de cesse de parcourir différentes contrées à la recherche de Bob, animé par le feu de la passion qui les a uni une seule nuit, passant par différentes phases de son parcours, l'espoir fou de retrouver l'amour, l'unique, celui qui a marqué son enfance dans les bras de Bob.



Une roman admirable, subtil, pudique, sensible, écrit avec une grande finesse et sans voyeurisme, brisant les tabous sur l'homosexualité d'une période avant-gardiste.

Remarquable !
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Un garçon près de la rivière

Gore Vidal, dans sa préface, place son roman de 1948 sous le noble patronage de Thomas Mann, et ce n'est pas un hasard si le romancier américain invoque l'autorité d'une des grandes figures de la littérature européenne. Son livre, en effet, emprunte la forme classique du roman de formation, mais en la transformant. Son héros passe de longues années de sa vie à garder et poursuivre le souvenir bienheureux d'un instant de grâce de son adolescence, et à chercher à retrouver le garçon qui l'a vécu avec lui, pour se rendre compte amèrement de son erreur à la fin. L'histoire se termine pour lui dans la lucidité douloureuse et le désenchantement, un peu comme dans les grands romans européens que nous connaissons, sauf que l'illusion n'a pas aliéné le personnage, mais l'a aidé à vivre, et que sa perte ne lui procure aucune paix.



Ce qui change aussi par rapport aux grands modèles, c'est la sexualité du héros : son éducation sentimentale ne concerne pas les femmes, mais les hommes, et le livre a fait scandale quand il est paru, alors qu'il raconte sensiblement la même chose que Flaubert ou Balzac. Proust, dans sa Recherche du Temps Perdu, l'avait bien montré en analysant impitoyablement le sentiment amoureux : peu importe, finalement, l'identité sexuelle des personnes aimées. Mais on n'en était pas là en 1948, ni peut-être aujourd'hui, en ce temps fécond en nouvelles étiquettes lucratives et sottes ("LGBT" etc). Vidal fait aussi figure de précurseur car les figures homosexuelles qu'il campe ne sont pas toutes conformes aux stéréotypes habituels : hommes futiles, efféminés, ridicules et tragiques. Il annonce la révolution esthétique américaine "gay" des années 60, qui marque l'appropriation, par des figures homosexuelles masculines, de la virilité la plus ostentatoire. Enfin, une des particularités de son roman, qui le rend inférieur aux grandes oeuvres européennes, est que le héros laisse passer de longues années sans jamais interroger ce moment de grâce qui lui sert d'Etoile Polaire, dont il croit garder précieusement le souvenir en lui, intact, hors du temps. Il désire revivre ce moment comme si le temps n'avait aucune prise sur lui, ni sur les autres. C'est pour le romancier une occasion d'écrire une fin brutale et dramatique, mais finalement moins subtile que dans les romans européens auxquels Vidal se réfère.



Proust et Gide ont signalé que l'homosexualité masculine est un thème littéraire majeur, d'un riche potentiel esthétique, quelles que soient les conditions de vie réelle des personnes que la littérature représente. Enfin, ce roman à la troisième personne, non exempt d'humour et de satire, ne prêche pas et ne milite pas, ce qui est un gage de bonne qualité.
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Duluth

Inclassable, c'est l'adjectif qui défini le mieux cet O.V.N.I littéraire découvert il y a bien longtemps.

Les détails et la trame générale se sont dissous dans le temps mais les quelques neurones qui persistent à sauvegarder une trace de mon itinéraire littéraire ont marqué du sceau de l'ironie grinçante et loufoque cette improbable et jubilatoire farce de Gore Vidal.



Ce roman me semble injustement méconnu, 19 lecteurs seulement sur Babelio.

Curieux et amateurs de caricatures sarcastiques et bouffonnes, lancez-vous!!!
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Julien

Julien l'apostat, empereur romain ! Gore Vidal nous raconte la vie de cet homme dans ce roman historique plein d'entrain... l'écriture est vive et ne laisse pas de place à l'ennui... philosophe, César puis Auguste , Julien est le dernier souverain païen de l'Empire romain et toute son entreprise vise à rétablir cette religion. Les frontières sont menacés et il multiplie les combats pour les rétablir jusqu'à l'expédition de Perse qui lui sera finalement fatale...Une vie riche qui méritait bien un tel roman épique !
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Un garçon près de la rivière

Oublions le parfum de scandale qui a entouré la publication de ce livre dans l'Amérique des années 40. Si certes cela demandait de l'audace que de publier cette rencontre entre deux garçons et ce qui va en découler, là n'est pas l'essentiel.

Ce qu'on lit aujourd'hui, c'est une histoire d'amour sensible et profonde. L'amour traverse le livre, il en est l'essence. Le reste, la difficulté de vivre pour un homo dans cette société coincée, la difficile quête de son identité et de sa dignité dans l'adversité, les choix de vie forcément plus tranchés qui en découlent ne sont qu'une conséquence de cette évidence simple et envahissante : on ne choisit pas sa manière d'aimer.
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Création

Au VIème siècle avant JC, Zarathoustra (Zoroastre) parlait ainsi et beaucoup. A sa mort ses dernières paroles furent pour son petit-fils Cyrius Spitama, tout au moins c'est ce qu'a imaginé Gore Vidal. A son corps défendant Cyrius est dès lors vu comme un saint homme, comme le grand prêtre du Zoroastrisme porteur des derniers préceptes du messager du Seigneur Sage.



On pourrait qualifier Création de Wiki-Roman. Plus qu'une épopée historique c'est une encyclopédie romancée dans laquelle un héros imaginaire Cyrius Spimata n'est entouré que de personnages ayant existé et devient témoin d'évènements historiques, la part de fiction se réduisant à de la mise en scène et à des dialogues. Création embrasse un siècle de conflits mêlant les guerres médiques entre la Perse et la Grèce, les affrontements dans ce qui sera l'Inde entre les royaumes de Koshala et Magadha pour la domination du Gange et enfin les troubles entre les douze royaumes de la Chine. Sans parler des complots et trahisons dans les cours des royaumes.

Du point de vue spirituel c'est une période majeure qui voit la naissance de grands mouvements philosophiques ou religieux : Bouddhisme, Taoïsme, Confucianisme débutent leur cohabitation avec des Dieux et des rituels millénaires.



Moitié perse et moitié grec Cyrius n'est pas un noble mais un religieux éminent du royaume de Darius roi des perses. Darius 1er le Grand Roi s'il n'est guère religieux considère avec respect la religion de Zoroastre qui est un monothéisme adorant le Seigneur Sage (Ahura Mazda) qui créa le Ciel et la Terre à partir du feu. Bati sur un manichéisme entre le Bien et le Mal, le zoroastrisme est en conflit avec les autres religions du monde antique occidental et elles sont nombreuses et puissantes.

Du coup Cyrius Spitama devient un habile politique pour promouvoir sa religion sans braquer les autres, en s'appuyant sur sa proximité avec la maison royale de Perse.



Nommé ambassadeur par Darius il va partir à la découverte des contrées à l'est de la Perse : ce que l'on n'appelle pas encore les Indes et ce que l'on nomme Cathay à savoir la Chine. A cette époque ce sont encore des agglomérats de royaumes instables et en guerres quasi permanentes, ce qui vaudra à l'envoyé du Grand Roi de marcher sur fil tantôt invité d'honneur, tantôt prisonnier voire esclave.

La mission confiée par Darius est d'établir des liens commerciaux avec ses contrées et d'évaluer la possibilité de les conquérir. Mais Cyrius mène une quête plus personnelle et métaphysique, comprendre le mystère de la Création, si le Seigneur Sage a créé le Ciel et la Terre avec le feu qui a créé le feu ? qui y a-t-il avant que quelque chose existe ? Il va se frotter aux pensées orientales et comme c'est un veinard il va croiser, excuser du peu, Le Bouddha (Siddhartha en personne), les premiers maîtres du Tao et Confucius.



Les dialogues entre ces sages et Cyrius mettent en évidence les différences entre une religion monothéiste et les sagesses indiennes et chinoises qui n'adorent pas de Dieu et ont une vision circulaire de l'univers. Pour eux la question de la création n'en est pas une, le monde est un fait, il n'a pas de début ni de fin à l'image d'un cercle. Cyrus retrouvera la Perse de longues années après son départ riche de spiritualité mais sans illusion sur l'âme humaine.



Roman long et difficile qui réclame de l'attention et de la mémoire de la part du lecteur. L'érudition de Gore Vidal est éblouissante, on imagine la somme de connaissances qu'il lui a fallu rassembler en un temps où internet n'existait pas. Mais le mieux est parfois l'ennemi du bien certains passages sont un peu indigestes et le lecteur ploie sous le savoir. Toutefois l'effort mérite d'être fait, pour le sentiment d'être moins ignorant en refermant le livre et pour un voyage stimulant dans une antiquité où les passions humaines étaient déjà les nôtres.

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Julien

Julien est le neveu de l'empereur Constance. La religion des empereurs romains est, depuis la conversion de Constantin, le christianisme, et Julien est élevé ou plutôt, éduqué dans cette idéologie, qu'il déteste très vite. Son père a été tué par Constance, soucieux de ne pas se voir opposer la légitimité, mais Julien et son demi-frère Gallus sont épargnés à cause de leur jeune âge. Gallus se fera vite champion de la religion chrétienne, par opportunisme car il est cruel et débauché et son règne en tant que César est une catastrophe.



Au grand dam de Julien, qui se serait bien vu étudiant à vie à Athènes ou Antioche, ne serait-ce que pour être sûr de sa liberté de penser et de sa survie, tout court, Constance semble avoir des projets pour lui. Il est expédié en Gaule en tant que César. Malentendu : Constance entendait y envoyer un homme de paille, Julien croit qu'on attend de lui d'y faire ses preuves en tant qu'homme d'armée... que César, en somme ! Et finalement, sapant le travail des espions, court-circuitant préfets et généraux, Julien fait valoir ses qualités militaires. Quand il est proclamé Auguste par son armée, sans l'avoir cherché, au moment où Constance cherche à la disperser, justement pour éviter cette situation, il doit faire un choix... Devenir empereur serait un moyen inespéré de mettre un coup de frein au christianisme et réhabiliter le culte des dieux "païens" (je mets cette appellation entre guillemets, car c'est un nom donné par les chrétiens ; les "païens", eux, préfèrent le terme "hellénisme" pour parler du polythéisme gréco-romain).



Cf. mon avis sur mon blog :
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Julien

Une roman historique sous forme de fausse autobiographie qui nous permet de vivre avec une infinité de détails pratiques et intellectuels la jeunesse, l'ascension, et la mort de Flavius Claudius Julianus plus connu sous le nom l'Empereur Julien l'Apostat selon la tradition chrétienne. Il doit son surnom à sa tentative de restaurer la religion antique dans l'empire romain, alors qu'il avait été élevé dans la religion chrétienne.

Beaucoup d'intelligence et de sensibilité dans ces pages toutefois un peu nombreuses.
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Lincoln

je vous propose le portrait en pied de l’homme dont l’effigie est connue de tous et je vous emporte au temps de la Case de l’Oncle Tom, au temps de l’esclavage, au temps de la guerre de Sécession.



D’abord vérifions :

Je parie que comme moi vous ignorez que Lincoln fut élu pour le parti républicain, ben oui, moi je le voyais forcément démocrate ...et bien non.

Je parie que comme moi vous êtes certain que Lincoln était pour l’abolition de l’ esclavage , et bien non pas du tout, ouh je vous vois sursauter derrière votre écran...

Je parie que comme moi vous ignorez que si la guerre de Sécession a duré aussi longtemps alors que le Sud n’avait ni industrie, ni chantiers navals c’est parce que ...les généraux nordistes étaient (au début de la guerre) des incapables.

Pour lutter contre ce catalogue d’idées reçues j'espère vous convaincre de lire le roman de Gore Vidal avec des yeux innocents et un esprit ouvert.



1861 Abraham Lincoln vient d’être élu président, premier président républicain pour un tout jeune parti qui n’a guère que 7 ans.

Comme souvent aux Etats-Unis le nouveau Président est ...minoritaire, il va donc devoir ferrailler avec les sénateurs et le Congrès.

Lincoln pendant sa campagne a milité non pour une abolition de l’esclavage ( j’entends sa statue qui se brise) mais pour une interdiction de celui-ci dans les états du nord.

Avant même que Lincoln prête serment, les sudistes par la voix de Jefferson Davis, font sécession, et les états du sud rejoignent un par un la Confédération. Il n’y a plus d’Etats-Unis mais deux ennemis face à face.

Lincoln est dans une position plus que fâcheuse, il est face à une rébellion, les escarmouches se multiplient, et commence la seule guerre qui se déroulera sur le territoire américain.



Voilà le décor planté, Gore Vidal dans ce roman biographique va nous permettre de suivre Lincoln pendant 4 ans. Ballotté, malmené par les intrigues des politiciens qui l’entourent, aux prises avec la course au pouvoir que mène ses amis, Abraham Lincoln va tenir bon.

Son plus grand souci n’est pas l’esclavage, le devenir des esclaves, non son souci constant c’est rétablir la cohésion de son pays.

Il va pour cela enfreindre des règles juridiques, économiques, supprimé l’Habeas Corpus (vous avez dit démocrate ???) battre monnaie pour acheter armes, munitions et payer les militaires.

Voilà pour la vie publique mais c’est faire peu de cas de sa vie privée, une femme Mary dont la moitié de la famille est sudiste, qui a l’art de faire des dettes, de se lancer dans des travaux dispendieux pour donner un peu lustre à la Maison Blanche, sans compter que Washington « capitale naturelle du sud » à plusieurs reprises est menacée par les troupes confédérées la Virginie ayant basculée côté sud.

Les personnages secondaires sont magnifiques de vérité, de complexité. Je vous recommande Kate Chase une féministe au sens politique aigu, son père Salmon P Chase, secrétaire d’Etat au Trésor qui fait passer son ambition avant sa loyauté envers Lincoln, William Seward persuadé d’être capable de mener Lincoln à la baguette et « d’enlever l’exécutif à ce Président » ce qui va se révéler une grossière erreur.

Quant aux généraux, chefs d’armée et autres militaires là on est parfois secoué par le rire devant tant d’incompétence et on ne peut que se dire que Dieu était avec les nordistes !



Ce roman historique est passionnant, on y découvre un Lincoln inconnu, malmené, en proie au doute, retors, parfois manipulateur et qui tient des propos surprenant « Mon objectif suprême est de sauver l’Union et non de sauvegarder ou détruire l’esclavage. Si je pouvais sauvegarder l’Union sans libérer un seul esclave, je le ferais ; si je pouvais la sauvegarder en libérant tous les esclaves, je le ferais. Et si je pouvais le faire en libérant quelques-uns et en laissant de côté d’autres, je le ferais aussi. »

5 années, une réélection et quelques 600.000 morts plus tard Abraham est assassiné.



Une destinée extraordinaire, un roman à la hauteur de cette destinée.

Gore Vidal est habile, nous ne parcourons pas les champs de bataille, non il nous fait rester au plus près du personnage, il nous permet presque de comploter avec lui. La vie à la Maison Blanche, les bagarres, les guerres d’influence, la peur, les complots, les colères devant l’impéritie des militaires, tout est magistralement raconté de l’intérieur.

Peu à peu Lincoln se débarrasse de ses oripeaux de petit avocat de province pour prendre une stature présidentielle et se couler dans son rôle et être fidèle à sa légende.

Si vous aimez l’histoire, si la guerre de Sécession vous intéresse alors ce pavé de 900 pages en papier bible et couverture souple pour faciliter une lecture de vacances, est fait pour vous.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Lincoln

Grand ouvrage . L'on retrouve ici toute la dureté du contexte de l'époque , ou les Usa étaient aux portes de la chute . Le texte est remarquble d'intelligence , de précision , de justesse . On évite le pensum que sont trop souvents lesromans historiques . Vidal apporte un souffle romanesque bienvenu dans cette histoire qui sans cela aurait eu tendance à tourner en rond . Un roman passionant qui réussit à exister malgré le poids de l'histoire réelle dont il est chargé . Un grand moment de lecture sur l'histoire des Usa.
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Palimpseste

Palimpsest, a memoir

Traduction : Lydia Lakel



Autant les "Mémoires" de Tennessee Williams m'avaient déçue, autant le "Palimpseste" de Gore Vidal m'a agréablement surprise en me révélant un personnage beaucoup moins narcissique et obsédé par le sexe qu'on pouvait s'y attendre et aussi un homme d'une grande culture.



Comme rien n'est parfait en ce monde, ces mémoires présentent également quelques côtés agaçants : le ton parfois un peu trop hautain du personnage, grand bourgeois né dans une famille fortunée et qui n'a, par conséquent, jamais connu beaucoup de problèmes majeurs, et bien sûr la superficialité qui réapparaît en lui quand il évoque certaines de ses relations mondaines.



Mais ce qui sauve Gore Vidal, c'est d'abord son intelligence qui lui fait percevoir tout le ridicule de l'affaire au moment même où il sombre dans l'orgueil mal placé, et ensuite son sens de l'humour, un humour cruel et noir qui permet à son lecteur de relativiser certains de ses propos.



L'homme est aussi fascinant quand il analyse l'Histoire des Etats-Unis, critiquant sans complaisance leur impérialisme et arrivant non sans tristesse à la conclusion que, depuis l'arrivée au pouvoir de Lyndon B. Johnson, le divorce est complet entre l'élite politicienne et le peuple américain.



Contrairement à ce que l'on pourrait croire - la réputation de Vidal ayant beaucoup pâti dans notre pays de l'admiration que l'on porte à Mailer et à Capote - "Palimpseste" n'est pas un règlement de comptes mondain ou littéraire. C'est un livre passionnant, un peu brouillon aux entournures, avec de beaux portraits pleins d'affection (notamment celui de Tennessee Williams, que Vidal surnomme "L'Oiseau Magnifique"), de petites caricatures finement méchantes (celle de Truman Capote vient en première ligne) et surtout un amour et un respect de la culture universelle qui suffiraient, à eux seuls, à pardonner à son auteur quelques morceaux çà et là moins réussis. ;o)
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Palimpseste

Palimpseste ce sont des souvenirs que Gore Vidal nous livre de façon volontairement désordonné au fur et à mesure qu'ils luis sont revenus pendant les quelques mois qu'il a eu envie de se consacrer à cette tâche. Car il pensait (avec raison)que c'est ainsi que l'on se souvient souvient de sa propre vie quand on veut y repenser. Ici, racontée avec charme et finesse , il nous présente l'histoire de ses quarante premières années : de son enfance à Washington, dans la maison de son grand-père, le sénateur TP Gore, à sa fréquentation des Kennedy(il est apparenté à Jacqueline;..),de l'évocation son seul et grand amour de jeunesse mort à Hiro-Jima, à l'école Pendant la Seconde Guerre mondiale, de ses expériences de jeune prodige littéraire dans les années 1940 et 1950 jusqu'à son entrée en politique dans les années 1960.

Palimpseste est une œuvre irrégulière parfois trop hâtivement écrite, avec des esquisses de personnages et des souvenirs à peine élaborés. Mais c'est aussi un fruit mûr, et souvent excellent, du meilleur style controversé et provocateur de son auteur. Gore Vidal, amateur des polémiques et des disputes avec ses contemporains, radical dans ses jugements sur l'"Empire américain" et la corruption morale et politique, se révèle ici dans toute sa splendeur. la liste des grandes figures de la littérature, du cinéma, de la politique, des arts, etc., qui défile dans ces pages et mirobolante ce qui entraîne une belle quantité de commérages, de méchancetés et de révélations qui s'y répandent. Truman Capote et Anaïs Nin sont, par exemple, des menteurs compulsifs ; Tennessee Williams, que Vidal préfère appeler "l'oiseau glorieux", est obsessionnel et jaloux; EM Forster est un homosexuel refoulé qui se comporte comme un mandarin haineux, dédaigneux et offensant envers ceux qu'il considère comme inférieurs, comme Christopher Isherwood ; les Kennedy sont une famille totalement corrompue, et Jack (John Kennedy) surtout un homme froid, superficiel et téméraire ; et ainsi de suite avec des allusions plus ou moins appuyées à des écrivains tels que Proust, Gide, Cocteau et son amant Jean Marais, Bellow, Steinbeck, Faulkner, Mailer, Ginsberg, Kerouac, Burroughs, Paul Bowles, Mary McCarthy, Lionel Trilling, Daphne du Maurier, Evelyn Waugh, Anthony Powell, CP Snow, Noël Coward, Roberto Calasso, Martin Amis, ou –parmi les politiciens et les gens du spectacle– Eleanor Roosevelt, les ducs de Windsor, la reine Elizabeth, Hillary Clinton, Greta Garbo, Mankiewicz, Frank Capra, Alec Guinness, Charlton Heston, Marlon Brando, Paul Newman, Joanne Woodward, etc. Grâce à l'index des noms propres et des titres d'œuvres et de films en fin d'ouvrage, le lecteur peut facilement trouver toutes sortes de commérages plus ou moins savoureux sur un grand nombre de noms (James Baldwin était appelé par les frères Kennedy « Martin Queen Luther" !).

Heureusement, l'ouvrage ne se réduit pas à un recueil d'anecdotes plus ou moins scandaleuses (sa rencontre sexuelle, fellation comprise avec Jack Kerouac, par exemple). Le talent de Gore Vidal s'illustre surtout dans la recréation de son enfance et de sa puberté : l'école, la vie de famille (splendide vision de son grand-père maternel, l'influent sénateur aveugle Thomas P.Gore); le cercle politique qui a entouré la campagne électorale et plus tard l'administration de John F. Kennedy.

Non moins intéressants sont le portrait du monde diversifié de Broadway et d'Hollywood, que Gore Vidal a si bien connu dans les années cinquante, ainsi que la description de la vie italienne et surtout de Rome et de sa maison à Ravello, sur une falaise surplombant le golfe de Salerne. Vidal est à son meilleur ici : vif, pénétrant, sentimental parfois, mais toujours direct et suggestif dans ses aveux et ses confidences.

Peut-être que l'argument principal qui traverse ces souvenirs est son homoérotisme , qu'il essaie avec insistance de séparer de l'homosexualité, malgré les passages sur la promiscuité qu'il raconte ici et là. En fait, un élément récurrent tout au long de l'œuvre est le souvenir affectueux de son ami adolescent Jimmie Trimble, mort très jeune à la guerre, avec qui il nous dit avoir trouvé l'amour, et avec qui il voulait être enterré! C'est pourquoi il acheta une concession au Rock Creek Park Cemetery à Washington, qu'il partagera avec son compagnon de quarante-quatre ans, Howard Austen !

Les mémoires de Vidal sont vraiment divertissantes et il est étonnant de voir à quel point sa vie semble d'une manière ou d'une autre avoir touché chaque événement et chaque personne importants du XXe siècle. Elles sont remplies de noms et de lieux et traitent assez ouvertement de sa propre sexualité, de ses désirs et de ses conquêtes Son écriture est presque toujours légère, facile et bien écrite et procurent un vrai plaisir de lecture. Son interminable répartie pleine d'esprit n'est sûrement qu'une partie de souvenirs retravaillés et réécrits à la manière d'un palimpseste.

A noter que Vidal a donné une suite à ces mémoires qui démarrent donc lors de sa quarantième année et qui s'intitule en français "A l'estime".

#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay
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Un garçon près de la rivière

Une journée, une nuit, et c'est tout une vie qui bascule : Jim tombe amoureux de Bob. Plus que de l'amour, c'est de la fascination, une addiction du coeur. Lorsque Bob quitte la Virginie de leur enfance, Jim ne tarde pas à partir lui aussi. Sa quête pour retrouver ce garçon le mènera de New York à Hollywood, de l'armée aux bars gays, de la foule anonyme à la solitude.

Ce roman est l'histoire d'une course perdue d'avance, d'un amour éperdu, tendre et mélancolique, de toute une vie qu'il reste à gâcher. Pas de scène de sexe contrairement à ce que je pensais trouver, mais des sentiments immenses et purs, de ceux qui guident les pas d'un homme vers un avenir espéré, follement. On ne peut retenir quelques larmes avant de refermer ce livre : quel insondable tristesse que les amours manquées...
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Hollywood

Un auteur peu connu en France, malgré une bibliographie conséquente. Un voyage intéressant dans les arcanes de la politique et dans la naissance d'Hollywood. Deux milieux plus proches qu'on pourrait le penser: tout l'art de la "propagande" politique décortiqué. Très belle ambiance dans un style direct et épuré mais plaisant.
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Hollywood

Superbe roman mêlant réalité et fiction dévoilant ainsi un pan de l'histoire du cinéma hollywoodien. Ravi de cette découverte d'un auteur.

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Un garçon près de la rivière

Voilà une belle histoire d’amour tragique, qui commence au bord d’une rivière et finit au fond d’un verre de whisky.

Nous sommes en Virginie, au début des années 40 : Jim et Bob sont deux adolescents incroyablement beaux et athlétiques, et surtout des amis inséparables qui adorent se défier au tennis et briller dans le regard des filles du lycée. Un week-end de camping au bord d’une rivière, dans une cabane abandonnée, change tout : le désir naît naturellement entre eux, comme une parenthèse enchantée. Le lendemain, Bob prend la mer, laissant Jim dans la plus grande confusion et amoureux comme jamais. Des années durant, Jim sillonne les Etats-Unis à sa recherche, traverse des eaux, des villes, des corps, en essayant de comprendre quels désirs l’habitent et de sonder son cœur.

Dans les coulisses d’une société puritaine où l’homosexualité est inconcevable, Jim n’a de cesse de découvrir un monde souterrain dont il apprend seul les codes, et où évoluent des personnalités excentriques, pailletées et fardées, et souvent torturées. Sans jamais oublier Bob, Jim essaie d’y trouver sa place.



Ce roman a créé la polémique lors de sa publication en 1948, car la mise en scène de l’homosexualité par Gore Vidal fut jugée obscène. Et pourtant, plus qu’un livre sur l’homosexualité, j’y ai trouvé une remarquable histoire d’amour, à la fois sombre et colorée, écrite avec pudeur et délicatesse, sans voyeurisme ni détails sordides.

C’est aussi un livre puissant sur la confusion extrême d’un jeune homme perdu entre deux mondes, entre deux eaux, et maladivement attaché à un souvenir qu’il tente désespérément de rejouer. Le symbole de l’eau qui traverse le roman, et lui donne toute sa cohérence, rappelle la fuite du temps - on ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière - en même temps que le flottement de Jim, ainsi que l’insaisissable, ce qui lui échappe sans cesse.

Allez-y, ce texte est remarquable et, à défaut d’être ému par la quête de Jim, vous voyagerez dans le New York pittoresque et artistique des années 40.
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Duluth

Gore Vidal était un écrivain engagé et il s’est présenté deux fois devant les électeurs sous l’étiquette démocrate. Quand il publie Duluth en 1983, les Etats-Unis sont dirigés par un ancien acteur d’Hollywood devenu président républicain des Etats-Unis. Le fait qu’un homme dont les premières spécialités furent le baratin et l’illusion a dû inspirer Gore Vidal.



Ce roman est une photographie des Etats-Unis des années 80 : satire politique et sociale particulièrement féroce qui dépeint le cynisme total et la corruption des élites de ce pays, le problème des minorités raciales (toujours non résolu si l’on en juge par les actualités les plus récentes) ou encore le fonctionnement des média prisonniers d’une logique de spectacle et des conflits d’intérêt.



Ce roman est aussi un exercice formel particulièrement virtuose de construction ‘post-moderne’. Je crois que Gore Vidal ne tenait pas en haute estime les écrivains pour université, ces écrivains qui écrivent pour alimenter des études savantes sur le formalisme littéraire. Mais ici, il montre qu’il est à la hauteur et à la pointe de ce qui se fait à son époque. Les personnages sont changeants, passent d’une histoire à une autre, communiquent entre eux d’un récit à un autre. Gore Vidal s’amuse avec le concept de fiction et pousse le procédé jusqu’au grotesque. C’est très réussi. Et à travers quelques personnages de son roman, il se moque cruellement de quelques-uns de ses collègues écrivains, catégorie auteur de best-sellers.



Tout cela est servi dans une écriture très agréable à lire, très drôle, qui fait penser aux situations et aux dialogues d’un OSS 117 avec Jean Dujardin ! Mais derrière la parodie et la comédie des crétins apparaît un monde dont on n’a pas beaucoup de raisons de se réjouir.



Je recommande chaudement.

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Un garçon près de la rivière

Au cœur de leurs dernières grandes vacances et avant de se séparer, Jim et Bob découvrent l'amour dans les bras l'un de l'autre. Marqué au fer rouge par cette première expérience sexuelle, Jim renonce à faire des études pour s'engager comme Bob dans la marine marchande, avant de découvrir les communautés gays émergentes de Los Angeles et New York.

Mélancolique et indécis, maladivement obsédé par le souvenir de son premier amant, Jim Willard est cependant un personnage des plus attachants, et le premier héros gay de roman américain à vivre sa sexualité sans sentiment de culpabilité ni de honte. Un changement de perspective historique, qui fit naître une polémique sans précédent autour du Garçon près de la rivière à sa publication en 1948. Si l’aspect révolutionnaire du roman de Gore Vidal est moins évident aujourd’hui, il garde néanmoins un charme certain grâce à son évocation lumineuse et sensuelle de la naissance d’un amour, et sa restitution vive et colorée du Hollywood gay des années 40.
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