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3.44/5 (sur 36 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Malaga , le 28/09/1956
Biographie :

Écrivain largement reconnu et apprécié en Espagne, Antonio Soler connaît également une carrière internationale.

La France le découvre en l'an 2000 avec 'Les Héros de la frontière', rapidement suivi en 2001 par un second roman, 'Les Danseuses mortes'.

Trois ans plus tard, il publie à nouveau 'Le Spirite mélancolique' et aborde un genre nouveau, marqué par une ambiance très sombre et mélancolique.

Mais c'est avec 'Le Chemin des Anglais' (El Camino de los ingleses)
qu'il connaît la consécration, puisqu'il reçoit le très prestigieux prix Nadal et se voit sollicité pour adapter son texte au cinéma, dans un film réalisé par Antonio Banderas.

L'œuvre d'Antonio Soler est marqué par le soin apporté à la narration, portée par un rythme entraînant et une plume tantôt crue, tantôt lyrique, mais toujours humaniste.


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Source : fr.ulike.net
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Antonio Soler présente son nouveau roman "Sud", à paraître le 24 août en librairie ! Traduit de l'espagnol par Guillaume Contré : au sommet de son art, Antonio Soler emporte le lecteur dans un tourbillon de voix hypnotique et dresse une cartographie de l'âme d'une justesse éblouissante. Retrouvez toutes nos actualités : www.payot-rivages.fr https://www.instagram.com/editionsriv... https://www.facebook.com/EditionsRivages https://twitter.com/EditionsRivages #antoniosoler #sud #été #espagne #chaleur #personnages #destins #rentreelitteraire #littératurétrangère #roman #rivages #editionsrivages
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
L'Athlète entre pieds nus dans la chambre de sa mère et ouvre le tiroir de la commode. Les sous-vêtements, les soutiens-gorge, couleur chair au tissu un peu lâche, les culottes, la tristesse de ces dentelles, fantaisie pour chair périmée. Ce tiroir a quelque chose de mortuaire et la main de l'Athlète y entre comme dans une crypte. Profanant des tombes, soulevant des pierres tombales, reniflant l'odeur de la mort récente , la main fouille et écarte les tissus funéraires en quête d'argent. Et voici les billets, pareils à des enfants endormis dans les profondeurs de la grotte. Ses doigts vont les sortir au soleil et les déposer dans la main du mécanicien, le Fils du Sourd, dans celle du type de la station-service Repsol, dans celle de la serveuse qui encaissera ce qu'ils vont boire avec Lucia. Il ferme le tiroir et détourne les yeux de ces bretelles couleur chair, de la pauvreté, de sa propre misère. "Ma mère a aussi été une femme à une époque lointaine, il y a des mères qui sont en même temps des femmes, comme celle de Jorge, elle oui".
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« La chaussure fait l'homme. » La seule chose utile que lui avait apprise son père avant de se pendre au crochet de la salle à manger. C'était là que l'avait trouvé sa mère, son corps dégingandé et chétif se substituant aux quatre abat-jour de la lampe qu'il avait pris soin de poser sur le guéridon avant de se pendre. Mais il n'avait pu éviter que son ventre se vide, cette ultime saleté qui avait souillé ses adieux au monde, la nappe du guéridon et un des quatre abat-jour.

Ses chaussures, en revanche, étaient restées impeccables. Brillantes, fraîchement cirées.

Une perfection digne d'un magazine, pas comme celles que porte son fils, avec lesquelles il marche sur les dalles rosés et blanches et le goudron brûlant de Portada Alta jusqu'à tomber, dans un coude de la rue Papamoscas, sur Tato.
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Je suivais attentivement le parcours de la coccinelle, elle montait lentement sur le pont, l'autoroute lisse de son tibia, en direction du genou et contournait l'obstacle arrondi de l'os pour s'aventurer dans la plaine du mollet en traversant le blé fragile, ce duvet doré et presque invisible sur la peau, épis solitaires, la plaine, le désert pâle qui se trouve après le mollet, cet espace qui n'est ni ventre ni mollet ni entrejambe ni presque la hanche, avec le vide d'un côté et l'ombre du pubis de l'autre, cette haie découpée derrière laquelle se cache l'entrée dans un autre monde, et continuer, continuer vers le haut en direction du thorax, vers ce nord qui est toujours une promesse, monter par le doux escalier des côtes et par la dune soyeuse de la poitrine jusqu'au sombre monument du téton, contempler de puis la cime le merveilleux paysage, ces vallées et ces collines qui s'étendent, ces rigoles, ces pores invisibles, ces grains de beauté planétaires, ces cuvettes et des lits de rivière dépeuplés, poursuivre le chemin en une descente harmonieuse jusqu'à la dépression de la clavicule, remonter ce léger obstacle et entreprendre l'ascension du cou, à l'ombre déjà de la forêt des cheveux, ces vagues, ces courbes de mèches claires, un champ de blé abondant parmi des veines brunes, achever l'ascension par le menton et depuis ce promontoire contempler la frontière rouge des lèvres, ce cratère élastique qui se répand en un sourire qui est l'incarnation du futur et de la vérité (ce qui est pour moi le futur et la vérité, l'incertain, ce que je n'atteindrai peut-être jamais complètement et qui me fuit, comme la vie me fuit, comme fuient les jours, de même que le paysage reste derrière moi lorsque je cours sans aller nulle part), la bouche, la vérité, le futur, mon destin au fond de cette grotte de laquelle pointe, brillante et humide, la pierre des dents, cette archéologie de stalagmites et de stalactites blanches, monter à l'ombre du versant du nez et, oui, arriver alors vraiment au lieu choisi, à la destination ultime, l'embouchure de l’œil, sa rive, le regard dont tout dépend.
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Portada Alta est un désert qui flotte dans la réverbération de l'après-midi. Briques sèches, murs surchauffés, quelques vêtements étendus dans la rue, amidonnés par le soleil. Des arbres anémiques aux troncs enfoncés dans des carrés de terre craquelée. Refuge des fourmis, des mégots, des emballages et des sacs en plastique transhumants. L'ombre de Rafi Villaplana traverse le jeu géométrique des dalles crasseuses. Une légère brise passe, une illusion atmosphérique, un voile d’air frais qui cède immédiatement de nouveau la place à la chaleur sèche du terral. Au coin de la rue, une épaule contre le mur, le Bambin Olmedo révise les photos du glandu au pansement sur le front ; près de lui, assis sur un banc en pierre, Tato fume un joint et, tout en retenant la fumée dans sa poitrine, lui demande, Bambin on va se faire combien de billets avec ce crétin-là, puis, sans avoir reçu de réponse d’un Olmedo pensif, il sourit, crache de la fumée comme un brouillard et montre les défauts dans sa dentition à tout le quartier.
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Et c'est l’heure d’un jour au début du mois d’août où le terral s'est emparé de tout et gouverne les têtes, pénètre les pores, les oreilles et le moindre orifice ouvert dans le corps de n’importe quel humain, bête, machine, maison, porte, brèche, fenêtre, fissure, blessure ou plaie. Et il dessèche tout, enflamme tout, impossible de savoir s'il laisse les choses plus vivantes ou plus mortes après son passage. Commotionnées, altérées comme les incendies altèrent les collines, les rues, les bâtiments, attisent et perturbent les esprits.
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Ce serait comment de sortir dans la rue en ne faisant rien d’autre que sortir dans la rue. Ignorer, avancer, sans que rien ne nous arrête, refuser d’être affecté par quoi que ce soit (que rien ne nous fasse dévier), voir comment tout a lieu sans nous arrêter comme si on était un train en marche sur ses rails, dehors tout n'est qu’insectes qui s'écrasent contre notre cuirasse, marcher comme poussé par un courant une énergie étrangère à nous-même du moins bien plus forte que notre curiosité (la curiosité est un insecte de plus, le laisser derrière nous). Avancer, ne rien faire d’autre qu’avancer. En respectant misérablement les horaires.

Ils sont nombreux à fonctionner de la sorte. Beaucoup de mes connaissances. Enfin, apparemment (Comme lorsque je cours sur la piste, il n y a que la course, la foulée, le rythme et la respiration, doser pour pouvoir courir davantage. Tout s’achève et tout commence en toi.
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Ce sont des fourmis de l'espèce linepithema humile, dite fourmi d'Argentine. Elles sont petites, rougeâtres, absolument omnivores. Elles vivent dans la terre, sous le bois, sous les sols, tuent d'autres insectes et exterminent toutes les espèces de fourmis des régions qu’elles envahissent. Ici, elles forment une croûte sur le corps étendu, s'introduisent dans tous les plis de sa peau, s'enfoncent dans les orifices, percent, coupent, trimbalent, communiquent anxieusement, avides, cupides, cent trente millions d’années pour en arriver à une telle efficacité, une telle précision.
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Les trains fendent la nuit. Depuis l'obscurité, les figures sur les vitres semblent des fantômes, des gens d’un autre temps voyageant dans une autre dimension. Dans la chambre froide, une fourmi survit à la température et fouille, étourdie, l’entrejambe du mort, elle arrache avec ses mandibules une écaille de peau et tourne sur elle-même, maladroite et défaillante, sans savoir où se trouve sa fourmilière. Où emporter ses provisions pour l’hiver. Dans l’oreille interne de Dionisio Grandes Guimerâ, une autre fourmi fouine et fouine encore, sans boussole désormais.
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Ainsi, portées par l'obéissance extrême que leur imposent les phéromones, dans le terrain vague de la rue Ortega y Gasset, sous une température de quarante-deux degrés, se meuvent des milliers de fourmis en quête des traces laissées par leurs camarades évacuées avec le corps de Dionisio Grandes Guimerâ. Elles tissent un réseau mobile toujours plus ample, elles marchent sur un sol surchauffé, évitent les morceaux de plastique ramollis par le soleil, avancent parmi des gravats aux proportions gigantesques, les mauvaises herbes, les forêts incendiées, les fragments et les debris de bâtiments d'une autre civilisation. Une archéologie composée d'agglomérats de béton, de grumeaux de plâtre, de mégots desséchés, de bouts de verre, de canettes de soda, d'aluminium écrasé où s'étalent les restes déteints d'un étrange abécédaire sur sa vieille carcasse de navire échoué. Elles pullulent, elles montent, descendent, pistent, communiquent entre elles et au plus profond de leurs connexions nerveuses souffrent obscurément de ce qui ressemble à de la frustration et à de l'inquiétude. Cet aliment pour plusieurs années, cette réserve inépuisable qu'était le corps de Dioniso Grandes Guimerâ, s'est évaporé et, telles les cellules d'un organisme unique, elles cherchent une réparation à cette tromperie, le retour à la vie de ce mirage.
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La peau de l'homme est cireuse, boucanée, jaunâtre. Il a les yeux entrouverts et à la rive de ses paupières une centaine de fourmis s'abreuvent jalousement. L'iris est bleu-gris. Des yeux qui ont vu les champs enneigés d'un autre continent, des yeux qui se sont réveillés en contemplant le corps de son fils Guillermo dans le berceau et qui, en le voyant pour la première fois, ont laissé s'échapper des larmes de joie. Il avait alors frôlé la plénitude. Les insectes s'activent dans les yeux, ils parviennent en cadence organisée au cratère de ses oreilles et s'introduisent comme des spéléologues dans le labyrinthe des pavillons, ils s'enfoncent dans le cuir chevelu, rôdent dans les fosses nasales, entrent dans la bouche et en tirent leur butin de salive aux résidus de benzodiazépine -diazépam, bentazépam, lormatazépam - et d'alcool - vodka, gin, tequila. La respiration de l'homme est faible, et sur la montagne du thorax le travail des poumons est à peine perceptible.
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