Je parle l'arabe de Damas, ma ville natale ; l'hébreu, langue de notre foi ; le français enseigné par l'Alliance israélite ; le ladino, ce vieil espagnol des Séfarades ; l'italien, pour l'essentiel ; le russe appris au contact de mon personnel de cuisine ; l'allemand, langue de mon actuel et peut-être dernier lieu de résidence, enfin l'anglais, langue de tous ceux, hormis mes parents, que j'ai toujours servis avec loyauté et persévérance.
Vous savez que je suis un Allemand correct et ordonné, et je sais que mes accès de pédantisme occasionnels vous amusent. Mais c'est précisément parce que je suis un Allemand correct et ordonné que j'abhorre la brutalité, la sauvagerie bestiale des nazis. Non seulement ils dégradent l'Allemagne, mais point n'est besoin d'être Cassandre pour discerner quel sort ils réservent au reste de l'Europe. Il s'assura, l'œil scrutateur, que je l'écoutais avec la même attention. - A présent, vient le plus difficile. Je vous ai déjà dit, peut-être, que j'avais enseigné l'histoire à Cambridge. J'y ai lié, avec mes collègues, des amitiés indéfectibles. Après mûre réflexion, j'ai décidé de répondre à leur requête. J'ai décidé de les assister. C'est la façon la plus directe de travailler contre Adolf Hitler.