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Citations de Guillermo Rosales (14)


je te le dis d’homme à homme : tu sais pourquoi tu es devenu à moitié fou ? C’est à force de lire.
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"_L'histoire de Cuba reste à écrire, dit Montoya. Le jour où je l'écrirai, le monde va s'écrouler."
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- Il n'y a rien à faire
Je la comprends. J'ai été enfermé dans trois asiles de fous au moins depuis que je suis ici, dans cette ville de Miami où je suis arrivé il y a six mois pour fuir la culture, la musique, la littérature, la télévision, les évènements sportifs, l'histoire et la philosophie de l'île de Cuba. Je ne suis pas un exilé politique. Je suis un exilé total. (p. 10)
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Je me regarde dans le miroir qui reflète les nuages gris planant dans la pièce. Il y a quinze ans, j’étais beau. J’avais des femmes. Je me pavanais avec arrogance dans le monde. Aujourd’hui… aujourd’hui…
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Je m'appelle William Figueras. A quinze ans, j'avais lu le grand Proust, Hesse, Joyce, Miller et Mann. Ils furent pour moi comme les saints pour un dévot chrétien. Il y a vingt ans, à Cuba, j'achevais un roman. C'était une histoire d'amour entre un communiste et une bourgeoise, qui finissait par le suicide des deux héros. Ce roman ne fut jamais publié, le grand public ne connut jamais mon histoire d'amour. Les spécialistes littéraires du régime dirent que mon roman était morbide, pornographique et, en outre, irrévérencieux, car il traitait le parti communiste avec dureté. Après quoi, je devins fou. Je commençai à voir des diables sur les murs, je me mis à entendre des injures et je cessai d'écrire. Ce qui émanait de moi, c'était de l'écume de chien enragé. Un jour, croyant qu'un changement de pays me délivrerait de la folie, je quittai Cuba et arrivai dans le grand pays américain. Les parents qui m'attendaient ici ne savaient rien de ma vie : après vingt ans de séparation, ils ne me connaissaient plus. Ils s'attendaient à voir atterrir un futur triomphateur, un futur commerçant, un futur play-boy ; un futur père de famille qui aurait une future maison pleine d'enfants, qui irait à la plage le week-end, roulerait dans de belles voitures et porterait des vêtements haute couture de chez Jean-Marc ou de chez Pierre Cardin. Mais tout ce qui se présenta à l'aéroport le jour de mon arrivée, c'est un type devenu fou, presque édenté, maigre et craintif, qu'il fallut faire interner le jour même dans un service psychiatrique parce qu'il regarda tous les membres de la famille avec suspicion et, au lieu de les étreindre et de les embrasser, il les injuria. Je sais que ce fut un coup terrible pour eux tous. Spécialement pour ma tante, qui se berçait d'illusions. Tout ce qui se présenta, c'est moi. Une honte. Une tache terrible dans cette famille de petit-bourgeois cubains, aux dents saines et aux ongles soignés, à la peau éclatante, vêtus à la dernière mode, parés de grosses chaînes en or, propriétaires de somptueuses automobiles dernier cri, de maisons aux nombreuses pièces, avec climatisation et chauffage, au garde-manger bien rempli. Ce jour-là (celui de mon arrivée), je sais qu'ils se regardèrent tous, honteux, qu'ils firent certaines remarques caustiques et quittèrent l'aéroport au volant de leurs voitures, avec la ferme intention de ne plus jamais me revoir. Jusqu'au jour d'aujourd'hui. La seule qui resta fidèle aux liens familiaux, c'est cette tante Clothilde, qui décida de me prendre en charge et me garda chez elle pendant trois mois. Jusqu'au jour où, sur les conseils d'autres membres de la famille et de quelques amis, elle décida de me placer dans le boarding home ; la maison des déchets humains.
- Car il n'y a plus rien à faire, tu l'admettras.
Je la comprends.

Tel qu'intégré dans les fils de la pensée (FLP) https://xn--rflchir-byac.net/
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Nous avons ouvert la porte. Ils étaient tous là. René et Pepe, les deux débiles mentaux ; Hilda, la vieille décatie qui urine continuellement dans ses robes ; Pino, un homme gris et silencieux qui fixe l’horizon ; Reyes, un vieux borgne dont l’œil de verre suppure sans cesse un liquide jaunâtre ; Ida, la grande dame déchue ; Louie, un yankee vigoureux au teint olivâtre qui hurle sans arrêt comme un loup pris dans la folie ; Pedro, un vieil indien, peut-être péruvien, témoin silencieux de la méchanceté du monde ; Tato, l’homosexuel ; Napoléon, le nain ; et Castano, un vieillard de quatre-vingt-dix ans qui sait seulement crier : « Je veux mourir ! Je veux mourir ! Je veux mourir !
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On pouvait lire boarding home sur la façade de la maison, mais je savais que ce serait mon tombeau. C'était un de ces refuges marginaux où aboutissent les gens que la vie a condamnés. Des fous pour la plupart. Mais aussi des vieillards que leurs familles abandonnent pour qu'ils meurent de solitude et n'empoisonnent plus la vie des triomphateurs.
p. 9
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"Je ne suis pas un exilé politique je suis un exilé total. Je me dis parfois que si j'étais né au Brésil, en Espagne, au Venezuela ou en Scandinavie, j'aurai fui tout autant leurs rues, leurs ports et leurs prairies"
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J'ai rêvé que j'étais enchaîné à un rocher et que mes ongles étaient longs et jaunes comme ceux d'un fakir. Dans mon rêve, bien qu'enchaîné par le châtiment des hommes, j'avais un pouvoir immense sur les animaux de la Création. Je criais: "Poulpes! apportez-moi un coquillage avec la statue de la Liberté gravée à la surface". Et les énormes poulpes cartilagineux s'affairaient avec leurs tentacules pour rechercher ce coquillage parmi les millions et les millions de coquillages qui pullulent dans la mer. Ils finissaient par le trouver, le hissaient péniblement jusqu'à ce rocher où j'étais captif et me le remettaient humblement avec un grand respect. Moi, j'examinais le coquillage, j'éclatais de rire et le jetais dans le vide avec un dédain extrême. Ma cruauté faisait verser de grosses larmes cristallines à ces poulpes. Mais je riais de leurs larmes et rugissais d'une voix terrible: "rapportez-en un autre semblable!"
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On pouvait lire -boarding home- sur la façade de la maison, mais je savais que ce serait mon tombeau. C'était un des ces refuges marginaux où aboutissent les gens que la vie a condamnés. Des fous pour la plupart. Mais aussi des vieillards que leurs familles abandonnent pour qu'ils meurent de solitude et n'empoisonnent plus la vie des triomphateurs. (p.9)
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"_Quoi de neuf ?
C'est lui, mon contact avec la société. Il se rend à des réunions d'intellectuels cubains, parle politique, lit les journaux, regarde la télévision et ensuite, une ou deux fois par quinzaine, il vient me voir pour me transmettre la quintessence de ses virées de par le monde.
_Toujours pareil, répond le Noir. Toujours pareil...Enfin non ! dit-il soudain. Truman Capote est mort."
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Je ne suis pas un exilé politique. Je suis un exilé total. Je me dis parfois que si j'étais né au Brésil, en Espagne, au Venezuela ou en Scandinavie, j'aurais fui tout autant leurs rues, leurs ports et leurs prairies 
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Qu'est ce qu'il a fait, Colomb, en posant le pied sur l'île ?
Ben, il a mis l'autre pied, mec. Sinon, il aurait perdu l'équilibre.
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Tu es un sauvage ! Elle a crié. Tu règles tout avec les Indiens. Tiens, moi je n'ai pas enfilé une robe neuve depuis cinq ans, tout simplement parce que les Indiens se baladaient à poil, et qu'ils étaient heureux ! Et je me trimbale cette tignasse horrible depuis six mois, simplement parce que les Indiens ne faisaient pas la cold wave, et ils étaient heureux ! Les Indiens à toutes les sauces ! Mais enfin, Monsieur, les Indiens, il n'y en a plus !
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