C'est ainsi qu'au cœur de cette terre beaujolaise où chaque lieu raconte une histoire, Jean et Henri commencent à peine à découvrir un nouveau monde peuplé d'aventures. Au cœur de ce pays de vignes, où les mains laborieuses rendent inlassablement les serments féconds, ils comprennent combien se dépasser permet de porter du fruit. Au cœur de cette terre où chaque village est l’écrin d un clocher, ils devront de plus en plus laisser parler leurs cœurs.
Après s'être assis, l'abbé saisit délicatement la tasse qui l'attend devant son siège, puis s'empare de la théière pour la remplir.
- Je vous trouve bien souriant, seriez-vous satisfait du cours des garçons ? interroge Alix en voyant le visage radieux de l’ecclésiastique.
À ces mots, Henri s'extrait de sa lecture, relève la tête et s'étonne :
- Comment ? Un miracle de Noël aurait-il eu lieu ?
- Vous ne croyez pas si bien dire, j'ai effectivement déclaré aux garçons que c'en était un ! répond l'abbé.
- Si tel est Ie cas, ce n'est pas avec du thé que nous devons trinquer, mais avec du champagne ! s'exclame Ie vieil homme avec un oeil petillant et narquois.
- Voyons, Henri, vous aurez tout Ie temps de savourer ce breuvage une fois la messe de Noel célébrée ! tempère aussitot la marquise.
- Eh oui. Monsieur Ie Marquis, nous sommes encore dans Ie temps de pénitence de l'Avent, quelles que soient les bonnes occasions qui se presentent! ajoute l'abbe.
- (…) Mademoiselle Alix, n'est-ce pas que vous écouterez sagement votre sœur sans l’interrompre en permanence ?
Celle-ci, gênée d'accepter des règles qu elle n'a pas elle-même établies, montre timidement son accord en émettant quelques sons assez incompréhensibles.
- Eh bien, nous pouvons considérer ces... murmures comme un acquiescernent ! Mademoiselle Jeanne, nous sommes tout ouïe, dorénavant.
Le long d’une allée de roses, un petit garçon de neuf ans s’élance vers son frère aîné Henri qui, du haut de ses dix ans, jouit d’une aura remarquable auprès de son cadet. Henri, plus posé et réfléchi, a beaucoup de peine à s’extirper de l’étude qu’il mène au pied d’un des rosiers de l’allée.
En effet l’éminent scientifique « en herbe » est assis près de l’allée et observe patiemment le dégel d’une petite flaque au contact d’un rayon de soleil hivernal. Les sourcils froncés et l’œil alerte, il est bien décidé à percer le mystère de la fonte des glaces.
« Écoutez votre cœur; utilisez votre intelligence, puis votre volonté, le reste viendra de surcroît. »
- Chers enfants, merci! Tout ceci est arrivé grâce à vous, vous avez sauvé notre seigneurie! Vous nous avez aussi montréque l'héroïsme n'attend pas le nombre des années et que, lorsque les barrières de la peur tombent, tout devient possible!
Cela veut dire que vous ne devez pas avoir peur, car la peur est une prison qui enferme la plupart des grandes personnes...