Y a pas plus glauque qu'une exploitation fermière en hiver. Et pourtant, c'était là que j'avais grandi. Dans la boue, dans la merde. Ramasser, des rangées de patates, sous le soleil, arracher des centaines de mauvaises herbes, sauter dans les ruisseaux contaminés par les engrais chimiques, déversés à foison sur tous les coins de terre possibles.
Eli était une pierre glissante que j’ai agrippée de toutes mes forces. Si lisse que j’y voyais mon reflet. Si rugueuse que je m’y suis blessé le cœur rien qu’en effleurant ma joue. De fines écorchures sur la pommette. Et maintenant je coule.
Plus le temps avance et plus la classe moyenne s'appauvrit. La classe moyenne c'est le couteau sous la gorge en permanence, c'est la main des riches sur notre nuque pour que l'on regarde le vide, en dessous, la masse grouillante des sans-dents. C'est la voix qui nous murmure que l'on doit être bien sage pour s'en sortir et ne pas tomber dans la crasse. Putain de bourgeois et putain de servitude dégueulasse qui nous fout à genoux pour des miettes de capitalisme.