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Antonio Soler présente son nouveau roman "Sud", à paraître le 24 août en librairie ! Traduit de l'espagnol par Guillaume Contré : au sommet de son art, Antonio Soler emporte le lecteur dans un tourbillon de voix hypnotique et dresse une cartographie de l'âme d'une justesse éblouissante. Retrouvez toutes nos actualités : www.payot-rivages.fr https://www.instagram.com/editionsriv... https://www.facebook.com/EditionsRivages https://twitter.com/EditionsRivages #antoniosoler #sud #été #espagne #chaleur #personnages #destins #rentreelitteraire #littératurétrangère #roman #rivages #editionsrivages
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Que s’était-il passé ? L’heure était étrange : lorsque la nuit n’est pas jour et que le jour n’est pas nuit. Une lumière diffuse régnait, on n’aurait pas su dire si électrique ou naturelle, comme répandue par une main bienveillant et distraite. Au coin de la rue, juste après le sempiternel bar de l’oncle Alexandre, Frédéric s’arrêta d’un coup, comme si une idée – ou moins que ça, le battement d’aile d’un de ces doutes aussitôt oublié – l’avait pris d’assaut. Un assaut noyant les territoires équivoques de l’esprit. Il oublia à l’instant la raison de son arrêt, mais ne bougea pas pour autant. Pendant quelques minutes, il resta immobile, droit, un peu tendu. Sur l’avenue, une voiture passa. Ensuite une autre, suivie d’un bus furieux. Frédéric sortit finalement de sa transe et reprit comme si de rien n’était sa promenade. D’abord, il dut attendre avant de pouvoir traverser. Une petite vieille s’arrêta à côté de lui. Elle se mit à le regarder comme si elle pensait lui demander quelque chose. Elle avait un regard à la fois vitreux et moqueur. Frédéric pensa à la mort et à son lit car il avait sommeil. Un type avec un chien s’arrêta également à côté de lui. Mais il ne le regarda pas. Il regardait plutôt les voitures passer rapidement, il en suivait même certaines en bougeant la tête. Les voitures, finalement, s’arrêtèrent et ils purent traverser. De l’autre côté, il n’y avait rien. La même rue qui continuait. Frédéric s’y fourra jusqu’au coin de rue suivant, où il tourna à droite. Une rue plus tranquille, arborée, où peu de voitures circulaient. Il vit sur l’autre trottoir qu’un type avec un chien (un autre type) avançait dans la direction contraire à la sienne. Il ne déduisit rien de cette observation. Des gens qui promenaient des chiens, dans cette ville et dans d’autres, il y en avait beaucoup. Mais lorsqu’ils se trouvèrent – la chaussée les séparant – au même niveau, chacun sur son trottoir, le chien du type au chien tourna la tête et le regarda. Frédéric vit dans ce regard quelque chose qu’il était incapable de lire. Peut-être n’en avait-il pas envie. Qu’importe, le chien et le type avaient déjà disparu. Entretemps, Frédéric était arrivé à un coin de rue, un des innombrables coins de rue de sa vie, et voyant qu’il y avait un bar, il s’y engouffra. C’était un bar laid et impersonnel, de ceux qui font partie de chaînes qui prétendent nous faire croire aux vertus de la répétition du même, comme si nous ne foulions pas les rues à la recherche de la différence.
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Il y avait des découvertes qu'on devait faire par soi-même, se dit-il. Même si l'on croyait parfois découvrir quelque chose quand on ne faisait rien en réalité qu'imiter les autres ou qu'on se trouvait sous l'influence des autres quand ceux-ci prétendaient avoir découvert quelque chose alors qu'ils n'avaient rien découvert du tout, se dit-il. Ou bien si, ils avaient découvert quelque chose, et c'était pour cela qu'ils parvenaient à se frayer un chemin vers la vie tandis que les autres, ceux qui n'avaient rien découvert, s'égaraient parmi des rochers aux arêtes coupantes.
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Il vit quelqu’un entrer dans le magasin, du côté des femmes. C’était une petite vieille, mais il ne put voir son regard. Alors, il ne pensa pas à la mort. Mais il bâilla. Il avait sommeil. Il ne put continuer d’imaginer la scène du vieux et de la vieille agissant en parallèle dans le magasin, qu’il se figurait grand, à cause des deux vitrines et des deux portes. Il ne le put, car l’irruption d’une petite vieille réelle l’avait mis hors de ses gonds. Il se sentit énervé, il ne savait dire pourquoi, mais c’était comme ça qu’il se sentait. Alors, une voiture s’arrêta dans son dos, quelqu’un baissa la vitre et lui cria quelque chose qu’il ne put entendre car il lui sembla l’avoir trop bien entendu, ce qui l’empêcha de penser au sens de ce qu’il venait d’entendre. Cela ne lui importa pas. Il décida de poursuivre sa promenade. Il vit s’approcher un type avec un chien qui avançait très lentement vers lui. Si lentement que Frédéric en eut le tournis. Il se dit que la vitesse était aussi une question d’espace. Que si nous allons rapidement dans les rues de la vie, nous occupons moins d’espace et qu’au contraire les personnes lentes comme le type avec son chien étaient de véritables obstacles qui empêchaient le flux des choses. Il ne voulut pas se demander s’il faisait partie des rapides ou des lents. Il lui sembla qu’il se trouvait dans un moyen terme et cela le déprima. Car cela voulait dire qu’il ne bougeait pas du tout. Qu’il ne faisait pas partie du flux des choses.
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Ce n’était pas agréable – de fait, Frédéric fut tenté par l’idée de fermer les yeux ; idée qu’il préféra curieusement laisser de côté – mais au-delà du dérangement, qui après tout pouvait n’être que passager, ce qui importait ici, c’était de savoir d’où sortait cette lumière. Crépitait-elle à l’intérieur, dans le bar, ou dehors, dans la rue ? Cela, on ne pouvait pas le savoir, car cette lumière semblait omniprésente. Frédéric pensa que toute lumière, après tout, était omniprésente, puis il pensa le contraire, car il se dit que la lumière d’un réverbère, par exemple, n’était en rien omniprésente. On pouvait la considérer atténuée ou vague, mais on ne pouvait pas la penser omniprésente, car elle sortait d’un endroit précis. Alors, il pensa qu’il y avait deux sortes de lumières, la lumière naturelle et la lumière artificielle. La naturelle était comme une cape diurne ; l’artificielle, un pointillisme dispersé aux quatre coins du monde. Ensuite, il pensa que la question était de savoir dans lequel de ces mondes on se mouvait, dans le monde artificiel ou dans le monde naturel.
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La vie tend à l'imitation, se dit-il. On singe quelque chose et à force de singer on devient autre chose. Ou pas. Parfois, les choses finissent par se confondre et on ne sait plus qui singe qui.
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