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EAN : 9782378803001
246 pages
L' Iconoclaste (18/08/2022)
3.78/5   298 notes
Résumé :
À ​Thiaroye, un quartier proche de Dakar, trois amis passent le bac.

Issa a toujours l’air de savoir où il va quand il marche. Il a passé les épreuves avec un Bic marabouté, un Bic qui donne la confiance. Il aime les ragots de quartier et sa machine à coudre. Il sera styliste, c’est sûr.
Neurone a le cerveau bien huilé, c’est une bête à concours. Il déteste les costumes-cravates, ceux qui font la sieste dans les hémicycles les mains crois... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 298 notes
Dakar, trois amis , Issa , Neurone et Tibilé vont passer le bac ....Moment essentiel de leur vie , les trois comparses comptent sur leurs connaissances , ,leurs compétences et , il faut bien l'avouer , sur l'intervention du destin , voire du marabout pour franchir l'obstacle et rejoindre la France où l'espoir de réussir sa vie ressemble au Graal , celui qu'ont atteint , au moins le disent- ils lorsque chaque année ils reviennent en vacances , ceux qui ont rejoint ce pays pourtant pas si estimé que cela.
Rejoindre la France , c'est l'espoir d'en faire un tremplin vers des cieux encore plus favorables ....
Dans l'attente des résultats , Hadrien Bels nous offre une belle promenade dans un pays où le poids des traditions , la corruption , le favoritisme règnent encore en maîtres et brisent bien des illusions , des rêves chimériques .C'est une promenade agréable , pleine de silences , de bruits , de couleurs et d'odeurs qui nous est proposée dans ce " petit " mais chaleureux roman plein de sensibilité et de poésie .
Sans lâcher la trace de nos trois amis et en suivant leurs périgrinations , on va croiser des personnages authentiques et hauts en couleurs dont , culture oblige , on ne saura pas toujours déchiffrer le rôle et la sincérité . .Comme le montre la couverture c'est avec la jeunesse africaine que nous avons rendez -vous , une jeunesse tiraillée entre l'amour du pays , le poids de la famille et des traditions et le désir de partir en quête de liberté et d'opulence dans un Eldorado dont , comme l'iceberg , n'émerge que la face visible.
Un roman subtil car donnant l'impression de superficialité alors que , entre les lignes...
C'est une écriture limpide qui vous entraîne à une telle vitesse qu'il est parfois nécessaire de bien prendre garde au sens des mots , sens dégageant une impression fausse de naïveté qui rend léger un ensemble qui ne l'est pas tant que ça.
Un roman à lire , à savourer , à décoder.
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Dès les premières pages, Hadrien Bels nous plonge direct dans cette ambiance survoltée d'une banlieue dakaroise et de sa jeunesse.
Trois lycéens attendent les résultats du bac. Malgré leurs différences sociales et ethniques, ces trois-là sont amis. Il y a Tibilé, surnommée Tibi la blanche parce que, grâce à sa double nationalité, elle pourra aller étudier en France. Puis Rigobert, surnommé Neurone, le bon élève de la bande dont le père qui a réussi vend de grosses voitures. Puis Issa, de père inconnu et de famille pauvre, il rêve de devenir styliste et gagne déjà sa vie en cousant des boubous et des pagnes en wax.
Ces trois amis font des projets d'avenir, inquiets quant à leur réussite à l'examen qui conditionne la suite de leurs études.

« C'est tout le département qui est venu s'entasser devant le portail du lycée. L'air est moite d'angoisse. A quelques mètres, Soda et sa bande de conasses qui se prennent pour Miss Sénégal. A côté d'elles, les frères Cissé, les stars d lycée. … A l'écart de la foule, enfin, Neurone. Il s'est fait beau. Malheureux ! Il sait pas que ça porte malheur quand tu arrives devant la porte du jugement dernier ? »

Le lecteur partage le quotidien et les rêves de ces ados pleins d'une énergie contagieuse. Ils grandissent dans un monde antagoniste : d'un côté l'influence occidentale, les études et le mariage le plus tard possible, voire pas du tout pour Issa et de l'autre, les traditions ancestrales, la famille élargie et les mariages arrangés. Tibi sait qu'elle devra accepter le mari soninké choisi par sa mère.
Leur vie est un mélange foutraque d'exubérance adolescente et de respect ancestral. Ils peuvent écouter Booba ou Youssou N'Dour, le roi du mbalax et consulter un marabout. Leur culture, épicée et colorée, est à l'image de ce français qu'ils parlent, héritage du colonialisme, mais qu'ils truffent d'expressions imagées et de gouaille. On sourit en les écoutant parler et leur sincérité, leur spontanéité nous séduit.

Grâce à des chapitres courts et un récit rythmé par les dialogues, l'auteur a su nous plonger dans le quotidien d'une jeunesse africaine qui se cherche un avenir. L'atmosphère urbaine est très bien rendue et le récit est à la fois drôle et instructif car bien documenté.
Un roman attachant qui se lit avec facilité.

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Trois amis qui vivent en périphérie de Dakar attendent les résultat du bac. Neurone vise la mention très bien, Issa a crispé ses doigts sur son stylo marabout mais craint malgré tout l'échec et Tibilé espère ce passeport pour une vie d'étudiante en France loin de sa famille.

Avant que ne soient annoncés les résultats , nous sommes plongés au coeur de la vie de cette jeunesse camerounaise, partagée entre des rêves d'exil, qui pourraient mettre à distance les traditions encore bien ancrées des mariages arrangés, dans la même ethnie, et les sentiments qui oscillent entre amour et amitié.
En arrière plan deux personnes secondaires jouent un rôle fondamental : Jacob le cousin isolé dans une chambre d l'hôpital psychiatrique et doué d'un potentiel divinatoire remarquable, et le marabout qui accompagne nos lycéens prêts à tout pour mettre toutes les chances d leur côté.

Hadrien Bels réussit le pari d'instaurer un suspens digne d'un thriller autour d'un simple résultat d'examen. On comprend bien sûr aisément l'enjeu et les conséquences sur l'avenir de nos trois héros.

Le roman s'appuie sur une écriture dynamique, des dialogues bien tournés qui nous immergent au coeur de la société sénégalaise contemporaine, savant mélange de modernité et de pratiques ancestrales qui coexistent sans complexe.

A quand la suite de aventures du trio dont on aimerait connaître le destin ?

256 pages L'Iconoclaste 18 Août 2022
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Dans Tibi la Blanche, Hadrien Bels rend hommage à sa ville natale et fait vivre, vibrer la ville bouillonnante de Dakar, ses différents quartiers, la banlieue qui « regarde le centre-ville avec la fierté du pauvre qui enfante artistes célèbres, grands footballeurs ». « Un même quartier peut être sucré au nord et bien trop salé au sud ».
Le quartier d'Extension, «  qui trempe ses pieds sur un bord d'océan mazouté » contraste avec le quartier résidentiel sur le front de mer où est établie la famille Coly.

La protagoniste, qui donne son titre au roman est une lycéenne de Terminale au Lycée Abdoulaye-Sadji de Rufisque, attendant avec excitation et fébrilité les résultats du Bac, tout comme ses deux amis Neurone et Issa.
L'obtention du Bac est un véritable sésame pour ces adolescents qui nourrissent des rêves d'avenir. Ont-ils, comme Tibilé,envie de continuer leurs études en France ?
Dans ce roman, La France, les blancs sont l'objet d'une rancoeur néocoloniale. Des graffiti «  France dégage » témoignent des stigmates de « la rage déversée » lors de manifestations avec voitures brûlées, pillages d'enseignes françaises.

On fait plus amples connaissances avec les parents du trio.
La famile Kanté réside au coeur du quartier de Diamaguène,( mot wolof qui signifie « La paix c'est mieux »), en face du camp de Thiaroye. Occasion pour l'auteur de rappeler un pan d'Histoire, le destin tragique des tirailleurs sénégalais et le naufrage du Joala en août 2002. Les années estudiantines du patriarche Baba en fin de cursus à la Sorbonne sont revisitées.
Le père, la radio réglée sur RFI, a « un room service », et sa fille Tibilé, «  Tibi Toulab », doit alors se soumettre à ses exigences, fustigeant « les garçons qui ne foutent rien dans cette maison ». Et elle se met en grève parfois comme les Français ! Alors la France, pour elle, ce sera la liberté. La lecture est son combat. Elle n'hésite pas à faire comprendre à Neurone que leurs liens sont sous le sceau de l'amitié, lui qui lui déclara sa flamme par texto.
Neurone, «  le cerveau bien fait », «  grand gagnant du concours d'éloquence », ambitionne des études de commerce en France. On le suit quand il se rend avec son père, au consulat pour l'obtention de son visa étudiant, papiers qu'il a l'intention de montrer à Tibi ! La bureaucratie est épinglée ! Bureaux climatisés, attente infinie.

Issa, lui, a trouvé sa vocation : devenir styliste. Talentueux, il a déjà fait des stages, suit des tutoriels, confectionne des tenues pour la mère de Tibi et rêve de se perfectionner chez Madame Plume Blanche.
Issa redoute les résultats du Bac, ayant passé les épreuves avec un Bic marabouté, «  censé résoudre les équations et disserter à sa place » qui l'a laissé en panne. Ce qui suscite /provoque l'ironie de Tibilé : « Dis-moi Issa, Monsieur Nietzsche s'est assis à côté de toi pendant l'épreuve de philo ? ».


L'auteur nous immerge dans la culture Sénégalaise , multiplie les références : Senghor , Kourouma, Youssou N'Dour… ( Liste des oeuvres citées à la fin du livre, ce qui permet d'approfondir ses connaissances).
Il souligne les différentes ethnies : Les Soninkés ( qui se marient entre eux), un Dialo ne se marie pas avec une Sonikée. de même les traditions à table : les femmes ne mangent pas avec les hommes, ce sont elles qui font la cuisine et le ménage.
Il montre le contraste des classes. Si Monsieur Coly, «  the King », possède la concession la plus importante de Dakar, roule en Range Rover, sur les bas-côtés, des vendeurs ambulants tentent de survivre.

L'atmosphère a un côté exotique par l'emploi d'un vocabulaire spécifique : le plat principal « le thiep », assiette de domoda, jus de bissap, la danse populaire : « le mbalax », les coutumes lors des mariages avec le «  housmanta » et le « wakhandé », les fêtes religieuses : «  Tabaski », la mode des chaussures méduses ou « Tic Tic », portées pour aller dans l'eau.

Un récit déroutant, émaillé d'expressions locales ou en wolof  : «  Salamalékoum », « le sacré yalla », «  tomber des Flag », « téranga » ( hospitalité), de proverbes, de termes explicites par le contexte et d'autres dont on devine plus difficilement le sens comme «  essamaye » ou « bismillah ».
Récit scandé par les appels à la prière dont « Timis », l'heure de la quatrième.
Hadrien Bels s'adonne généreusement au name dropping de marques: Cartier, Balanciaga, Hugo Boss, Caron, Célio et aux digressions.

L'auteur recourt aux métaphores : «  le soleil a perdu sa virilité ». Humour, quand les pas de porte sont comparés à « un parking pour claquettes que l'on peut emprunter comme une voiture de location ».
Inattendu ce travelling d'un SMS depuis son départ à son destinataire, qui fait traverser plusieurs strates, un marché, la route des coiffeurs, des petites rues ensablées !
Le récit se clôt de façon endiablée, étourdissante, dans une boîte de nuit, où Tibi la Blanche fête sa réussite avec ses deux acolytes, se projette en France. Une scène qui englobe /absorbe aussi le lecteur avec tous les danseurs qui s'agitent, sur «  la percussion du Super Etoile et la voix de Youssou N'Dour ». On les quitte dans cette ambiance hystérique, au seuil de leur entrée dans la vie d'adulte.
Un récit qui séduira les amoureux du Sénégal et les adolescents qui ont le Bac en ligne de mire !
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Si Hadrien Bels était africain (mais peut-être l'est-il ?), il serait un griot.
De ceux qui racontent l'Afrique.
Tibi la Blanche, c'est une jeune fille du Sénégal.
Avec ses amis, Issa et Neurone (drôle de surnom pour une forte tête), elle passe son bac.
Leur objectif ?
L'avenir dont ils rêvent.
En France, pourquoi pas, pour de grandes études, ou plus simplement, là, chez eux, parmi les leurs.
Tibi la Blanche, sous la plume de Bels, c'est le Sénégal.
L'odeur du Thiep qu'on mange avec les mains.
Le rythme du Mbalax qui nous donne envie de danser.
Les boubous colorés, sans oublier les Tic Tic, petite touche de coquetterie africaine.
Ici, on est chez les Soninkés, ou les Diolas, ou encore les Peuls.
À chacun ses croyances.
Tibi, c'est aussi, une page d'histoire.
Une page sombre de "notre" histoire, même si Hadrien ne s'y attarde pas, il la glisse dans son récit et en lecteur curieux, je suis allé voir ce qu'était ce massacre de tirailleurs sénégalais à Thiaroye.
Édifiant.
C'est aussi ça l'écriture de Bels.
C'est la vérité crue.
L'auteur est au plus près de ses personnages, fondu dans le décor.
On ne lit pas, on vit.
J'aime son style, sa façon de raconter.
Sans artifices.
Dans les romans de cette rentrée littéraire 2022, je place Tibi dans mes coups de coeur.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Ces superbes noms, lus les uns à la suite des autres, composent une magnifique étoffe dont les couleurs ont résisté au découpage colonial, à l'exploitation des terres et aux cales de bateaux puant la pisse et la mort. Ces noms portent en eux les légendes des grands empires africains. Quand on te demande ton nom, c'est qu'on veut connaître ton ethnie, ton village, tes ancêtres. On saura alors tes coutumes, ta langue, ta mentalité. Et ton métier, on s’en foutra complètement. Ça ne vaut rien. La richesse part avec la maladie, l'accident ou la vieillesse. Alors que ton nom te relie aux autres. Tu es la pièce du puzzle d'une histoire ancestrale qui ne s'apprend pas dans les manuels scolaires.
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Un jour on fêtera mon mariage pendant toute une semaine.Tu seras invité. On dansera et les griots me chanteront. Au 7e jour on sortira mon wakhande,tous les tissus que ma mère garde depuis que je suis né et le soir même nos houssmantas nous accompagneront, moi et mon mari jusqu'à notre chambre nuptiale.
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Les deux rails ne se toucheront jamais. On quitte le boulot, on arrive à la maison, on enlève ses chaussures, on rattrape ses prières, on mange son thiep et on se plante devant la télé. Le week-end, on est invité dans des cérémonies, des mariages et des baptêmes. On envoie de l'argent au pays, pour le village, et on s'occupe de la famille qui arrive à Paris. On les loge, on les nourrit, on leur trouve des universités, un travail, on joue son rôle de rouage dans la machine de la communauté. La vie de David est un wagon qui glissera jusqu'à la retraite au pays. Et puis terminus, tout le monde descend, carré familial et cimetière musulman.
Tibilé n'est pas sûre de vouloir prendre ce train-là. Elle veut des croisements, des changements de direction, des accidents et de grandes voies d'autoroute, où l'on dépasse la vitesse autorisée en mettant sa tête à la fenêtre pour sourire au vent et au destin. Elle veut du déraillement.
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C’est la première fois qu’elle revient au pays depuis son mariage. Elle est arrivée la semaine dernière de France, avec son premier-né sous le bras, en congé maternité. Elle dit qu’elle vit à Lyon, mais en vrai, c’est à Vaulx-en-Velin. Quelque part dans le ventre de la France. Elle est partie là-bas juste après son mariage avec un cousin. Elle a fait les choses dans les règles, Fatou. Proprement. Même caste, même nom, même village. Tout le monde était content.
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Pour Tibilé, la lecture a toujours été un combat. On lit, on lutte, on fait reculer les lignes ennemies. Elle se sent plus proche des chiffres, au moins eux n'essaient pas de te manipuler. Les mots sont des traîtres. Ils créent désordres et polémiques.
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Vidéo de Hadrien Bels
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