Prendre l'apéro en bas de la place de Lenche, c'est comme aller à la piscine et rester accroché aux bords. Y t'arrivera pas grand chose.
Ces superbes noms, lus les uns à la suite des autres, composent une magnifique étoffe dont les couleurs ont résisté au découpage colonial, à l'exploitation des terres et aux cales de bateaux puant la pisse et la mort. Ces noms portent en eux les légendes des grands empires africains. Quand on te demande ton nom, c'est qu'on veut connaître ton ethnie, ton village, tes ancêtres. On saura alors tes coutumes, ta langue, ta mentalité. Et ton métier, on s’en foutra complètement. Ça ne vaut rien. La richesse part avec la maladie, l'accident ou la vieillesse. Alors que ton nom te relie aux autres. Tu es la pièce du puzzle d'une histoire ancestrale qui ne s'apprend pas dans les manuels scolaires.
(...) comme sauce ils demandaient "mayo-harissa", et moi "mayo-ketchup". Dans leur regard, c'était comme si j'étais pas vraiment un homme. Avec le temps, j'avais fini par me forcer à prendre comme eux. Et j'étais assez fier d'arriver devant le mec et dire "Mets-moi harissa-mayo,frère !"
A mon époque, le signe d'appartenance, c'était le choix de la sauce. Peut-être que si j'étais adolescent aujourd'hui, je porterais une petite barbe et la djellabah du vendredi midi. (p. 43)
Mon Monde Nazi se réunit régulièrement dans ma tête, pour statuer sur toutes sortes de choses que je ne supporte plus. Son tribunal est constitué d'une féministe, d'un musulman intégriste, d'un docker syndiqué, d'un couple de cathos de droite, d'un designer homosexuel, d'un CRS à la retraite, d'un intermittent du spectacle et d'une activiste pour le climat. Et tout ce beau monde essaie de s'entendre. Pour un monde meilleur. (p. 15)
Un jour on fêtera mon mariage pendant toute une semaine.Tu seras invité. On dansera et les griots me chanteront. Au 7e jour on sortira mon wakhande,tous les tissus que ma mère garde depuis que je suis né et le soir même nos houssmantas nous accompagneront, moi et mon mari jusqu'à notre chambre nuptiale.
« Mon monde Nazi se réunit régulièrement dans ma tête, pour statuer sur toutes sortes de choses que je ne supporte plus.
Son tribunal est constitué d’une féministe , d’un musulman intégriste ,d’un docker syndiqué , d’un couple de cathos de droite, d’un désigner homosexuel , d’un CRS à la retraite , d’un intermittent du spectacle et d’une activiste pour le climat .....
Et tout ce beau monde essaie de s’entendre . Pour un monde meilleur » ....
« Cet après - midi - là, le soleil faisait briller Notre- Dame comme une chevalière plaqué or et le goudron du Vieux- Port transpirait du front » .
Je me retiens de demander ses origines à la fille. Ça fait colon chasseur de papillons.
C'est vrai qu'il ont l'air sympa ces gens du Panier Bio. Mais j'arrive pas à m'empêcher de penser que le monde qu'ils travaillent à rendre meilleur, c'est avant tout celui dans lequel ils vivent.
« Ange reniflait chez moi ces manières de petit- bourgeois que je dissimulais sous un accent un peu forcé , une démarche travaillée , une tête rasée de près et une accumulation de fringues de marque .Je portais la panoplie complète de la petite frappe marseillaise . Mais mon regard était celui d’un agneau . Et le regard, dans la rue, c’est ta carte d’identité » ...